La vie de Sainte Mechtilde (suite) 3.

16/12/2019


La spiritualité de sainte Mechtilde

d'après le Livre de la Grâce spéciale

Introductions préliminaires

Utilisation de symboles

Sainte Mechtilde reçut beaucoup de visions et de révélations, sur les âmes, le Ciel, les morts... et sur le Seigneur lui-même. Or les mots humains sont incapables d'exprimer les réalités surnaturelles que nos sens charnels ne peuvent percevoir. Aussi, lorque le Seigneur voulait présenter à Mechtilde les mystères célestes, prenait-il la peine d'utiliser des images, des objets ou des symboles humains qu'elle connaissait.

De même, la Vierge Marie, les saints ou les anges lui donnaient-ils le sens, non seulement des objets ou des symboles pris individuellement, mais également la signification des scènes ou des actions qui se déroulaient devant elle.

Le résultat est étonnant, et quand on lit les écrits inspirés par sainte Mechtilde, soudain notre foi est comme éclairée et confirmée par le Seigneur Lui-même.

Importance du Livre de la Grâce Spéciale

Au chapitre XLIII de la deuxième partie du Livre de la Grâce spéciale, la confidente de Mechtilde [2], principal auteur de l'ouvrage, écrit: Ce livre fut écrit presque tout entier à l'insu de cette servante de Dieu. Mais quelqu'un l'en ayant informée, sa tristesse fut si profonde qu'on ne pouvait la consoler... Le Seigneur daigna lui apparaître aussitôt, tenant de sa main droite ce livre appuyé sur son Cœur. Il s'inclina jusqu'à offrir son baiser à sa servante et il lui dit:

- Tout ce qui est dans ce livre a découlé de mon Cœur divin et reviendra vers lui.

Mechtilde, réconfortée demanda:

- Qu'adviendra-t-il de ce livre après ma mort? Est-ce qu'il en ressortira quelque avantage?

- Tous ceux qui me recherchent d'un cœur fidèle y trouveront une cause de joie; ceux qui m'aiment s'enflammeront encore plus, et ceux qui sont affligés y puiseront la consolation.

Mechtilde demanda alors quel serait le titre du livre, et Jésus lui répondit:

- On l'appellera "Le livre de la Grâce spéciale."

Gertrude d'Helfta ajoute que le contenu de ce livre est bien peu de chose en comparaison de ce qui n'est pas écrit, car, ajoute-t-elle, j'ai de bonnes raisons de présumer qu'elle [3] eut beaucoup plus de révélations qu'elle n'en voulut jamais faire connaître. Elle ne racontait pour la gloire de Dieu que celles où elle croyait trouver utilité et enseignement; elle supprimait les paroles amoureuses de son Bien-Aimé. Parfois aussi ses visions étaient si spirituelles qu'elle n'aurait pu trouver d'expression pour les manifester. (Le Livre de la Grâce spéciale, 2e partie, chapitre XLIII, 39)

Ce que Mechtilde doit retenir de ce qu'elle reçoit du Seigneur

Le Seigneur enseigna beaucoup de choses à sainte Mechtilde. Cette dernière s'inquiétait: comment pourrait-elle se souvenir de toutes les divines paroles qui lui avaient été confiées? Un jour, le Seigneur lui montra son divin Cœur comme une maison. L'âme y pénétra par la porte, y voltigea comme une colombe, et découvrit un monceau de froment.

Le Seigneur lui dit:

- Quand la colombe rencontre du blé en quantité, elle n'emporte pas tout, mais elle choisit quelques grains qui lui plaisent. Fais de même. Lorsque tu entends ou lis la parole de Dieu, ton esprit ne peut tout retenir; recueille cependant quelques mots pour les repasser dans ta mémoire et dis-toi ceci: "voyons, qu'est-ce que mon Bien-Aimé t'annonce ou te prescrit par cette lecture?" (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XLI, 41)

Intérêt du Livre de la Grâce spéciale pour les hommes d'aujourd'hui

Le Livre de la Grâce spéciale a été vécu et rédigé par des moniales bénédictines du XIIIe siècle. Quel intérêt peut-il avoir encore pour nous qui vivons au XXIe siècle?

- Un très grand intérêt, devons-nous répondre.

En effet, les enseignements qui viennent vraiment de Dieu, ce qui est incontestablement le cas pour sainte Mechtilde, s'adaptent, instantanément et sans effort, à toutes les circonstances de la vie, à toutes les cultures, et à toutes les époques. Le lecteur du Livre de la Grâce spéciale est souvent étonné du sens pratique des interventions de Jésus ou de Marie.

Et l'on doit affirmer avec force, que cette œuvre est une authentique pédagogie spirituelle adaptée à tous les temps.

Sainte Mechtilde 06

La spiritualité de sainte Mechtilde

d'après le Livre de la Grâce spéciale

1-La louange de Dieu

1-1-Pourquoi faut-il louer Dieu?

Mechtilde de Hackeborn était une moniale bénédictine; sa vie fut donc essentiellement consacrée à la prière et à la louange de Dieu. Mais pourquoi faut-il louer Dieu? Jésus lui indiqua trois choses auxquelles l'homme doit souvent penser et pour lesquelles il doit louer Dieu:

- Je t'apprendrai trois choses que tu méditeras chaque jour en ton âme...

Premièrement, rappelle-toi avec action de grâces quels bienfaits ont été pour toi la création et la rédemption. Je t'ai créée à mon image et à ma ressemblance; pour toi je me suis fait homme, et, après d'innombrables tourments, j'ai subi la mort la plus cruelle pour ton amour.

Secondement, rappelle-toi avec une égale gratitude les bienfaits que je t'ai accordés depuis ta naissance jusqu'à cette heure. En effet, par une spéciale dilection, je t'ai appelée au monde; maintes fois je me suis incliné vers ton âme, je l'ai remplie, je l'ai enivrée des douceurs de ma divine grâce; je l'ai éclairée par la science et enflammée par l'amour. De plus, chaque jour à la messe, je viens vers toi prêt à accomplir les désirs et tes volontés.

Troisièmement, dans une louange pleine de reconnaissance, songe à ce que je te donnerai éternellement dans le ciel, lorsque je te comblerai de biens qui l'emportent de beaucoup sur tout ce que tu peux espérer et même imaginer.

Mechtilde venait d'assister à une étonnante vision de l'Annonciation. Au moment de communier, elle entendit ces paroles:

- Toi en moi et moi en toi; je ne t'abandonnerai jamais.

Alors Mechtilde désira louer Dieu: Aussi le Seigneur lui donna-t-il son Cœur divin sous le symbole d'une coupe d'or merveilleusement ciselée, en lui disant:

- Par mon Cœur divin, tu me loueras toujours. Va, offre à tous les saints le breuvage de vie contenu dans mon Cœur; il les plongera dans une bienheureuse ivresse.

Mechtilde fit ainsi, et quand elle eut fait le tour du palais céleste, le Seigneur prit la coupe et versa ce qui restait dans son cœur qui se trouva ainsi dans l'heureuse union avec son Dieu. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 1)

Mais comment Dieu voulait-il être loué par Mechtilde? Comment Dieu veut-il, maintenant encore, être loué par tous les hommes?

