« Ô célestes messagers qui venez visiter ces demeures de l'expiation pour emporter avec vous les affranchis de la justice »
« Ô célestes messagers qui venez visiter ces demeures de l'expiation pour emporter avec vous les affranchis de la justice » :
« Pauvres exilées, quand verrons-nous la Patrie ? Pauvres orphelines, quand verrons-nous notre Père ? Pauvres prisonnières captives dans ces cachots obscurs, quand trouverons-nous au Ciel la lumière et la liberté ? Pauvres veuves, quand irons-nous embrasser notre Époux ? Ô célestes messagers qui venez visiter ces demeures de l'expiation pour emporter avec vous les affranchis de la justice ; dites, n'est-ce pas nous encore que vous venez chercher ? Ah ! Puisque vous venez du Ciel et que vous y retournez, dites, dites à Celui qui est tout notre amour, que nous mourons à chaque minute de cette séparation qui nous retient si loin de Lui. Et vous qui venez de la terre, ah ! c'est notre amour qui vous en prie, allez dire à notre père, à notre mère, à notre frère, à notre sœur, à nos enfants, que nous attendons leur prière, leur aumône, leur sacrifice, leur mérite, leur secours enfin, pour abréger un siècle de supplice, et nous envoler bientôt dans les joies du Paradis ! Ô frères, ô sœurs, ô amis ; quoi ! Depuis si longtemps nous vous attendons, et vous ne venez pas ; nous vous appelons, et vous ne répondez pas ; nous souffrons, et vous ne compatissez pas ; nous gémissons, et vous ne nous consolez pas ! Hélas ! Hélas ! Nos amis nous ont abandonnés ; nos proches eux aussi nous ont oubliés ; nous pleurons, nous pleurons encore au sein de cette sombre nuit, et il n'est personne qui nous console ! »
Ainsi soit-il!
R. P. Célestin-Joseph Félix (1810-1891) - « Les Morts souffrants et délaissés », pages 42-43, C. Dillet, 1860