La vie de Marguerite-Marie Alacoque (III).

01/04/2020


Sainte Marguerite-Marie Alacoque, Visitandine à Paray-le-Monial, Confidente du Sacré-Cœur (1647-1690). Fête le 16 Octobre.

Mercredi 16 Octobre 2019 : Fête de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, Visitandine à Paray-le-Monial, Confidente du Sacré-Cœur (1647-1690).

"C'est ici (Gethsémani) où j'ai le plus souffert qu'en tout le reste de ma Passion"

"Regarde ce Cœur qui a tant aimé le monde et que les hommes n'ont pas aimé en retour"


SAINTE MARGUERITE MARIE ALACOQUE
(1648-1690)
fêtée le 16 Octobre

LE SACRÉ CŒUR

C'est pour instituer et propager le Culte de son Sacré-Cœur que Jésus-Christ se choisit, au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial, une servante dévouée en Marguerite-Marie Alacoque.

Prévenue par la Grâce Divine dès ses premières années, elle conçut de la laideur du péché une idée si vive, que la moindre faute lui était insupportable ; pour l'arrêter dans les vivacités de son âge, il suffisait de lui dire : « Tu offenses Dieu ! » Elle fit le vœu de virginité quand elle était très jeune.

On raconte qu'elle aimait, tout enfant, à réciter le Rosaire, en baisant la terre à chaque Ave Maria.

Après sa première Communion, elle se sentit complètement dégoûtée du monde ; Dieu, pour la Purifier, l'affligea d'une maladie qui l'empêcha de marcher pendant quatre ans, et elle dut sa guérison à la Sainte Vierge, en échange du vœu qu'elle fit d'entrer dans un Ordre qui lui fût Consacré.

Revenue à la santé, elle oublia son vœu, et, gaie d'humeur, expansive, aimante, elle se livra, non au péché, mais à une dissipation exagérée avec ses compagnes.

De nouvelles épreuves vinrent la détacher des vanités mondaines ; les bonnes œuvres, le soin des pauvres, la Communion, faisaient sa consolation.

Enfin elle entra à la Visitation de Paray-le-Monial. C'est là que Jésus l'attendait pour la préparer à sa grande Mission.

Le Divin Époux la forma à son image dans le Sacrifice, les rebuts, l'humiliation ; il la soutenait dans ses angoisses, il lui faisait sentir qu'elle ne pouvait rien sans Lui, mais tout avec Lui. « Vaincre ou mourir ! » tel était le cri de guerre de cette grande âme.

Jésus lui apparut à plusieurs reprises et lui montra son Cœur Sacré dans sa poitrine ouverte : « Voilà, lui dit-il, ce Cœur qui a tant aimé les hommes et qui en est si peu aimé ! »

On sait l'immense expansion de dévotion au Sacré-Cœur qui est sortie de ces révélations. La Canonisation de la Sainte a eu lieu le 13 Mai 1920.


Sainte Marguerite-Marie Alacoque

Confidente du Sacré-Cœur

Marguerite-Marie Alacoque, cinquième enfant de Claude Alacoque et Philiberte Lamyn,naît dans un village du charolais, à Verosvres(Vroules en patois charolais), le 22 Juillet 1647. Son père, notaire royal, décède quand elle a huit ans.

A 10 ans elle est très malade et elle fait vœu de devenir religieuse si Notre Dame la guérit.

Ayant retrouvée la santé, elle oublie sa promesse, mais un peu plus tard la maladie de sa mère la lui rappelle.

C'est pourquoi, bien que sa famille soit contre, le 25 mai 1671, elle entre au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial où elle prend l'habit des visitandines le 25 août 1671.

Marguerite-Marie fait profession le 6 novembre 1672. Elle épouse dès ce moment-là le Christ souffrant, le Christ en agonie. Jusque là, elle a bien souvent entendu la voix du Seigneur au fond d'elle.

Mais le 27 décembre 1673, le Christ lui apparaît physiquement, lui révélant son Divin Cœur rayonnant comme un soleil, portant la trace du coup de lance, la couronne d'épines.

Une croix le domine.

Il lui adresse alors ce premier message : « Mon Divin Cœur est si passionné d'Amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen. »

Le Christ alors unit le cœur de Marguerite-Marie au Sien, et dès cet instant Marguerite-Marie gardera toujours une douleur au côté. La mission laissée à la sainte n'est pas petite : faire connaître aux hommes l'Amour débordant de Dieu...C'est la première des trois grandes apparitions.

La deuxième grande apparition a lieu l'année suivante, un premier vendredi du mois. Le Christ lui apparaît de nouveau manifestant son Divin Cœur, "tout rayonnant de Gloire avec ses cinq plaies brillantes comme cinq soleils".

Le Christ alors se plaint que les hommes soient si loin de son Amour, et le lui rendent si peu.

Il lui dit alors : « Tu communieras [...] tous les premiers vendredis de chaque mois. Et, toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives [...] Et, pour m'accompagner [...] tu te lèveras entre onze heures et minuit pour te prosterner pendant une heure avec moi ».

De plus, le Christ lui rappelle alors l'importance de l'obéissance, car Satan « n'a point de pouvoir sur les obéissants ».

Durant l'octave du Saint Sacrement, en 1675, c'est la troisième grande apparition, et sans nul doute la plus connue.

De nouveau, le Christ lui révèle son Divin Cœur, et lui laisse ces paroles : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son Amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris [...] Mais ce qui m'est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi. »

Il lui demande alors que soit instaurée la Fête du Sacré Cœur, un culte public ! Marguerite-Marie, petite Visitandine dans une petite ville, voit alors évidemment mal par quel moyen elle pourrait y répondre ! Plusieurs suivront jusqu'en 1677.

Au début elle passe pour possédée, mais, heureusement, elle est soutenu par son confesseur, le père Claude La Colombière (<<< Canonisé le 31 mai 1992) qui quand Marguerite-Marie lui ouvre sa conscience, voit en elle l'œuvre de Dieu, la rassure et l'encourage. Peu à peu la Communauté accepte et vénère le Sacré Cœur (cœur souffrant entouré de flammes et d'une couronne d'épines).

La « dévotion au Sacré-Cœur » va se répandre dans toute la Chrétienté et, en 1899, le Pape Léon XIII (Vincenzo Gioacchino Pecci, 1878-1903) instituera la Fête du Sacré-Cœur (3e vendredi après Pentecôte).

En 1689, Marguerite-Marie reçoit un dernier message du Seigneur : elle doit faire savoir au roi, Louis XIV, qu'il doit se Consacrer au Sacré Cœur, ainsi que tous les grands du royaume, et Lui construire un lieu de culte.

Le message arriva-t-il au destinataire ? Nul ne sait, mais toujours est-il qu'il n'y eut point de suites.

En octobre 1690, elle annonce à ses sœurs, incrédules, que le Seigneur veut la rappeler à Lui, et en effet, sœur Marguerite-Marie rend saintement son âme à Dieu le 17 octobre. Depuis son corps repose à la Basilique de Paray le monial.

Déclarée vénérable en 1824 et Bienheureuse en 1864, Marguerite-Marie à été Canonisée le 13 mai 1920 par le Pape Benoît XV (Giacomo della Chiesa, 1914-1922).

Margaret Mary Alacoque. Catholic parish church of St. Gordian and Epimachus, Merazhofen. Sculptor: Peter Paul Metz, 1896.