1-2-Comment Dieu veut-il être loué

Mechtilde demanda un jour au Seigneur comment elle devait le louer. Le Seigneur répondit:

- Regarde mon Cœur

Et voici qu'une rose magnifique, à cinq pétales, qui paraissait éclose sur le Cœur du Seigneur couvrit toute sa poitrine.

- Loue mes cinq sens désignés par cette rose, dit le Seigneur. Elle comprit donc qu'elle devait louer le Seigneur pour le regard d'amour qu'il tient toujours attaché sur l'homme. Comme un Père à l'égard de son Fils, Dieu n'a pas le regard sévère, mais toujours bienveillant comme s'il souhaitait et désirait vivement que l'homme eût sans cesse recours à lui... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre II, 2)

1-3-Dieu veut être loué dans sa Trinité

1-3-1-La source d'eau vive

Pendant une oraison Mechtilde eut un ravissement et elle vit la bienheureuse Trinité sous le symbole d'un source d'eau vive qui avait pris son existence en elle-même de toute éternité et contenait en soi toutes choses, puis se répandait merveilleusement sans jamais diminuer, et s'en allait ainsi arroser et féconder tout l'univers entier. L'âme liquéfiée par l'amour s'écoulait pour ainsi dire dans la Divinité qui, à son tour, se répandait dans cette âme en la comblant d'ineffables délices. Durant ce temps d'union à Dieu, elle distingua entre autres, ces paroles:

- Voici qu'avec ma toute-puissance tu es devenue toute-puissante, et si tu veux tout ce que je veux, tu seras toujours unie à ma toute-puissance. Mon insondable Sagesse t'a aussi attirée, et si toutes mes œuvres et mes jugements te plaisent, tu seras toujours unie à la divine Sagesse. Et mon amour t'a pénétrée et s'est tellement répandu en toi que tu sembles m'aimer moins avec ton amour qu'avec mon propre amour; en cette union tu adhéreras à moi pour toujours. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXIV, 44)

1-3-2-La fontaine d'eau vive

Une nuit, Mechtilde célébrait les louanges de la Très Sainte Trinité. Dans une extase elle vit une eau vive, plus brillante que le soleil, qui prenait sa source et s'alimentait en elle-même et qui répandait une fraîcheur exquise et salutaire. Le bassin de cette fontaine était construit en pierres très dures et précieuses... La fontaine faisait elle-même fonctionner ses eaux et les versait à tous avec abondance. Par ce bassin de granit était signifiée la toute Puissance du Père; par le système du fonctionnement des eaux, la sagesse incrée du Fils qui, selon son bon plaisir, se répand sur tous et se distribue, se communique à chacun, comme elle le veut. La douce température des eaux désignait la bonté ineffable de l'Esprit Saint. L'air salubre entretenu par la fontaine signifiait que Dieu est la vie de toute créature. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXI, 56)

1-3-3-Trois manières de louer la Trinité

Puis le Seigneur lui enseigna encore trois manières de le louer:

- Tu loueras la toute-puissance du Père par laquelle il opère dans le Fils et dans le Saint-Esprit selon son vouloir; tout être créé, quelque immense qu'il soit, ne peut comprendre ce mystère. Tu loueras la sagesse insondable du Fils, sagesse qu'il communique pleinement et dans une liberté inaliénable au Père et au Saint-Esprit; aucune créature ne peut davantage sonder la profondeur de ce mystère. Tu loueras la bonté du Saint-Esprit qu'il communique abondamment au Père et au Fils selon toute sa volonté, tandis que rien de ce qui existe ne participe pleinement à cette bonté essentielle. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre IV, 4)

Le Seigneur dit encore à Mechtilde:

- Tu peux me louer en ces termes: gloire à vous très douce, très noble, très lumineuse, toujours et ineffable Trinité... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre III, 3)

1-4-Dieu veut être loué dans son Esprit-Saint

Jésus dit:

- Le souffle de mon Esprit fait ressentir une certaine douceur d'où naît le goût de Dieu. Si l'âme veut se prêter et se disposer à recevoir davantage, la reconnaissance viendra. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XX, 20)

1-4-1-Comment le Saint-Esprit opère-t-il?

La veille d'une fête de la Pentecôte le Seigneur dit à Mechtilde:

- Le Saint-Esprit a opéré trois choses dans les apôtres:

Il les a embrasés de l'amour divin...

Comme le feu purifie le fer et se l'assimile, ainsi le Saint-Esprit a purifié les apôtres de toute souillure et les a pleinement sanctifiés en Lui-même.

De même que le moule donne à l'or fondu dans le creuset sa forme exacte, ainsi le Saint-Esprit a fait pour ainsi dire couler en Dieu les apôtres d'abord liquéfiés par le feu de son amour, afin de leur donner la forme de l'image divine, et se réaliser en eux cette parole du psaume: je l'ai dit, vous êtes des dieux...

1-4-2-L'ivresse de la Pentecôte

Le Saint-Esprit fit aussi boire les apôtres dans trois coupes, de sorte que le peuple ne crut pas sans raison à leur ivresse. D'abord Il les remplit tellement du vin de l'amour que, pareils à des hommes enivrés ils s'oubliaient eux-mêmes, ne recherchant plus ni honneur ni avantage matériel, mais uniquement la gloire de Dieu. Il leur versa ensuite du vin de la consolation et de la douceur divine, si bien qu'ils n'éprouvaient plus de goût pour aucune joie et consolation de la terre. Il les enivra, en troisième lieu, d'un nectar qui est l'amour des choses célestes; il les rendit comme insensés au point que, dans le désir de l'amour qui les embrasait pour Dieu, ils auraient affronté mille morts pour arriver jusqu'à lui. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXII, 40)

1-5-Dieu veut être loué et prié dans son Fils et dans le Cœur du Fils

Ce jour-là Mechtilde était encore tout près du Cœur de Jésus:

... elle prit dans ce Cœur Sacré un fruit délicieux et le porta à ses lèvres. Ce fruit signifiait la louange éternelle qui procède du Cœur divin, car toute louange de Dieu découle de ce Cœur qui est la pure source de tout bien. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XVI, 14)

Sainte Mechtilde 07

La spiritualité de sainte Mechtilde

d'après le Livre de la Grâce spéciale

2-Le Cœur de Jésus et sainte Mechtilde

2-1-La vocation de Mechtilde

Mechtilde, sachant que ses péchés avaient été remis, se reposait sur le Cœur de Jésus:

Alors, elle vit sortir du Cœur du Seigneur un instrument de musique dont elle se servit pour célébrer les louanges de Dieu...

Puis, le Seigneur l'appela et posa ses mains sur les mains de Mechtilde afin de lui donner tout le travail et toutes les œuvres de sa sainte humanité. Il mit ensuite ses yeux si doux sur les yeux de sa bien-aimée, et lui communiqua ainsi le mérite de ses saints regards et des abondantes larmes qu'il a versées. Par le contact de ses oreilles, il lui donna toutes les opérations de son ouïe divine, et par celui de ses lèvres vermeilles, toutes ses paroles de louange, d'action de grâce, de prière; et même celles de ses discours publics, pour suppléer aux négligences qu'elle avait commises.

