Prières de saint jean de la Croix.

14/12/2021

Prends-moi, Seigneur, dans la richesse divine de ton silence » :

« Prends-moi, Seigneur, dans la richesse divine de ton silence, plénitude capable de tout combler en mon âme. Fais taire en moi ce qui n'est pas toi, ce qui n'est pas ta présence toute pure, toute solitaire, toute paisible. Impose silence à mes désirs, à mes caprices, à mes rêves d'évasion, à la violence de mes passions. Couvre par ton silence, la voix de mes revendications, de mes plaintes. Imprègne de ton silence ma nature trop impatiente de parler, trop portée à l'action extérieure et bruyante. Impose même silence à ma prière, pour qu'elle soit élan vers toi ; Fais descendre ton silence jusqu'au fond de mon être et fais remonter ce silence vers toi en hommage d'amour ! Amen. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Mon Dieu est à moi et je suis à Lui » de Saint Jean de la Croix :

« Dieu est en vous comme étant l'Etre infini, et il vous comble de ses faveurs. Il est tout-puissant ; il vous fait du bien et il vous aime avec sa toute puissance. Il est sage ; vous sentez qu'il vous fait du bien avec sa sagesse. Il est infiniment bon ; vous sentez qu'il vous aime avec sa bonté. Il est Saint ; vous sentez qu'il vous aime et vous fait du bien avec sa sainteté. Il est juste ; vous sentez qu'il vous aime et vous comble de faveurs d'une manière juste. Il est miséricordieux, compatissant, clément ; vous éprouvez sa miséricorde, sa compassion et sa clémence. Il est l'Etre fort, sublime délicat ; vous sentez qu'il vous aime d'une manière forte, sublime, et délicate. Il est chaste et pur ; vous sentez que son amour pour vous est chaste et pur. Il est vrai ; vous sentez qu'il vous aime en vérité. Il est libéral (Sg 6,17) ; vous constatez qu'il vous aime et vous comble de faveurs d'une manière libérale, sans intérêt aucun, avec le souci unique de vous faire du bien. Il possède une souveraine humilité et c'est avec une souveraine humilité et une souveraine estime de vous qu'il vous aime. Il vous met à son niveau ; il se découvre lui-même à vous avec joie dans ces connaissances qu'il vous donne ; il vous montre un visage plein de grâce et, dans cette union avec lui qui vous fait tressaillir de joie, il vous dit : « Je suis à toi et pour toi ; je suis content d'être ce que je suis pour être à toi et me donner à toi ». Qui pourra exprimer ce que vous ressentez, ô bienheureuse âme ! En vous voyant aimée de la sorte. Amen. »

« Seigneur Dieu, mon Bien-Aimé » :

« Seigneur Dieu, mon Bien-Aimé, si tu te souviens encore de mes péchés pour ne pas accomplir ce que je te demande, fais en eux ta volonté, c'est ce que je désire le plus : exerce ta bonté et ta miséricorde, et tu seras connu en eux. Et si ce sont mes œuvres que tu attends pour exaucer par ce moyen ma prière, donne-les-moi, toi, et fais-les-moi, et aussi les peines que tu voudrais accepter, et que cela se fasse ! Si ce ne sont pas mes œuvres que tu attends, qu'attends-tu donc, très clément Seigneur ? Pourquoi tardes-tu ? Car enfin, si ce que je te demande au nom de ton Fils doit être grâce et miséricorde, prends mon obole puisque tu la veux et donne-moi ce bien puisque toi tu le veux aussi. Qui pourra se libérer de ses pauvres manières et de ses pauvres limites, si toi-même ne le lèves à toi en pureté d'amour, mon Dieu ? Comment se lèvera jusqu'à toi l'homme engendré et créé dans la bassesse, si toi-même ne le lèves, Seigneur, de ta main qui l'a fait ? Tu ne m'ôteras pas, mon Dieu, ce qu'une fois tu m'as donné en ton Fils unique Jésus-Christ. En Lui, tu m'as donné tout ce que je désire. C'est pourquoi je me réjouirai de ce que tu ne tarderas pas, si moi, j'attends. Pourquoi diffères-tu ? Pourquoi attends-tu ? Puisque tu peux dès à présent aimer Dieu en ton cœur ? Miens sont les cieux et mienne est la terre, et miens sont les peuples ; les justes sont miens et miens les pécheurs ; les anges sont miens, et la Mère de Dieu et toutes les choses sont miennes, et Dieu même est mien et pour moi, parce que le Christ est mien et tout entier pour moi. Que demandes-tu et que cherches-tu donc, mon âme ? Tien est tout cela et tout est pour toi. Ne t'estime pas moindre. Ne t'arrête pas aux miettes qui tombent de la table de ton Père. Sors au-dehors et glorifie-toi en ta gloire. Cache-toi en elle et sois dans la joie et tu obtiendras ce que ton cœur demande. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

