La vie de Sainte Gertrude de Helfta.
Sainte Gertrude la Grande, Religieuse Bénédictine de Helfta (1256-1302). Fête le 16 Novembre.
Sainte Gertrude de Helfta
Vierge Moniale (+ 1301)
A cinq ans, la petite Gertrude qui va devenir Gertrude la Grande est confiée pour son éducation au Monastère Bénédictin de Helfta en Saxe.
Elle y trouve une atmosphère de vie spirituelle et intellectuelle intense. Elle a aussi la chance d'y avoir comme maîtresse et conseillère la grande Melchtilde de Hackeborn. Elle s'épanouit dans ce milieu qu'elle ne cherchera pas à quitter.
En grandissant elle devient une Moniale d'une intelligence rayonnante et d'une vaste culture. Si sa santé fragile la tient souvent éloignée du chœur, sa santé mentale, au contraire, reflète un grand équilibre.
A partir de 1291, elle commence à être favorisée de visions qu'elle consignera dans cinq livres.
Son expérience mystique s'appuie sur les mystères de la liturgie et reste totalement dépourvue de dolorisme.
Elle fait une large place au Christ et tout particulièrement au Sacré-Cœur, "où est enclose toute la vertu de la Divinité."
Elle oriente l'âme vers la Contemplation sereine et la jouissance de la Vie Divine "dans la resplendissante et toute calme Trinité".
Le 6 Octobre 2010, Benoît XVI a évoqué Sainte Gertrude, "une célèbre Mystique et la seule femme à avoir reçu le titre de Grande en Allemagne en vertu de sa stature culturelle et évangélique.
Sa vie et sa pensée -a ajouté le Pape- ont profondément influencé la spiritualité Chrétienne" du Moyen Age.
Née en 1256, elle entra enfant au Couvent, comme c'était alors la coutume. Après des études, elle y passa le restant de son existence.
Gertrude fut une étudiante extraordinaire, capable d'apprendre tout ce qu'on pouvait alors enseigner. "Ensuite, elle se consacra totalement à Dieu dans la Vie Monastique, la Prière et l'étude".
Vingt ans plus tard, elle eut la vision d'un enfant qui l'encourageait à surmonter le roncier qui opprimait son esprit.
A partir de ce moment, sa communion avec Le Seigneur s'intensifia en un véritable chemin de conversion".
Elle abandonna ses études profanes pour se consacrer exclusivement aux théologiques et, toujours dans l'observance Monastique, elle passa de ce qu'elle appelait sa vie de négligence à une vie Priante, Mystique et Missionnaire".
Le Saint-Père a ensuite rappelé que Gertrude se repentit de "s'être trop consacrée aux arts libéraux, à la sagesse humaine, au dam de la science spirituelle, se privant ainsi du sel de la vraie connaissance.
Gravissant le mont de la Contemplation, elle abandonna l'homme ancien pour le nouveau". La Sainte allemande "se consacra, avec clarté et simplicité, à écrire et à diffuser la vérité de la Foi.
Elle servit l'Église avec efficacité et Amour, au point d'être appréciée des théologiens. Il reste peu de choses de son intense production à cause de la dévastation que subit le couvent de Helfta.
Ont survécu, ses Révélations et ses Exercices spirituels, qui sont des joyaux de la littérature mystique...
Elle ajouta des Prières au pénitencier Monastique, dans lesquelles elle s'abandonne à Dieu avec confiance, au point de faire sentir la présence du Seigneur à qui la rencontrait.
Dieu lui avait, il est vrai, fait comprendre l'avoir appelée à être un instrument de sa grâce. Gertrude se sentait indigne de cet immense trésor, et déclarait ne pas l'avoir assez bien conservé et valorisé". Elle mourut en 1301 ou 1302.
Benoît XVI a conclu en affirmant que l'exemple de Sainte Gertrude "montre qu'une vie heureuse est faite de l'Amitié du Seigneur, de l'Amour de l'Écriture, de la Liturgie et de Marie, faite d'une Foi profonde et de la recherche continue de Dieu, but de notre existence".
Après la catéchèse, il a salué les différents groupes, notamment polonais, et rappelé qu'octobre est le mois du Rosaire et, demain, la Fête de Notre Dame du Rosaire: "Le chapelet est une Prière particulière dans l'Église, une arme spirituelle adaptée à chacun de nous.