Enfin il unit son très doux cœur à celui de sa bien-aimée; il lui appliqua le fruit de tout son travail de méditation, de dévotion, d'amour, et l'enrichit de tous ses biens. Alors cette âme tout entière, incorporée au Christ Jésus, fondue par l'amour, comme la cire par le feu, reçut le sceau de la ressemblance divine. C'est ainsi que cette bienheureuse devint une même chose avec son Bien-Aimé... (Voir Annexe 1) (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 1)

2-2-Les images et les symboles représentant le Cœur de Jésus

2-2-1-Le Cœur de Jésus est une lampe

Pendant une messe, au moment de l'élévation de l'hostie consacrée, Mechtilde crut voir le Seigneur élever de ses propres mains son Cœur très doux semblable à une lampe translucide, remplie et débordante... Ceci donnait à entendre que les hommes peuvent tous recevoir, de la plénitude du Cœur de Jésus, la grâce plus que suffisante à chacun, selon sa capacité, sans que ce Cœur cesse de surabonder en lui-même de béatitude, car, en se déversant, il ne souffre pas de détriment.

Et Mechtilde vit alors les cœurs de toutes les personnes présentes sous forme de lampes attachées par des liens au Cœur du Seigneur. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXI, 19)

Une autre fois, pendant la messe, la servante de Dieu vit le Cœur de Jésus-Christ symbolisé par une lampe transparente comme le plus pur cristal et ardente comme la flamme. Cette lampe laissait déborder de tous côtés son incomparable douceur, qui, plus suave que le miel, pénétrait les cœurs de tous les dévots assistants. Le feu signifiait l'ardeur de ce divin amour qui porta le Christ à s'offrir pour nous à Dieu le Père sur l'autel de la croix. La douceur répandue signifiait la surabondance des biens et de la félicité qu'il nous a donnés dans son propre Cœur.

Oui, nous avons vraiment en lui tout ce qui peut nous être salutaire et utile, c'est-à-dire la louange et l'action de grâces, la prière, l'amour, le désir, la satisfaction, enfin tout ce qui peut compenser toutes nos négligences. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XVII, 17)

2-2-2-La maison

Mechtilde venait de voir le Cœur de Jésus sous la forme d'une lampe quand, soudain, le divin Cœur se changea en une grande maison d'or, et le Seigneur se promenant au milieu de son propre Cœur comme dans un splendide et agréable jardin.

Comme Mechtilde s'étonnait, elle entendit le Seigneur:

- As-tu donc oublié ce mot du psaume 2: "J'allai et je venais dans l'innocence de mon cœur, au milieu de ma maison"? Et qui peut réaliser cela sinon moi? Personne n'est innocent par soi-même, sinon moi seul. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XIX, 17)

Quand Jésus donne son Cœur à une âme

Pendant une messe après le 4ème dimanche après Pâques, le Seigneur dit à Mechtilde:

- Je te donne mon Cœur comme maison de refuge, afin qu'à l'heure de ta mort il ne s'ouvre devant toi d'autre chemin que celui de mon Cœur, où Tu viendras te reposer à jamais.

Mechtilde conçut alors une grande dévotion pour le divin Cœur de Jésus-Christ, et, ensuite, presque chaque fois que le Seigneur lui apparaissait, elle recevait de ce Cœur quelque faveur spéciale, comme celle de causer familièrement avec lui. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XIX, 17)

La familiarité du Cœur de Jésus

Mechtilde souhaitait vivement la présence de son Bien-Aimé lorsqu'il lui apparut. Son Cœur était ouvert comme la porte d'une grande maison, pour lui donner entrée: le pavé était d'or dans cette maison, dont la forme ronde signifiait l'éternité de Dieu. Le Seigneur se tenait au milieu, l'âme auprès de lui. Ils causaient ensemble... (Le Livre de la Grâce spéciale, Troisième partie, chapitre I, 1)

Pendant les fêtes de Pâques, le Seigneur lui révéla encore la maison de son Cœur:

Le Seigneur lui montra une superbe maison, vaste et élevée. Dans cette maison, elle en vit une petite, faite de bois de cèdre, revêtue à l'intérieur de lames d'argent; au milieu résidait le Seigneur. Elle reconnut sans peine que cette maison était le Cœur divin, car elle l'avait vu plus d'une fois sous ce symbole; la petite maison située dans la grande figurait l'âme qui est immortelle à l'instar du bois incorruptible des cèdres. La petite maison avait sa porte à l'orient, fermée d'un verrou d'or d'où pendait une chaîne d'or qui allait s'attacher au Cœur même du Seigneur, de telle sorte que la chaîne paraissait l'ébranler lorsque la porte s'ouvrait. Mechtilde comprit que la porte désignait le désir de l'âme, le verrou sa volonté; mais la chaîne figurait le désir de Dieu, qui, toujours, prévient et excite le désir de l'âme, et l'attire à lui.

Le Seigneur lui dit:

- C'est ainsi que ton âme est toujours enfermée dans mon Cœur, et moi dans le tien. Mais quoique tu me contiennes au-dedans de toi, si bien que je te suis plus intime que tu ne l'es à toi-même, cependant mon divin Cœur dépasse et surpasse tellement ton âme qu'elle semble ne pouvoir atteindre jusqu'à lui: c'est ce que signifie l'élévation et les vastes dimensions de la grande maison que tu as vue. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 33)

Huit jours après Pâques Mechtilde vit de nouveau la maison. Elle entra et arriva "jusqu'à la plaie du Cœur. Elle le vit grand ouvert et laissant échapper des vapeurs aussi embrasées que celles d'un ardent foyer.

- Entre, dit Jésus, parcours mon divin Cœur en long et en large: sa longueur représente l'éternité de ma bonté; sa largeur l'amour et le désir que j'eus toujours de ton salut. Parcours cette longueur et cette largeur, c'est-à-dire revendique comme ta propriété, parce qu'il est vraiment à toi, tout le bien que tu trouveras dans mon Cœur. Et le Seigneur souffla sur elle en disant:

- Reçois mon Saint-Esprit.

Alors cette bienheureuse, remplie de l'Esprit-Saint, vit sortir de tous ses membres des rayons de feu dont chacun allait toucher une des personnes pour qui elle avait prié. après la communion, son cœur lui sembla fondu en un seul lingot d'or avec celui du Seigneur qui lui disait:

- Ainsi ton cœur adhérera toujours au mien selon ton désir et en proportion des délices que tu trouveras dans cette union. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 36)

Jésus vient dans les âmes avec un si grand amour que le cœur le plus froid et le plus obstiné peut s'y embraser et se fondre d'amour, s'il consent à ne pas résister. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XVIII, 18)

2-2-3-Le Cœur de Jésus est comme une vigne

Un dimanche, le Seigneur lui dit:

- C'est dans l'amour de mon Cœur que je te laverai!

Aussitôt il ouvrit la porte de ce Cœur, trésor où sont enfermées les douceurs infinies de la Divinité. Elle y entra comme dans une vigne. Elle y vit un fleuve d'eau vive qui coulait de l'orient à l'occident; et sur les bords du fleuve, douze arbres pourtant douze fruits qui sont les vertus énumérées par saint Paul dans son épître, c'est-à-dire: la charité, la pais, la joie. (Gal V, 22) Ce cours d'eau avait nom: fleuve de l'amour. L'âme y entra, et fut lavée de toutes ses taches... Il y avait aussi dans cette vigne, une plantation de palmiers... Le Seigneur, sous la figure d'un jardinier béchait la terre. L'âme dit:

- Ô Seigneur, quelle est votre bêche?

- Ma crainte, répondit le Seigneur.