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Pour un approfondissement biographique :
>>> Sainte Marguerite-Marie Alacoque

Les douze promesses de Jésus

Notre Seigneur a fait les douze promesses suivantes à sainte Marguerite-Marie afin d'encourager la vraie dévotion au Sacré-Cœur de Jésus qui est également la dévotion au Saint-Sacrement. Ces promesses sont octroyées aux dévots du Sacré-Cœur.
1. Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
2. Je mettrai la paix dans leur famille.
3. Je les consolerai dans toutes leurs peines.
4. Je serai leur refuge assuré pendant la vie et surtout à la mort.
5. Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
6. Les pécheurs trouveront dans mon Cœur la source et l'océan infini de la miséricorde.
7. Les âmes tièdes deviendront ferventes.
8. Les âmes ferventes s'élèveront à une grande perfection.
9. Je bénirai même les maisons où l'image de mon Cœur sera exposée et honorée.
10. Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les cœurs les plus endurcis.
11. Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom écrit dans mon Cœur, et il n'en sera jamais effacé.
12. Je te promets, dans l'excès de la Miséricorde de mon Cœur, que mon Amour tout puissant accordera à tous ceux qui communieront les premiers vendredis, neuf fois de suite, la grâce de la Pénitence finale, qu'ils ne mourront point dans ma disgrâce, ni sans recevoir les Sacrements, et que mon Cœur se rendra leur asile assuré à cette heure dernière.


Sainte Marguerite-Marie Alacoque

Visitandine à Paray-le-Monial (✝ 1690)

Elle est née, le 22 juillet 1647, en Bourgogne Elle devient orpheline alors qu'elle a douze ans et ses tantes qui gèrent la famille font d'elle un véritable souffre-douleur.

A 24 ans, elle peut enfin réaliser sa vocation: répondre à l'Amour intense de Dieu. Les Grâces Mystiques qui accompagnent ses épreuves culminent en 1673 dans plusieurs visions du Christ: « Voici le Cœur qui a tant aimé les hommes jusqu'à s'épuiser et se consumer pour leur témoigner son Amour ».

Guidée par le Saint Jésuite Claude de La Colombière, elle parviendra à promouvoir le culte du Sacré-Cœur d'abord dans son Monastère de la Visitation, puis dans toute l'Église Catholique latine. Elle meurt le 16 Octobre 1690.

Béatifiée d'abord par l'opinion populaire à cause de tous les miracles obtenus par son intercession, les pressions jansénistes puis la Révolution retarderont sa Béatification jusqu'en 1864 puis sa Canonisation en 1920.

Les foules continuent d'affluer à Paray le Monial. Plusieurs Papes ont souligné l'importance de son message: l'immensité de l'Amour de Dieu révélé dans un cœur d'homme, et proposé à tous.

Mémoire de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, vierge. Entrée à vingt-quatre ans au Monastère de la Visitation à Paray-le-Monial en Bourgogne, elle avança de manière admirable sur le chemin de la perfection. Pourvue de dons Mystiques, elle se préoccupa avant tout de la dévotion envers le Sacré-Cœur de Jésus, et fit beaucoup pour promouvoir son culte dans l'Église. Elle mourut le 17 Octobre 1690.

Martyrologe romain.

En vous oubliant de vous-même, vous le posséderez. En vous abandonnant à lui, il vous possédera. Allez donc, pleine de foi et d'une amoureuse confiance, vous livrer à la merci de sa Providence, pour lui être un fonds qu'il puisse cultiver à son gré et sans résistance de votre part, demeurant dans une humble et paisible adhérence à son bon plaisir.

Lettre à une Religieuse.


16 octobre : Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690)

Sainte Marguerite-Marie sera propagatrice du Sacré-Cœur de Jésus...

À cinq ans, lors d'un séjour chez sa marraine, dont la fille était Religieuse, elle entendit parler des vœux religieux, et fit, à l'insu de tous, sa première Consécration à la Messe ou elle prononçait ces mots :

« Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté ».

On raconte qu'elle aimait, tout enfant, à réciter le Rosaire, en baisant la terre à chaque Ave Maria.

Après sa première Communion, à l'âge de neuf ans, elle pratique en secret des mortifications sévères de son corps, avant que la paralysie ne la cloue au lit pendant quatre ans.

Ayant fait le vœu à la Vierge de se consacrer à la Vie Religieuse, elle est retrouvée guérie sur-le-champ.

Par reconnaissance, elle ajouta, le jour de sa Confirmation, le nom de Marie à son nom de Baptême.

Quand elle eut dix-sept ans, bien que régulièrement meurtrie par les pénitences qu'elle s'imposait, elle commença à participer aux activités mondaines.

Une nuit alors qu'elle était revenue d'un bal, elle aurait eu une vision du Christ pendant une flagellation : il lui reprochait son infidélité après qu'il lui avait donné tant de preuves d'amour.

Le 25 Mai 1671, elle entra au Monastère et en Novembre 1672, elle prononça ses vœux perpétuels.

De santé fragile elle n'en continuait pas moins ses flagellations, ainsi que les macérations les plus extrêmes (coprophagie) tandis que le Christ continuait de lui apparaître.

La plus célèbre de ces apparitions est celle de juin 1675. Jésus lui a montré son cœur en disant : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, [...] jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes... ».

Dès lors, Marie a été investie de la mission d'établir une dévotion particulière envers son Sacré-Cœur.

Inspirée par Le Christ, Marguerite Marie établit la pratique de l'Heure Sainte qui consistait à prier, étendue par terre, le visage contre le sol depuis onze heures du soir jusqu'à minuit le premier jeudi de chaque mois, afin de partager la tristesse mortelle qu'Il avait supportée, quand abandonné par Ses Apôtres dans Son Agonie, et à recevoir le lendemain la Communion.

Il choisit pour fête du Sacré Cœur le Vendredi qui suit l'octave de la Solennité du Corps et du Sang du Christ.

Marguerite-Marie meurt le 17 Octobre 1690. En mars 1824, Léon XII l'a proclama Vénérable et le 18 Septembre 1864, Pie IX l'a déclara Bienheureuse.

Elle fut canonisée par Benoît XV le 13 Mai 1920.

Quand son tombeau fut canoniquement ouvert en juillet 1830, deux guérisons instantanées eurent lieu.

Ses restes reposent sous l'autel de la chapelle à Paray-le-Monial et des grâces nombreuses remarquables ont été obtenues par les pèlerins qui y viennent du monde entier.

Pour un approfondissement biographique

> > > Sainte Marguerite-Marie Alacoque

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Les premières années

Marguerite Alacoque naît le 22 Juillet 1647, à Vérosvres, gros village bourguignon de six cents habitants.

Elle est la cinquième d'une famille de sept enfants, dont un n'a malheureusement pas vécu, née d'un père notaire royal. Charge importante à l'époque, qui confère à son père une certaine position sociale, alors que tous sont fermiers dans la famille. L'enfant est rapidement Baptisée, le 25 juillet.

Sa petite enfance semble heureuse, même si la petite Marguerite perd une sœur cadette. Ses parents l'envoient donc quelques temps chez sa marraine, au château de Corcheval.

Nul doute que ce soit là un divin dessein car la petite y entend précocement parler de vie religieuse, la fille de sa marraine étant visitandine, et y découvre tout aussi précocement l'Amour du Bon Dieu et la Présence Réelle. Elle y apprend aussi ses premières bribes de Catéchisme.

En 1655, l'enfant subit ses premières souffrances familiales, son père décédant. Et elle perd presque aussitôt sa marraine qui, veuve, part se remarier bien loin... Mais ce n'est que le début de profondes souffrances.

En effet, Madame Alacoque est dépassée par les évènements, parfois humiliants comme des procès ou des saisies, et la petite Marguerite voit s'installer chez elle la belle-famille, qui peu à peu s'érige en tyran.

Marguerite est alors envoyée au pensionnat dans un couvent, ce qui n'est pas sans la réjouir car depuis son passage à Corcheval, elle garde au fond d'elle le désir secret, et certes précoce, de se consacrer toute entière à Dieu.