Oh ! Combien douce me sera Ta présence » :

« Oh ! Combien douce me sera Ta présence, à Toi qui es le Bien suprême. Je m'approcherai silencieusement de Toi et je Te découvrirai les pieds pour que Tu daignes m'unir à Toi en mariage. Et je refuserai toute joie jusqu'à ce que je sois heureuse entre Tes bras. Et maintenant je T'en prie, Seigneur, ne me laisse jamais plus dans mon isolement, car je ne puis que gaspiller mon âme. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Un Pastoureau, esseulé, s'en va peiné » :

« Un Pastoureau, esseulé, s'en va peiné. Il n'est plus pour Lui, ni plaisir, ni liesse, car II songe à sa pastourelle sans cesse, le cœur d'amour tout navré. Il ne pleure pas que l'amour L'ait blessé. D'être ainsi dolent, là n'est pas sa douleur, bien que sa douleur lui poigne le cœur, mais Il pleure en pensant qu'Il est oublié. Or, à ce seul penser qu'Il est oublié de sa belle pastourelle, en grande peine Il se laisse outrager en terre lointaine, le cœur d'amour tout navré. Las ! dit le Pastour, à celui male chance qui loin de son cœur mon amour a chassé, à qui ne veut plus jouir de ma présence et M'a laissé le cœur d'amour tout navré ! Puis, longtemps après, lentement il monta sur un arbre où Il étendit ses beaux bras ; et Il mourut, par eux toujours attaché, le cœur d'amour tout navré. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Bien sais-je la Source qui jaillit et fuit, malgré la nuit ! » :

« Bien sais-je la Source qui jaillit et fuit, malgré la nuit ! Cette Source éternelle bien est celée, et pourtant sa demeure, je l'ai trouvée, malgré la nuit ! En l'obscure nuit de cet exil mauvais, la Source fraîche, par la foi, bien la sais, malgré la nuit ! Ne sais son origine, car n'en a mie, mais que toute origine d'elle est jaillie, malgré la nuit ! Bien sais que ne peut être chose si belle et que ciel et terre s'abreuvent en Elle, malgré la nuit ! Bien sais que de fond jamais on n'y trouva et que nul à gué oncques ne la passa, malgré la nuit ! Que nul voile à sa clarté ne fut connu et que toute lumière d'elle est venue malgré la nuit ! Bien sais que si riches roulent ses courants, qu'enfers, ciels et mondes ils vont arrosant, malgré la nuit ! Et le courant de cette Source naissant, bien sais qu'il est aussi riche et tout-puissant, malgré la nuit ! Et le courant qui des deux autres procède, bien sais que mil des autres ne le précède, malgré la nuit ! Bien sais que les Trois en une seule eau vive résident, et que l'un de l'autre dérive, malgré la nuit ! Cette source éternelle bien est blottie au pain vivant afin de nous donner vie, malgré la nuit ! Elle est là criant vers toute créature qui de cette eau s'abreuve, mais à l'obscur, car c'est de nuit ! Cette Source vive à qui tant me convie mon désir, je la vois en ce Pain de vie, malgré la nuit ! Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Ô Vive Flamme d'amour, comme Vous me blessez avec tendresse dans le centre le plus profond de mon âme » :