La méditation de la vie de Jésus et de Marie doit être une Lumière éclairant notre chemin évangélique, notre renouveau spirituel et la conversion de nos cœurs". (source: VIS 20101006 - 500)
Mémoire de Sainte Gertrude, surnommée la Grande, vierge Moniale. Donnée au Seigneur par ses parents dès l'âge de cinq ans dans l'Abbaye Cistercienne d'Helfta en Saxe, elle y passa toute sa vie, vouée à la solitude du cloître et aux belles-lettres avec tout son cœur et toute son énergie.
Sans renoncer au travail intellectuel, elle avança de manière admirable sur le chemin de la perfection, dans la Prière et la Contemplation du Christ en Croix, et mourut le 17 Novembre 1301.
Sainte Gertrude la Grande
Religieuse Bénédictine de Helfta
(1256-1302)
Gertrude est la plus célèbre de plusieurs Saintes qui portent le même nom, et c'est pour cela que d'anciens auteurs l'ont appelée Gertrude la Grande.
On la mit, dès l'âge de cinq ans, chez les Bénédictines de Helfta. Elle y vint comme simple religieuse, sous la direction d'une abbesse du même nom qu'elle, dont la sœur était Ste Mechtilde d'Hackeborn, qui fut la maîtresse et l'amie de notre Ste Gertrude.
Gertrude apprit le latin dans sa jeunesse, elle avait aussi une connaissance peu commune de l'Écriture et de toutes les sciences qui ont la religion pour objet ; mais la Prière et la Contemplation furent toujours son principal exercice, et elle y consacrait la plus grande partie de son temps.
Elle aimait particulièrement à méditer sur la Passion et sur l'Eucharistie.
Un jour qu'on chantait à l'église ces paroles : « J'ai vu le Seigneur face à face », elle vit une face Divine d'une éclatante beauté, dont les yeux perçaient son cœur et remplirent son âme et son corps de délices inexprimables.
Pendant la longue maladie de cinq mois dont elle devait mourir, elle ne donna pas le moindre signe d'impatience ou de tristesse ; sa joie, au contraire augmentait avec ses douleurs.
Le jour de sa mort étant venu (17 Novembre 1301 ou 1302, à l'âge d'environ 46 ans), elle vit la Très Sainte Vierge descendre du Ciel pour l'assister ; une de ses Sœurs aperçut son âme allant droit au Cœur de Jésus, qui s'ouvrit pour la recevoir.
Sainte Gertrude est une des grandes Mystiques de l'Église. Le livre de ses révélations est demeuré célèbre.
Sainte Gertrude
Chers frères et sœurs,
Sainte Gertrude la Grande, dont je voudrais vous parler aujourd'hui, nous conduit cette semaine aussi au monastère de Helfta, où sont nés certains des chefs-d'œuvre de la littérature religieuse féminine latino-allemande.
C'est à ce monde qu'appartient Gertrude, l'une des plus célèbres mystiques, seule femme en Allemagne à recevoir l'épithète de «Grande», en raison de sa stature culturelle et évangélique: à travers sa vie et sa pensée, elle a influencé de manière singulière la spiritualité Chrétienne. C'est une femme exceptionnelle, dotée de talents naturels particuliers et d'extraordinaires dons de grâce, d'une profonde Humilité et d'un zèle ardent pour le Salut du prochain, d'une intime Communion avec Dieu dans la Contemplation et de disponibilité à venir au secours des plus démunis.
A Helfta, elle se mesure, pour ainsi dire, systématiquement à sa maîtresse Mathilde de Hackeborn, dont j'ai parlé à l'Audience de mercredi dernier; elle noue des relations avec Mathilde de Magdebourg, une autre mystique médiévale; elle grandit en recevant les soins maternels, doux et exigeants, de l'abbesse Gertrude.
De ces trois consœurs, elle puise des trésors d'expérience et de sagesse; elle les élabore dans sa propre synthèse, en parcourant son itinéraire religieux avec une confiance sans limite dans le Seigneur.
Elle exprime la richesse de la Spiritualité non seulement de son monde monastique, mais aussi et surtout Biblique, Liturgique, Patristique et Bénédictin, avec un timbre tout à fait personnel et de façon très communicative.
Elle naît le 6 janvier 1256, en la Fête de l'Epiphanie, mais l'on ne sait rien ni de ses parents, ni de son lieu de naissance.
