Procession du Saint Sang.
Ascension: La procession du Saint-Sang à Bruges
Depuis le XIVe siècle, la procession du Saint-Sang a lieu chaque année à Bruges le jour de l'Ascension. Si elle a subi des modifications au cours des siècles, la procession est toujours emprunte d'une profonde spiritualité et dominée par le souvenir de la Passion du Christ.
La procession est toujours divisée en quatre parties. Durant les deux premières parties, des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament sont présentées aux spectateurs qui ont envahi les rues de Bruges. Une attention toute spéciale est accordée au récit biblique évoquant la Passion du Christ.
Entre religion populaire et charme folklorique
Selon la légende, Thierry d'Alsace, comte de Flandre, rapporta à Bruges, en 1150, après la deuxième croisade, la relique du Saint-Sang venant de la Terre sainte. Depuis lors, elle est conservée et vénérée dans la basilique du Saint-Sang sur le Burg. La troisième partie de la procession met en scène cette légende. Quant à la dernière partie, elle illustre la tradition de la vénération de la relique. Précédés des membres de la Noble Confrérie du Saint-Sang, l'évêque de Bruges, suivi de ses invités, porte la relique dans son écrin en or. Cette année, les invités de Mgr De Kesel étaient le nonce apostolique de Belgique et l'évêque de Tournai.
Avec ses milliers de participants et ses dizaines de milliers de spectateurs, la procession brugeoise trouve son apothéose lors du passage du Saint-Sang dans les rues. La foule devient alors immobile et silencieuse en signe de respect.
Beaucoup de Brugeois ne parlent plus du jour de l'Ascension, mais du « jour du Saint-Sang »; une évidence qui se perpétue au fil des siècles. La procession du Saint-Sang a été reconnue en 2009 par l'UNESCO comme faisant partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
Jubilé et Procession du Saint Sang à Bois-Seigneur-Isaac
En ce lundi de Pentecôte, de nombreux pèlerins et paroissiens du Brabant wallon se sont rendus à l'abbaye de Bois-Seigneur-Isaac pour célébrer les 600 ans de la Grande Procession du Saint Sang.
Depuis l'an de grâce 1414, une procession à lieu à l'abbaye de Bois-Seigneur-Isaac pour vénérer le Sang de Jésus-Christ. L'histoire est étonnante: en 1405, alors que le prêtre célébrait la messe dans la chapelle, l'hostie consacrée se mit à saigner abondamment. Le sang se répandit sur le corporal, ce petit linge destiné à recevoir le Corps du Christ (d'où son nom) durant la messe. Assez sceptique au départ, l'Eglise ordonna une enquête qui ne se termina que huit ans plus tard. Depuis, on présente chaque année le corporal miraculeusement taché de sang... depuis 600 ans.
Cette relique ne doit pas être considérée comme une idole que l'on adore à la place de Dieu, mais il s'agit plutôt d'un rappel vivant de la mission de Jésus. Le Christ a versé son sang pour nous, jusqu'à la mort, pour nous sauver de nos propres péchés. Alors que l'adage populaire dit que « le sang appelle le sang », Jésus nous invite non pas à vouloir le venger, mais à l'imiter en nous aimant les uns les autres. Un message rappelé par Mgr Léonard dans son sermon: « C'est en son sang versé pour nous que nous sommes unis à Dieu d'une alliance nouvelle et éternelle. Le sacrifice de la Croix nous est rendu présent par l'eucharistie: à travers le pain et le vin consacrés. Quand nous vénérons le sang du Christ, ce n'est pas du sang matériel, mais nous accueillons la présence réelle du Seigneur à travers un geste sacramentel. »
Des moines libanais
Occupée par des religieux Augustins de 1413 à 1784, l'abbaye fut aussi occupée par des chanoines Prémontrés de 1903 à 2009. C'est la baisse des vocations religieuses qui a nécessité de trouver un autre ordre pour faire vivre cette abbaye.
Et comme les Mages venus adorer l'Enfant-Jésus, les nouveaux occupants sont venus... d'Orient. Ce sont en effet des moines libanais qui ont repris les bâtiments, évitant que l'abbaye ne soit désacralisée. Les moines de l'Ordre Libanais Maronite sont des catholiques orientaux qui reconnaissent l'autorité du pape, mais célèbrent une liturgie différente des catholiques d'Occident. Le monastère est désormais sous la protection de Saint Charbel Makhlouf, un ermite libanais qui vécut au XIXe siècle. Mais la relique du Saint Sang est toujours vénérée par les moines et les fidèles de passage.
Depuis cinq générations, la famille des barons Snoy est propriétaire du château tout proche. L'occupant actuel, le baron Bernard Snoy, est un grand ami des moines; il a donc été invité à prononcer le discours d'accueil lors de la cérémonie de ce lundi.
Une indulgence papale... qui se mérite
A la fin de la messe, le nonce apostolique en Belgique, Mgr Giacinto Berloco, a lu un message du pape François. En ce 600e anniversaire, le Saint Père a décidé d'accorder sa bénédiction tout spécialement aux pèlerins qui venaient en visite à Bois-Seigneur-Isaac. Le pape François a également accordé une indulgence pour les pèlerins. Loin des légendes datant des siècles passés, les indulgences d'aujourd'hui ne sont pas obtenues contre de l'argent. Il s'agit plutôt d'une promesse à voir ses péchés remis pour le fidèle qui fait une démarche personnelle de pardon: se confesser et aller communier lors de la messe.
Afin de confier toutes ses joies et souffrances à Dieu, la journée de lundi s'est prolongée par la vénération du corporal miraculeusement taché du Sang du Christ.