« Ô Vive Flamme d'amour ! Comme Vous me blessez avec tendresse dans le centre le plus profond de mon âme ! Le centre de l'âme, c'est Dieu ; quand elle y arrive, selon la capacité de son être, la force de ses activités et de ses inclinations, elle est parvenue à son centre le plus profond et le dernier qu'elle puisse atteindre en Dieu. L'amour est une inclination de l'âme, une force ou une faculté qu'elle possède pour aller à Dieu. C'est par l'amour qu'elle s'unit à Lui. Voilà pourquoi, plus elle possède de degrés d'amour, plus elle pénètre dans les profondeurs de Dieu et se concentre en Lui. Plus l'amour est ardent, plus aussi il est capable d'unir l'âme à Dieu. Quand l'âme arrivera au dernier degré, elle sera blessée jusqu'au plus intime d'elle-même par l'amour de Dieu. C'est alors qu'elle sera transformée et illuminée aussi complètement qu'elle en est capable dans son être. C'est là ce qui se produit pour le cristal pur et sans tâche quand il est investi de la lumière, et plus il la concentre en lui-même ; il arrive même à recevoir une telle abondance de lumière qu'il semble transformé tout entier en lumière ; on ne le distingue plus d'elle ; tout ce qu'il a pu en recevoir est étincelant, il lui est devenu semblable. C'est dans la substance de l'âme que le Saint Esprit célèbre cette fête de l'amour. Aussi est-elle d'autant plus sûre, substantielle et pleine de délices, qu'elle est plus intérieure. Mais plus elle est remplie de délices et intérieure, plus elle est pure, et enfin, plus elle est pure, plus aussi Dieu se communique abondamment, souvent et pleinement ; par ailleurs, les délices comme les joies de l'âme et de l'esprit n'en sont que plus profondes. Dieu est l'auteur de tout ; l'âme ne peut rien par elle-même. Lui seul peut agir dans le fond et la partie intime de l'âme, sans l'aide des sens, et la mouvoir elle-même à l'action qu'il accomplit. Ainsi tous les mouvements de l'âme sont divins ; bien qu'ils soient de Dieu, ils sont également d'elle ; car Dieu les accomplit en elle avec elle. L'âme ne fait que Lui remettre sa volonté et son consentement. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Pour arriver à goûter tout, veillez à n'avoir goût pour rien » :

« Pour arriver à goûter tout, veillez à n'avoir goût pour rien. Pour arriver à savoir tout, veillez à ne rien savoir de rien. Pour arriver à posséder tout, veillez à ne posséder quoi que ce soit de rien. Pour arriver à être tout, veillez à n'être rien, en rien. Pour arriver à ce que vous ne goûtez pas, vous devez passer par ce que vous ne goûtez pas. Pour arriver à ce que vous ne savez pas, vous devez passer par où vous ne savez pas. Pour arriver à ce que vous ne possédez pas, vous devez passer par où vous ne possédez pas. Pour arriver à ce que vous n'êtes pas, vous devez passer par ce que vous n'êtes pas. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

 « Je meurs de ne pas mourir » :

Et je vis sans vivre en moi.
Embrasée par mon désir,
Je meurs de ne pas mourir
Si je vis sans vivre en moi,
Sans Toi je ne peux pas vivre.
Exister sans moi, sans Toi,
Est-ce donc mourir ou vivre ?
Mille morts serait la vie
Hors du suprême désir.
Je meurs de ne pas mourir.
Cette vie où je crois vivre,
Où j'agonise sans Toi,
Est la mort qui va me suivre
Jusqu'à ce que je Te voie.
Ecoute, Seigneur, la voix,
Les plaintes de mon désir !
Je meurs de ne pas mourir.
Etant si loin, si loin de Toi,
Quelle vie a-t-il, mon être,
Sinon la mort sans effroi,
Sans mourir et sans renaître ?
Seigneur, j'ai pitié de moi,
J'ai pitié de mon désir.
Je meurs de ne pas mourir.
Le poisson sorti de l'eau
Voit la fin de sa misère :
La mort qu'il subit lui vaut
La Mort, une mort plénière.
Moi je vis dans la douleur
Qui n'a ni nuit ni lumière,
Car je vis plus que je meurs.
Quand j'adore Ton image
Dans le Très Saint Sacrement,
Ton regard ne me soulage
Que pour creuser mon tourment.
La chair dressant ses barrages
Sur les flots de mon désir,
Je meurs de ne pas mourir.
Si j'exulte d'allégresse
A ta présence, Seigneur,
De ne pas Te voir sans cesse
Se décuple ma douleur.
Vivant ainsi dans la peur
Terrible de mon désir,
Je meurs de ne pas mourir.
Ah ! Sors-moi de cette mort,
Seigneur, donne-moi la vie !
Ouvre Ta source aux transports
De ma soif inassouvie !
Je meurs d'espoir, de remords,
Et de crainte, et de désir.
Je meurs de ne pas mourir.
Je redouterai la mort,
Je pleurerai sur ma vie
Tant qu'elles seront flétries
Par des péchés sans remords.
Quand luira, Seigneur, le jour
Où je pourrai dire : « Amour
Je vis de vivre toujours ? »
Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Par une nuit profonde » :