En certains endroits la terre était dure, meuble en d'autres. La terre dure signifiait les cœurs endurcis dans le péchés, que ni avis, ni reproches, ne peuvent corriger; la terre meuble désignait les cœurs qui se sont attendris par les larmes et la contrition sincère. Le Seigneur dit:

- Ma vigne c'est l'Église catholique. Pendant trente trois ans je lui ai donné mon travail et mes sueurs. Viens travailler avec moi dans cette vigne... (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre II, 2)

Mechtilde demanda à Jésus que son cœur à elle soit toujours une vigne selon son Cœur. Aussitôt elle se vit comme une vigne se promenant dedans son propre cœur et il lui fut révélé que l'homme juste est la vigne de Dieu, car le Seigneur prend ses délices en celui qui, de l'enfance à la mort, vit saintement pour lui. Cependant elle avait aussi aperçu au milieu de la vigne une fontaine auprès de laquelle le Seigneur était assis. De son Cœur Sacré, comme d'une source, l'eau coulait rapide vers cette fontaine où il semblait la puiser pour la répandre sur les hommes désireux de leur régénération spirituelle. Dans la construction élevée au-dessus de la fontaine, on pouvait admirer sept écussons sculptés représentant les sept dons du Saint-Esprit; ils sont en effet, bien représentés sous la forme d'écussons ou de boucliers, car nul ne peut, sans avoir vaillamment combattu, les posséder toujours pleinement.

Plus tard le Seigneur lui dit que lorsqu'une âme est admise dans son intimité, il lui donne le mets le plus exquis, c'est-à-dire le sacrement de son Corps et de son Sang. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXII, 41)

2-2-4-Le fleuve d'eau vive

Au cours d'une vision, Mechtilde vit un fleuve sortir du Cœur divin pour se répandre sur elle, la pénétrer tout entière et chasser sa tristesse au point de n'en laisser aucune trace. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXII, 20)

2-2-5-Le Cœur divin est une cuisine

Étonnant! Reconnaissant son indignité Mechtilde déclara au Seigneur:

- ... Je suis indigne d'être employée dans votre cuisine à laver les écuelles!

Jésus répondit:

- Ma cuisine, c'est mon Cœur divin. La cuisine est une salle commune ouverte à tous, aux esclaves comme aux personnes libres; ainsi mon Cœur est sans cesse ouvert pour tous et disposé à fournir à chacun ce qui peut lui plaire. Le chef de cette cuisine est le Saint-Esprit, dont l'inestimable suavité remplit sans cesse mon Cœur avec une libéralité débordante. Mes écuelles, ce sont les cœurs des saints et de mes élus qui reçoivent continuellement de cette surabondance enivrante de mon Cœur divin. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXIII, 20)

2-2-6-Le nid de l'âme

Un jour, après la communion, Jésus dit à Mechtilde:

- Tu te feras un nid dans mon Cœur divin.

- Qu'est-ce que ce nid? dit Mechtilde.

Le Seigneur répondit:

- L'humilité gardée dans les dons et les faveurs que tu reçois de ma part; plonge-toi toujours dans l'abîme d'une humilité sincère. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXIV, 21)

2-2-7-Une flamme ardente

Mechtilde vit le Cœur du Seigneur ouvert... Son aspect était celui d'une flamme ardente plutôt que d'un brasier; sa couleur était admirable tandis que sa forme défiait toute description. Le Seigneur dit:

-Ainsi ai-je voulu que les cœurs de tous les hommes fussent embrasés du feu de l'amour. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre X, 10)

2-2-8-Les battements du Cœur de Jésus

Quatre battements du Cœur de Jésus

Pendant une messe de la Nativité, l'âme de Mechtilde saisit l'Enfant Jésus et entendit battre son Cœur. Or ce cœur donnait comme d'un seul élan trois vigoureuses pulsations, puis un coup léger... Jésus dit:

- Mon Cœur ne battait pas comme celui des autres hommes... il a toujours battu comme tu l'entends.: c'est pourquoi je suis mort si vite sur la croix.

Le premier battement vient du tout puissant amour de mon cœur, amour si grand que j'ai vaincu dans ma douceur et ma patience les contradictions du monde et la cruauté des juifs.

Le second battement vient de l'amour très sage par lequel le me suis gouverné moi-même et tout ce qui m'appartient d'une manière infiniment digne de louanges, amour qui m'a fait ordonner avec sagesse tout ce qui est au ciel et sur la terre.

Le troisième battement vient de ce doux amour qui me pénétrait au point de me faire trouver douces les amertumes de ce monde, et de me rendre aimable et très agréable la mort si amère que j'ai endurée pour le salut des hommes.

Le quatrième est faible battement est l'expression de la bonté que j'eus, comme homme, et par laquelle je paraissais aimable, de société facile et imitable en tous ses actes. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre V, 9)

2-2-9-Le miroir

Le Cœur du Christ est pour nous le miroir du plus ardent amour; nous pouvons y voir la tiédeur de notre cœur à l'égard de Dieu et du prochain. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XV, 15)

2-3-Le Cœur de Jésus supplée à nos manques

2-3-1-Le Seigneur supplée à nos négligences

Mechtilde n'avait pu arriver à l'heure à la messe, ayant dû, par obéissance, achever un travail. Elle était fort désemparée. Le Seigneur vint la rassurer en lui disant:

- Ne me crois-tu pas assez de valeur pour payer tes dettes?... Est-ce que je ne suis pas d'une valeur assez appréciable pour suppléer à toutes tes omissions?... Donc, je répondrai complètement de tout devant Dieu le Père. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXI, 55)

Mechtilde se plaignait encore ses négligences, pensant qu'elle avait inutilement dépensé les dons reçus de Dieu, et qu'elle les avait consommés sans profit par son ingratitude. Mais le Seigneur lui dit:

- Ne te trouble pas, j'acquitterai toutes tes dettes et je suppléerai à toutes tes négligences... Si tu m'es parfaitement fidèle, tu dois préférer de beaucoup que l'Amour répare tes négligences plutôt que de les réparer toi-même, car il en aura ainsi la gloire et l'honneur. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XV, 13)

Une autre fois, comme elle regrettait chez une personne de sa connaissance une négligence envers la sainte Vierge, la Vierge Mère de Dieu lui donna le Cœur de Jésus-Christ, sous la forme d'une lampe ardente, en lui disant:

- Voici que je te donne le très digne et très noble Cœur de mon Fils bien-aimé afin qu'elle me l'offre avec la fidélité parfaite et le souverain amour qu'il m'a témoigné et me témoignera sans fin. Qu'elle me l'offre pour toutes ses négligences à mon service, et sa faute sera amplement réparée. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XLVI, 9)

2-3-2-Comment le Seigneur supplée à ce qui nous manque

Mechtilde était tombée dans une grande tristesse et se croyait inutile puisque, après avoir reçu de si grandes grâces elle n'aimait pas Dieu comme elle l'aurait dû. Le Seigneur lui dit:

- Eh! ma bien-aimée, ne sois pas triste; tout ce qui est à moi est à toi.

Alors elle dit:

- Si vraiment tout ce qui est à vous est à moi, votre amour est donc mien, et il est vous-même, ainsi que dit Jean: "Dieu est amour". Alors je vous offre cet amour pour qu'il supplée à tout ce qui me manque.

