Journal de Soeur Faustine de 801 à 900.

25/11/2021

801. 10. XII. 

Aujourd'hui je me suis levée plus tôt et j'ai fait ma méditation avant la Messe. La Sainte Messe est célébrée à six heures. Après la Sainte Communion, mon âme fut noyée dans le Seigneur, unique objet de mon amour. Je me sentis absorbée par Sa Toute-Puissance. Quand je suis revenue dans ma solitude, je me sentis mal et je dus me coucher. La Sœur m'a apporté des gouttes, mais toute la journée je me suis sentie mal. Le soir, j'ai tenté de faire les méditations de l'Heure Sainte. Cependant je n'y suis pas arrivée, je m'unissais seulement au Christ souffrant. 

 802. Ma chambre est voisine de la chambre des hommes. Je ne savais pas que les hommes étaient de tels bavards. Dès le matin, jusque tard dans la nuit, conversations sur différents sujets. C'est beaucoup plus tranquille dans la salle des femmes. On fait toujours aux femmes ce reproche d'être bavardes, cependant j'eus l'occasion de me convaincre du contraire. Il m'est difficile de me concentrer sur ma prière à cause des rires et de ces plaisanteries. Ils ne me gênent pas quand la grâce de Dieu me prend totalement, car alors je ne sais pas ce qui se passe autour de moi. 

 803. Mon Jésus comme ces gens parlent peu de Vous. Ils parlent de tout, mais pas de Vous, Jésus. Et s'ils en parlent peu c'est, que probablement, ils n'y pensent pas du tout. Le monde entier les intéresse, mais sur Vous, le Créateur : silence. Que c'est triste Jésus, de voir cette indifférence et cette ingratitude des êtres crées. O mon Jésus, je désire vous aimer à leur place et Vous dédommager par mon amour. 

 804. L'immaculée Conception de la Mère de Dieu. 

 Dès le matin, j'ai ressenti la proximité de la Très Sainte Vierge pendant la Sainte Messe. Je La vis si belle que les mots me manquent pour décrire cette beauté, même en partie. Elle était toute blanche, ceinte d'une écharpe bleue, le manteau bleu aussi, une couronne sur la tête. De toute sa personne rayonnait une lumière inconcevable. « Je suis la Reine du ciel et de la terre, mais surtout votre mère. » Elle me serra contre Son Cœur et dit : « J'ai compassion de toi. » Je sentis la force de Son Cœur immaculé se communiquer à mon âme. Maintenant, je comprend pourquoi depuis deux mois je me préparais et j'attendais cette fête avec impatience. Depuis aujourd'hui, je tâche d'avoir l'âme aussi pure que possible pour que les rayons de la grâce Divine s'y reflètent dans toute leur lumière. Je désire être un cristal pour Lui plaire. 

 805. Ce jour-là, je vis un certain prêtre éclatant de sa lumière à Elle. Sûrement cette âme aime l'immaculée. 

 806. Une étrange langueur s'empara de mon âme, je m'étonne qu'elle ne sépare pas l'âme du corps. Je désire Dieu, je désire me noyer en Lui. Je comprend que je sis dans un terrible exil. De toute sa force, mon âme s'élance vers Dieu. O habitants de ma patrie, souvenez-vous de l'exilée. Quand les voiles tomberont-ils pour moi aussi ? Quoique je voie et que je sente approximativement quand, cependant un voile très fin me sépare encore du Seigneur. Je désire Le regarder face à face, mais que tout se fasse selon votre volonté. 

 807. 11. XII.1936. 

Aujourd'hui, je ne pus assister à la Sainte Messe toute entière. J'assistai seulement aux parties les plus importantes et, après avoir reçu la Sainte Communion, je me retirai tout de suite dans ma solitude. Soudain je fus envahie par la présence Divine. Et à ce moment je sentis la Passion du Seigneur pendant un très court moment. Alors je connus plus profondément l'œuvre de la miséricorde.