Par une nuit profonde,

Etant pleine d'angoisse et enflammée d'amour,

Oh ! L'heureux sort !

Je sortis sans être vue,

Tandis que ma demeure était déjà en paix.

J'étais dans les ténèbres et en sûreté

Quand je sortis déguisée par l'escalier secret,

Oh ! L'heureux sort !

J'étais dans les ténèbres et en cachette,

Tandis que ma demeure était déjà en paix.

Dans cette heureuse nuit,

Je me tenais dans le secret, personne ne me voyait,

Et je n'apercevais rien

Pour me guider que la lumière

Qui brûlait dans mon cœur.

Elle me guidait

Plus sûrement que la lumière du midi

Au but où m'attendait

Celui que j'aimais,

Là où nul autre ne se voyait.

Ô nuit qui m'avez guidée !

Ô nuit plus aimable que l'aurore !

Ô nuit qui avez uni

L'aimé avec sa bien-aimée

Qui a été transformée en lui !

Sur mon sein orné de fleurs,

Que je gardais tout entier pour lui seul,

Il resta endormi,

Et moi je le caressais

Et avec un éventail de cèdre je le rafraîchissais.

Quand le souffle provenant du fort

Soulevait déjà sa chevelure,

De sa douce main

Posée sur mon cou il me blessait,

Et tous mes sens furent suspendus.

Je restai là et m'oubliai,

Le visage penché sur le Bien-Aimé.

Tout cessa pour moi, et je m'abandonnai à lui,

Je lui confiai tous mes soucis

Et m'oubliai au milieu des lis.Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Seigneur mon Dieu, qui donc te cherchera ? » :

« Oh ! Seigneur mon Dieu, qui donc te cherchera avec un amour pur et simple et ne te trouvera selon son gré et son désir ? Car c'est toi qui te montres le premier et qui viens à la rencontre de ceux qui te désirent. Du moment que je vais partout avec toi, mon Dieu, tout m'arrivera heureusement partout, comme je le veux pour toi. Mon Bien-Aimé, tout ce qui est âpre et pénible, je le veux à cause de toi, et je veux pour toi tout ce qui est doux et savoureux. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

 « Je ne suis rien, je ne puis rien, je ne vaux rien, je ne mérite rien,... » :

Je ne suis rien,

Je ne puis rien,

Je ne vaux rien,

Je ne mérite rien,

L'on ne me doit rien,

Au rien, il ne faut rien,

Le rien ne peut rien,

Le rien ne veut rien,

Le rien n'est bon à rien,

Le rien n'est digne de rien,

Le rien doit demeurer à rien,

Le rien ne se plaint de rien,

Le rien ne s'offense de rien,

Le rien ne s'étonne de rien,

Le rien ne se trouble de rien,

Le rien n'est propre à rien,

Le rien n'ambitionne rien,

Le rien ne méprise rien,

Le rien ne demande rien,

Le rien ne considère rien,

Le rien ne se contente de rien,

Le rien ne prétend rien,

Le rien ne s'approprie rien,

Le rien ne prend goût à rien,

Le rien ne désapprouve rien,

Le rien n'est blessé de rien,

Le rien n'envie rien,

Le rien ne s'incommode de rien,

Le rien ne prend part à rien

Le rien ne soutient rien,

Le rien ne tient à rien,

Le rien ne se scandalise de rien,

Le rien ne s'empresse de rien,

Le rien ne juge ni ne condamne rien,

Le rien ne se peine de rien,

Le rien ne craint rien,

Le rien ne désire rien,

Le rien n'appréhende rien,

Le rien ne se choque de rien.

