Prières de Sainte Thérèse de Lisieux.
Prière de Sainte Thérèse de Lisieux
« Ô Jésus, qu'elle est longue cette vie que l'on dit si courte »
« Hélas ! Seigneur, qu'il est long le temps de mon exil ! Combien mon âme y languit dans le désir ardent qu'elle a de Vous contempler ! Ô Jésus, qu'elle est longue cette vie que l'on dit si courte ! Elle est courte, il est vrai, pour gagner le bonheur éternel ; mais qu'elle paraît longue à celui qui brûle de jouir de votre Présence, ô le bien-aimé de mon âme ! Jusqu'à quand prolongerez-Vous mon attente ? Ô vie trop longue, vie qui n'est point une vie ! Jusqu'à quand, Seigneur, jusqu'à quand ? Mon âme, blessée des traits de votre Amour, ne trouve point ici-bas de remède à sa blessure ; il n'est pour elle de repos qu'en Vous, et pourtant Vous la laissez sur la terre. Ah ! Mon Dieu, qu'il en soit comme Vous le voulez ; il n'est pas juste de jouir avant d'avoir souffert, mais mon âme est dans une prison trop pénible pour ne pas désirer sa liberté. Ô mort ! Comment pourrais-je t'appréhender, puisque c'est toi qui fais arriver à la vie ? Ô vie ennemie de mon bonheur, ah ! Quand finiras-tu ? Je te souffre parce que Dieu te souffre, mais ne me trahis pas. Oh ! Quand viendra cet heureux jour où j'aurai perdu la malheureuse liberté de pécher, où je serai réunie à mon Dieu ? Ô mon âme ! Pourquoi es-tu triste, et pourquoi te troubles-tu ? Espère au Seigneur. Un jour viendra où mes soupirs s'uniront à Sa gloire, et ma joie ne sera plus altérée par le souvenir de mes fautes. C'est alors, ô mon âme, que cesseront nos soupirs et nos craintes. Jusque-là, Seigneur, ne m'abandonnez pas ; en Vous, disposez de moi comme Il vous plaira ».
Ainsi soit-il.
Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897) - « Heures Catholiques d'Ars : prières d'un Serviteur de Dieu ou exercices de piété spécialement destinés aux pèlerins d'Ars », pages 130-131, chez H. Pélagaud et Roblot, 1875
Sur l'Espérance
Voici la Prière languissante pleine d'espérance d'une âme en exil qui désire être unie à Dieu en quittant ce monde « Ô Jésus, qu'elle est longue cette vie que l'on dit si courte » de Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897), en religion Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus qui à 15 ans fait des pieds et des mains pour être acceptée au Carmel avant l'âge légal et, parvenue à son but, se lance dans la recherche effrénée d'une voie de sainteté qui la conduira au Ciel.
ACTE D'OFFRANDE À L'AMOUR MISÉRICORDIEUX (version intégrale) Offrande de moi-même comme victime d'Holocauste à l'Amour Miséricordieux du Bon Dieu.