Procession des Pénitents
Curieuse et authentique tradition que celle du Vendredi saint à Lessines. Spectaculaire et intime manifestation des pénitents arpentant les pavés de la vieille cité plongée dans la nuit, figée dans la mort.
Cinq siècles d'histoire
La plus ancienne des traditions populaires de Lessines remonte au moins à l'an 1475 comme en témoigne un ancien "semainier" paroissial, le livre où étaient inscrits tous les événements paroissiaux de la semaine. Mais rien ne dit cependant que la manifestation ne soit antérieure à cette date. Expression typique de la foi au Moyen Age, elle trouve vraisemblablement son origine dans les mystères religieux de cette époque. Le "bon peuple" peu instruit avait donc accès au thème de l'évangile du jour au moyen d'un petit spectacle théâtral mettant en scène le récit du jour. Ainsi est née la "mise au tombeau du Christ" le Vendredi saint à Lessines.
Du théâtre à la procession
Présentée au départ sur le Parvis Saint-Pierre, la tradition s'est ensuite exprimée à l'intérieur de la collégiale. Après le récit de la Passion, les participants rejoignaient alors la chapelle de la mise au tombeau pour vivre cette dernière étape de la liturgie de la Passion.
Au cours du 17e siècle, les autorités religieuses décideront alors de "porter l'image de Notre Seigneur de par la ville afin de lui donner plus d'à propos" comme le rapporte un document d'époque.
C'est vers 1670 que la procession sortira pour la première fois en ville, d'abord en fin d'après-midi et ensuite à la tombée de la nuit accentuant encore l'aspect austère de cette célébration.La mise au tombeau
Si les chemins de croix sont nombreux dans nos contrées et ont même parfois été remis à l'honneur, la procession de Lessines reste unique. Dans tout le Nord de l'Europe, elle constitue en effet la seule manifestation évoquant l'enterrement du Christ. Ainsi, s'apparente-t-elle avec les différentes processions de la semaine sainte dans tout le bassin méditerranéen (Espagne, Sicile, Corse, Sardaigne, ...) où les pénitents portent Notre-Dame et Notre Seigneur vers sa dernière demeure. Ici, cependant, pas de soleil généreux mais la nuit froide du Vendredi saint.
A l'encontre du célèbre chemin de croix de Furnes qui se déroule le quatrième dimanche de juillet, en pleine période estivale et lors de la ducasse locale, Lessines a conservé la date du calendrier liturgique où ce vendredi reste le jour de la mort du Christ. Ici enfin, les pénitents ne portent pas de lourdes croix mais escortent le Christ gisant avant sa mise au tombeau. Ainsi, si la manifestation lessinoise date du 15e siècle, ce n'est que 150 ans plus tard que sortira le premier chemin de croix de Furnes.Les rites funéraires
Tout débute par l'office solennel tiré de la liturgie du Vendredi saint. Au pied de l'autel, le Christ gisant prend place au même endroit que le cercueil lors de toutes funérailles ; il s'agit bien de commémorer la mort de Notre Seigneur. Le service religieux est alors concélébré par tous les prêtres du doyenné au milieu d'une foule impressionnante. Lecture de la Passion, vénération de la Croix, communion aux souffrances du monde sont entrecoupées d'extraits des Passions de Bach, de chants, d'invocations et d'espérance.
A l'issue de l'office, les pénitents pénètrent alors dans la collégiale afin d'y emmener le Christ vers sa dernière demeure terrestre. Le vieil édifice est plongé dans le noir tandis qu'au dehors, les spectateurs se massent le long du parcours historique de cette procession. L'éclairage public, les enseignes, les étalages, tout s'éteint peu à peu au passage du convoi funèbre. En tête prend place la croix où sont attachés tous les symboles du supplice : la lance, l'échelle, l'éponge de vinaigre, le fouet, la couronne d'épines, les clous,... Ensuite, des pénitents frappent leur tambour voilé de crêpe dont le roulement sourd alterne avec le crépitement des crécelles. Ici, tout est signe : la bure est l'habit de pénitence, la cagoule en permet l'anonymat, la crécelle rappelle celui qui a été mis à l'écart du peuple (comme l'étaient les lépreux et les pestiférés), le tambour est celui du condamné. Deux longues rangées de pénitents portent des torches de cire éclairant le convoi funéraire qui s'avance lentement dans les rues de la vieille cité. Ils précèdent le Christ porté à bras d'hommes au milieu des flambeaux et de l'encens, marque de respect pour tous les morts.Pénitents et deuillantes
Les deuillantes vêtues de noir portent et escortent ensuite la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs toute voilée de la mantille noire du deuil. Chants et prières sont alternés par le clergé et la foule nombreuse qui suit et prie. Mais, pour les chrétiens, la mort n'est qu'un passage, la nuit n'attend que l'aurore, l'hiver annonce un nouveau printemps.
Que brillent les lumières de la vie
De retour dans la collégiale, c'est là qu'aura lieu alors le rite plus de cinq fois séculaire de la mise au tombeau du Christ. Après la lecture de l'évangile qui en fait le récit, accompagné d'un dernier chant, le Christ est glissé sous l'autel jusqu'à l'an prochain. Comme pour les premiers disciples de Jésus, la pierre est ainsi roulée. Mais dehors, les lueurs de Pâques s'annoncent déjà. Vitrines et enseignes se sont rallumées. La fête est proche. L'hiver agonise et la nature renaît. La vie va vaincre la mort. Qu'éclate la lumière sur un nouveau printemps.