Le Seigneur accepta cette parole et répondit:

- C'est bien, et quand tu voudras me louer ou m'aimer et que tu n'arriveras pas à satisfaire ton désir, tu diras: "Je vous loue, ô bon Jésus; à tout ce qui me manque, suppléez vous-même, je vous prie." Et quand il te plaira de m'aimer, tu diras: "Je vous aime, ô bon Jésus; à ce qui me manque, daignez suppléer en offrant à votre Père, pour moi, l'amour de votre cœur." (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXIII, 22)

2-3-3-Jésus supplée aussi à nos insuffisances spirituelles

Un jour Mechtilde vit Jésus sous la forme d'un adolescent d'environ douze ans. Il lui dit:

- Qu'y a-t-il dans l'amour de la louange divine, sinon un certain gémissement de l'âme qui souffre de ne jamais louer Dieu autant qu'elle le désire? Eh bien! les désirs, la dévotion, la prière, la bonne volonté qu'une âme a de faire le bien, sont également un gémissement douloureux; et quand je viens suppléer par moi-même aux impuissances de cette âme, je la guéris de toutes ses blessures. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre IX, 15)

2-3-4-La réciprocité dans la suppléance

Un autre jour, le Seigneur, toujours à la recherche du salut de l'homme, fit comprendre à Mechtilde que, comme le Seigneur ne peut plus maintenant souffrir ses douleurs, il se fait suppléer par ses amis, par ceux qui adhèrent à lui dans la fidélité... Ainsi, les souffrances et les tribulations de ceux qui l'aiment contribueront au mérite des justes, au pardon des pécheurs et au bonheur éternel des défunts... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXVI, 37)

Une autre fois encore, remplie de tristesse elle gémissait de se voir inutile, parce que la maladie l'empêchait de garder l'observance. Alors elle entendit le Seigneur lui dire:

- Ah! Viens à mon secours, laisse-moi rafraîchir en toi l'ardeur de mon Cœur divin.

Par cette parole, elle comprit que toute personne qui supporte volontiers les peines et les tristesses en union avec l'amour qui fit supporter à Jésus-Christ sur la terre tant d'afflictions et une mort ignominieuse, offre au Seigneur de rafraîchir en elle l'ardeur de son Cœur divin. N'est-il pas toujours à la recherche du salut de l'homme? En effet, comme le Seigneur ne peut plus maintenant souffrir lui-même, il se fait suppléer par ses amis, par ceux qui adhèrent à lui dans la fidélité. Et lorsque l'âme, qui aura été sur la terre le rafraîchissement du Cœur divin, entrera dans le ciel, elle volera droit vers le Cœur de Dieu, et elle ira, dans les flammes de ce Cœur embrasé, se consumer tout entière avec ce qu'elle aura supporté pour le Christ.

2-4-Le cœur de Jésus, c'est la miséricorde

2-4-1-Dieu est la Charité qui anime son Cœur et accueille les âmes

Un jour de l'Ascension Mechtilde semblait être sur une montagne. Elle vit soudain l'Amour sous la forme d'une vierge qui lui dit:

― C'est moi qui ai conduit le Fils, du sein de son Père jusqu'en ce monde terrestre; c'est moi qui maintenant l'élève au-dessus de tous les cieux.

Le Seigneur Jésus parut soudain orné des vêtements de l'Amour, de la Charité. Ainsi Dieu était vêtu de lui-même, puisque Dieu est Charité, et que la charité, c'est Dieu.

Le Seigneur Jésus arriva alors devant son Père et lui présenta, renfermées en lui-même, les âmes de tous les élus, tant de ceux qui étaient déjà au ciel que les élus à venir avec toutes leurs œuvres, leurs souffrances et leurs mérites. Celles-là, même qui, pour le moment, étaient en état de péché, apparaissaient dans le Christ telles qu'elles seraient plus tard dans le ciel. Mais les âmes éprises d'amour et patientes dans la souffrance étincelaient en son Cœur d'un éclat particulier, tandis que les autres brillaient, selon leur rang, dans les diverses parties de son Corps.

Alors l'âme se prosterna aux pieds du Seigneur pour l'adorer. Puis elle demanda au Seigneur pourquoi tant de gens attendaient la mort avec frayeur. Le Seigneur répliqua:

― La crainte du trépas vient de la nature, car l'âme aime le corps et frissonne d'horreur devant l'amertume de la séparation. Mais toi, que crains-tu puisque tu as reçu mon Cœur en gage d'immortelle alliance, pour maison de refuge et pour demeure éternelle?

2-4-2-Les larmes d'amour du Seigneur

L'Évangile rapporte quelques scènes où Jésus pleura; il expliqua:

― Chaque fois que sur la terre je pensais à cette ineffable union qui me fait un avec Dieu le Père, mon Humanité ne pouvait retenir ses larmes. Au souvenir de cet inestimable amour qui, m'attirant du sein du Père, m'a fait épouser la nature humaine, mon Humanité ne pouvait s'empêcher de verser des pleurs.

― Où sont donc ces larmes que l'amour seul fit couler de vos yeux? demanda Mechtilde.

― Elles ont une place spéciale dans mon Cœur, comme un trésor préféré que l'on garde seul dans un lieu choisi... Ces larmes sont conservées au plus intime de mon Cœur.

Et Mechtilde vit de nouveau le Seigneur ouvrir la plaie de son Cœur. Il lui dit:

― Regarde l'étendue de mon amour: si tu veux le bien connaître, tu ne le trouveras nulle part plus clairement exprimé que dans l'Évangile. On n'a jamais entendu formuler de sentiments plus forts et plus tendres que ceux-ci: Comme le Père m'ai aimé, ainsi je vous ai aimés. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXI, 39)

2-4-3-La source de miséricorde

Le Seigneur emmena Mechtilde au pied d'une montagne déserte et lui montra la fontaine de miséricorde qui prend sa source au bas de cette montagne. Les anges firent boire l'eau de la source à la glorieuse Vierge Marie pour l'accroissement de sa béatitude, puis à tous les habitants du ciel. Ensuite les anges firent boire de la susdite source de miséricorde à l'Église militante... Enfin, les anges firent boire de cette même fontaine de miséricorde aux âmes du purgatoire. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXVIII, 25)

La nuit suivante, conduite de nouveau en esprit à cette fontaine de miséricorde, elle vit bouillonner, sortant de la même source, la veine d'eau très abondante de l'humble reconnaissance. Ce cours d'eau, après avoir traversé le Cœur de Jésus-Christ, retournait aussi pur vers sa source. Et ceci doit s'entendre de la manière suivante: puisque les dons de Dieu sont divers et que tous les hommes n'ont pas la même grâce, vu la division des dons, chacun doit veiller soigneusement sur le don qui lui a été conféré par Dieu, et le faire remonter à Dieu par la reconnaissance, s'estimant indigne de toute grâce et même de la vie. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXIX, 25)

Un autre jour parlant des saints, le Seigneur dit:

― En la fête de chaque saint tu peux me louer d'abord pour les avoir choisis de toute éternité... Même s'ils tombent dans de grands péchés (ceux qui sont encore sur la terre) je ne vois plus en eux que la gloire à laquelle ils parviendront... s'ils se convertissent, et grâce à ma miséricorde. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXIV, 60)

Sainte Mechtilde 08

La spiritualité de sainte Mechtilde

d'après le Livre de la Grâce spéciale

3-Le mystère pascal

Le repas de la Pâque juive s'achève. Jésus est au milieu de ses apôtres et il prie intensément car le Mystère Pascal va commencer officiellement. Bientôt Jésus se lève, et les yeux dirigés vers Ciel il dit:

― Père, glorifie ton Fils!