Ainsi la petite étonne par sa ferveur et sa piété. Elle n'a pas dix ans qu'elle fait sa première Communion, déjà toute prise par l'Amour de Dieu.

Mais quelques mois plus tard, l'enfant, gravement malade, est obligée de retourner dans sa famille. Elle reste alitée près de quatre ans, couverte de plaies, souffrant avec patience, et s'abandonnant à Dieu.

" Les os me perçaient la peau de tous côtés ", écrit-elle plus tard. Alors, à treize ans, elle promet à la Sainte Vierge de lui consacrer sa vie si elle retrouve la santé.

Et la voilà rapidement guérie ! Toute sa vie Marguerite gardera une piété mariale très forte, et la Sainte Vierge lui apparaîtra même.

L'adolescence

La santé étant revenue, Marguerite reprend goût à la vie, et c'est une jeune fille pleine d'entrain.

Elle prend aussi goût au monde, d'autant plus que sa mère et ses quatre frères sont aux petits soins à l'égard de celle dont ils ont craint si longtemps pour la vie !

Ainsi Marguerite est partagée entre le désir d'une vie divertissante et celui d'une vie pieuse, toute à Dieu...

Ses parents paternels sont là pour l'aider, bien malgré eux, à s'orienter : face à la tyrannie familiale à l'encontre de sa mère et de ses frères, Marguerite grandit en Foi et Charité, s'unissant avec patience et courage au Christ souffrant : elle les appelle même " les meilleurs amis de mon âme ".

Une année, en décembre, sa mère tombe malade : sa tête enfle, un abcès se forme. Un médecin de village la dit perdue, et se contente d'une saignée.

Au jour de l'an, comme à son habitude, Marguerite se réfugie entre les bras du Bon Dieu et de la Sainte Vierge, leur demandant ce qu'il faut faire.

A son retour, elle voit l'abcès de sa mère crevé, laissant une plaie purulente, tant et si bien que nul ne veut l'approcher. Marguerite y voit un signe de Dieu : domptant sa nature délicate, elle soigne avec dévouement sa mère qui, miraculeusement pourrait-on dire, guérit en peu de jours.

Mais la jeune fille n'est pas au bout de ses peines : elle a environ seize ans lorsque meurt son frère aîné. Deux ans plus tard décède le second...

Marguerite a alors dix-huit ans. C'est une jeune fille qui aime s'amuser, joyeuse, presque insouciante.

Et elle n'est pas sans charme : elle est considérée comme un " bon parti ", ce qui n'est pas pour déplaire à sa mère qui voit dans un mariage le moyen d'aller habiter chez sa fille et ainsi fuir sa belle-famille.

Pourtant, Marguerite n'a pas oublié son désir de vie religieuse, et pendant six ans elle sera hésitante, partagée entre son amour du monde et l'Amour de Dieu, tantôt croyant ne pas pouvoir supporter la vie religieuse, notamment l'obéissance, tantôt se rappelant sa promesse à la Sainte Vierge, le Seigneur lui-même le lui rappelant parfois d'ailleurs...

Se voyant incapable de discerner par elle-même, Marguerite prend le parti de se donner plus encore aux autres : elle se dévoue aux malades, fait le catéchisme aux enfants, mais aussi accepte courageusement et volontairement de souffrir la tyrannie familiale...

Vers la Visitation Sainte-Marie

Elle a vingt ans lorsqu'elle se décide à parler de son désir de vie religieuse. Elle déclenche alors un ouragan de protestations ; même le curé du village tente de l'en dissuader, ce qui n'est pas sans perturber Marguerite !

Cependant, le Bon Dieu est là pour l'éclairer : à vingt-deux ans, Marguerite fait sa confirmation, et choisit dès lors de joindre le nom de Marie à son nom de Baptême. Et un Prêtre venu prêcher lors d'un jubilé sermonne vertement la famille qui s'oppose à cette vocation...

Aussi Marguerite, maintenant Marguerite-Marie, persiste dans son choix. Voyant que Marguerite est résolue, sa famille veut alors choisir elle-même un couvent, selon les connaissances ou la parenté qui s'y trouve.

C'est peine perdue : Marguerite est attirée par la Visitation Sainte-Marie, trouvant en ce nom l'expression de sa promesse passée.

Marguerite-Marie choisit la Visitation de Paray-le-Monial. Et elle sait de suite qu'elle a fait le bon choix car à peine a-t-elle franchi l'enceinte du monastère qu'elle entend au fond d'elle le Seigneur lui disant : " c'est ici où je te veux ".

Elle demande donc à y entrer, et ce n'est pas sans joie qu'elle s'y prépare ! Nous sommes alors en 1671.

Marguerite entre au noviciat, et s'ouvre tout bonnement à sa maîtresse de sa vie spirituelle. La maîtresse des novices, ainsi que la supérieure, voient bien que le Seigneur agit tout spécialement en elle, mais craignent que l'élan ne soit un peu poussé.

On fait alors comprendre à Marguerite-Marie que de tels élans ne sont pas dans l'esprit de l'Ordre, et qu'il vaut mieux rejoindre les sentiers battus !

La croyant trop profonde et recueillie pour être vraie, presque trop bonne Visitandine avant l'heure pourrait-on dire, on s'applique à l'humilier, à l'éprouver, afin de tester son caractère. Mais Marguerite-Marie ne se trouble point pour autant, et fait sans rechigner tout ce qu'on lui demande.

Sa persévérance étonne, choque même ; on pense qu'elle " joue à la sainte " pour se faire admirer.

Raison de plus pour plus encore l'humilier et la faire travailler. On doute même qu'elle puisse faire profession, lui signifiant que la " singularité " n'est pas de bon ton. Et de fait, sa profession est retardée de deux mois pour l'éprouver un peu plus !

Pourtant, Marguerite-Marie fait profession le 6 novembre 1672. Elle épouse dès ce moment-là le Christ souffrant, le Christ en agonie.


Les trois " grandes apparitions "

Jusque là, Marguerite-Marie a bien souvent entendu la voix du Seigneur au fond d'elle. Mais le 27 décembre 1673, Le Christ lui apparaît physiquement, lui révélant son Divin Cœur rayonnant comme un soleil, portant la trace du coup de lance, la couronne d'épines.

Une Croix le domine. Il lui adresse alors ce premier message : " Mon Divin Cœur est si passionné d'Amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente Charité, il faut qu'il les répande par ton moyen. "

Le Christ alors unit le cœur de Marguerite-Marie au Sien, et de cet instant Marguerite-Marie gardera toujours une douleur au côté.

La mission laissée à la sainte n'est pas petite : faire connaître aux hommes l'Amour débordant de Dieu... C'est la première des trois " grandes apparitions ", même si Marguerite-Marie en aura beaucoup d'autres.

La deuxième grande apparition a lieu l'année suivante, un premier vendredi du mois. Le Christ lui apparaît de nouveau manifestant son Divin Cœur, " tout rayonnant de Gloire avec ses cinq Plaies brillantes comme cinq soleils ".

Le Christ alors se plaint que les hommes soient si loin de son Amour, et le lui rendent si peu. Il lui dit alors : " Tu communieras [...] tous les premiers vendredis de chaque mois. Et, toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives [...] Et, pour m'accompagner [...] tu te lèveras entre onze heures et minuit pour te prosterner pendant une heure avec moi ".

De plus, le Christ lui rappelle alors l'importance de l'obéissance, car Satan " n'a point de pouvoir sur les obéissants ".

Durant l'octave du Saint Sacrement, en 1675, c'est la troisième grande apparition, et sans nul doute la plus connue.

De nouveau, le Christ lui révèle son Divin Cœur, et lui laisse ces paroles : " Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son Amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris [...]

