Prières de Saint François de Sales.

24/01/2022

*Je crie vers Toi, ô mon Dieu » :

« Je crie vers Toi, ô mon Dieu, je prononce ton Nom très saint, mais sans pouvoir jamais te saisir ! Seigneur mon Dieu, tu es plus grand que nos paroles, plus silencieux que notre silence, plus profond que nos pensées, plus élevé que nos désirs. Donne-nous, ô Dieu souverain, si grand et si proche, un cœur vivant, des yeux nouveaux, pour te découvrir et pour t'accueillir quand tu viens à nous. Ainsi soit-il. »

*Saint François de Sales (1567-1622)

Prière à Saint Joseph de Saint François de Sales :
« Glorieux Saint Joseph, époux de Marie, accordez-nous votre protection paternelle, nous vous en supplions par le cœur de Jésus-Christ. Ô vous, dont la puissance infinie s'étend à toutes nos nécessités et sait nous rendre possibles les choses les plus impossibles, ouvrez vos yeux de Père sur les intérêts de vos enfants. Dans l'embarras et la peine qui nous pressent, nous recourons à vous avec confiance; daignez prendre sous votre charitable conduite cette affaire importante et difficile, cause de nos inquiétudes. Faites que son heureuse issue tourne à la gloire de Dieu et au bien de ses dévoués serviteurs. Ainsi soit-il »
Saint François de Sales (1567-1622)

* future maman » :
« Dieu éternel, Père d'infinie bonté, qui avez ordonné le mariage pour accroître la race humaine et repeupler la Cité céleste et qui avez dévolu à la femme le rôle principal en cette tâche, c'est votre volonté que la fécondité apporte la preuve de votre bénédiction.
Jetez maintenant un regard sur moi, prosternée dans l'adoration devant la face de votre Majesté, afin de vous remercier pour la conception de l'enfant, don que avez fait à mon corps. Mais, Seigneur, puisque Vous avez agi ainsi dans votre bonté, étendez les bras de votre Providence et menez à la perfection l'œuvre que Vous avez commencée. Communiquez à ma gestation quelque chose de Votre divine excellence, et par votre assistance indéfectible, aidez-moi à porter cet enfant, fruit de votre pouvoir créateur, jusqu'à l'heure de l'enfantement. Dieu de ma vie, venez à mon aide, soutenez de votre main sacrée ma faiblesse et recevez ce fruit de mes entrailles ; préservez le nouveau-né qui vous appartient, jusqu'à ce que le sacrement du baptême le dépose dans le sein de votre épouse, l'Eglise, faites-le vôtre également par la Rédemption.
Sauveur de mon âme, vous qui sur la terre montrâtes tant de tendresse à l'égard des petits enfants assemblés autour de vous, recevez-en encore un autre, je vous prie, et adoptez-le parmi vos fils. Lorsqu'il vous appartiendra et pourra vous appeler Père, alors Votre nom sera sanctifié en lui et votre règne arrivera. C'est pourquoi, ô Rédempteur du monde, je voue, dédie et consacre mon enfant, de tout mon cœur, à Votre loi, à l'amour de Votre service et au service de Votre amour. Etant donné que Votre juste colère a assujetti la mère de la race humaine ainsi que sa postérité pécheresse à beaucoup de souffrances et de peines dans l'enfantement, j'accepte de vos mains, Seigneur, toutes les douleurs qui seront les miennes à cette heure. Je vous fais pourtant une prière : Au nom de la Sainte joie avec laquelle votre innocente Mère a enfanté, soyez miséricordieux à l'heure de ma délivrance envers la pauvre pécheresse que je suis et bénissez-moi, ainsi que l'enfant que Vous m'avez donné, de la bénédiction de votre amour éternel. Avec une complète confiance en votre bonté, je demande ce don en toute humilité.
Et vous, très sainte Vierge-Mère, incomparable souveraine, gloire sans pareille de toutes les femmes, ouvrez largement vos bras protecteurs et recevez dans le sein maternel de votre infinie délicatesse mes désirs et mes supplications, de sorte que votre Fils, dans Sa miséricorde, puisse daigner accueillir ma prière. O vous, la plus aimable de toutes les créatures, au nom de l'amour virginal dont Vous avez chéri saint Joseph, votre très cher époux, au nom des mérites infinis de la naissance de votre Fils, des entrailles sacrées qui L'ont porté, des mamelles qui L'ont allaité, je vous supplie d'obtenir pour moi ce que je demande.
Saints anges de Dieu, désignés pour me garder, moi et l'enfant que je porte, défendez-nous, gouvernez-nous, afin que, sous votre protection, nous puissions un jour atteindre à la gloire qui fait vos délices et en votre compagnie, louer et bénir le Seigneur et Maître de nous tous, qui vit et règne éternellement. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622)
Voir la Prière d'une future maman de Mgr Schooyans « Père, avec mon enfant, qui est d'abord le Tien, je Te prie » et la « Prière maternelle » d'Edouard Courteville

*La Prière Mariale de Saint François de Sales :
« Ayez mémoire et souvenance, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que je suis votre fils ; que vous êtes puissante et que je suis un pauvre homme vil et faible. Je vous supplie, très douce Mère, que vous me gouverniez et me défendiez dans toutes mes voies et actions. Ne dites pas, gracieuse Vierge, que vous ne pouvez ; car votre bien-aimé Fils vous a donné tout pouvoir, tant au ciel comme en la terre. Ne dites pas que vous ne devez ; car vous êtes la commune Mère de tous les pauvres humains et particulièrement la mienne. Si vous ne pouviez, je vous excuserais disant : il est vrai qu'elle est ma mère et qu'elle me chérit comme son fils, mais la pauvrette manque d'avoir et de pouvoir. Si vous n'étiez ma Mère, avec raison je patienterais disant : elle est bien assez riche pour m'assister ; mais hélas, n'étant pas ma mère, elle ne m'aime pas. Puis donc, très douce Vierge, que vous êtes ma Mère et que vous êtes puissante, comment vous excuserais-je si vous ne me soulagez et ne me prêtez votre secours et assistance ? Vous voyez, ma Mère, que vous êtes contrainte d'acquiescer à toutes mes demandes. Pour l'honneur et la gloire de votre Fils, acceptez-moi comme votre enfant, sans avoir égard à mes misères et péchés. Délivrez mon âme et mon corps de tout mal et me donnez toutes vos vertus, surtout l'humilité. Enfin, faites-moi présent de tous les dons, biens et grâces, qui plaisent à la Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622)