L'instant est solennel car c'est l'Heure du plus grand Sacrifice que le monde ait jamais connu, et le Père accepte le Sacrifice du Fils qu'il glorifie.

Après avoir été effectivement glorifié, quoique invisiblement et mystérieusement, Jésus peut instituer l'Eucharistie et dire:

― Prenez et mangez-en tous, car ceci EST mon Corps livré pour vous... Prenez et buvez-en tous, car ceci EST mon Sang versé pour vous.

Cette offrande totale du Seigneur se concrétisera bientôt sur la Croix, par sa mort et par sa Résurrection.

L'Eucharistie fait partie intégrante du Mystère Pascal. Cependant, la messe, donc l'Eucharistie, ayant eu une importance prépondérante dans la vie et les révélations de sainte Mechtilde, nous avons fait de l'Eucharistie un chapitre à part. En conséquence, ce présent chapitre, consacré au Mystère Pascal, n'abordera que les thèmes liés à la Passion et à la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ.

3-1-La Passion-La Croix

3-1-1-Ce sont nos péchés qui lient Jésus à sa croix

Un jour de la fête des morts, Mechtilde vit tout à coup Jésus suspendu dans l'air, pieds et poings liés. Il dit:

― Chaque fois qu'un homme pèche mortellement, il me lie ainsi, il me retient lié tant qu'il persévère dans le péché. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième partie, chapitres XVII, 19)

3-1-2-La Passion du Seigneur. La réparation et l'importance de l'obéissance

Un Vendredi Saint, Mechtilde s'inquiétait :

― Ô très doux Dieu, qu'est-ce que l'homme peut vous rendre pour vous être ainsi laissé arrêter et garrotter pour son salut?

― Qu'il se laisse spontanément et librement attacher par les chaînes de l'obéissance, pour mon amour.

― Et quelles louanges vous offrira-t-il en compensation des crachats immondes et des soufflets cruels que vous avez reçus des juifs?

― En vérité je te le dis, quiconque méprise ses supérieurs, me crache à la face. Si quelqu'un donc veut réparer cet outrage, qu'il respecte son prélat.

― Et pour les soufflets, quelles actions de grâce accepterez-vous, ô très miséricordieux Seigneur?

― Que l'on tienne aux coutumes et aux statuts de son ordre avec une stricte fidélité.

Et un peu plus tard, elle demanda :

― Quelles actions de grâces, ô douceur sans égale, doit-on vous rendre pour cette plaie d'amour que vous avez reçue sur la Croix lorsque l'amour invisible perça de sa flèche votre très doux Cœur d'où sortirent alors, pour nous guérir, le sang et l'eau; quand vaincu par l'amour que vous inspirait votre Épouse, vous êtes mort de la mort d'amour?

― Que l'homme conforme toujours sa volonté à la mienne, et que ma volonté lui plaise en tout et par-dessus tout.

Et le Seigneur continua:

― Je te le dis en vérité, si quelqu'un verse des larmes par dévotion à ma Passion, je les accepterai comme si celui-là l'avait soufferte pour moi.

― Ô mon Seigneur, comment obtenir ces larmes?

― Écoute-moi: pense d'abord à la tendresse avec laquelle je partis à la rencontre des ennemis qui me cherchaient, armés de glaives et de bâtons, pour me faire mourir comme un voleur et un brigand. Moi, j'allais vers eux comme une mère vers le fils qu'elle veut arracher à la dent des loups... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVIII, 27)

3-2-Valeur de nos croix et de notre souffrance

3-2-1-En cas de maladie

Le Seigneur dit :

― Quand une personne est malade, je me revêts de son âme comme d'un manteau de gloire, et dans la joie de mon Cœur je me présente à mon Père, lui rendant grâces et louanges pour toutes les soufrances qu'elle endure...

Le Seigneur dit encore :

― Les soupirs ont de grands effets. Jamais on ne gémit devant Dieu sans se rapprocher de lui. Les soupirs qui ont pour cause l'amour, le désir de moi-même ou de ma grâce ont trois bons effets dans l'âme. Premièrement, ils la fortifient, comme un parfum suave et fort réconforte l'homme. Secondement, ils l'illuminent comme le soleil éclaire une maison obscure. Troisièmement, en adoucissant ses actions et ses souffrances, ils leur communiquent une agréable saveur. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre XXX, 29)

3-2-2-Valeur des services que l'on rend aux malades

Parfois, Mechtilde malade s'inquiétait quand elle recevait trop de soulagements. Le Seigneur lui dit:

― Ne crains pas, ne te trouble pas, car c'est moi qui supporte véritablement tout ce que tu souffres; ainsi je considère comme donnés à moi-même les soins qu'on a pour toi; je les récompenserai comme si je les avais reçus. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XLI, 37)

3-2-3-La souffrance, les peines et les épreuves nous associent à la croix du Christ

Pendant un ravissement, Mechtilde se vit dans une grande maison qu'elle reconnut comme étant le Cœur du Christ. Elle entra, se prosterna et trouva sur le pavé, une grande croix. Elle entendit le Seigneur lui dire:

― Tout ce qui est sur la terre ne saurait donner de joie; mais le salut, la souveraine gloire sont dans les souffrances et la tribulation... Comme une étoffe de soie est souple et mœlleuse, ainsi toute souffrance et tribulation est douce pour l'âme qui aime vraiment Dieu.

Cette vision était le présage de la maladie qui lui arriva peu après... elle fut alors saisie d'une douleur aiguë. Cette douleur dura très longtemps, mais Mechtilde ne se plaignit jamais. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre XXV, 22)

Pour expliquer sa patience Mechtilde utilisa une comparaison: La brebis au pâturage bêle souvent; mais, conduite à la mort, elle se tait devant le bourreau. Ainsi l'âme fidèle doit être dans la crainte quand elle ne ressent aucun genre de peine; mais au temps de la tribulation, elle est en pleine sécurité. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XVI, 16)

3-2-4-La contrition et la conversion

Par sa Croix le Seigneur a sauvé tous les pécheurs, donc tous les hommes. Mais nous ne pouvons bénéficier des grâces de la Croix de Jésus que si nous regrettons nos péchés. Un jour de fête de dédicace, Mechtilde vit la Jérusalem céleste et le trône de Dieu qui y est établi. Cette cité était construite de pierres précieuses: les saints. Les anges étaient placés devant le trône, selon leur ordre.

Bientôt le Seigneur lui dit :

― Demande pour toi la rémission de tous tes péchés, car c'est ce qu'il y a de plus salutaire pour l'homme et le meilleur moyen d'obtenir la joie véritable. Quiconque, en effet, vraiment pénitent, avoue ses péchés, se jette à mes pieds avec la volonté sincère de les confesser pour obtenir le pardon, celui-là sera certain d'avoir pleine rémission, pourvu qu'il trouve dans son cœur un sentiment assez humble pour être prêt à l'obéissance envers toute créature. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XXXV , 61)

3-3-La Résurrection

Un étonnant festin.