Gertrude écrit que Le Seigneur Lui-même lui révèle le sens de ce premier déracinement: «Je l'ai choisie pour ma demeure parce que je vois avec délices que tout ce que les hommes aiment dans cette Elue est mon œuvre propre [...] Aussi je l'ai exilée en quelque sorte loin de tous ses parents, afin que personne ne l'aimât à ce titre et que je fusse le seul motif de l'affection qu'on aurait pour elle» (Les Révélations, I, 16).
A l'âge de cinq ans, en 1261, elle entre au Monastère, comme c'était souvent le cas à l'époque, pour la formation et l'étude.
Elle y passe toute son existence, dont elle signale elle-même les étapes les plus significatives. Dans ses mémoires, elle rappelle que le Seigneur l'a prévenue avec une Patience Compatissante et une infinie Miséricorde, en oubliant les années de l'enfance, de l'adolescence et de la jeunesse, passées - écrit-elle - «dans un tel aveuglement, que si vous ne m'aviez donné une horreur naturelle du mal, un attrait pour le bien avec les sages conseils de mon entourage, il me semble que je serais tombée dans toutes les occasions de faute, sans remords de conscience, absolument comme si j'avais été une païenne [...]. Cependant vous m'aviez choisie dès ma plus tendre enfance, afin de me faire grandir au milieu des vierges consacrées, dans le sanctuaire Béni de la Religion» (ibid., II, 23 ).
Gertrude est une étudiante extraordinaire, elle apprend tout ce que l'on peut apprendre des sciences du Trivium et du Quadrivium, la formation de cette époque; elle est fascinée par le savoir et se donne tout entière à l'étude profane avec ardeur et ténacité, avec une réussite scolaire dépassant toutes les attentes.
Si nous ne savons rien de ses origines, elle nous dit beaucoup de ses passions de jeunesse: littérature, musique et chant, art de l'enluminure la ravissent; elle a un caractère fort, décidé, immédiat et impulsif; elle dit souvent être négligente; elle reconnaît ses défauts, elle en demande humblement pardon.
Elle demande avec Humilité conseil et Prière pour sa Conversion. Certains traits et défauts de son tempérament l'accompagneront jusqu'à la fin, au point de surprendre certaines personnes s'étonnant que Le Seigneur lui donne une telle préférence.
En tant qu'étudiante, elle se consacre ensuite entièrement à Dieu dans la Vie Monastique et pendant vingt ans, rien d'exceptionnel n'a lieu: l'étude et la Prière constituent son activité principale.
En raison de ses qualités, elle excelle parmi ses consœurs; elle fait preuve de ténacité pour consolider sa culture dans divers domaines.
Mais, au cours de l'Avent 1280, elle commence à ressentir un dégoût pour tout cela, en perçoit la vanité, et le 27 Janvier 1281, quelques jours seulement avant la Fête de la Purification de la Vierge, vers l'heure des Complies, le soir, le Seigneur illumine ses denses ténèbres.
Avec délicatesse et douceur, il calme le trouble qui l'angoisse, trouble que Gertrude voit comme un don même de Dieu «pour renverser la tour de vaine gloire et de curiosité élevée par mon orgueil.
Orgueil insensé car je ne méritais même pas de porter le nom et l'habit de la Religion. Toutefois c'était bien le chemin que vous choisissiez, ô Mon Dieu, pour me révéler votre Salut» (Ibid., II, 1, p. 87).
La vision d'un jeune homme la guide pour démêler le nœud d'épines qui opprimait son âme, en la prenant par la main.
Dans cette main, Gertrude reconnaît «les joyaux précieux des plaies sacrées qui ont annulé tous les titres qui pouvaient nous être opposés» (ibid., II, 1, p. 89), et reconnaît Celui qui sur La Croix nous a sauvés par Son Sang, Jésus.
A partir de ce moment, sa vie de communion intime avec Le Seigneur s'intensifie, en particulier au cours des temps Liturgiques les plus significatifs - l'Avent et Noël, Carême et Pâques, la Fête de la Vierge - même lorsque, malade, elle ne pouvait se rendre au chœur. C'est le même humus Liturgique que Mathilde, sa maîtresse, que Gertrude décrit toutefois à travers des images, des symboles et des termes plus simples et linéaires, plus réalistes, avec des références plus directes à la Bible, aux Pères, au monde Bénédictin.