* Ô Très Sainte Vierge pleine de grâce et demeure du Seigneur » :
« Ô Très Sainte Vierge que tout le monde vous nomme Rejeton de Jessé, Tour de David, Porte du Ciel, Maison de sagesse ; pour moi, je veux vous appeler, avec l'Ange, pleine de grâce, et demeure du Seigneur. Rendez-moi agréable à votre Fils, afin que je lui chante tous les jours de nouveaux cantiques de louange, avec une nouvelle ferveur d'esprit. Ô Vierge incomparable qui pourra raconter la surabondance de vos grâces ? Les autres Saints ressemblent aux rivières, et vous à la mer. Je vous remercie, ô Très Sainte Trinité, de la plénitude des grâces dont vous avez, pour ainsi dire, inondé ce champ virginal, pour le rendre fécond ; je vous supplie, par ses mérites, de m'en donner quelque petite portion, afin que mon âme en demeure remplie selon sa capacité. Ô Mère de miséricorde, faites couler dans mon sein quelques ruisseaux de cette surabondance de grâces, afin que le vide de mon cœur en demeure rempli, et que par là mes œuvres soient pleines et parfaites devant Dieu. Ô Sainte Vierge, obtenez-nous la ferveur et la grâce de bien user de toutes celles que Dieu nous communiquera, d'y coopérer fidèlement, de nous avancer généreusement en esprit, de l'honorer dans toutes nos démarches, tant intérieures qu'extérieures, en accomplissant tous les devoirs auxquels notre condition nous oblige, tant envers les hommes qu'envers Lui-même, et nous soumettant entièrement à sa divine Providence. Ô Sainte Vierge, que je serais heureux, si toutes les actions de ma vie étaient dédiées à Dieu, comme ont été les vôtres. Mais cela n'étant pas, il ne me reste qu'un désir, ô sacrée Vierge, qui est de vous prier de m'obtenir cette faveur, que dès à présent je suive le bon plaisir de Dieu, et que je dégage mon affection de tout ce qui n'est point Lui, afin de l'aimer de toutes mes forces, et de tout mon cœur à jamais. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622)

* Je crie vers Toi, ô mon Dieu » :
« Je crie vers Toi, ô mon Dieu, je prononce ton Nom très saint, mais sans pouvoir jamais te saisir ! Seigneur mon Dieu, tu es plus grand que nos paroles, plus silencieux que notre silence, plus profond que nos pensées, plus élevé que nos désirs. Donne-nous, ô Dieu souverain, si grand et si proche, un cœur vivant, des yeux nouveaux, pour te découvrir et pour t'accueillir quand tu viens à nous. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622)

Quoi qu'il arrive Seigneur, je Vous aime ! » :

« Quoi qu'il arrive, Seigneur, quoi que vous ayez arrêté à mon égard, je vous aimerai au moins en cette vie, s'il ne m'est pas donné de vous aimer dans la vie éternelle. Ô Seigneur Jésus, si je dois être maudit parmi les maudits qui ne verront pas votre doux visage, accordez-moi au moins de ne pas être de ceux qui maudiront votre saint Nom. Ô Dieu, quelle détresse a une âme qui aime Dieu, de ne savoir seulement pas s'il est en elle, ou non, et si l'amour divin pour lequel elle combat est du tout éteint en elle ou non ! Mais c'est la fine fleur de la perfection de l'amour céleste que de faire souffrir et combattre l'amant pour l'amour, sans savoir s'il a l'amour pour lequel et par lequel il combat. Ainsi soit-il. »

Saint François de Sales (1567-1622)

*Ô Seigneur, qui me délivrera si ce n'est Vous ? » :
« Qui me donnera la grâce que je puisse en quelque façon donner allégement à mon Sauveur affligé ? Que ne m'est-il loisible de prendre mes habits les plus précieux pour couvrir votre nudité ? Que n'ai-je du baume excellent pour en oindre vos plaies ? Que ne suis-je près de vous sur la croix pour soutenir votre corps entre mes bras, afin que la pesanteur ne déchirât pas si fort les plaies de vos pieds et de vos mains ? Mais surtout, que ne puis-je empêcher les pécheurs de tant offenser votre cœur. Mais, Seigneur, pourquoi m'amusé-je à ces désirs, desquels je n'ai pas la force d'en pratiquer un seul ! Comment vous donnerais-je mes habits précieux, moi qui n'en donnai jamais un vil et usé à vos pauvres ? Sur la croix, vous ne me les demandez pas et je vous les offre ; en vos pauvres, vous me les demandez et je les refuse. Ô vaines et misérables offres qui ne sont qu'en apparence et en effet ne sont que moqueries. Comment répandrais-je du baume sur vos plaies, puisque je ne répandis jamais un verre d'eau pour vos pauvres ? Comment voudrais-je vous supporter en croix, puisque je ne fuis jamais rien tant que les croix ? Mon iniquité est donc bien grande ? Ô que je suis misérable de m'y être si souvent abîmé ! Ô Seigneur, qui me délivrera de ce labyrinthe si ce n'est vous ? Pour me délivrer de l'enfer et me délivrer de perdition, hélas, Seigneur, que vous souffrez ! Et moi, misérable, que je souffre pour m'y engager ! Tout ce que j'ai souffert jusqu'à présent n'a été qu'à ma perte. Non, vous me voulez sauver, Seigneur, que votre volonté soit faite ! Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622)