Mais ce qui m'est encore le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont Consacrés qui en usent ainsi. "

Il lui demande alors que soit instaurée la Fête du Sacré Cœur, un culte public ! Marguerite-Marie, petite visitandine dans une petite ville, voit alors évidemment mal par quel moyen elle pourrait y répondre !

Des années difficiles

D'autant plus qu'elle est peu aidée : Sœur Marguerite-Marie voit plusieurs conseillers spirituels qui tous la prennent pour une illuminée et voit l'œuvre du Malin.

Et elle est discrète, si bien que ses sœurs ignorent tout de ces Révélations, et sont agacées, voire la méprisent tout simplement.

C'est une terrible souffrance pour elle que cette incompréhension, mais c'est aussi un moyen de sanctification. Toutefois, en mars 1675, un nouveau directeur spirituel vient à elle, le Père Claude la Colombière, un jeune jésuite. Pendant un an et demi, il sera là pour la soutenir sur les chemins du Seigneur.

Heureusement qu'un tel homme est là pour la porter, car la vie de Sœur Marguerite-Marie n'est pas sans combats, et des moments de doute suivent ses élans de ferveur.

On comprend aisément que Le Christ veut faire partager à la sainte toutes ses souffrances d'ici-bas, afin qu'elle puisse aussi partager tout son Amour.

Et Marguerite-Marie le saisit très bien : " Il n'y a point de souffrance à ceux qui aiment ardemment, parce que tout ce qu'il y a de plus amer est changé en Amour ". Et là encore, c'est un chemin de sanctification.

En novembre 1677, le Seigneur lui fait faire un pas de plus, qui lui demande courage. Devant la communauté réunie, Sœur Marguerite-Marie déclare de la part du Seigneur qu'Il est très mécontent du manque de Charité qui règne dans le Monastère, et qu'Il en demande Réparation !

Evidemment, on imagine les réactions : certes quelques sœurs se retirent silencieusement, sincèrement touchées, mais d'autres entourent la sainte, la brutalisant vertement par des paroles blessantes, la disant possédée... C'est une rude épreuve, mais elle accepte la Divine Volonté.

On imagine que les mois qui suivent ne sont pas de tout repos, et les tensions violentes. Mais Sœur Marguerite-Marie fait comme à son habitude tout ce qu'on lui demande, accomplissant à merveille son devoir d'état.

Tout ce qu'elle fait, elle le fait néanmoins accompagnée par Le Seigneur, et rien ne semble pouvoir la sortir d'une perpétuelle Prière. Elle passe par tous les emplois, hormis ceux de portière et de supérieure.

En 1684, lors de sa retraite annuelle en solitude, Marguerite-Marie épouse une nouvelle fois Le Christ, de façon sensible. " Il épousa mon âme en l'excès de sa Charité ", commentera-t-elle brièvement plus tard.


Vers le Culte du Sacré-Coeur

En 1685 et 1686, elle devient maîtresse des novices. Elle peut commencer à y faire connaître le Sacré Cœur, et quelle joie pour elle lorsque lors, de la sainte Marguerite 1685, elle trouve un petit oratoire improvisé par les novices sur lequel trône une image du Sacré Cœur dessiné à la plume !

Marguerite convie alors la communauté à se joindre à elles, mais sans succès. Bien au contraire, une nouvelle fois, une partie des sœurs se ligue contre elle, jugeant inopportun cette prétention à introduire un nouveau culte.

Et Marguerite-Marie n'est pas au bout de ses peines. Ayant rendu au monde une jeune fille dont elle pense la vocation forcée, elle s'attire les foudres du père qui, homme influent, lui tresse une réputation de folle et d'incompétente.

Mais la maîtresse des novices ne fléchit pas, et dans l'humiliation grandit encore spirituellement.

Une autre épreuve s'abat alors sur elle. Le Père la Colombière est décédé trois ans auparavant. Or voici que quelques jésuites décident de publier un ouvrage reprenant ses écrits, La Retraite Spirituelle.

Or, à la lecture du livre au réfectoire, les sœurs entendent avec surprise le récit de la grande apparition, quoique Marguerite-Marie ne soit pas nommément citée.

La réputation de Sœur Marguerite-Marie commence à aller bien au-delà des murs du monastère.

Et on l'a pousse à écrire sa vie, et ses rencontres intimes avec le Seigneur. Mais elle ne veut pas s'exposer, et n'aime jamais ce qu'elle a écrit.

Il faut que le Seigneur Lui-même lui demande de ne plus refuser d'écrire, et que son confesseur le Père Rollin lui donne l'ordre de commencer son autobiographie.

S'apercevant qu'elle déchire à chaque relecture ce qu'elle écrit, il faut même lui interdire de se relire ! Toujours est-il que c'est un témoignage vivant, et une profonde marque de sa spiritualité.

Le 21 juin 1686, le Monastère décide unanimement de fêter le Sacré Cœur, à l'initiative d'une des sœurs pourtant les plus opposées à l'origine.

Marguerite-Marie alors sait qu'elle atteint son but : " Je mourrai maintenant contente, puisque le Sacré-Cœur de mon Sauveur commence à être connu ".

De fait, le culte se développe ; des démarches sont même entreprises à Rome pour sa reconnaissance.

En 1689, Marguerite-Marie reçoit un dernier message du Seigneur : elle doit faire savoir au roi, Louis XIV, qu'il doit se consacrer au Sacré Cœur, ainsi que tous les grands du royaume, et Lui construire un lieu de culte.

Le message arriva-t-il au destinataire ? Nul ne sait, mais toujours est-il qu'il n'y eut point de suites.

En octobre 1690, elle annonce à ses sœurs, incrédules, que le Seigneur veut la rappeler à Lui, et en effet, Sœur Marguerite-Marie rend saintement son âme à Dieu le 17 Octobre de la même année.


Elle naît dans un village du charolais à Verosvres le 22 Juillet 1647. Son père est notaire royal.

Ce dernier décède quand elle a huit ans.

A 10 ans elle est très malade et elle fait voeu de devenir Religieuse si Notre Dame la guérit. Ayant retrouvée la santé, elle oublie sa promesse, Mais un peu plus tard la maladie de sa mère la lui rappelle.

C'est pourquoi, bien que sa famille soit contre, le 25 Mai1671, elle entre au Monastère de la Visitation de Paray-le-Monial. Elle prend l'habit des Visitandines le 25 Août 1671.

Elle a sa première apparition en 1672 : "Sois prête à me recevoir" lui dit Le Christ.

Plusieurs suivront jusqu'en 1677.

Le 27 Décembre 1673 :

Le Christ lui montre son Cœur rayonnant comme un soleil, portant la trace du coup de lance, la couronne d'épines et dominé par une Croix

En 1674, pendant sa deuxième grande apparition, il lui demande :

" Tu communieras [...] tous les premiers vendredis de chaque mois. Et, toutes les nuits du jeudi au vendredi je te ferai participer à cette mortelle tristesse que j'ai bien voulu sentir au jardin des Olives [...] Et, pour m'accompagner [...] tu te lèveras entre onze heures et minuit pour te prosterner pendant une heure avec moi ".

La plus célèbre des apparitions est celle de Juin 1675 : Le Christ lui dit :

« Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour ; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris [...] Mais ce qui m'est encore le plus sensible est que ce sont des coeurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi.»

Toujours au cours de cette apparition il lui demande qu'elle instaure la Fête du Sacré Coeur....

Au début elle passe pour possédée, mais heureusement, elle est soutenue par son confesseur, le Père Claude de La Colombière.

Peu à peu la communauté accepte et vénère le Sacré Coeur (Cœur souffrant entouré de flammes et d'une couronne d'épines).

Le culte du Sacré Coeur, grâce à elle, va se développer

Marguerite-Marie meurt le 17 Octobre 1690 à Paray le monial. Depuis son corps repose à la Basilique de Paray le monial.