Sa biographe indique deux directions de ce que nous pourrions définir sa «conversion» particulière: dans les études, avec le passage radical des études humanistes profanes à celles théologiques, et dans l'observance monastique, avec le passage de la vie qu'elle qualifie de négligente à la vie de Prière intense, mystique, avec une exceptionnelle ardeur missionnaire. Le Seigneur, qui l'avait choisie dans le sein maternel et qui l'avait fait participer, dès son enfance, au banquet de la vie monastique, la ramène par sa grâce «des choses extérieures à la Contemplation intérieure, des occupations terrestres au soin des choses Célestes».
Gertrude comprend alors qu'elle était restée loin de Lui dans une région de dissemblance, comme elle dit avec saint Augustin; de s'être consacrée avec trop d'ardeur aux études libérales, à la sagesse humaine, en négligeant la science Spirituelle, se privant du goût de la véritable Sagesse; elle est conduite à présent à la montagne de la Contemplation, où elle se dépouille du vieil homme pour se revêtir de l'homme nouveau.
«C'est ainsi que de grammairienne elle devint théologienne, relisant sans cesse les pages Divines qu'elle pouvait se procurer, et remplissant son cœur des plus utiles et des plus douces sentences de la Sainte Ecriture.
Aussi avait-elle toujours à sa disposition la Parole de Dieu afin de satisfaire ceux qui venaient la consulter et de réfuter toute idée fausse par des témoignages de la Sainte Ecriture employés si à propos, qu'on n'y trouvait rien à objecter» (ibid., I, 1, p. 25).
Gertrude transforme tout cela en apostolat: elle se consacre à écrire et à divulguer la vérité de la Foi avec clarté et simplicité, grâce et persuasion, servant avec Amour et fidélité l'Eglise, au point d'être utile et appréciée par les théologiens et les personnes pieuses.
Il nous reste peu de son intense activité, notamment en raison des événements qui conduisirent à la destruction du monastère d'Helfta.
Outre Le Héraut de l'Amour Divin ou Les révélations, il nous reste les Exercices spirituels, un rare joyau de la littérature mystique Spirituelle.
En ce qui concerne l'observance religieuse, notre Sainte est «donc une très forte colonne de la Religion, un défenseur si zélé de la Justice et de la Vérité» (ibid., I, 1, ), dit sa biographe.
A travers les mots et l'exemple, elle suscite chez les autres une grande ferveur.
Aux Prières et à la Pénitence de la règle monastique, elle en ajoute d'autres avec une telle dévotion et un tel abandon confiant en Dieu, qu'elle suscite chez ceux qui la rencontrent la conscience d'être en présence du Seigneur.
Et de fait, Dieu Lui-même lui fait comprendre qu'il l'a appelée à être un instrument de sa Grâce.
Gertrude se sent indigne de cet immense trésor Divin, elle confesse qu'elle ne l'a pas conservé et valorisé.
Elle s'exclame: «Je vous offre la douleur que j'éprouve [...] de ne m'être pas servie avec soin et révérence des dons que j'avais reçus. Ne m'eussiez-vous donné, en souvenir de vous, à moi si indigne, qu'un léger fil de lin, j'aurais dû le recevoir avec un respect infini» (ibid., I, 5). Mais, reconnaissant sa pauvreté et son indignité, elle adhère à la volonté de Dieu: «j'ai dû combattre mon goût personnel - affirme-t-elle -, et considérer qu'ayant si peu profité de vos grâces, elles ne pouvaient m'avoir été accordées pour moi seule, puisque votre Sagesse éternelle ne se trompe en rien.
Ô Dispensateur de tous les biens, qui m'avez comblée gratuitement de tant de grâces, faites au moins qu'en lisant cet écrit, le cœur d'un de vos amis soit ému par votre condescendance, et vous remercie de ce que, pour l'Amour des âmes, vous avez conservé si longtemps au milieu des souillures de mon cœur une pierre précieuse d'un tel prix» (ibid., II, 5).
En particulier, deux faveurs lui sont plus chères que toutes les autres, comme Gertrude l'écrit elle-même:
«La première est l'empreinte que vous avez formée sur mon cœur, par les splendides joyaux de vos Plaies sacrées. La seconde est cette blessure d'Amour si profonde et si efficace que, (dussé-je vivre mille ans dans le plus complet délaissement), je goûterais sans cesse un Bonheur ineffable au souvenir de ces deux bienfaits.