808. Dans la nuit, je fus soudainement éveillée et je compris qu'une âme avait grand besoin de prières. En peu de mots, mais de toute mon âme, je priai le Seigneur de lui accorder la grâce. 

 809. Le lendemain après-midi en entrant dans la salle, je vis une personne mourante et j'ai appris que l'agonie avait commencé pendant la nuit. J'ai constaté que c'était au moment où l'on me demandait des prières. Tout à coup, j'entendis dans mon âme une voix : « Dis ce chapelet que Je t'ai enseigné. » Je courus chercher mon rosaire. Et je m'agenouillai près de l'agonisante et je commençai avec toute l'ardeur de mon âme à dire ce chapelet. Soudain la moribonde ouvrit les yeux. Elle me regarda et je n'eus pas le temps d'achever le chapelet qu'elle était morte dans une étrange paix. Je priais ardemment le Seigneur de tenir la promesse qu'Il m'avait faite pour la récitation de ce chapelet. Le Seigneur me fit connaître que cette âme avait reçu la grâce que le Seigneur m'avait promise. Cette âme était la première qui ait obtenu la promesse du Seigneur. Je sentais la force de la miséricorde qui entourait cette âme. 

 810. En rentrant dans ma solitude, j'entendis ces mots : « Je défends chaque âme à l'heure de la mort comme Ma propre gloire. Que l'on récite ce chapelet soi-même,ou bien que d'autres le récitent pour l'agonisant, l'indulgence est la même. Quand on le récite auprès de l'agonisant, la colère divine s'apaise, la miséricorde insondable s'empare de son âme et les profondeurs de Ma miséricorde sont émues par la douloureuse Passion de Mon Fils. » Oh ! Si l'on pouvait comprendre combien est grande la miséricorde du Seigneur et que nous en avons tous besoin, surtout à cette heure décisive. 

 811. Aujourd'hui j'ai lutté contre les esprits des ténèbres à propos d'une âme. Comme Satan hait terriblement la miséricorde divine, je vois qu'il s'oppose à toute cette œuvre. 

 812. O Jésus miséricordieux, étendu sur la croix, souvenez-vous de l'heure de notre mort. O Cœur très miséricordieux de Jésus, ouvert par la lance, cachez-moi à l'heure dernière de ma mort. O Sang et Eau qui avez jailli du Cœur de Jésus soyez pour moi des sources de miséricorde insondable, à l'heure de ma mort. Jésus mourant, otage de miséricorde, apaisez la colère de Dieu à l'heure de ma mort. 

813.  12. XII. 1936. Aujourd'hui j'ai seulement reçu la Sainte Communion et j'assisterai quelques instants à la Sainte Messe. Toute ma force est en Vous, Pain vivant. Il me serait difficile de vivre un jour, si je n'allais pas communier. Vous êtes mon bouclier. Sans Vous, Jésus je ne saurais vivre. 

 814. Jésus, mon Amour, m'a fait comprendre aujourd'hui qu'il m'aime beaucoup, quoiqu'il y ait un si grand abîme entre nous: le Créateur et la créature. Et cependant il y a une sorte d'égalité: l'amour qui comble cet abîme. Lui-même se penche vers moi et me rend capable d'être en union avec Lui. Je suis noyée en Lui, comme si je me perdais complètement. Et cependant, sous Son regard miséricordieux mon âme prend de la vigueur et de la force. Elle prend conscience qu'elle aime et est particulièrement aimée. Elle sait que le Tout-Puissant la défend. Une telle prière, quoique courte apporte cependant beaucoup à l'âme. Et des heures entières de prière ordinaire ne lui donnent pas autant de lumière qu'un court moment de prière intense. 

 815. L'après-midi j'étais pour la première ois dans la véranda. Et aujourd'hui Sœur Félicie vint me voir m'apporta quelques menus objets de première nécessité, quelques belles pommes et les amitiés de la chère Mère Supérieure et des chères Sœurs. 

 816. 13. XII. 1936. 