Ainsi soit-il.

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Ô Seigneur, c'est Toi, en effet, qui Te montres le premier et qui vas au-devant de ceux qui Te désirent » :

« Où T'es-Tu caché, Ami ? Pourquoi m'as-Tu laissé dans les gémissements ? Comme le cerf Tu T'es enfui, après m'avoir blessé ; je suis sorti après Toi, et je criais mais Tu étais parti ! Seigneur mon Dieu, Tu ne T'éloignes pas de celui qui ne s'éloigne pas de Toi. Comment ose-T-on dire que c'est Toi qui T'éloignes ? Ô Seigneur, mon Dieu, qui donc pourrait Te chercher avec un amour pur et simple sans Te trouver tout à son goût et à son gré ? C'est Toi, en effet, qui Te montres le premier et qui vas au-devant de ceux qui Te désirent. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591)

 « Seigneur, Dieu, mon Bien-Aimé, accomplis Ta volonté... » :

« Seigneur, Dieu, mon Bien-Aimé ! Si le souvenir de mes péchés T'empêches de m'accorder la grâce que je sollicite, accomplis Ta volonté, car c'est là ce que je préfère. Et cependant, j'ose T'en supplier, donne lieu à ta Bonté, à ta Miséricorde, de resplendir dans le pardon que Tu m'accorderas. Si ce sont mes œuvres que Tu attends pour m'accorder l'objet de ma requête, donne-les-moi en les opérant Toi-même en moi. Joins-y les peines que Tu voudras bien accepter, et qu'elles viennent. Et si ce ne sont pas mes œuvres que Tu attends, qu'attends-Tu, mon très aimant Seigneur ? Pourquoi tardes-Tu ? Si ce que je Te demande au nom de ton Fils est un don de Grâce et de Miséricorde, daigne prendre ma pauvre obole, puisque Tu la désires et donne-moi le trésor que je sollicite, puisque Ta volonté est aussi de me le donner. Qui pourra, mon Dieu, s'affranchir des modes et des termes vulgaires, si Tu ne l'élèves Toi-même jusqu'à Toi en pureté d'amour ? Comment montera jusqu'à Toi l'homme engendré, nourri dans les bassesses, si Tu ne l'élèves, Seigneur, de cette même main qui l'a formé ? Tu ne me retireras point, mon Dieu, ce que Tu m'as une fois donné en me donnant ton Fils unique, Jésus-Christ, en qui Tu m'as donné tout ce que je puis désirer. Aussi, je veux me réjouir, car Tu ne tarderas pas, si je T'espère véritablement. Et toi qu'attends-tu, puisque dès maintenant tu peux aimer Dieu dans ton cœur ? Les cieux sont à moi et la terre est à moi. A moi les nations, à moi les justes, à moi les pécheurs. Les anges sont à moi et la Mère de Dieu est à moi. Tout est à moi. Dieu est à moi et pour moi, puisque le Christ est à moi et tout entier pour moi (cf. 1 Co 3, 22-23). Après cela, que demandes-tu et que cherches-tu, mon âme ? Tout est à toi et entièrement pour toi. Sois fière et ne t'arrête pas aux miettes qui tombent de la table de ton Père. Sors et glorifie-toi de ta gloire. Réjouis-toi, et tu obtiendras ce que ton cœur demande (Ps 36, 4). Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591) - Paroles de lumière et d'amour n°26

« Toi, Seigneur, Tu aimes le discernement, la lumière et l'amour » :