Ô mon Dieu ! Trinité Bienheureuse, je désire vous Aimer et vous faire Aimer, travailler à la glorification de la Sainte Église en sauvant les âmes qui sont sur la terre et délivrant celles qui souffrent dans le purgatoire. Je désire accomplir parfaitement votre volonté, arriver au degré de gloire que vous m'avez préparé dans votre royaume, en un mot je désire être Sainte, mais je sens mon impuissance et je vous demande ô mon Dieu d'être vous-même ma sainteté. Puisque vous m'avez aimée, jusqu'à me donner votre Fils unique pour être mon Sauveur et mon Époux, les trésors infinis de ses mérites sont à moi, je vous les offre avec bonheur, vous suppliant de ne me regarder qu'à travers la Face de Jésus et dans son Cœur brûlant d'Amour. Je vous offre encore tous les mérites des Saints (qui sont au Ciel et sur la terre) leurs actes d'Amour et ceux des Saints Anges ; enfin je vous offre, ô Bienheureuse Trinité ! L'Amour et les mérites de la Sainte Vierge, ma Mère chérie, c'est à elle que j'abandonne mon offrande la priant de vous la présenter. Son Divin Fils, mon époux Bien aimé, aux jours de sa vie mortelle nous a dit : "Tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom il vous le donnera ! "Je suis donc certaine que vous exaucerez mes désirs ; je le sais ô mon Dieu ! (plus vous voulez donner, plus vous faites désirer). Je sens en mon cœur des désirs immenses et c'est avec confiance que je vous demande de venir prendre possession de mon âme. Ah ! je ne puis recevoir la sainte Communion aussi souvent que je le désire, mais, Seigneur, n'êtes-vous pas Tout-puissant ?... Restez en moi, comme au tabernacle, ne vous éloignez jamais de votre petite hostie... Je voudrais vous consoler de l'ingratitude des méchants et je vous supplie de m'ôter la liberté de vous déplaire, si par faiblesse, je tombe quelquefois, qu'aussitôt votre Divin Regard purifie mon âme consumant toutes mes imperfections, comme le feu qui transforme toute chose en lui même... Je vous remercie ô mon Dieu ! de toutes les grâces que vous m'avez accordées, en particulier de m'avoir fait passer par le creuset de la souffrance. C'est avec joie que je vous contemplerai au dernier jour portant le sceptre de la Croix ; puisque vous avez daigné me donner en partage cette Croix si précieuse, j'espère au Ciel vous ressembler et voir briller sur mon corps glorifié les sacrés stigmates de votre Passion... Après l'exil de la terre, j'espère aller jouir de vous dans la Patrie, mais je ne veux pas amasser de mérites pour le Ciel, je veux travailler pour votre seul Amour, dans l'unique but de vous faire plaisir, de consoler votre Cœur Sacré et de sauver des âmes qui vous aimeront éternellement. Au soir de cette vie, je paraîtrai devant vous les mains vides, car je ne vous demande pas, Seigneur, de compter mes œuvres. Toutes nos justices ont des taches à vos yeux. Je veux donc me revêtir de votre propre Justice, et recevoir de votre Amour la possession éternelle de Vous même. Je ne veux point d'autre Trône et d'autre Couronne que Vous, ô mon Bien-Aimé !... À vos yeux le temps n'est rien, un seul jour est comme mille ans, vous pouvez donc en un instant me préparer à paraître devant vous... Afin de vivre dans un acte de parfait Amour, je m'offre comme victime d'holocauste à votre Amour Miséricordieux, vous suppliant de me consumer sans cesse, laissant déborder en mon âme, les flots de tendresse infinie qui sont renfermés en vous et qu'ainsi je devienne Martyre de votre Amour, ô mon Dieu !... Que ce Martyre après m'avoir préparée à paraître devant vous me fasse enfin mourir et que mon âme s'élance sans retard dans l'éternel embrassement de Votre Miséricordieux Amour... Je veux, ô mon Bien Aimé, à chaque battement de mon cœur vous renouveler cette offrande un nombre infini de fois jusqu'à ce que les ombres s'étant évanouies, je puisse vous redire mon Amour dans un Face à Face Éternel !...
Amen !
Marie, Françoise, Thérèse de l'Enfant-Jésus et de la Sainte Face (rel. carm. ind.) Fête de la Sainte Trinité. Le 9 Juin de l'an de grâce 1895.
À mon ange gardien Par sainte Thérèse de Lisieux, docteur de l'Église
Glorieux gardien de mon âme,Toi qui brilles dans le beau ciel,Comme une douce et pure flamme,Près du trône de l'Éternel;Tu viens pour moi sur cette terre, Et m'éclairant de ta splendeur, Bel Ange, tu devins mon frère, Mon ami, mon consolateur. Connaissant ma grande faiblesse,Tu me diriges par la main; Et je te vois, avec tendresse, Ôter la pierre du chemin. Toujours ta douce voix m'invite À ne regarder que les cieux; Plus tu me vois humble et petite, Et plus, ton front est radieux.