Confession devant Jésus Quand j'ai constaté que voilà trois semaines que je ne me suis pas confessée, je me suis mise à pleurer en voyant les péchés et certaines difficultés de mon âme. Je ne me suis pas confessée car les circonstances m'en empêchèrent. Quand il y avait la confession, j'étais alitée justement ce jour là. La semaine suivante, la confession était fixée pour l'après-midi et j'étais partie pour l'hôpital le matin. Aujourd'hui, dans l'après-midi, le Père Andrasz est entré dans ma chambre et s'assit pour que je me confesse. Auparavant nous n'avons pas échangé un seul mot. Ce qui me réjouit extrêmement car je désirais beaucoup me confesser. Comme toujours, j'ai découvert mon âme et le Père me donna une réponse à chaque menu détail. Je me sentais très heureuse. 

 817. 16. XII. 36. 

J'offre ce jour pour la Russie. J'offre pour ce pauvre pays toutes mes souffrances et mes prières. Après la Saint communion Jésus me dit : « Je ne peux plus tolérer ce pays. Ne me lie pas les mains, ma fille. » Je compris que, si ce n'était les prières des âmes agréables à Dieu, toute cette nation serait déjà anéantie. Oh ! Comme je souffre pour ce pays qui a chassé Dieu de ses frontières. 

 818. O Source inaltérable de miséricorde divine qui coulez sur nous il n'y a pas de frontière pour Votre bonté. Fixez ô Seigneur la force de Votre Miséricorde à la mesure du gouffre de ma misère, car Votre pitié n'a pas de limites. Votre miséricorde qui étonne les esprits humains et angéliques est étrange et inaccessible. 

 819. Mon Ange Gardien me recommanda de prier pour une âme et le matin j'appris que c'était un homme, qui justement était entré en agonie. Jésus me fait connaître d'une façon étrange quand quelqu'un a besoin de ma prière. Je reconnais en particulier quand c'est une âme qui entre en agonie. Maintenant cela m'arrive plus souvent qu'autrefois. 820. Jésus me fit connaître qu'une âme, qui vit pour la volonté Divine, Lui est très agréable et Lui rend ainsi une très grande gloire. 

 821. Aujourd'hui je compris que, même si je ne parvenais pas à accomplir ce que Dieu exigeait, je sais que je serai récompensée comme si j'avais tout accompli. Car Il voit l'intention avec laquelle je commence. Et même s'Il me reprenait aujourd'hui, Son œuvre ne pourrait en souffrir, car Lui seul est le Souverain Maître de l'œuvre et de celui qui agit. Il dépend de moi de L'aimer à la folie. Toutes les épreuves ne sont un rien devant Lui. L'amour a une grande force, une signification et un mérite. Il a ouvert dans mon âme de grands horizons. L'amour comble les abîmes. 

 822. 17. XII. 1936. J'ai offert ce jour pour les prêtres, j'ai souffert plus que jamais intérieurement et extérieurement. Je ne savais pas qu'on pouvait tant souffrir en un jour. Je tâchais de faire l'Heure Sainte, pendant laquelle mon esprit goûta l'amertume du Jardin des Oliviers. Je lutte toute seule, soutenue par Son bras contre toutes les difficultés qui se dressent comme des murs infranchissables devant moi. Cependant j'ai confiance dans la force de Son Nom et je n'ai peur de rien. 

 823. Dans cet isolement Jésus est mon Maître. C'est Lui qui m'élève et m'enseigne. Je sens que je suis l'objet de Son action particulière. Pour Ses intentions incompréhensibles et Ses verdicts insondables Il m'unit à Lui d'une façon spéciale et me permet de pénétrer dans ses mystères inconcevables. Il y a un Mystère, qui m'unit au Seigneur, que personne ne peut savoir, même pas les anges. Même si je voulais le formuler, je ne saurais comment le dire. Cependant je vis de cela et je vais le vivre dans les siècles. Ce mystère me distingue des autres âmes ici, sur terre, et dans l'Eternité. 