Ils me seraient à chaque heure une source suffisante de consolation, de lumière et de gratitude. Pour ajouter à ces faveurs, vous m'avez encore admise à l'incomparable familiarité de votre Tendresse, en m'offrant l'arche très noble de votre Divinité, c'est-à-dire votre Cœur Sacré, pour que j'y trouve mes délices [...].
Enfin vous m'avez donné pour avocate votre très douce Mère la Bienheureuse Vierge Marie, me recommandant plusieurs fois à elle avec autant de tendresse qu'en mettrait un époux à confier à sa propre mère l'épouse qu'il s'est choisie» (ibid., II, 23).
Tendue vers la communion sans fin, elle conclut sa vie terrestre le 17 Novembre 1301 ou 1302 à l'âge d'environ 46 ans.
Dans le septième Exercice, celui de la préparation à la mort, sainte Gertrude écrit: «Ô Jésus, toi qui m'es immensément cher, sois toujours avec moi, pour que mon cœur demeure avec toi et que ton Amour persévère avec moi sans possibilité de division et que mon trépas soit Béni par toi, afin que mon esprit, libéré des liens de la chair, puisse immédiatement trouver le repos en Toi. Amen» (Exercices, Milan 2006, p. 148).
Il me semble évident que ces choses ne sont pas seulement des choses du passé, historiques, mais l'existence de sainte Gertrude reste une école de vie Chrétienne, de voie droite, et nous montre que le cœur d'une vie heureuse, d'une vie véritable, est l'Amitié avec Jésus, Le Seigneur.
Et cette amitié s'apprend dans l'Amour pour Les Écritures Saintes, dans l'Amour pour la Liturgie, dans la Foi profonde, dans l'Amour pour Marie, de manière à connaître toujours plus réellement Dieu Lui-même et le Bonheur véritable, but de notre Vie. Merci.
Sainte Gertrude la Grande
Abbesse du Monastère de Helfta
1256-1302
Fête le 16 Novembre
L'Abbaye de Helfta, fondée par les comtes de Mansfeld en 1229, près de Eisleben (Saxe), sous la règle de Saint Benoît, était un milieu où l'on cultivait les lettres et les arts.
Gertrude, née le 6 Janvier 1256, sans que l'on puisse dire avec assurance dans quelle famille, y fut donnée au Seigneur par ses parents à l'âge de cinq ans et y vécut jusqu'à sa mort (16 novembre 1301 ou 1302).
La jeune Gertrude, intelligente, vive, affable et diserte, sous la direction de Mechtilde de Hackeborn, se délecta dans l'étude de la langue et de la littérature latines, dans le chant et la peinture.
Elle venait d'avoir vingt-cinq ans lorsque, le 27 janvier 1281, après complies, elle découvrit la Vie mystique dans une vision initiatrice :
Le Seigneur « la prit, la souleva et la plaça près de Lui. » Ce fut une véritable conversion. « Que mon âme vous Bénisse, Seigneur Mon Dieu, Mon Créateur ; que mon âme vous Bénisse, et que mon être le plus intime confesse les Miséricordes dont votre Bonté sans nulle mesure m'a entourée avec une telle gratuité, ô mon très doux ami.
Je rends grâces, autant que je le puis, à votre immense Miséricorde ; avec elle je loue et glorifie votre Patience longanime qui vous a fait dissimuler pendant toutes les années du bébé et de l'enfant, de l'adolescente et de la jeune fille, presque jusqu'à la fin de mes vingt-cinq ans : j'ai vécu dans une folie si aveugle que j'aurais fait sans remords, en pensée, parole et action, toutes mes volontés, partout où c'était possible, si vous ne m'aviez prévenu par un dégoût connaturel du mal, et un plaisir du bien, ainsi que par les corrections extérieures de mon entourage.
Comme si j'avais été une païenne parmi des païens, sans jamais comprendre que vous, mon Dieu, vous récompensez le bien et châtiez le mal.
Et pourtant vous m'aviez choisie dès l'enfance, dès ma cinquième année, pour vous être présentée parmi vos amis les plus dévoués au manoir de la sainte religion.
Par la multitude et la grandeur de vos bienfaits, vous m'avez exaltée comme si, différente de tous les mortels, j'avais mené sur terre une vie angélique.