*Gardez-vous bien surtout de ne pas quitter la main et la protection du Père céleste » :
« Par la main, faites comme les petits enfants qui de l'une des mains se tiennent à leur père, et de l'autre cueillent des fraises ou des mûres le long des haies ; car, de même, amassant et maniant les biens de ce monde de l'une de vos mains, tenez toujours de l'autre la main du Père céleste, vous tournant de temps en temps vers lui, pour voir s'il a agréable vos activités ou vos occupations. Gardez-vous bien surtout de ne pas quitter sa main et sa protection, car s'il vous abandonne, vous ne ferez point de pas sans donner du nez en terre. Je veux dire que quand vous serez parmi les affaires et occupations communes, qui ne requièrent pas une attention si forte et si pressante, vous regardiez plus Dieu que les affaires ; et quand les affaires sont de si grande importance qu'elles requièrent toute votre attention pour être bien faites, de temps en temps vous regarderez à Dieu, comme font ceux qui naviguent en mer, lesquels, pour aller à la terre qu'ils désirent, regardent plus en haut au ciel que non pas en bas où ils voguent. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622)

**Ô Père éternel, qui êtes aux Cieux » :
« Je sais, Seigneur, que Vous êtes partout et que les cieux et la terre (Is 6,3), sont pleins de votre Gloire ; et même je sais, Père, que Vous tenez l'univers dans vos Mains et que Vous le conservez, car s'il en était autrement, toutes choses retourneraient dans le néant d'où Vous les avez tirées. Vous êtes aussi, ô Père, dans les Cieux, où Vous glorifiez cette immense multitude d'Anges et de Saints qui sont continuellement présents devant le Trône de votre Gloire, Vous adorant en toute révérence. Quand sera-ce, ô Père, que mon âme sera comme un ciel, élevée de la terre par la force de l'Amour; ornée d'autant de vertus que le ciel contient d'astres et d'étoiles ; ferme et forte en votre service, sans jamais tomber, ainsi que les cieux qui ne tombent pas, afin qu'elle soit toute belle et agréable devant votre Face et que Vous, Père, daigniez y habiter comme en un ciel très beau ? Je Vous demande encore, ô Père, qu'afin que mon âme soit un ciel et la demeure de Votre très souveraine Majesté, elle puisse se mouvoir comme les cieux, selon le mouvement du premier Moteur. Vous êtes le premier et souverain Moteur ; que mon âme n'ait de mouvement que par Votre sainte Volonté, afin qu'en toutes choses elle se rende conforme à votre Vouloir. Vous êtes aux Cieux, ô Père (Sg 7, 26), c'est-à-dire dans les Anges et dans les Saints ; Vous les éclairez afin qu'ils Vous connaissent, car Vous êtes la Lumière éternelle (Jn 1, 9) qui éclaire tout. Vous êtes, Père, dans les Anges et dans les Saints, et Vous les enflammez du feu d'un ardent Amour, afin qu'ils Vous aiment parfaitement, car Vous êtes ce Feu qui consume toute imperfection : Vous rendez vos Anges aussi prompts que les vents et des flammes de feu vos serviteurs. Vous êtes, Père, dans vos Anges et dans vos Saints, les comblant de béatitude afin qu'ils soient éternellement heureux, car Vous êtes la Béatitude, la Gloire, le Repos de cette glorieuse Assemblée. Faites, ô Père, que je sois un ange et un saint par grâce, afin que je devienne participant de si grands biens et que mon entendement soit éclairé pour Vous connaître. Vous avez donné, ô Père, à votre serviteur François ces deux grandes lumières : la première pour connaître votre sublime Majesté, la seconde pour se connaître lui-même. Donnez-moi, ô Père, cette grande lumière, afin que je Vous connaisse comme les Anges et votre serviteur François, Vous, mon Dieu, d'infinie Vertu, de Puissance infinie, de Sagesse infinie et de Beauté infinie. Donnez-moi aussi l'autre grande lumière par laquelle je connaîtrai ma bassesse et ma misère. Je Vous demande aussi, ô Père, que Vous daigniez embraser mon cœur du feu du Saint-Esprit, comme Vous embrasez les Anges au Ciel, et de même que Vous embrasâtes sur la terre les cœurs des Apôtres le saint Jour de la Pentecôte. Ô Père très heureux, envoyez quelques parcelles de ce grand fleuve et de ce grand feu qui procède de votre Siège et de l'Agneau (Ap 22, 2), c'est-à-dire du Saint-Esprit ; envoyez-les à mon âme afin qu'elle brûle de votre Amour. Lancez d'en haut le feu dans mes os (Lm 1, 13) ; que ce feu, Père, pénètre jusqu'à la moelle de mon âme, afin que les grandes eaux de la tribulation ne puissent éteindre la charité (Ct 8, 7). Avec ce grand feu, embrasez mes affections, afin que je n'aille plus mendier les choses viles de la terre, mais qu'entraîné par sa vertu je cherche les choses éternelles du Ciel. Père saint, il est bien juste que puisque Vous, mon Dieu, mon Père et mon Héritage (Ps 15, 5; Mt 6, 20) êtes au Ciel, je ne cherche ni ne m'embarrasse plus de la terre ; qu'ai-je à faire de la terre, ô Père, puisque tout mon bien, tout mon trésor est au Ciel ? Si Vous, mon Père, êtes au Ciel, il suit de là que moi, votre enfant, je suis étranger (Ps 38, 13 ; 1P 2, 11) dans ce monde et que je marche toujours vers ma patrie, qui est le Ciel. Si le pèlerin, quand il marche, a le corps sur la route et l'âme en la douce patrie, chaque heure lui semblant mille ans pour le désir qu'il a de l'atteindre et de voir son cher Père et ses très doux frères, pourquoi n'en sera-t-il pas ainsi de moi ? Pourquoi, notre Père, mon âme ne converse-t-elle pas dans les Cieux comme l'âme de votre saint Apôtre qui disait : « Notre conversation est dans le Ciel » (Ph 3, 20), et pourquoi chaque heure de cet exil ne me semble-t-elle pas mille ans ? Pourquoi ne désiré-je pas voir mes chers frères, qui sont les Anges et les Saints ? Pourquoi, Père, ne réputé-je pas toutes les choses de cette vie, basses, viles et indignes d'y attacher mon cœur, puisque je suis créé pour posséder les biens du Ciel ? Il est hors de doute, ô Père, que ce serait un grand déshonneur pour le fils d'un grand prince ou d'un roi d'étriller de ses mains les chevaux ou, avec les mêmes mains, ramasser les immondices et le fumier dans les rues ; mais c'est un bien plus grand déshonneur pour moi de ce que sachant, ô Père céleste, que Vous m'avez adopté pour votre fils et que Vous me préparez des biens infinis, des richesses inestimables et même le royaume du Ciel, je m'abaisse et me rende méprisable en recherchant les choses viles et basses de ce monde. Donc, notre Père qui êtes aux Cieux, donnez-moi l'amour des choses célestes, afin qu'aimant celles-là je méprise les choses de la terre et que tout mon amour soit en Vous, notre Père du Ciel. Je Vous demande enfin, ô Père, que de même que Vous remplissez les cieux, qui sont les Anges et les Saints, de Gloire, de même Vous daigniez remplir mon âme, lorsque, quittant ce monde, elle se présentera devant Vous, afin qu'elle soit un « Ciel plein de votre Gloire ». Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires sur le « Notre Père »