En Mars 1824, le Pape Léon XII la proclame Vénérable.

Le 18 Septembre 1864, Pie IX la déclare Bienheureuse.

Elle est Canonisée par Benoît XV le 13 Mai 1920.


Promesses de N.-S. Jésus-Christ à Sainte Marguerite-Marie Alacoque en faveur des personnes dévouées à son Divin Cœur.

  • Je leur donnerai toutes les grâces nécessaires dans leur état.
  • Je mettrai la paix dans leurs familles.
  • Je les consolerai dans toutes leurs peines.
  • Je serai leur refuge assuré pendant la vie, et surtout à la mort.
  • Je répandrai d'abondantes bénédictions sur toutes leurs entreprises.
  • Les pécheurs trouveront dans mon Coeur la source et l'océan infini de la miséricorde.
  • Les âmes tièdes deviendront ferventes.
  • les âmes ferventes s'élèveront rapidement à une grande perfection.
  • Je bénirai les maisons où l'image de mon Sacré-Cœur sera exposée et honorée.
  • Je donnerai aux prêtres le talent de toucher les coeurs les plus endurcis.
  • Les personnes qui propageront cette dévotion auront leur nom inscrit dans mon Cœur et il n'en sera jamais effacé.
  • Je te promets dans l'excessive miséricorde de mon Cœur, que son amour tout-puissant accordera à tous ceux qui communieront neuf premiers vendredis du mois de suite la grâce de la pénitence finale, ne mourant point dans ma disgrâce et sans recevoir leurs Sacrements, mon Divin Cœur se rendant leur asile assuré au dernier moment.


Marguerite-Marie
(1647-1690)

La Messagère du Sacré-Cœur

Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné jusqu'à épuiser et se consumer pour leur témoigner son amour; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'Amour.

Mon Dieu, mon unique et mon tout,

Vous êtes tout pour moi et je suis toute pour Vous !

La vie de Sainte Marguerite-Marie est de celles dont on dit qu'elles sont admirables, mais non imitables, ou du moins très difficilement imitables. Marguerite Alacoque, plus connue sous le nom de Marguerite-Marie, son nom religieux de Visitandine de Paray-le-Monial, naquit le 22 juillet 1647, dans le Charolais, d'une famille de notaires, donc appartenant à la bourgeoisie aisée.

Malheureusement son père mourut très jeune, à l'âge de quarante ans, le 11 décembre 1651. Marguerite n'avait que huit ans. E

lle est alors placée en pension chez les Clarisses de Macon, mais de 1657 à 1661 elle est atteinte d'une maladie osseuse qui la tient paralysée pendant près de quatre ans. Après s'être consacrée à Marie, pour toujours, elle retrouva subitement la santé.

Marie lui apparaît alors une première fois, mais une nouvelle épreuve l'attendait. Sa mère, Madame Alacoque, qui ne connaissait rien à la gestion des affaires, et particulièrement de ses biens fonciers importants, signa, en faveur de son beau-frère, Toussaint Delaroche, une renonciation à ses revenus, en échange de laquelle son entretien et celui de ses cinq enfants devait être assuré.

Malheureusement la famille Delaroche s'installa dans la maison, confisqua tout usage des biens de la maison et relégua la propriétaire au rang de domestique. Ce fut pour Marguerite et sa mère une douloureuse et longue période de persécutions. Démunie de tout, Marguerite est formée au plan spirituel, directement par le Seigneur Lui-même, qui lui fit comprendre que sa vie, ce serait la Croix.

Après bien des vicissitudes, Marguerite put entrer, en 1671, au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial.

Après son postulat elle fut admise avec difficulté au noviciat: "La petite mystique entrait en extase trop fréquemment... Si elle voulait rester dans la congrégation, elle devait abandonner tous ces phénomènes insolites." [1]

Comme cela ne dépendait pas d'elle, elle se plaignit au Seigneur qui l'orienta vers l'obéissance à ses supérieures, Lui, Jésus, "se réservant la conduite de son intérieur et particulièrement de son cœur, dans lequel, ayant établi l'empire de son pur Amour, il ne le cèdera jamais à d'autres."

C'est alors que le Seigneur lui fit connaître le mystère de sa mort et de sa Passion, ce qui lui donna tant d'amour pour la Croix qu'elle ne pouvait plus vivre un moment sans souffrir, mais, dit-elle, "souffrir en silence, sans consolation, sans soulagement ni compassion; et mourir avec ce Souverain de mon âme, accablée sous la Croix de toutes sortes d'opprobres, de douleur, d'humiliations, d'oublis et de mépris; ce qui m'a duré toute ma vie, laquelle par sa miséricorde, s'est toute passée dans ces sortes d'exercices, qui sont celles du pur Amour..."

Le Seigneur lui dit quelques jours plus tard: "Tu ne dois plus avoir de volonté, que comme n'en ayant plus, en me laissant vouloir pour toi en tout et partout... vouloir comme ne voulant plus, sans jugement, sans désir, sans affection et sans volonté que celle de mon bon plaisir qui doit faire tous tes délices." [2] Marguerite-Marie vécut dès lors une expérience d'amour absolu de Dieu, d'un amour plus fort que la mort, plus fort que la souffrance, de la puissance de l'amour brûlant du Christ, dans la paix et dans la joie. Jésus prépare celle qui sera sa messagère aux grandes apparitions de son Sacré-Cœur.


La première apparition eut lieu le 27 Décembre 1673, devant le Saint Sacrement. Jésus la fit d'abord reposer longuement sur sa poitrine et lui découvrit les merveilles de son amour et les secrets inexprimables de son Cœur, secrets tenus jusqu'alors cachés. Jésus lui dit, entre autres: "Mon divin Cœur est si passionné d'Amour pour les hommes... que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen et qu'il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre et qui contiennent les grâces sanctifiantes et salutaires pour les retirer de l'abîme de perdition." C'est alors qu'eut lieu une grâce mystique excessivement rare: "...Après, Il me demanda mon cœur... et le mit dans le sien adorable, dans lequel Il me le fit voir comme un petit atome qui se consumait dans cette ardente fournaise, d'où, le retirant comme une flamme ardente en forme de cœur, Il le remit dans le lieu où Il l'avait pris, en me disant: voilà ma bien-aimée, un précieux gage de mon Amour qui renferme dans ton côté une étincelle de ses plus vives flammes, pour te servir de cœur et te consumer jusqu'au dernier moment... à présent, Je te donne le nom de la disciple bien-aimée de mon Sacré-Cœur." [3]

La seconde grande manifestation du Cœur de Jésus eut lieu probablement au printemps de 1674. Marguerite-Marie écrit: "Le Divin Cœur me fut présenté comme dans un trône de flammes, plus rayonnant qu'un soleil et transparent comme un cristal, avec cette plaie adorable.

Il était environné d'une couronne d'épines qui signifiaient les piqûres que nos péchés Lui faisaient, et d'une croix au-dessus qui signifiait que, dès les premiers instants de son Incarnation, c'est-à-dire que ce Sacré-Cœur fût formé, la Croix y fut plantée, et Il fut rempli, dès ces premiers instants, de toutes ces amertumes qui devaient Lui causer les humiliations, pauvretés, douleurs et mépris que son humanité sacrée devait souffrir pendant tout le cours de sa vie et dans la sainte Passion...

Il me fit voir que l'ardent désir qu'Il avait d'être aimé des hommes et de les retirer de la voie de perdition où Satan les précipite en foule, Lui avait fait former ce dessein de manifester son Cœur aux hommes, avec tous les trésors d'amour, de miséricorde, de grâces, de sanctification et de salut qu'Il contenait."