C'est pendant cet Avent que vous commençâtes, avant que je finisse mes vingt-cinq ans pour l'Epiphanie, par un certain trouble dont mon cœur fut si ébranlé que toute légèreté juvénile commença à me paraître insipide.
C'est ainsi que mon cœur fut quelque peu préparé à vous.
Que l'abîme de la Sagesse incréée appelle l'abîme de l'admirable toute-puissance, pour faire ressortir une si prodigieuse bienveillance, qui par le débordement de votre Miséricorde coula par les profondeurs jusqu'au vallon de ma misère !
En la vingt-sixième année de mon âge, en cette seconde férie (Lundi), si salutaire pour moi, avant la Fête de la Purification de Marie, votre très chaste Mère - laquelle férie tomba alors le 6 avant les calendes de Févier (27 Janvier) - en cette heure désirable de l'après complies : vous, la Vérité, Mon Dieu, plus serein que toute Lumière, mais plus intérieur que tout secret, vous aviez résolu de diluer la densité de mes ténèbres, commençant bellement et doucement par calmer ce trouble qu'un mois auparavant vous aviez suscité en mon cœur.
Par ce trouble, je pense, vous aviez essayé de détruire la tour de ma vanité et de ma curiosité, qu'avait bâtie ma superbe.
Hélas! Je portais alors en vain le nom et l'habit de la religion, mais cela vous servait pour trouver le moyen de me montrer mon Salut.
A cette heure donc, comme je me tenais au milieu du dortoir, et que je redressais ma tête inclinée pour saluer au passage une ancienne, selon le cérémonial de l'ordre, je vis un jeune homme aimable et délicat, âgé d'environ seize ans, réalisant l'idéal de Beauté qui put charmer alors les yeux extérieurs de ma jeunesse.
Il me dit d'un air doux et bénin : Bientôt viendra ton Salut. Pourquoi te consumer de chagrin ? Tu n'as donc pas de directeur, pour que la douleur t'ait ainsi changée ?
Comme il parlait, j'avais beau me savoir matériellement dans le dortoir, il me semblait que j'étais au chœur, en ce coin où j'avais accoutumé de faire une Oraison si tiède, et c'est là que j'entendis la suite des paroles : Je te sauverai et te libèrerai : n'aie pas peur.
J'entendis ; puis je vis une main tendre et délicate me serrer la main, comme pour appuyer ces paroles par un gage.
Et il ajouta : Avec mes ennemis, tu as baisé la terre et tu as léché le miel dans les épines ; enfin, reviens à moi, et je t'enivrerai du torrent de ma Volupté Divine.
Comme il parlait, je regardai, et vis entre moi et lui, à sa droite et à ma gauche, une haie d'une longueur si infinie que, ni devant moi, ni derrière moi, n'apparaissait la fin de cette longueur.
Le haut de cette haie me semblait muni d'une telle masse d'épines que nul passage ne s'ouvrait à moi pour revenir au jeune homme.
Je restai donc hésitant et haletant de désir, sur le point de défaillir, quand soudain, sans nulle difficulté, il me prit, me souleva et me plaça près de Lui.
Je reconnus alors, dans cette main reçue en gage, les joyaux éclatants de ces blessures qui ont annulé les actes rédigés par tous nos adversaires.
Je Loue, Adore, Bénis, remercie autant que je peux votre sage Miséricorde et Miséricordieuse Sagesse de ce que vous, mon Créateur et Rédempteur, vous avez fait effort pour ployer ma nuque indomptable sous votre joug bénin, en me préparant un cordial si bien dosé pour ma faiblesse.
Dès lors, en effet, dans uneJoie d'esprit nouvelle, je commençai à avancer, pacifiée par l'arôme de vos parfums, en sorte que j'ai pu estimer votre joug bénin et léger, lui que naguère je jugeais insupportable.
Alors commença pour la moniale, occupée à la copie des manuscrits du scriptorium, une vie d'Humilité, d'attention aux autres et de Patience dans la maladie qui, à la fin de sa vie la tenait éloignée des offices du chœur où elle était la seconde chantre aux côtés de sainte Mechtilde de Hackeborn (morte en 1298), elle aussi favorisée de Grâces mystiques et de révélations dont elles se faisaient mutuellement la confidence.
Gertrude ne renonça pas au travail intellectuel, mais elle passa de la grammaire à la théologie.