**Ô Père éternel, que votre Nom soit sanctifié » :
« Ô Père éternel, faites, je Vous en prie, que ce Nom si doux et suave soit connu dans le monde entier. Ne tenez pas caché, ô Père, un si riche trésor aux âmes auxquelles Vous avez imprimé votre Image et Ressemblance (Gn 1, 26 ; Gn 5, 11 ; Gn 9, 6). Que l'orient, l'occident et les autres parties du monde sachent que Vous êtes Père, que Jésus-Christ est votre Fils unique, coéternel et consubstantiel, et que tous peuvent être vos enfants d'adoption. Découvrez, ô Père, et communiquez à toutes les nations cet aimable Nom, afin que toutes s'embrasent et s'enflamment de votre saint Amour. Oh ! Quelle joie serait pour mon âme de voir un jour le monde entier plier le genou pour adorer Votre très souveraine Majesté! Père de mon Seigneur Jésus-Christ, si mon sang et ma vie étaient nécessaires pour cela, j'offrirais volontiers mon sang, ma vie et mille vies, si je les avais. Que votre Nom soit sanctifié. Faites, ô Père, que mon âme et celles du monde entier aient toujours une plus claire connaissance de votre Majesté. Nous savons, Père, avec tous les saints, quelle est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur (Ep 3, 8): nous connaissons la largeur de vos Bienfaits envers nous, qui est plus vaste que la mer et la terre ; la longueur de vos Promesses, qui sont infinies; la hauteur de votre Majesté, qui est immense : la profondeur de vos Jugements, qui sont un abîme. Que votre Nom soit sanctifié. Père saint, toutes vos créatures m'excitent à louer votre saint Nom, à Vous bénir incessamment : les Anges avec leur douce musique, Vous chantent sans cesse de suaves matines, Vous louent, Vous bénissent et ne cessent de s'écrier: Saint, Saint, Saint, le Seigneur, (Is 6 ,2 ; Ap 4, 2) Dieu des armées, et ils m'invitent à leur tenir compagnie. Les cieux, avec leurs continuels mouvements, les étoiles avec leur brillante lumière, et surtout ces deux plus grands luminaires, (Gn 1, 16) le soleil et la lune, par la splendeur de leur clarté, m'excitent à adorer et bénir votre saint Nom. Tous les éléments, le feu, l'air, l'eau, la terre, les oiseaux qui volent dans l'air, les poissons qui nagent dans la mer, les fleuves, les fontaines, les monts et les vallées, les plantes de la terre et enfin tous les animaux qui la parcourent, me prêchent l'adoration et me disent de Vous bénir. Donc, ô Père, que votre Nom soit sanctifié (Mt 5, 16) ; daignez faire de moi un saint, afin que je ne cesse de bénir Votre souveraine Majesté et que le monde, voyant que je suis occupé à Vous louer et à Vous bénir, Vous glorifie, ô notre Père, et sanctifie votre Nom qui est béni dans les siècles des siècles (Rm 5, 16). Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires sur le « Notre Père »