Nous avons déjà dit que Dieu se faisait généralement connaître par des images que nous pouvons comprendre. Pour décrire sa joie du soir de Pâques, il nous invite à un étonnant festin.

Un soir de Pâques, Jésus dit:

― Voici que je veux ce soir vous offrir un festin composé de cinq mets; je vous servirai d'abord la joie mutuelle que ma Divinité et mon Humanité se sont données aujourd'hui; puis la joie que j'ai ressentie lorsque, pour compenser les amertumes de ma passion, l'amour fit tressaillir mes membres sous l'effet des délices surabondantes de sa douceur. Je vous servirai aussi la joie que j'ai éprouvée lorsque je présentai à mon Père comme un gage de haut prix, mon âme avec toutes les âmes que j'ai rachetées; et cette autre joie que me donna mon Père en me communiquant la pleine puissance d'honorer, d'enrichir et de récompenser mes amis acquis par moi au prix de tant de labeurs. Enfin, le dernier de ces mets sera la joie que j'éprouvai en voyant le Père associer à mon règne éternel, mes rachetés devenus mes cohéritiers et les convives de ma table... Si donc quelqu'un veut me faire ressouvenir de ces cinq joies spéciales, pour la première je lui donnerai, dès ce monde, s'il le désire, le goût de ma divinité; pour la seconde, le don de me connaître; pour la troisième, je présenterai son âme à mon Père à l'heure du trépas; pour la quatrième, je l'associerai au fruit de ma Passion et de mes souffrances; enfin, pour la cinquième, je lui donnerai l'aimable société de mes saints. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 34)

Mechtilde rend grâce, et le Seigneur lui dit qu'il considère la gloire de ses membres comme étant sa propre gloire... et qu'il a le pouvoir de récompenser, honorer et élever ses amis et celui de leur témoigner son amour selon sa libre volonté... La gloire donnée à son corps, c'est qu'il puisse être partout, en son Humanité, comme il l'est par sa Divinité, avec tous et chacun de ses amis, partout où il veut. Aucun homme, si puissant qu'il soit, n'a jamais et ne pourra jamais posséder ce pouvoir. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 35)

Sainte Mechtilde 09

La spiritualité de sainte Mechtilde

d'après le Livre de la Grâce spéciale

4-L'Eucharistie

Un très grand nombre des visions de sainte Mechtilde eut lieu pendant la messe et très souvent au moment de la communion. Comme on le verra plus loin, déjà au XIIIe siècle, Jésus invite à la communion fréquente; mais il insiste aussi sur la nécessité de la contrition c'est-à-dire du regret de ses péchés.

Un jour, au moment de la communion, Mechtilde vit le Seigneur sous l'aspect d'un roi magnifique prendre la place du prêtre tandis que chacune des sœurs tenait en main une lampe ardente et s'arrêtait devant lui, le visage illuminé par la clarté de sa lampe. Le Saint-Esprit lui fit comprendre que les cœurs étaient symbolisés par ces lampes; la miséricorde du Cœur divin, par l'huile; et enfin, l'ardeur de l'amour par la flamme de la lampe, car le Très Saint Sacrement communique à ceux qui le reçoivent la piété utile à tout et, de plus, elle les embrase de l'amour divin. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre 4)

4-1-L'Eucharistie, quelle merveille!

Ce jour-là, Mechtilde, après avoir demandé au Seigneur comment elle devait se préparer à communier, le vit dans une splendide maison; une table d'or était dressée. Jésus dit:

― Cette maison désigne l'ampleur de mon immense largesse qui accueille ... quiconque vient à elle. Celui qui voudra communier peut se réfugier auprès de ma clémente générosité: elle l'accueillera avec une maternelle bonté et le protègera contre tous les dangers.

La table est l'amour près duquel celui qui doit communier trouvera un sûr accès; il enrichira l'indigence de l'âme en lui communiquant tous ses biens. La nappe est ma tendresse: comme une étoffe souple et douce au toucher, elle tend fortement à se rapprocher de l'homme. Dans ma tendresse, la créature trouve un refuge assuré, parce que le souvenir de ma douceur et de ma miséricorde doit la rendre audacieuse pour rechercher et obtenir tout ce qui est nécessaire à son salut.

Sur la table parut un Agneau plus blanc que la neige... cet Agneau était le Christ, seule nourriture et véritable rassasiement des âmes. Dans cette maison, deux vierges très belles faisaient le service: elles se nommaient Miséricorde et Charité. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXII, 22)

4-2-Importance de la messe

4-2-1-Importance de la messe

Un jour Mechtilde, malade, demanda si l'on perdait quelque chose quand on ne pouvait entendre la messe que de loin.

Le Seigneur dit :

― Il est bon d'être présent; si c'est impossible, il faut s'efforcer du moins d'être assez près pour entendre les paroles, car l'Apôtre dit: "La parole de Dieu est vivante, pénétrante et efficace." La parole de Dieu fait produire à l'âme des vertus réelles, des œuvres bonnes; elle pénètre pour illuminer. Quand donc l'infirmité, une obédience ou quelque cause raisonnable empêche une personne d'assister à la messe, n'importe où elle est, je suis avec elle.

Une autre fois en allant à la messe elle vit le Seigneur... entièrement revêtu de blanc. Il dit :

― Quand les hommes se rendent à l'église, ils devraient se préparer par la pénitence, se frapper la poitrine et confesser leurs péchés. Alors ils pourraient aller au-devant de ma divine lumière et la recevoir en eux-mêmes. C'est cette lumière que désigne la blancheur éclatante de mon vêtement. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XIX, 19)

4-2-2-Il faut communier fréquemment

Le Seigneur dit :

― Plus on communie, plus l'âme devient pure, de même que le corps est plus propre quand on le lave plus fréquemment. Plus une personne communie, plus aussi j'opère en elle et elle en moi, de sorte que ses œuvres deviennent plus saintes... (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXVI, 27)

4-2-3-L'action de grâces après la communion

Mechtilde venait de communier quand le Seigneur lui dit :

― Ma volonté est que les cœurs des hommes me soient tellement unis par leurs désirs que la créature ne souhaite plus rien, mais dispose toutes ses aspirations selon mon Cœur. Ainsi lorsque les vents soufflent de deux côtés, on ne distingue plus leurs courants. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXVII, 28)

4-3-Comment se préparer à la communion?

4-3-1-Nécessité de se repentir de ses fautes même vénielles

Jésus demande à Mechtilde, donc à nous tous :

― Quand tu veux communier examine avec soin la maison de ton âme pour voir si ses murs ne sont ni sales, ni dégradés... Observe si tu as été fidèle envers l'Église entière, comment tu as agi avec ton prochain, si tu l'as aimé d'une charité profonde, si tu as regardé ses peines comme étant les tiennes, si tu as prié dévotement pour les pécheurs, pour les âmes des fidèles et pour tous ceux qui sont dans le besoin. Et si sur l'un de ces points tu trouves quelque tache ou quelque dommage, applique-toi à le réparer par la pénitence et la satisfaction. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 33)

Un samedi, , comme on faisait mémoire de la sainte Vierge, Mechtilde fut emportée dans un ravissement. Elle vit le Roi de gloire; à sa droite se trouvait sa sainte Mère. Mechtilde se pencha sur le Cœur de Jésus et entendit les battements réguliers de son Cœur. Mais les pulsations de ce Cœur divin résonnaient comme une invitation adressée à l'âme, en ces termes :