Elle méditait l'Écriture et les textes de la Liturgie, lisait les Pères, spécialement saint Augustin et saint Bernard.
Gertrude a laissé dans ses Révélations et ses Éxercices spirituels un témoignage sur sa propre vie d'intimité avec Dieu, tout unifiée dans la Contemplation de l'Amour incarné, dont le côté ouvert du Christ en Croix lui offre le signe merveilleux.
Dans l'une de ses Prières, Gertrude dit au Seigneur : « Je désire t'Aimer non seulement avec douceur, mais avec sagesse. »
La Piété mariale de sainte Gertrude se comprend dans la dépendance du Mystère du Christ : « Jésus est mon premier-né parce qu'après Lui, que dis-je, par Lui, vous choisissant pour que vous soyez ses frères et mes fils, dans le sein de mon Amour Maternel, je vous ai, tous, engendrés. »
Les demandes de Sainte Gertrude furent agréées du Sauveur : « Je connus d'une manière Spirituelle, que vous aviez imprimé sur des places très réelles de mon cœur les Stigmates Sacrés de vos Plaies Adorables ; au moyen de ces blessures, vous avez guéri les ulcères de mon âme et vous m'avez enivrée d'un nectar délicieux. »
Chapelet de Sainte Gertrude
Le chapelet de Sainte Gertrude à été crée par Sainte Gertrude la Grande suite à une révélation de Notre Seigneur. Il se récite sur un Chapelet classique.
Sur la Croix, réciter le Credo.
Sur les grains suivant, dire 1 Notre Père, 3 je Vous salue Marie et 1 Gloire au Père.
Sur les gros grains, on dit un Notre Père.
Sur les petits grains, on dit: Père éternel, je Vous offre le très précieux sang de votre divin fils, Jésus, en union avec les saintes messes célébrées aujourd'hui à travers le monde, pour toutes les âmes du Purgatoire, pour les pécheurs dans l'église universelle, les pécheurs en tout lieu, ceux de mon entourage et de ma propre famille. Amen
A la fin des dizaines, on dit : Cœur Sacré de Jésus, ouvre les cœurs et les esprits des pêcheurs à la vérité et à la lumière de Dieu, le Père. Cœur Immaculé de Marie, priez pour la conversion des pêcheurs et du monde. Et 1 Gloire au Père.
Prière lue par Sainte Gertrude
et adoptée pour le jour de la Purification de Notre Dame
^!o mon Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, donnez-moi d'aspirer vers vous, de tout mon cœur, avec les brûlants désirs d'une âme altérée ; donnez-moi de respirer en vous, ô très suave et très doux ami ; que mon esprit, que tout mon être haletant soupire après vous, ô seule vraie Béatitude.
Ô Sauveur dont la clémence est infinie, daignez, par votre Sang précieux, imprimer dans mon cœur vos Plaies Sacrées afin qu'en elles je lise à chaque instant, et vos douleurs, et votre Charité pour moi.
Faites que le souvenir de vos Divines Blessures, demeure enseveli toujours au plus intime de mon être afin d'y exciter une juste Compassion à toutes vos Souffrances, et d'y allumer le feu consumant de votre Amour.
Accordez-moi aussi de connaître le néant de la créature, diminuez sa valeur devant mes yeux, et soyez, Vous seul, ô Jésus, la Douceur et la Joie de mon âme.
Gertrude aimait cette Prière et la récitait tous les jours.
Ses demandes agréées du Sauveur : Je connus d'une manière spirituelle, que vous aviez imprimé sur des places très réelles de mon cœur les Stigmates Sacrés de vos Plaies Adorables ; au moyen de ces Blessures, vous avez guéri les ulcères de mon âme et vous m'avez enivrée d'un nectar délicieux.
Sainte Gertrude la Grande
Religieuse Bénédictine d'Eisleben
1256-1302
Fête le 16 Novembre
Sainte Gertrude d'Eisleben est la plus célèbre de plusieurs Saintes qui portent le même nom, et c'est pour cela que d'anciens auteurs l'ont appelée Gertrude la Grande.
On la mit, dès l'âge de cinq ans, chez les Bénédictines d'Helfa.
Elle y vint comme simple Religieuse, sous la direction d'une Abbesse du même nom qu'elle, dont la sœur était Sainte Mechtilde d'Hackeborn, qui fut la maîtresse et l'amie de notre Sainte Gertrude.