**Ô Père éternel, que votre Règne arrive » :
« Je Vous demande, ô Père, le royaume des Bienheureux, ce royaume de tous les siècles, si ardemment désiré par un Fils, celui où reposeront nos âmes et où elles jouiront. En ce saint Royaume, nous Vous louerons toujours, nous Vous aimerons et nous jouirons de Vous, ô Père saint, avec votre Fils béni et le Saint-Esprit. Ô Père saint, que votre Règne arrive, parce que c'est dans ce but que Vous avez créé nos âmes ; que votre Règne arrive, parce que c'est pour cela que Vous avez voulu que votre Fils mourût sur l'arbre de la Croix ; que votre Règne arrive, pour que je bénisse votre Nom : les justes sont dans l'attente de la justice que Vous me rendrez (Ps 141, 8) ; vos Anges et tous les Saints désirent ce jour, parce qu'il découvrira en Vous, Père, un abîme d'infinie beauté, de puissance infinie ; c'est pourquoi ils désirent ardemment avoir de nombreux compagnons qui les aident à louer et à aimer votre souveraine Majesté. Dans votre Bonté, Seigneur, répandez vos Bienfaits sur Sion et que les murs de Jérusalem soient bâtis (Ps 1, 20). Voyez, ô Père, une bonne partie des murs de votre Jérusalem sont tombés jusqu'au profond de l'enfer ; recueillez-nous dans votre Bonté, ô Père saint, et placez-nous dans cette glorieuse Cité, afin que Vous puissiez achever de bâtir ses saintes et bénites Murailles. Que votre Règne arrive : Père saint, bannis de votre Royaume, nous sommes « dans cette vallée de larmes ». Faites, ô Père, que nous y revenions. Comme les pèlerins désirent la dernière journée qui terminera leur voyage et où ils retrouveront leur ville et leurs demeures, ainsi nous désirons que votre Règne arrive, afin que s'achève notre pèlerinage et que nous entrions dans le séjour que Vous nous avez préparé dans votre saint Royaume. Que votre Règne arrive : nous sommes en guerre ; faites, Seigneur, que nous remportions la victoire, afin que nous obtenions le prix qui est votre saint Royaume. Vous êtes juste, Seigneur, Vous serez trouvé juste dans votre Sentence (Ps 118, 137). Vous nous avez promis votre Royaume ; je Vous prie donc humblement de ne pas regarder nos démérites, mais le Sang précieux de votre Fils bien aimé Jésus-Christ Notre-Seigneur : Regardez, l'ère, la face de votre Christ, et que par votre Christ votre Règne arrive (Ps 83, 10). Que votre Règne arrive. Oh ! Jour heureux ! Oh ! Heure bénie ! Quand sera-ce, ô Père, que ce jour s'approchera et que viendra cette heure ? Quand viendrai-je et apparaîtrai-je devant votre Face ? (Ps 41, 3 ; Ap 21, 18) Quand verrai-je, ô Père, les murs de votre Royaume, travaillés avec des pierres précieuses ? Quand frapperai-je à tes Portes, ô céleste Jérusalem ? Quand verrai-je tes riches Palais ? Quand jouirai-je de tes beaux Jardins revêtus de fleurs éternelles ? Quand m'abreuverai-je à tes Sources de vie ? Ô Père saint, quand verrai-je dans votre Royaume ces innombrables légions d'Anges et de Saints pleins de gloire, ces choeurs de vierges qui, les palmes à la main, chantent et suivent votre Agneau ? (Ap 7, 9 ; Ap 14, 4) Quand donc mes oreilles entendront-elles la douce musique, l'harmonie des Anges et le concert des Saints qui tous chantent devant Vous : Saint, Saint, Saint le Seigneur, Dieu des armées ? Que vos Tabernacles sont aimables, ô Seigneur des armées ! Ô Dieu des Anges, qu'ils sont beaux, qu'ils sont aimables vos Tabernacles ! Mon âme s'épuise en soupirant après les parvis du Seigneur (Ps 83, 2) ; mieux vaut un jour dans vos parvis que mille (loin de Vous). Donc, ô Père éternel qui êtes aux Cieux, afin que je puisse jouir de votre glorieuse Présence et voir la Gloire de votre Majesté, pour la louer, aimer et bénir (et être enfin, logé parmi) vos Fils, je Vous prie humblement, qu'une fois dépouillé de mon enveloppe mortelle, votre Règne arrive. Que votre Règne arrive. Voici, Père, votre Royaume : mon corps et mon âme. Dans ce royaume Vous voulez régner ; je Vous le rends, ô Père, je Vous le donne, qu'il soit bien Vôtre, puisqu'en réalité il est Vôtre ; que je ne l'usurpe pas, que je ne le livre plus au démon, au monde ni à la chair, qui sont de très cruels tyrans, mais à Vous qui en êtes le vrai Seigneur. Donc, ô Père, que votre Règne arrive. Régnez dorénavant en mon âme : en ma mémoire, afin qu'elle se souvienne toujours de Vous ; en mon intelligence, afin qu'elle considère toujours votre Bonté infinie et votre Grandeur ; en ma volonté, afin que sans cesse elle Vous aime, Vous loue et Vous bénisse. Régnez, ô Père, en mon corps et en tous ses sens, afin qu'il s'emploie tout entier à votre saint Service et que je sois un royaume où votre Majesté règne paisiblement dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires sur le « Notre Père »

** Ô Père, que votre Volonté sainte soit faite en moi » :
« Père, je Vous prie pour que Votre très sainte Volonté soit faite sur la terre comme elle se fait au Ciel. Faites, ô Père, que de même qu'en cette terre des vivants, qui est le Ciel, tous les Anges et les Saints font Votre divine Volonté, ainsi sur cette terre des mourants, qui est ce monde, mon âme fasse Votre sainte Volonté. Votre Volonté, ô Père, est sainte et bonne, la mienne est mauvaise et sensuelle : que votre Volonté, donc, soit faite sur cette terre de mon âme comme au Ciel. Mon âme sera bénie lorsqu'en tout, elle se rendra conforme à votre Volonté. Père saint, ôtez de mon âme, je Vous prie, la volonté propre et greffez en elle la Vôtre, afin que toujours votre Volonté se fasse et jamais la mienne. Lorsqu'à un arbre, on coupe une branche et qu'on y greffe une autre meilleure, bien meilleurs aussi sont ses fruits ; enlevez de cet arbre, ô Père, la petite branche de la volonté propre et greffez-y celle de votre Volonté sainte ; alors je suis sûr qu'il portera de très beaux fruits. Tous mes défauts et péchés procèdent de cette volonté mauvaise. Donc, Seigneur, qu'attendez-vous ? Coupez seulement ce qui est mien et greffez ce qui est Vôtre. Je dirai, ô Père, avec votre Fils bien aimé Notre-Seigneur Jésus-Christ : « Père, non pas ma volonté, mais que la Vôtre soit faite ; Père, non ce que je veux, mais ce que Vous voulez ; Père, que votre Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel » (Mt 6, 9 ; 26, 42 et Mc 14, 36). Je Vous prie aussi, Père, que de même, que les esprits angéliques, signifiés par les cieux, font toujours Votre très sainte Volonté, de même l'âme des pécheurs, représentés par la terre, fasse aussi ce qui est de votre Volonté, car de cette manière ils ne Vous offenseront plus. Je Vous demande avec instance, ô Père, que votre Volonté soit faite en moi et en tous, parce que je suis sûr que votre Volonté est que nous soyons tous des saints. « Soyez saints, car je suis saint » et « Ce que je veux, c'est votre sanctification » (Lv 11, 44 ; Lv 19, 2 ; 1Th 4, 3). Ô Source de toute sainteté, faites-nous saints, car telle est votre Volonté. Quel est donc l'homme si aveugle d'intelligence qu'il ne désire être saint ? Père saint, je ne cherche, je ne désire autre chose, mes richesses, mes biens, mes trésors seront d'être saint. Que votre Volonté soit donc faite en moi, afin que je sois saint. Père saint, que votre Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel. « Votre volonté est que je sois ferme dans la foi, humble dans la conversation, modeste dans mes paroles, juste dans mes actions, miséricordieux avec les nécessiteux, bien réglé dans mes mœurs ; que je ne fasse injure à personne, que je supporte tous les hommes, qu'avec tous je garde la paix, que je vous aime comme Père, que je vous craigne comme père ». Que votre volonté soit faite ! Père, c'est cela que je veux, que je demande, que je désire de tout mon cœur, que votre Volonté sainte soit faite en moi. Que l'accomplissement de votre Volonté soit le plaisir, le contentement, la joie de mon âme en tout lieu et en tout temps ; car je sais, Père, qu'il est plus utile à mon âme de souffrir tous les tourments du monde, si telle est votre Volonté, que de jouir de tous les divertissements et plaisirs des enfants d'Adam. La joie des Anges, le désir des Saints et la consolation des justes sont en cela : que votre Volonté soit faite. Que votre Volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ; je Vous prie donc, ô Père, que votre Volonté soit faite en moi. Enfin, ô Père, Vous et votre Fils bien aimé m'avez déclaré votre Volonté quand Celui-ci a dit : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit et de toutes vos forces, et votre prochain comme vous-même » (Mc 12, 30). Ô Père, puisque votre Volonté est que je Vous aime de tout mon cœur, de toute mon âme et de toutes mes forces, donnez-moi, ô Père, de faire « ce que Vous ordonnez et ce que Vous voulez ». Source de charité, donnez-moi la charité ; abîme d'amour infini, donnez-moi l'amour. Allumez, Père, cette lampe de mon âme avec la lumière de votre Amour. Vous nous avez ordonné, Père, qu'il y eût toujours du feu sur votre autel (Lv 6, 12). Je Vous offre, ô Père, mon âme pour autel ; faites que le feu de votre Amour brûle sans cesse en elle. Ô Lumière éternelle, qui éclairez toute lumière et consumez dans l'éternelle, splendeur des milliers et des milliers d'étincelants flambeaux devant le trône de votre Divinité dès le point du jour ! Ô Lumière éternelle qui éclairez toute lumière et la conservez dans votre éternelle splendeur, des milliers et des milliers d'Anges sont devant votre Majesté comme autant de flambeaux allumés par le feu de votre Charité et brûlent continuellement sans se brûler ni se consumer. Permettez-moi, mon Dieu et mon Père, d'approcher de Vous, Feu d'amour, ce flambeau de mon âme, afin qu'étant allumé, il brûle sans cesse, Vous aimant Vous-même et le prochain en Vous : ainsi sera faite en moi Votre sainte Volonté. Amen. »
Saint François de Sales (1567-1622)