― Viens te repentir, viens te réconcilier, viens te consoler, viens te faire bénir. Viens mon amie recevoir tout ce que l'ami peut donner à celui qu'il aime. Viens, ma sœur, posséder l'héritage éternel que je t'ai acquis par mon sang? Viens mon épouse, jouir de ma divinité. (Le Livre de la Grâce spéciale, deuxième partie, chapitre I, 1)

4-3-2-Les pierres précieuses indispensables

Mais ce n'est pas tout. Le Seigneur informe Mechtilde sur ce que doit posséder celui qui se dispose à la sainte communion. Il nomme particulièrement les sept pierres précieuses indispensables:

- La pureté du cœur

- Le souvenir assidu de la vie et des paroles du Christ

- L'humilité,

- L'accroissement des œuvres bonnes

- La patience

- l'espérance

- l'amour des choses célestes. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre XXIII, 23)

Il rappelle aussi les trois vérités dont il faut se souvenir:

- L'éternel amour dont Dieu nous aimait déjà avant que nous ayons l'être

- L'amour immense qui a tiré le Fils de Dieu du sein des ineffables délices qu'il goûtait dans la gloire du Père...

- L'amour insondable avec lequel il nour regarde et prend soin de nous.

On doit se rappeler ces trois vérités à toute heure, mais spécialement lorsqu'on prend part au céleste banquet que notre très doux Amour nous a laissé... (Le Livre de la Grâce spéciale, 3ème partie, chapitre XXIV, 24)

4-4-Le péché-La contrition - L'action de Grâces

4-4-1-Les plaintes de Jésus

Un jour Jésus dit :

― Rien ne me procure autant de délices que le cœur des hommes, dont je ne jouis pourtant que rarement. J'ai tous les biens en abondance, excepté le cœur de l'homme qui m'échappe souvent. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LIV, 50)

Une autre fois Mechtilde crut entendre le Seigneur se plaindre d'être si maltraité dans l'Église et spécialement de trois manières: le clergé ne s'appliquait pas à la sainte Écriture mais s'en servait par vanité; les hommes spirituels négligeaient les choses intérieures pour se porter aux œuvres extérieures; le commun du peuple ne se souciait ni de la parole de Dieu ni des sacrements de l'Église. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre I, 1)

4-4-2-Dieu est disposé à accueillir tous les pécheurs

Mechtilde dans une vision vit Jésus tenant un cercle de bois desséché sur lequel il fixait des roses. Elle ne comprenait pas, mais Jésus dit :

― Comprends par là qu'il n'y a pas de pécheur dont le cœur soit si desséché par la rouille du vice qu'il ne puisse reverdir sur-le-champ, s'il est saisi d'une maladie quelconque. Il lui suffit de la supporter avec intention de souffrir bien davantage pour mon amour et pour ma gloire, et il devient capable de recevoir grâce et miséricorde. Je te dis même qu'il n'y a si grand criminel auquel je ne remette tous ses péchés dès qu'il se repent sincèrement, et vers lequel je ne sois disposé à incliner mon Cœur divin avec autant de clémence et de douceur que s'il n'eût jamais péché. (Le Livre de la Grâce spéciale, quatrième partie, chapitre LVIII, 54)

4-4-3-Importance de la vraie contrition et du désir de réparer ses fautes

Le Seigneur précisera :

― Toutes les fois que l'homme propose de préférer la mort au péché en combattant les pensées et les désirs mauvais, cette volonté est aussitôt agréée de Dieu comme si l'intention avait été suivie de l'acte lui-même.

Et au sujet de la plaie de son Cœur, Jésus dit :

― Dans cette plaie d'amour, si grande qu'elle embrasse le ciel, la terre et tout ce qu'ils contiennent, applique ton amour à mon divin amour, afin qu'il devienne un seul et même amour, comme le fer pénétré par le feu. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XVIII, 28)

À une âme qui voulait réparer ses négligences, le Seigneur conseille :

― Pour réparer tes négligences et regagner le temps perdu, salue mon Cœur dans sa bonté divine, car Il est la source et l'origine de tout bien. Salue mon Cœur dans la surabondance de la grâce qui a découlé, découle et découlera sans cesse de lui sur les saints et sur les âmes de tous les élus. Salue cette eau pleine de douceur qui a jailli tant de fois de mon Cœur infiniment bon, pour enivrer ton âme au torrent des divines voluptés. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre VIII, 8)

4-4-4-La confession

Le Seigneur dit :

― Tout acte de charité purifie du péché véniel; mais le péché mortel, qui adhère à l'âme aussi fortement que la poix, ne peut être enlevé que par la confession et une plus grande contrition. Je garde aussi tout acte de charité dans mon Cœur comme un trésor spécialement aimé, jusqu'à ce que vienne à moi celui qui l'a accompli, et alors je le lui rends pour mettre le comble à son mérite et à sa grâce. (Le Livre de la Grâce spéciale, cinquième partie, chapitre XXV, 28)

Mechtilde parle aussi de confession de louange. Il arrivait souvent, même de son temps, qu'on ne sache plus se confesser. Que faire?

Réponse inspirée à Mechtilde :

― Que l'âme, exaltant la Divinité, se reconnaisse coupable de n'avoir pas eu pour Dieu tous les respects convenables, d'avoir tant de fois souillé en elle l'image divine en occupant sa mémoire de choses terrestres et inutiles, en appliquant curieusement sa raison à la sagesse humaine et en prenant plaisir à ce qui est vil et passager... Que l'âme loue les oreilles de la miséricorde de Dieu, qu'elle s'accuse de n'avoir pas donné toute l'attention requise à la parole de Dieu, et de n'avoir pas prêté l'oreille aux requêtes de son prochain.

Et que de péchés commis par la bouche! Murmures, vaines et inutiles paroles, silence inopportun au sujet de la parole de Dieu et de la doctrine, silence parfois dans la prière et dans le chant. Le joug accepté au baptême, combien de fois l'a-t-elle secoué! Et même dans les circonstances pénibles, ne l'a-t-elle pas porté de mauvais cœur?... Son cœur a péché quand elle n'a pas aimé Dieu de toutes ses forces, quand, au lieu de méditer la loi divine, elle s'est laissé envahir par les pensées inutiles. (Le Livre de la Grâce spéciale, troisième partie, chapitre VI, 6)

4-4-5-L'action de grâces

Dans une étonnante vision Mechtilde vit, dans un grand jardin, les saints vêtus en fonction de leurs vertus, du regret de leurs fautes, etc... reposer sous des arbres, tous différents, et se nourrir de leurs fruits. Bientôt elle vit "celles [1] qui, s'étant purifiées du péché en châtiant leur chair, semblaient devenues des encensoirs d'or, parce que la mortification monte devant Dieu comme un encens d'agréable odeur." (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre X, 17)

D'où le conseil que Mechtilde nous livre: nous devons remercier de ce que la blessure du très doux Cœur de Jésus a fait jaillir sur nous l'eau vivifiante et le vin enivrant, c'est-à-dire le sang du Christ et l'abondance infinie de tous ses biens... (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 29)

Et le Seigneur ajoute :

― ... que chacun ait pour tous ces bienfaits autant d'amour et de reconnaissance que si j'avais souffert pour lui seul toutes mes douleurs. (Le Livre de la Grâce spéciale, première partie, chapitre XIX, 30)






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