Le Cœur de Dieu, il convient de l'honorer sous la figure du Cœur de chair du Seigneur. Jésus promit que là où l'image de son Cœur serait exposée pour être honorée, Il répandrait ses grâces, et Il indiqua "que cette dévotion était comme un dernier effort de son Amour qui voulait favoriser les hommes, en ces derniers siècles de cette rédemption amoureuse, pour les retirer de l'emprise de Satan" [4]

Un peu plus tard, probablement en juillet 1674, alors que le Saint Sacrement était exposé, Jésus se manifesta de nouveau d'une manière éclatante. Marguerite- Marie raconte : "Jésus-Christ mon doux Maître, se présenta à moi, tout éclatant de gloire avec ses cinq plaies, brillantes comme cinq soleils, et de cette sacrée humanité sortaient des flammes de toutes parts, mais surtout de son adorable poitrine qui ressemblait à une fournaise; et s'étant ouvert, il me découvrit son tout aimant et tout aimable Cœur qui était la vive source de ces flammes. Ce fut alors qu'il me découvrit les merveilles inexplicables de son pur Amour, et jusqu'à quel excès il l'avait porté à aimer les hommes dont Il ne recevait que des ingratitudes et des méconnaissances." [5] Le Sacré-Cœur ajoute ensuite quelques prescriptions pratiques: "Tu communieras tous les premiers vendredis de chaque mois. Et toutes les nuits du jeudi au vendredi Je te ferai participer à cette mortelle tristesse que J'ai bien voulu sentir au jardin des Oliviers." [6]

Ces consignes sont d'abord adressées à Marguerite-Marie, mais plus tard lui sera dévolue la tâche d'introduire dans l'Église ces deux exercices de piété en l'honneur de la Passion: la communion du premier vendredi du mois, et l'Heure Sainte dans la nuit du jeudi au vendredi.

Un an plus tard, entre le 13 et le 20 juin 1675, eut lieu la grande apparition, et probablement la révélation décisive.

Découvrant son Cœur, Jésus lui dit: "Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes qu'il n'a rien épargné jusqu'à épuiser et se consommer (sic) pour leur témoigner son Amour; et pour reconnaissance, je ne reçois de la plupart que des ingratitudes, par leurs irrévérences et leurs sacrilèges, et par les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce Sacrement d'amour. Mais ce qui m'est le plus sensible est que ce sont des cœurs qui me sont consacrés qui en usent ainsi.

C'est pour cela que je te demande que le premier vendredi d'après l'octave du Saint-Sacrement soit dédié à une Fête particulière pour honorer mon Cœur, en communiant ce jour-là, et en lui faisant une réparation d'honneur par une amende honorable, pour réparer les indignités qu'il a reçues pendant le temps qu'il a été exposé sur les autels." [7]

Les révélations du Sacré-Cœur continuent. Un jour, tandis qu'elle filait du chanvre dans une petite cour, elle est saisie par une nouvelle extase: "Je me sentis d'abord toute recueillie intérieurement et extérieurement, et me fut en même temps représenté l'aimable Cœur de mon adorable Jésus plus brillant qu'un soleil; Il était au milieu des flammes de son pur amour, environné de séraphins qui chantaient d'un concert admirable: l'amour triomphe, l'amour jouit, l'amour du Saint Cœur réjouit.

Et comme ces esprits bienheureux m'invitèrent de m'unir avec eux dans ces louanges de ce divin Cœur, je n'osais pas le faire, mais ils m'en reprirent et me dirent "qu'ils étaient venus afin de m'associer pour lui rendre un continuel hommage d'amour, d'adoration et de louange, et que pour cela, ils tiendraient ma place devant le Saint Sacrement, afin que je le puisse aimer sans discontinuation par leur entremise et que, de même ils participeraient à mon amour, souffrant en ma personne comme je jouirais en la leur..." [8]

Il était inévitable, dans ces conditions, que Marguerite-Marie comblée de telles grâces extraordinaires fût rapidement incomprise, et même persécutée, y compris par ceux-là mêmes qui auraient dû la soutenir et la conseiller.

Mais le Seigneur lui avait promis, peu de temps après sa profession, qu'Il lui enverrait "un sien serviteur", spécialement préparé, pour la rassurer dans sa voie. C'est au début de l'année 1675 que Claude de la Colombière, jeune jésuite de trente quatre ans, est nommé supérieur de la Maison des jésuites de Paray-le-Monial.

Dès qu'il se présente à la Visitation, Marguerite-Marie entend clairement ces paroles intimes: "Voici celui que Je t'envoie."

Jésus veut montrer à sa confidente que ce Prêtre est aussi, pour Lui, un instrument choisi pour la Gloire de Dieu. Au cours d'une messe célébrée par le Père de La Colombière, la volonté de Dieu se manifesta: "Lorsque je m'approchai pour la sainte communion, Notre Seigneur me montra son Sacré-Cœur comme une ardente fournaise, et deux autres cœurs qui s'y allaient unir et s'abîmer, me disant: "C'est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours.

Et après, Il me fit entendre que cette union était toute pour la Gloire de son Sacré-Cœur, dont Il voulait que je lui découvrisse les trésors, afin qu'il en fît connaître et en publiât le prix et l'utilité; et que pour cela Il voulait que nous fussions comme frère et sœur, également partagés de biens spirituels."

Le Seigneur ordonne à Marguerite-Marie de rapporter ses paroles au Père de La Colombière qui est immédiatement certain de la véracité de la vision. Le 21 juin 1675, il se consacrera personnellement au Cœur adorable de Jésus. [9]

Dès lors les apparitions et aussi les épreuves vont se multiplier pour Marguerite-Marie. Plusieurs de ses sœurs en religion la crurent possédée du démon et la traitèrent comme telle. En septembre 1676 le Père de La Colombière est envoyé en Angleterre. Il ne reviendra à Paray, malade, qu'en août 1681. Il y mourut le 15 février 1682, à l'âge de 41 ans.

En mai 1684, Marguerite-Marie, Sœur Alacoque, est élue assistante, et nommée directrice du noviciat le 31 décembre 1684.

La dévotion au Sacré-Cœur de Jésus se développe. Les apparitions continuent. Le 17 octobre 1690 elle mourait, comme elle l'avait prédit, entre les bras de deux de ses anciennes novices.

Le Cœur de Jésus révélé à Sainte Marguerite-Marie

Nous avons rapporté ci-dessus les principales apparitions du Sacré-Cœur à Sainte Marguerite-Marie, apparitions qui ont considérablement accéléré le culte à rendre au Cœur de Jésus et à l'Amour qu'il a pour les hommes.

Mais les révélations de Jésus à sa confidente se sont poursuivies tout au long de sa vie. Dans ces révélations relativement peu connues, Jésus donne, non seulement une véritable image de ce qu'Il est vraiment, et de l'immensité de son Amour, mais Il présente comme un résumé de ses exigences envers tous les chrétiens, et plus particulièrement envers les âmes Religieuses.

Le Cœur de Jésus, ce qu'il est

Mon Amour règne dans la Souffrance,

il triomphe dans l'Humilité, et il jouit dans l'Unité.