**Donnez-nous, ô Père, notre Pain supersubstantiel » :
« Oui, Père, les enfants ont besoin de pain ; ne nous le refusez pas, de peur que nous ne mourions. Donnez-nous, ô Père, notre Pain supersubstantiel, votre Fils unique Jésus-Christ Notre-Seigneur dans le Très Saint Sacrement, afin que par ce Pain nous soyons nourris dans la vie spirituelle, nous croissions dans la vertu et nous soyons tellement fortifiés, que nous puissions faire le voyage en cette vallée de larmes, jusqu'à la montagne de Dieu, à Horeb. Père saint, ce Pain est celui que votre Fils nous a apporté, ce sont les choses merveilleuses qu'il a opérées, prêchées, endurées ; faites, ô Père saint, que pendant la durée de ce pèlerinage, cette manne céleste ne vienne jamais à nous manquer et que nous goûtions son immense suavité. Les yeux de tous les êtres sont tournés vers Vous dans l'attente, Seigneur, et Vous leur donnez la nourriture en temps opportun ; les yeux de vos enfants Vous regardent, ô Père, et demandent ce Pain de vie, parce que par Lui on mène une vie céleste. Moi donc, Père, l'un de vos enfants, bien que d'ailleurs indigne, grand par les années, mais très petit en mérites, affamé et besogneux, je Vous demande le pain. Et parce qu'en moi se trouvent deux substances, l'une corporelle, l'autre spirituelle, pour toutes deux je Vous demande du pain. Pour le corps, qui est terre, je Vous demande le pain de la terre ; pour l'âme, qui est esprit, je Vous demande le Pain céleste, le Pain des Anges. Or, Père plein de pitié, souvenez-Vous que lorsque les petits enfants demandent du pain à leur père, surtout s'ils ont bien faim, ils crient de toutes leurs forces ce mot : Pain, pain ! Et avec ce mot, comme avec autant de flèches, ils blessent le cœur de leurs pères qui, sur la terre, cherchent du pain pour le donner à leurs enfants. Me voici bien affamé, ô notre Père ; écoutez ce mot que je Vous adresse : du pain, Père, du pain ! Daignez donc, Père saint, ouvrir les entrailles de votre Miséricorde, et puisque Vous le pouvez, secourez-moi et donnez à votre enfant le pain de votre Grâce et le Pain supersubstantiel du Très Saint Sacrement. Donnez-nous en outre, ô Père, le pain de votre suave et très douce Parole, rompez-le-nous, coupez-le en morceaux par le moyen de vos ministres qui sont vos prédicateurs ; faites qu'il fructifie dans nos âmes, comme ce bon grain qui tomba dans la bonne terre et qui rapporta le cent pour un. Enfin, Père, je suis maintenant sous la table de votre haute Majesté, où mangent une multitude d'Anges et de Saints ; agenouillé devant votre Face royale, humilié en votre Présence comme les petits chiens qui sont sous la table de leurs maîtres guettant les miettes qui en tombent, daignez m'honorer de cette suavité, de cette douceur que goûtent les Bienheureux à votre table, afin que dans mon oraison je goûte quelque chose de ce que goûtent vos enfants au Ciel. Faites, ô Père, que mon oraison ne soit pas aride et sèche, mais douce et suave, avec le pain de vos consolations et de vos visites. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires sur le « Notre Père »