« Ainsi, ô Dieu et ma joie, dans ces paroles de lumière et d'amour de Toi, mon âme a voulu travailler par amour de Toi... Toi, Seigneur, Tu aimes le discernement, Tu aimes la lumière, Tu aimes l'amour par-dessus les autres mouvements de l'âme. Alors, ces paroles seront discernement pour cheminer, lumière sur le chemin et amour dans le cheminement. Laissons donc au loin la rhétorique du monde ; laissons les bavardages et la sèche éloquence de la sagesse humaine, sans consistance et ingénieuse, car elles ne Te plaisent pas. Et communiquons au cœur des paroles baignées de douceur et d'amour, car vraiment elles Te plaisent. Ainsi soit-il. »

Saint Jean de la Croix (1542-1591) - Prologue de « Paroles de lumière et d'amour »

« Ô mon Bien-Aimé, tout pour Vous, rien pour moi » :

« Ô mon Bien-Aimé, tout pour Vous, rien pour moi ; rien pour Vous, tout pour moi. Tout ce qu'il y a de dur et de pénible, je le veux pour moi, et nullement pour Vous. Oh ! Combien sera douce à mon cœur votre Présence, ô Vous qui êtes le souverain Bien. Je dois m'approcher de Vous dans le silence, je dois Vous découvrir les pieds, afin que Vous daigniez m'unir à Vous par les liens du Mariage spirituel. Je ne goûterai de joie, que lorsque je me réjouirai dans Vos bras. Je Vous supplie maintenant, ô Seigneur, de ne jamais abandonner mon âme à elle-même, puisque je n'ai fait que dissiper ses biens ».

Ainsi soit-il.Saint Jean de la Croix (1542-1591)

« Qu'il soit fait, ô mon Dieu, selon Votre volonté ! » :

« Seigneur Dieu, mon bien-aimé, si le souvenir de mes péchés Vous empêche encore de m'accorder ce que je Vous demande, qu'il soit fait, ô mon Dieu, selon Votre volonté ! Car c'est Elle que je désire avant tout. Exercez Votre bonté et Votre miséricorde ; par elles Vous serez connu. Si Vous attendez mes œuvres pour exaucer ma supplique, donnez-les moi, opérez-les en moi, ainsi que les peines que Vous jugerez bon d'accepter, et que votre Volonté s'accomplisse. Mais si Vous n'attendez pas mes œuvres, qu'attendez-Vous, ô mon Très Miséricordieux Seigneur ? Que tardez-Vous ? Si ce doit être une Grâce et une Miséricorde que je Vous demande par votre Fils, prenez mon petit avoir, puisque Vous le voulez ; mais donnez-moi ce bien, puisque Vous le voulez aussi. Qui pourra se délivrer des manières basses et limitées où il est, si Vous ne l'élevez jusqu'à Vous dans la pureté de votre Amour, ô mon Dieu ? Comment pourra-t-il s'élever jusqu'à Vous, l'homme qui a été engendré et formé dans la bassesse, si Vous ne l'élevez Vous-même, ô Seigneur, de cette même Main qui l'a créé ? Vous ne m'ôterez pas, ô mon Dieu, ce que Vous m'avez donné une fois en votre Fils unique Jésus-Christ, en qui Vous m'avez donné tout ce que je désire ; aussi je me réjouirai à la pensée que Vous ne tarderez pas, si je Vous attends. Que tardes-tu, ô mon âme, puisque dès à présent, tu peux aimer Dieu dans ton cœur ? Les cieux sont à moi, la terre est à moi ; les nations, à moi ; les justes, à moi ; les pécheurs, à moi ; les anges, à moi ; la Mère de Dieu et toutes les créatures, à moi ; Dieu Lui-même est à moi et pour moi, puisque le Christ est à moi et tout entier pour moi. Que demandes-tu, et que recherches-tu encore, ô mon âme ? Tout cela est à toi et tout cela est pour toi. Ne te rabaisse point au-dessous de cela ; ne t'arrête point aux miettes qui tombent de la table de ton Père ! Lève-toi et glorifie-toi de ce qui fait ta gloire. Cache toi en elle et réjouis-toi ; et les désirs de ton cœur seront exaucés ».

Ainsi soit-il.Saint Jean de la Croix (1542-1591)

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