 824. O jour magnifique où se réaliseront tous mes souhaits ! O jour vivement désiré, qui sera le dernier de ma vie. Je me réjouis du trait que le divin Artiste posera sur mon âme, qui lui donnera une beauté particulière et qui me distinguera de la beauté des autres âmes. O grand jour, dans lequel se fixera l'amour divin en moi. En ce jour, pour la première fois, je chanterai devant le ciel et la terre le chant de l'insondable miséricorde divine. C'est mon œuvre et la mission que Dieu m'a destinée depuis la fondation de la terre. Pour que le chant de mon âme soit agréable à la Sainte Trinité, dirigez et formez mon âme Vous-même, ô Esprit Divin. Je m'arme de patience et j'attends Votre venue, Jésus miséricordieux, dans les terribles douleurs et les affres de l'agonie. A ce moment, plus que jamais j'ai confiance dans le gouffre de Votre miséricorde et je vous rappelle, Christ miséricordieux, doux Sauveur, toutes les promesses que Vous m'avez faites. 

 825. Ce matin, j'ai eu une mésaventure : ma montre s'était arrêtée et je ne savais pas quand me lever. C'eût été dommage d'omettre la Sainte Communion. Il faisait nuit et je ne pouvais pas savoir quand il faudrait me lever. Je m'habillai, je fis la méditation et je suis allée à la chapelle, mais tout était fermé et le silence régnait partout. Je me mis à prier surtout pour les malades. Maintenant je sais combien les malades ont besoin de prières. Enfin la chapelle fut ouverte, la prière me venait avec peine, car je me sentais exténuée. Et après la Sainte Communion, je revins tout de suite dans ma solitude. Alors je vis le Seigneur qui me dit : « Sache, Ma fille, que l »ardeur de ton cœur M'est agréable. Comme tu désires ardemment t'unir avec Moi dans la Sainte Communion, Moi aussi Je désire Me donner complètement à toi. Et comme. Et comme récompense pour ton ardeur récompense pour ton ardeur repose-toi près de Mon Cœur. » A cet instant mon âme se noya dans Son Etre, comme une goutte d'eau dans un océan sans fond. Je me noie en Lui comme dans mon unique trésor. J'ai reconnu ainsi que le Seigneur permet certaines difficultés pour Sa plus grande gloire. 

 826. 18. XII. 1936. 

 Aujourd'hui j'ai ressenti quelque peine, car il y a une semaine que personne n'est venu me voir. Comme je m'en plaignais au Seigneur, Il me répondit : « Est-ce que cela ne te suffit pas que Je te visite chaque jour ? » J'ai demandé pardon au Seigneur et ma peine a disparu. O mon Dieu, ma force, Vous me suffisez. 

 827. Le soir, j'ai perçu qu'une âme avait besoin de ma prière. Je fis une ardente prière, mais je sentais que c'était trop peu, donc je suis restée plus longtemps en prière. Le lendemain, j'appris qu'à ce moment-la justement, commença l'agonie d'une personne qui dura jusqu'au matin. Je reconnus par quelles dures luttes elle était passée. . D'une façon étrange, le Seigneur Jésus me fait connaître qu'une âme agonisante a besoin de ma prière. Je sens cet esprit qui me demande la prière vivement et distinctement. Je ne savais pas qu'il y avait une telle union entre les âmes. Et souvent aussi mon Ange Gardien me parle. 

 828. Le petit Enfant Jésus pendant la Sainte Messe fait la joie de mon âme. Souvent, la distance n'existe pas, je vois un prêtre qui Le fait venir. J'attends Noël avec grande impatience, je partage cette attente avec la Très Sainte Vierge. 

 829. O Lumière éternelle, qui venez sur cette terre, illuminez mon esprit et fortifiez ma volonté pour que je ne succombe pas dans les moments de dure épreuve. Que la lumière disperse toutes les ombres du doute. Que Votre Toute-Puissance agisse par moi. J'ai confiance en Vous, ô Lumière qui n'avez pas été crée. O Enfant Jésus, Vous m'êtes un modèle, pour accomplir la volonté de Votre Père. Vous qui avez dit : « Je viens pour accomplir fidèlement Votre Volonté, » faites que moi aussi je sache accomplir la volonté divine en toutes choses. O Divin Enfant, donnez-moi cette grâce. 