**Ô Père éternel, pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés » :
« Père, nous sommes pauvres et pleins de dettes ; Vous, Vous êtes riche et notre créancier ; il faut que le riche remette au pauvre ses dettes : remettez-nous donc nos dettes. Père, faites Miséricorde à votre enfant qui a contracté autant de dettes qu'il a commis de péchés. Quel est le père qui ne remettrait pas à son fils tombé en grande pauvreté n'importe quelle dette, si humblement il le lui demandait ? Et qui donc, ô Père saint, est un fils plus pauvre et plus chargé de dettes que moi ? Voici que, comme un autre publicain (Lc 18, 13), humblement je Vous prie : remettez-moi tant de dettes de péchés par lesquels je Vous ai offensé. « Ô Dieu, dont le propre est de faire toujours Miséricorde et de pardonner », ayez pitié de ce pauvre enfant et remettez-moi toutes mes dettes ; je reconnais, ô Père, que les dettes sont nombreuses (dix mille talents) (Mt 18,24), parce que j'ai péché contre toute votre Loi; mais les richesses de votre Miséricorde les surpassent infiniment. Souvenez-vous, ô Père, de vos Miséricordes qui sont éternelles (Ps 24, 6) et de même que Vous avez usé de Miséricorde à l'égard de tant de vos serviteurs, daignez me remettre tous mes péchés. Je me souviens, ô Père, de votre Miséricorde à l'égard de votre ancien peuple à qui tant de fois Vous pardonnâtes ses péchés (2R 12, 13). Je me rappelle, ô Père, que Vous Vous êtes souvenu de votre serviteur David et que Vous lui avez pardonné sa grande faute. Je me souviens, ô Père, que Votre bien aimé Fils, étant en ce monde, regarda d'un œil de pitié son Apôtre quand Il le renia et Madeleine quand elle se convertit, et enfin qu'Il recevait tous les pêcheurs à pénitence et mangeait avec eux (Lc 7, 37 ; Lc 15, 1 ; Lc 22, 55). Vous n'êtes point changé ; Vous étiez autrefois le Dieu très Miséricordieux, Vous ne l'êtes pas moins maintenant ; Vous êtes le même Dieu que jadis, votre Miséricorde n'est pas finie puisqu'elle est infinie ; elle ne s'est point arrêtée puisqu'elle n'a point d'arrêts et que, plutôt, on fermerait le Ciel; elle n'a pas cessé, puisque de même que le feu opère toujours tant qu'il y a de la matière à consumer, ainsi votre Miséricorde, tant qu'il y a des péchés à brûler et des dettes à remettre. Sa Miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent (Lc 1, 50) : Cantique de la très sainte Mère de Votre Fils béni, Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui savait bien qu'elle était immense. Vous avez mis, Seigneur, des bornes à la mer, mais Vous avez laissé sans bornes votre Miséricorde, afin que toujours elle aille chercher les pécheurs chargés de dettes pour leur pardonner. Voilà, ô Père, que votre Miséricorde se rencontre avec le plus grand pécheur entre tous les pécheurs, avec celui qui a plus de dettes qu'aucun autre enfant d'Adam : effacez mes péchés, remettez-moi la grande somme de mes dettes et passez toujours plus avant pour chercher les autres débiteurs. Un abîme appelle un autre abîme (Ps 41, 8) ; le fils de la misère invoque le Père des Miséricordes. Que l'abîme absorbe un autre abîme ; que l'abîme, mes misères infinies, soit absorbé par l'abîme. Je sais, ô Père, que tous mes péchés, pour nombreux qu'ils soient, et tous ceux du monde entier, sont devant votre Miséricorde comme un brin de paille en présence d'un grand feu. Enfin je Vous prie, Père saint, par votre Miséricorde infinie, par la vertu de cette Passion que votre Fils bien aimé endura sur le bois de la Croix et par les mérites et l'intercession de la Bienheureuse Vierge et de tous les élus qui existent depuis le commencement du monde, de daigner nous remettre nos dettes. Je Vous prie aussi, ô Père, de me donner assez de vertu et votre Grâce pour que je puisse parfaitement pardonner à ceux qui m'ont offensé ; et si Vous trouvez dans mon cœur quelque reste d'imperfection contre ceux qui m'ont offensé, Vous, Père, par le feu de votre Charité, faites-le disparaître, brûlez-le, faites que nulle trace ni ombre de rancune demeure dans mon cœur, afin que je puisse dire en toute vérité : Pardonnez-nous nos offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires du « Notre Père »

**Ô Père éternel, ne nous induisez point en tentation » :
« Nous sommes, ô Père, en un lieu de tentation. Notre adversaire, le diable, rôde autour de nous, cherchant qui dévorer (1P 5, 8). Donnez les moyens, portez secours, ô Père ; les ennemis sont aussi nombreux que le sable de la mer et expérimentés dans le combat ; mon âme est languissante, faible, impuissante si Vous ne venez à son aide. Saisissez donc Vos armes et Votre bouclier, et levez-Vous pour me secourir ; tirez la lance et barrez le passage à mes persécuteurs (Ps 34, 2) ; dites à mon âme : « Je suis ton salut ». Ô Seigneur, que cette pauvre âme a besoin de votre Grâce, de votre Secours, de votre Assistance pour ne pas succomber aux tentations ! Une petite brebis au milieu des loups se perd si le berger ne la sauve ; ainsi, Père, cette âme au milieu de tant de loups qui l'assaillent dans un monde où elle est sollicitée par mille occasions de péchés, avec la chair qui continuellement la combat, que fera-t-elle sans votre Secours ? Père saint, je lèverai mes yeux au Ciel d'où me viendra le secours ; mon secours vient du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. Ô Père des Miséricordes et Dieu de toute consolation, venez à mon aide ; Seigneur, hâtez-vous de me secourir. Père saint, quand donc ferez-Vous justice de ceux qui me persécutent ? (Ps 120 ; 1 2Co 1,3 ; Ps 69, 2 ; Ps 118, 84) Faites justice, Seigneur, de ceux qui cherchent la mort de mon âme, donnez-moi cependant votre Aide pour ne point tomber, pour ne pas Vous offenser. Je ne demande pas que Vous me délivriez des tentations, ô Père, mais je Vous demande la Grâce et la Force pour résister et combattre énergiquement. Par amour pour Vous, je veux bien avoir des tribulations et des angoisses en ce monde, pourvu que dans les tribulations mon âme ne défaille pas. Faites, Seigneur, que, comme l'or dans la fournaise (Pr 17, 3 ; Pr 27, 21 ; Sg 3, 6) devient plus beau, ainsi mon âme jetée dans la fournaise des tribulations, devienne plus pure, lumineuse et resplendissante. Qu'elle ne soit pas comme la paille qui, par manque de force, se laisse brûler et consumer par le feu. Que je sois plutôt comme vos Saints qui, en ce monde, jetés dans les flammes et le feu, restèrent forts et fermes, et ensuite, comme des pierres précieuses, en sortirent avec plus de splendeur et de lumière. Ne nous induisez donc pas en tentation, ô Père, afin que nous n'offensions pas une telle Majesté. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires du « Notre Père »