Amen !
(Ce poème a été composé en février 1897, sept mois avant sa mort, par sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face.)
Cantique à la Sainte Face.
La Prière de Sainte Thérèse de Lisieux du Cantique à la Sainte Face « Jésus, vers Toi, je voudrais voler ! » :
« Jésus, ton ineffable Image est l'astre qui conduit mes pas ; Tu le sais bien, ton doux Visage est pour moi le ciel ici-bas ! Mon amour découvre les charmes de tes Yeux embellis de pleurs. Je souris à travers mes larmes, quand je contemple tes Douleurs. Oh ! Je veux pour Te consoler vivre ignorée et solitaire ; Ta beauté que Tu sais voiler me découvre tout son Mystère, et vers Toi je voudrais voler ! Ta Face est ma seule patrie, elle est mon royaume d'amour ; elle est ma riante prairie, mon doux soleil de chaque jour ; elle est le lis de la vallée dont le parfum mystérieux console mon âme exilée, lui fait goûter la paix des cieux. Elle est mon repos, ma douceur, et ma mélodieuse lyre ... Ton Visage, ô mon doux Sauveur, est le divin Bouquet de myrrhe que je veux garder sur mon cœur ! Ta Face est ma seule richesse ; je ne demande rien de plus. En elle, me cachant sans cesse, je Te ressemblerai, Jésus ! Laisse en moi la divine empreinte de tes Traits remplis de douceurs, et bientôt je deviendrai sainte, vers Toi j'attirerai les cœurs ! Afin que je puisse amasser une belle moisson dorée, de Tes feux daigne m'embraser ! Bientôt, de ta Bouche adorée, donne-moi l'éternel baiser ! Ainsi soit-il. »
Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897)
« Pourquoi je T'aime, ô Marie ! » :
« Pourquoi je T'aime, ô Marie ! Oh ! Je voudrais chanter, Marie, pourquoi je T'aime... Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême ne saurait à mon âme inspirer de frayeur. Si je te contemplais dans ta sublime gloire et surpassant l'éclat de tous les bienheureux que je suis ton enfant je ne pourrais le croire ; Ô Marie, devant toi, je baisserais les yeux ! Il faut pour qu'un enfant puisse chérir sa mère, qu'elle pleure avec lui, partage ses douleurs. Ô ma Mère chérie, sur la rive étrangère pour m'attirer à toi, que tu versas de pleurs. En méditant ta vie dans le saint Evangile, j'ose te regarder et m'approcher de toi, me croire ton enfant ne m'est pas difficile car je te vois mortelle et souffrant comme moi. Lorsqu'un ange du Ciel t'offre d'être la Mère du Dieu qui doit régner toute l'éternité, je te vois préférer, ô Marie, quel mystère ! L'ineffable trésor de ta virginité. Je comprends que mon âme, ô Vierge Immaculée soit plus chère au Seigneur que le divin séjour. Je comprends que ton âme, Humble et Douce Vallée peut contenir Jésus, l'Océan de l'Amour ! Oh ! Je t'aime, Marie, te disant la servante du Dieu que tu ravis par ton humilité, cette vertu cachée te rend toute puissante, elle attire en ton cœur la Sainte Trinité. Alors l'Esprit d'Amour te couvrant de son ombre, le Fils égal au Père en toi s'est incarné. De ses frères pêcheurs bien grands sera le nombre puisqu'on doit l'appeler : Jésus, ton premier-né ! Ô Mère bien-aimée, malgré ma petitesse, comme toi, je possède en moi Le Tout-Puissant mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse : le trésor de la Mère appartient à l'enfant et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie. Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ? Aussi lorsqu'en mon cœur descend la blanche Hostie, Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi ! Tu me le fait sentir, ce n'est pas impossible de marcher sur tes pas, ô Reine des élus, l'étroit chemin du Ciel, tu l'as rendu visible en pratiquant toujours les plus humbles vertus. Auprès de toi, Marie, j'aime à rester petite, des grandeurs d'ici-bas je vois la vanité. Chez Sainte Elisabeth, recevant ta visite, j'apprends à pratiquer l'ardente charité. Là, j'écoute ravie, Douce Reine des anges, le cantique sacré qui jaillit de ton cœur. Tu m'apprends à chanter les divines louanges, à me glorifier en Jésus mon Sauveur. Tes paroles d'amour sont de mystiques roses qui doivent embaumer les siècles à venir. En toi le Tout-Puissant a fait de grandes choses, je veux les méditer, afin de l'en bénir. Quand le bon Saint Joseph ignore le miracle que tu voudrais cacher dans ton humilité, tu le laisses pleurer tout près du Tabernacle qui voile du Sauveur la divine beauté. Oh ! Que j'aime, Marie, ton éloquent silence ! Pour moi c'est un concert, doux et mélodieux qui me dit la grandeur et la toute-puissance d'une âme qui n'attend son secours que des Cieux. Plus tard à Bethléem, ô Joseph et Marie ! Je vous vois repoussés de tous les habitants. Nul ne veut recevoir en son hôtellerie de pauvres étrangers, la place est pour les grands. La place est pour les grands et c'est dans une étable que la Reine des Cieux doit enfanter un Dieu. Ô ma Mère chérie, que je te trouve aimable, que je te trouve grande, en un si pauvre lieu ! Quand je vois l'éternel enveloppe de langes, quand du Verbe Divin j'entends le faible cri, Ô ma Mère chérie, je n'envie plus les anges car leur puissant Seigneur est mon Frère chéri ! Que je t'aime, Marie, toi qui sur nos rivages as fait épanouir cette Divine Fleur. Que je t'aime écoutant les bergers et les mages et gardant avec soin toute chose en ton cœur. Je t'aime te mêlant avec les autres femmes qui vers le temple saint ont dirigé leurs pas. Je t'aime présentant le Sauveur de nos âmes au bienheureux Vieillard qui le presse en ses bras. D'abord en souriant j'écoute son cantique mais bientôt ses accents me font verser des pleurs. Plongeant dans l'avenir un regard prophétique, Siméon te présente un glaive de douleurs. Ô Reine des martyrs, jusqu'au soir de ta vie, ce glaive douloureux transpercera ton cœur. Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie pour éviter d'un roi la jalouse fureur. Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile, Joseph vient te prier de partir à l'instant et ton obéissance aussitôt se dévoile : tu pars sans nul retard et sans raisonnement. Sur la terre d'Egypte, il me semble, ô Marie, que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux, car Jésus n'est-il pas la plus belle Patrie ? Que t'importe l'exil, tu possèdes les Cieux ! Mais à Jérusalem, une amère tristesse comme un vaste océan vient inonder ton cœur. Jésus, pendant trois jours, se cache à ta tendresse... Alors c'est bien l'exil dans toute sa rigueur ! Enfin tu l'aperçois et la joie te transporte, tu dis au bel Enfant qui charme les docteurs : « Ô mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte ? Voilà ton père et moi qui te cherchions en pleurs ». Et l'Enfant Dieu répond (oh quel profond mystère !) à la Mère chérie qui tend vers lui ses bras : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Aux œuvres de mon Père, il faut que je m'emploie ; ne le savez-vous pas ? » L'Evangile m'apprend que croissant en sagesse, à Joseph, à Marie, Jésus reste soumis et mon cœur me révèle avec quelle tendresse, Il obéit toujours à ses parents chéris. Maintenant je comprends le mystère du temple, les paroles cachées de mon Aimable Roi. Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l'exemple de l'âme qui Le cherche en la nuit de la foi. Puisque le Roi des Cieux a voulu que sa Mère soit plongée dans la nuit, dans l'angoisse du cœur ; Marie, c'est donc un bien de souffrir sur la terre ? Oui, souffrir en aimant, c'est le plus pur bonheur ! Tout ce qu'il m'a donné, Jésus peut le reprendre. Dis-lui de ne jamais se gêner avec moi, Il peut bien se cacher, je consens à l'attendre jusqu'au jour sans couchant ou s'éteindra ma foi. Je sais qu'à Nazareth, Mère pleine de grâces, tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus, point de ravissement, de miracles, d'extases n'embellissent ta vie, ô Reine de Elus ! Le nombre des petits est bien grand sur la terre, ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux. C'est par la voie commune, incomparable Mère, qu'il te plait de marcher pour les guider aux Cieux. En attendant le Ciel, ô ma Mère chérie, je veux vivre avec toi, te suivre chaque jour. Mère, en te contemplant, je me plonge ravie, découvrant dans ton cœur des abîmes d'amour. Ton regard maternel bannit toutes mes craintes, il m'apprend à pleurer, il m'apprend à jouir. Au lieu de mépriser les joies pures et saintes, tu veux les partager, tu daignes les bénir. Des époux de Cana voyant l'inquiétude qu'ils ne peuvent cacher, car ils manquent de vin, au Sauveur tu le dis, dans ta sollicitude espérant le secours de son pouvoir divin. Jésus semble d'abord repousser ta prière : « Qu'importe », répond-t-il, « femme, à vous et à moi ? » Mais au fond de son cœur, Il te nomme sa Mère et son premier miracle, Il l'opère pout toi. Un jour que les pêcheurs écoutent sa doctrine de celui qui voudrait au Ciel les recevoir, je te trouve avec eux, Marie, sur la colline. Quelqu'un dit à Jésus que tu voudrais le voir, alors ton Divin Fils, devant la foule entière, de son amour pour nous montre l'immensité. Il dit : « Quel est mon frère et ma sœur et ma Mère, si ce n'est celui-là qui fait ma volonté ? » Ô Vierge Immaculée, des mères la plus tendre, en écoutant Jésus, tu ne t'attristes pas mais tu te réjouis qu'Il nous fasse comprendre que notre âme devient sa famille ici-bas. Oui, tu te réjouis qu'Il nous donne sa vie, les trésors infinis de sa divinité. Comment ne pas t'aimer, ô ma Mère chérie, en voyant tant d'amour et tant d'humilité ? Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime, et tu consens pour nous à t'éloigner de lui. Aimer c'est tout donner et se donner soi-même, tu voulus le prouver en restant notre appui. Le Sauveur connaissait ton immense tendresse, Il savait les secrets de ton cœur maternel, refuge des pêcheurs, c'est à toi qu'Il nous laisse quand il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel. Marie, tu m'apparais au sommet du Calvaire, debout près de la Croix, comme un prêtre à l'autel offrant pour apaiser la justice du Père, ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel. Un prophète l'a dit, ô Mère désolée, « Il n'est pas de douleur semblable à ta douleur ! » Ô Reine des Martyrs, en restant exilée, tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur ! La maison de Saint Jean devient ton seul asile, le fils de Zébédée doit remplacer Jésus. C'est le dernier détail que donne l'Evangile de la Reine des Cieux il ne me parle plus. Mais son profond silence, ô ma Mère chérie, ne révèle-t-il pas que le Verbe Eternel veut Lui-même chanter les secrets de ta vie pour charmer tes enfants, tous Elus du Ciel ? Bientôt je l'entendrai cette douce harmonie. Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir, Toi qui vins me sourire au matin de ma vie. Viens me sourire encore... Mère... voici le soir ! Je ne crains plus l'éclat de ta gloire suprême. Avec toi j'ai souffert et je veux maintenant chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t'aime et redire à jamais que je suis ton enfant ! Ainsi soit-il. »
Sainte Thérèse de Lisieux (1873-1897)