Gertrude apprit le latin dans sa jeunesse, ce que faisaient alors des personnes de son sexe qui se consacraient à Dieu dans la retraite.
Elle avait aussi une connaissance peu commune de l'Écriture et de toutes les sciences qui ont la religion pour objet; mais la Prière et la Contemplation furent toujours son principal exercice, et elle y consacrait la plus grande partie de son temps.
Elle aimait particulièrement à méditer sur la Passion et sur l'Eucharistie, et elle ne pouvait alors retenir les larmes qui, malgré elle, coulaient de ses yeux en abondance.
Lorsqu'elle parlait de Jésus-Christ et de Ses mystères, elle ravissait ceux qui l'entendaient. Un jour qu'on chantait à l'Église ces paroles: "J'ai vu le Seigneur face à face," elle vit une face Divine d'une éclatante beauté, dont les yeux perçaient son cœur et remplirent son âme et son corps de délices inexprimables.
L'Amour Divin était l'unique principe de ses affections et de ses actions. De là ce crucifiement entier au monde et à toutes ses vanités.
Elle fut l'objet d'un grand nombre de grâces extraordinaires; Jésus-Christ grava Ses plaies dans le cœur de Sa sainte épouse, lui mit des anneaux au doigt, se présenta devant elle en compagnie de Sa Mère et agit en elle comme s'Il avait changé de cœur avec elle.
Toutes ces grâces étonnantes ne firent que développer son Amour de la Souffrance. Il lui était impossible de vivre sans ressentir quelque douleur; le temps qu'elle passait sans souffrir lui paraissait perdu.
Le zèle pour le Salut des âmes était ardeur au cœur de Gertrude. Pensant aux âmes des pécheurs, elle répandait pour elles des torrents de larmes au pied de la Croix et devant le Saint-Sacrement.
Pendant la longue maladie de cinq mois dont elle devait mourir, elle ne donna pas le moindre signe d'impatience ou de tristesse; sa Joie, au contraire augmentait avec ses douleurs.
Le jour de sa mort étant venu, elle vit la Très Sainte Vierge descendre du Ciel pour l'assister; une de ses sœurs aperçut son âme allant droit au Cœur de Jésus, qui S'ouvrit pour la recevoir. Sainte Gertrude est une des grandes mystiques de l'Église. Le livre de ses Révélations est demeuré célèbre.
Les exercices de Sainte Gertrude
Lecture.
Ô amour, tu es, dans la sainte Trinité, le très suave baiser qui unit si puissamment le Père et le Fils. Tu es ce baiser sauveur que l'impériale divinité a imprimé sur notre humanité par le Fils.
Ô baiser très doux, moi, petit grain de poussière, que je ne sois pas oubliée de tes liens, que je ne sois pas privée de ton contact et de ton étreinte jusqu'à devenir un seul esprit avec Dieu. Fais-moi expérimenter vraiment quelles délices c'est, en toi-même, de t'embrasser, toi le Dieu vivant, mon très doux amour, et de t'être unie.
Ô Dieu Amour, tu es ma plus chère possession, en dehors de qui, au ciel et sur terre, je n'espère rien d'autre, je ne veux rien, je ne convoite rien. Tu es mon véritable héritage et toute mon attente, vers qui tendent ma fin et mon intention.
Gertrude d'Helfta, Œuvres spirituelles, 5e exercice
Prière.
"Quand, quand est-ce que tu te montreras à moi, afin que je te voie et que je puise avec délices à cette source vive que tu es, Mon Dieu ?
Alors je boirai, je m'enivrerai dans l'abondance de la douceur de cette Source Vive, qui sourd des délices de la Face de celui que mon âme désire.
Ô douce Face, quand me combleras-tu de Toi ? Alors j'entrerai dans le sanctuaire admirable, jusqu'à la vue de Dieu ; je ne suis qu'à l'entrée, et mon cœur gémit de la longueur de mon exil.
Quand me combleras-tu de Joie par ta douce Face ? Alors je Contemplerai et embrasserai le véritable Époux de mon âme, Mon Jésus...
Là je connaîtrai comme je suis connue, j'aimerai comme je suis aimée ; ainsi je te verrai, mon Dieu, tel que tu es, en ta Vision, ta Jouissance et ta Possession Bienheureuse à jamais. "
Galerie de photos de Sainte Gertrude de Helfta.