 **Ô Père éternel, délivrez-nous du mal » :
« Père saint, je reconnais vos Miséricordes sur moi, car Vous m'avez préservé de beaucoup de maux que j'avais mérités par mes péchés ; autant de fois que je péchai, autant de fois je méritai ce mal infini qui est la damnation éternelle. Qu'ils sont nombreux, Père, ceux qui ont encouru ce malheur ! Ils avaient commis moins de péchés que moi ; et combien, parce qu'il ne leur fut pas donné, comme à moi, le loisir de faire pénitence, moururent misérablement dans leurs péchés et se perdirent ! Je Vous en prie, ô Père, délivrez-moi désormais de toute faute, afin que j'échappe aux peines de l'enfer ; faites, Seigneur, que je ne Vous offense plus ; Vous avoir offensé dans le passé est bien suffisant. Que mes péchés, Seigneur, ne se multiplient pas comme le sable de la mer (Jb 6, 3) et les étoiles du ciel ; que l'enfer ne m'engloutisse pas et que la fosse ne se ferme pas sur moi (Ps 68, 16). Vous m'avez délivré, ô Père, de beaucoup de maux qui sont en ce monde. Que d'aveugles, que de sourds, que de muets, que de paralytiques sont au nombre des enfants d'Adam ! Et Vous, Seigneur, m'avez préservé de tous ces maux, bien que je fusse comme eux enfant d'Adam, et pécheur plus qu'eux tous ; cependant, cela me servirait de peu de chose ou même de rien, si Vous ne me délivriez du mal du péché. Donc, du péché, de la faute et de la peine due au péché, je demande d'être délivré. Mais délivrez-nous du mal. Vous m'avez délivré, ô Père, des ténèbres et de l'aveuglement où se trouvent les Turcs, les Maures, les Juifs, les Gentils et païens, me faisant naître dans le sein de la sainte Eglise ; délivrez-moi, ô Père, des ténèbres et de l'aveuglement du péché, afin que je jouisse du sang et des mérites de votre Fils béni, Jésus-Christ mon Seigneur, et que je sois compté parmi vos enfants, qui sont les fils de la lumière (Lc 16, 8 ; Ep 5, 8 ; 1Th 5, 5) dans votre Royaume. Père, je me rappelle cette bonne femme de Thécua qui, entrant chez le roi David, lui demanda pardon pour Absalon son fils ; et ce bon roi, entendant que la demande avait été ordonnée par le capitaine Joab,(1Th 2) son bien aimé et son favori, aussitôt il lui accorda la grâce qu'elle implorait. Père, votre saint et bien aimé Fils Jésus-Christ m'a ordonné de faire cette prière et m'a envoyé à Vous afin que je Vous demande les Grâces qui y sont contenues. Ne me regardez pas, ô Père, moi qui suis le plus grand de tous les pécheurs, mais regardez votre Fils très saint et béni, le plus grand de tous les Saints, voire le Sanctificateur d'eux tous (1Th 1) ; et par l'Amour que vous Lui portez, accordez-moi ce qu'Il m'a ordonné de Vous demander. Je me souviens aussi, Père, qu'il n'était pas permis aux fils de Jacob de paraître une seconde fois en présence de Joseph s'ils ne conduisaient avec eux leur frère cadet Benjamin (Gn 42, 20 ; Gn 43, 3 ; Gn 44, 23) ; et à nous il n'est pas permis de paraître en votre Présence sans notre frère aîné, qui est votre Fils unique Jésus-Christ. Voilà donc, ô Père, je viens maintenant devant Vous avec votre saint Fils, mon Seigneur Jésus. Je Vous Le présente, et Vous prie humblement que par Ses mérites et par Sa très sainte Mort et Passion Vous daigniez m'accorder ce que Lui-même, dans cette Oraison et cette requête qui sont siennes, m'a ordonné de Vous demander, afin que mon âme soit toute Vôtre et qu'elle Vous loue et bénisse dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) - Commentaires du « Notre Père »

**Ô Père, je viens maintenant devant Vous avec Votre saint Fils pour qu'il en soit ainsi » :
« Ô Père, je me souviens qu'il n'était pas permis aux fils de Jacob de paraître une seconde fois en présence de Joseph s'ils ne conduisaient avec eux leur frère cadet Benjamin (Gn 42, 20 ; 43, 3 et 44, 23) ; et à nous il n'est pas permis de paraître en votre Présence sans notre frère aîné, qui est votre Fils unique Jésus-Christ. Voilà donc, ô Père, je viens maintenant devant Vous avec Votre saint Fils, mon Seigneur Jésus. Je Vous Le présente, et Vous prie humblement que par Ses mérites et par Sa très sainte Mort et Passion, Vous daigniez m'accorder ce que Lui-même, dans cette Oraison et cette requête qui sont Siennes, m'a ordonné de Vous demander, afin que mon âme soit toute Vôtre et qu'elle Vous loue et bénisse dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »
Saint François de Sales (1567-1622) 

Ô Saints Anges gardiens de mes bons parents, amis, bienfaiteurs et serviteurs affectionnés et fidèles

« Ô Saints Anges gardiens de mes bons parents, de mes chers amis, de mes bienfaiteurs et de mes serviteurs affectionnés et fidèles, je vous conjure de les toujours entourer de votre protection céleste en les abritant avec vigilance sous vos chastes ailes, afin qu'ils y soient bien préservés de tout péché et de toute affliction. Obtenez pour eux la santé de l'âme et du corps, je vous en supplie, secourables anges ! »

Ainsi soit-il.

Saint François de Sales (1567-1622) 

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