Le Cœur de Jésus, c'est d'abord l'Amour

Un jour, le Seigneur demanda à Marguerite-Marie à quelle fin il lui donnait ses grâces si abondamment. Il dit: "C'est pour te rendre comme un sanctuaire où le feu de mon Amour brûle continuellement." [10]

Une autre fois le Seigneur lui découvrit son Cœur amoureux en disant: "Voici le Maître que je te donne, lequel t'apprendra tout ce que tu dois faire pour mon Amour. C'est pourquoi tu en seras la disciple bien-aimée." [11]

Un vendredi après la sainte communion, Notre Seigneur lui montra son Cœur. Marguerite-Marie raconte: "Une lumière sortait de la plaie de son adorable côté et s'élançait dans mon cœur, ce qui me faisait ressentir une très grande ardeur, avec ces paroles: c'est ainsi que mon Amour fait un continuel écoulement dans le cœur que je t'ai donné qui, par un autre écoulement, renvoie les biens dans leur source." [12]

Le Cœur de Jésus, et la plaie du côté

Jésus dit: "Voici la plaie de mon Côté pour y faire ta demeure actuelle et perpétuelle. C'est où tu pourras conserver la robe d'innocence dont je t'ai revêtue... vivant comme ne vivant plus, agissant comme n'agissant plus, mais Moi seul en toi." [13]

Une autre fois, pendant l'oraison, Jésus se présenta à sa confidente, couvert de plaies, et, "lui dit de regarder l'ouverture de son Sacré Côté qui était un abîme sans fond qui avait été fait d'une flèche sans mesure qui est celle de l'Amour... que c'était la demeure de tous ses amants, où ils rencontrent deux vies: l'une pour l'âme, l'autre pour le cœur.

L'âme y rencontre la source des eaux vives pour se purifier et y recevoir la vie de la grâce que le péché lui avait ôtée; et le cœur y trouve une fournaise d'amour ardente qui ne le laisse plus vivre que d'amour.

L'une s'y sanctifie et l'autre s'y consomme. (sic) Et comme l'entrée en est petite, il faut être petit pour y entrer et être dénué de toutes choses." [14]

Le Cœur de Jésus et les âmes du Purgatoire.

A de très nombreuses reprises Marguerite-Marie fut invitée à prier pour les âmes du Purgatoire.

Plusieurs personnes lui apparurent pour lui demander de prier pour leur soulagement. Tel, notamment un religieux bénédictin qui "tout d'un coup se présenta devant moi comme une personne toute en feu, dont les ardeurs me pénétrèrent si fort qu'il me semblait que je brûlais avec elle.

L'état pitoyable où elle me fit voir qu'elle était en Purgatoire me fit verser d'abondantes larmes..." [15]

Le Cœur de Jésus, la Justice et la Miséricorde de Dieu

Dans la vie de Sainte Marguerite-Marie, l'Amour de Dieu, l'Amour de Jésus sont intensément présents.

Mais si le Seigneur dévoile sa Miséricorde, sa Justice est souvent prédominante, ce qui donne à l'ensemble des révélations de Sainte Marguerite-Marie et de sa vie un aspect assez terrifiant pour les hommes du XXe siècle, aspect terrible tempéré toutefois par le fait que des âmes-victimes peuvent réparer et souffrir pour le Salut des autres.

A propos d'une âme religieuse infidèle Jésus déclara: "S'il ne s'amende, je lui ferai sentir le poids de ma Justice vengeresse, puisqu'une âme juste peut obtenir le pardon pour mille âmes criminelles... Pleure et soupire sans cesse mon Sang répandu inutilement sur tant d'âmes qui en font un si grand abus...

Malheur à ces âmes qui demeurent souillées et altérées au milieu de la source des eaux vives!... Il me fit connaître que la plus agréable Prière que je pouvais faire... c'était de demander trois choses en son nom :

- la première: offrir au Père éternel les amples satisfactions qu'Il a faites à sa justice pour les pécheurs sur l'arbre de la Croix, en le priant de rendre efficace le mérite de son Précieux Sang à toutes les âmes criminelles à qui le péché a donné la mort, afin que, ressuscitant à la grâce, elles le glorifient éternellement.

- la deuxième: lui offrir les ardeurs de son Divin Cœur pour satisfaire à la tiédeur de tant d'âmes lâches de son peuple choisi, en lui demandant que, par l'ardent Amour qui lui a fait souffrir la mort, il lui plaise échauffer leur cœur tiède à son service et les embraser de son Amour, afin qu'il en soit aimé éternellement.

- la troisième: offrir la soumission de sa volonté à son Père éternel pour lui demander, par les mérites d'icelle, la consommation de ses grâces et l'accomplissement de toutes ses volontés." [16]

Pour sauver des âmes coupables, Marguerite-Marie eut à connaître la rigueur de la Justice de Dieu.

Elle écrit: "Une autre fois, ce Souverain de mon âme me dit : Je te veux être toute chose - ta joie et ta consolation - mais Je serai aussi ton supplice."

Je connus l'effet de ces paroles... n'ayant jamais rien senti de si douloureux que cette sainteté de justice qui s'imprime dans l'âme d'une manière si terrible...

Ce que je trouve de plus rigoureux, c'est la présence de mon Souverain lorsqu'Il m'en favorise en cet état.

Il donne des impressions de sa Pureté qu'il est impossible à l'âme de supporter, quand elle se voit dans un état si abominable." [17]

Marguerite-Marie bénéficie souvent de l'assistance de son Ange Gardien, mais "elle ne le voyait que lorsque son Seigneur lui cachait sa présence sensible pour la plonger dans les douleurs très rigoureuses de sa sainteté de Justice." [18]

Cette sainteté de Justice est celle qui écrasa Jésus au Jardin des Oliviers. Laissons parler Jésus, s'épanchant dans le cœur de sa confidente:

" C'est ici que j'ai plus souffert qu'en tout le reste de ma Passion, me voyant dans un délaissement général du Ciel et de la terre, chargé de tous les péchés des hommes.

J'ai paru devant la sainteté de Dieu qui, sans avoir égard à mon innocence, m'a froissé en sa fureur, me faisant boire le Calice qui contenait tout le fiel et l'amertume de sa juste indignation, et, comme s'il eût oublié le Nom de Père, pour me sacrifier à sa juste colère.

Il n'y a point de créature qui puisse comprendre la grandeur des tourments que Je souffris alors.

C'est cette même douleur que l'âme ressent, lorsqu'étant présentée devant le tribunal de la sainteté Divine qui s'appesantit sur elle, la froisse, l'opprime et l'abîme en sa juste rigueur." [19]

Les exigences du Cœur de Jésus

L'obéissance et l'humilité

De sa confidente Jésus exigea une obéissance absolue à ses supérieures. Quand on lui commanda d'écrire ce qui se passait dans son âme, Marguerite-Marie ressentit beaucoup de répugnance pour le faire. C'est pourquoi le Seigneur lui dit: "Pourquoi refuses-tu d'obéir à ma voix et d'écrire ce qui vient de Moi et non de toi?" [20]

Un jour le Bien-Aimé se présenta devant Marguerite-Marie et, découvrant son Cœur, il lui fit lire ces paroles: "Mon amour règne dans la souffrance, il triomphe dans l'humilité et il jouit dans l'unité." [21]

Ou encore: "Voici une chose que cet Adorable Cœur demande de ses amis: la pureté dans l'intention, l'humilité dans l'opération et l'unité dans la prétention." [22]

Jésus confia souvent des missions à sa bien-aimée, mais il exigeait toujours que ses demandes fussent soumises à l'obéissance.

Alors que Marguerite-Marie redisait à Jésus qu'elle ne ferait que ce que sa supérieure lui ordonnerait, elle entendit sa réponse: "Je ne l'entends pas autrement, car tout puissant que Je suis, Je ne veux rien de toi qu'avec la dépendance de ta supérieure.

Écoute bien les paroles de la bouche de la vérité: tous religieux séparés et désunis de leurs supérieurs se doivent regarder comme des vases de réprobation dans lesquels toutes les bonnes liqueurs sont changées en corruption sur lesquelles le divin soleil de justice venant à darder, opère le même effet que le soleil luisant sur la boue.

Ces âmes sont tellement rejetées de mon Cœur que, plus elles tâchent de s'en approcher par le moyen des sacrements, oraison et autres exercices, plus je m'éloigne d'elles pour l'horreur que j'en ai." [23]

Au cours de sa retraite de 1678, le Seigneur dit à sa confidente : "Lorsque Je te ferai connaître que la Justice Divine est irritée contre des pécheurs, ... tu M'offriras à mon Père Éternel... pour apaiser sa juste colère et fléchir sa Miséricorde à leur Pardonner; et tu ne feras point de résistance à ma Volonté lorsque Je te la ferai connaître, non plus qu'aux dispositions que Je ferai de toi par l'obéissance, car Je veux que tu Me serves d'instrument pour attirer des cœurs à mon Amour."

Et le Seigneur lui rappela qu'elle était la victime de son Cœur et qu'elle devait toujours être disposée à être immolée par la Charité...

Qu'elle devait toujours agir sans en avoir aucune prétention... car l'ouvrage n'appartient pas à l'outil dont le maître s'est servi pour le faire.

Enfin le Seigneur assura: "Tu ne saurais me plaire davantage que par une constante fidélité à marcher sans détour dans les voies de ta règle." [24]

Jésus veut la charité dans les cœurs

Un soir, Jésus fit comprendre à Marguerite-Marie "qu'elle ne pouvait mieux lui témoigner son amour qu'en aimant le prochain pour l'Amour de Lui-même... et qu'elle devait oublier ses intérêts pour épouser ceux du prochain."

C'était le rétablissement de la Charité dans les cœurs qu'il demandait, "cette Divine Vertu prenant naissance dans le Cœur de Dieu même." [25]

Jésus veut que l'on s'abandonne à son amour et que l'on attende tout de Lui

Marguerite-Marie écrit: "Il voulait que je reçusse toute chose comme venant de Lui, sans me rien procurer; et de Lui tout abandonner sans disposer de rien; Lui rendre grâce des souffrances comme de la jouissance... et offrir la peine que je souffrais pour les personnes qui m'affligeaient." [26]

Jésus a fait de Marguerite-Marie son épouse. Plus que d'autres elle doit s'abandonner, s'immoler et obéir comme une victime. Les lignes qui suivent doivent être lues avec beaucoup d'attention.

"Le Seigneur épousa mon âme en l'excès de sa Charité... changeant mon cœur en une flamme de feu dévorant de son pur Amour...

Toute destinée à rendre un continuel hommage à son état d'Hostie et de Victime au Très Saint Sacrement, je devais, en ces mêmes qualités Lui immoler continuellement mon être par Amour d'Adoration, d'anéantissement et de conformité à la vie de mort qu'il a dans la Sainte Eucharistie...

A son imitation il veut que je m'abandonne entre les mains de mes supérieures, quelles qu'elles puissent être...

Mon Jésus a été obéissant jusqu'à la mort de la Croix, je veux donc obéir jusqu'au dernier soupir de ma vie, pour rendre hommage à l'obéissance de Jésus en l'hostie, dont la blancheur m'apprend qu'il faut être une pure victime pour lui être immolée, sans tache pour Le posséder, pure de corps, de cœur, d'intention, d'affection; et pour se transformer toute en Lui, il faut mener une vie sans curiosité, d'amour et de privation, me réjouissant de me voir méprisée et oubliée, pour réparer l'oubli et le mépris que mon Jésus reçoit dans l'hostie." [27]

Alors qu'on venait de lui interdire d'exposer les images du Sacré-Cœur, et qu'affligée, Marguerite-Marie se plaignait à Jésus, Celui-ci lui dit: "Ne crains rien, je régnerai malgré mes ennemis et tous ceux qui voudront s'y opposer." [28]

Ou bien: "Pourquoi crains-tu, puisque je t'ai donné pour asile le lieu (le Cœur de Jésus) où tout est rendu facile." [29]

Jésus et la Croix

Jésus se présentera fréquemment à sa messagère à travers des épisodes de sa Passion: "Une autre fois, dans un temps de carnaval, cinq semaines avant le mercredi des Cendres, Il se présenta à moi après la sainte communion sous la figure d'un Ecce Homo, chargé de sa Croix, tout couvert de plaies et de meurtrissures.

Son Sang adorable découlait de toute part, disant d'une voix douloureusement triste: N'y aura-t-il personne qui ait pitié de Moi et qui veuille Compatir et prendre part à ma douleur dans le pitoyable état où les pécheurs Me mettent, surtout à présent?" [30]

Parlant à son épouse, Jésus dit: "Souviens-toi que c'est un Dieu Crucifié que tu veux épouser; c'est pourquoi il te faut rendre conforme à Lui, en disant adieu à tous les plaisirs de la vie, puisqu'il n'y en aura plus pour toi qui ne soient traversés par la Croix." [31]

Marguerite-Marie écrit: "L'Amour pur ne peut rien souffrir de dissemblable aux amants et ne donne point de repos qu'il n'ait rendu l'amante conforme à son Bien-Aimé.

Autrement jamais elle n'en viendrait à l'union qui ne se fait que par la conformité. Mon Dieu m'ayant donc fait connaître que je me devais étudier à devenir une vivante image de son Amour crucifié et que, pour cela, il fallait travailler à la destruction de mon être et effacer en moi la figure du vieil Adam, afin qu'il pût imprimer la sienne en moi, qui me ferait vivre d'une vie toute Crucifiée,...et que, lorsque cette image serait conforme à la sienne, il l'attacherait à la Croix." [32]

Il est bien évident que les exigences imposées à Sainte Marguerite-Marie sont exceptionnelles, mais il est tout aussi évident que nombreuses sont ces exigences d'une ascèse totalement oubliée de nos jours, qui s'adressent à tous les vrais Chrétiens.

Un jour Jésus dit à Marguerite-Marie: "Mon Père Éternel m'a livré entre les mains cruelles des impitoyables bourreaux pour me Crucifier: et moi, Je me sers à ton égard, des personnes qui me sont dévouées et consacrées, et au pouvoir desquelles Je t'ai livrée." [33]

Car le Seigneur voulait aussi des sacrifices de l'esprit, et qu'elle soit "dans un continuel état de Sacrifice." [34]

Jésus veut tout de ceux qu'Il s'est choisis

S'adressant à Marguerite-Marie pendant son noviciat, Jésus lui fit comprendre "qu'Il ne voulait point d'un cœur partagé, et que, si elle ne se retirait des créatures, Il se retirerait d'elle." [35]

Jésus lui fit comprendre aussi "que lorsqu'Il faisait sa demeure dans une âme, Il voulait un entendement sans curiosité, un esprit sans jugement et un jugement sans volonté, et un cœur sans mouvements autres que ceux de son Amour [36]...

Car il faut tout quitter pour trouver Dieu. Notre cœur est fait pour Dieu, malheur donc à lui s'il se contente de moins que de Dieu ou s'il se laisse brûler d'autre feu que de celui de son pur Amour!"

Jésus lui apprit cette prière: "Mon Dieu, mon unique et mon tout, Vous êtes tout pour moi et je suis toute pour Vous!" [37]

Quelques conseils concernant le discernement des esprits [38]

Marguerite-Marie, craignant toujours d'être trompée par Satan dans les faveurs qu'elle recevait, récapitule les marques que lui donne son Seigneur pour reconnaître les grâces qui viennent de Lui:

- En premier lieu, que ces faveurs soient toujours accompagnées de quelque humiliation, contradiction ou mépris.

- Qu'après avoir reçu ces grâces, elle se sente plongée dans un abîme d'anéantissement et de confusion intérieure qui lui fasse reconnaître son indignité.

- Que ces grâces et connaissances ne produisent en elle aucune pensée de mésestime envers le prochain quelle que soit l'étendue de ses misères.

- Ces grâces doivent la conduire à toujours plus d'obéissance.

" Le Sacré Cœur de Jésus est un abîme d'Amour où il faut abîmer tout l'amour-propre qui est en nous, et toutes ses mauvaises productions qui sont le respect humain et les désirs de nous satisfaire."

Sainte Marguerite-Marie.

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