 830. O mon Jésus,mon âme languissait vers les jours d'épreuves. Dans le trouble de mon âme ne me laissez pas seule. Mais tenez-moi fortement près de vous. Postez une sentinelle auprès de ma bouche. Que le parfum de mes souffrances soit connu de Vous seul et qu'il Vous soit agréable. 

 831. O Jésus miséricordieux avec quel désir Vous Vous hâtiez vers le Cénacle pour consacrer l'hostie que je vais recevoir dans ma vie. Vous désirez, Jésus, demeurer dans mon cœur et que Votre Sang vivant s'unisse au mien. Qui comprendra cette étroite union ? Mon cœur renferme le Tout-Puissant, l'Infini. O Jésus, donnez-moi Votre vie divine. Que Votre Sang pur et noble palpite de toute sa force dans mon cœur. Je Vous donne tout mon être. Changez-moi en Vous-même et rendez-moi capable d'accomplir en tout Votre sainte volonté et de Vous aimer. O mon doux époux, Vous savez que mon cœur ne connaît personne d'autre que Vous. Vous avez ouvert dans mon cœur une profondeur inassouvie d'amour envers Vous. Dès le premier moment où je Vous ai connu, mon cœur Vous a aimé et s'est noyé en Vous comme dans son objet. Que Votre amour pur et tout-puissant me pousse aux actes. Qui concevra et comprendra cette profondeur de miséricorde qui a jailli de Votre Cœur ? 

 832. J'ai éprouvé combien il y a de jalousie, même dans la vie spirituelle. Je reconnais qu'il y a peu d'âmes vraiment assez grandes, pour piétiner tout ce qui n'est pas Dieu. O âme, en dehors de Dieu, tu ne trouveras pas de beauté. Oh ! Combien est fragile la base chez les âmes pour qu'elles se haussent en écrasant les autres ! Quelle perte ! 

 833. 19. XII. 1936. 

Ce soir, je sentis dans mon âme qu'une personne avait besoin de ma prière. J'ai tout de suite commencé à prier. Soudain, je reconnus intérieurement et je sentis l'esprit qui me le demandait. Je priai jusqu'au moment ou je me tranquillisai. Ce chapelet est une aide puissante pour les mourants. Souvent je prie pour une intention intérieurement précisée. Je prie toujours jusqu'au moment où je sens dans mon, âme que ma prière a été efficace. 

 834. Surtout ici, depuis que je suis dans cet hôpital, j'éprouve un lien avec les agonisants qui, en entrant en agonie, me demandent de prier. Dieu me donne une étrange correspondance avec les mourants. Quand cela arrive, le plus souvent, j'ai même la possibilité de vérifier l'heure. Aujourd'hui, à onze heures du soir, je fus soudain éveillée et je sentis distinctement qu'il y avait auprès de moi, un esprit qui demandait ma prière ; une force me contraint tout simplement à la prière. Ma vision est purement spirituelle, par une soudaine lumière qu'en cet instant Dieu m'accorde. Je prie jusqu'au moment où je sens la paix en mon âme. La durée n'est pas toujours la même. Il arrive parfois qu'avec un seul Ave Maria je sois tranquillisée, et alors je dis le « De profondis ». Parfois il arrive que je dise le chapelet tout entier, et seulement alors j'éprouve un apaisement. Et ici aussi j'ai constaté que, si je suis forcée à la prière pendant un temps plus long, c'est-à-dire si j'éprouve une inquiétude intérieure, c'est que l'âme soutient une plus grande lutte et a une plus lourde agonie. C'est ainsi que j'ai vérifié l'heure : j'ai une montre et je regarde l'heure. Le lendemain, quand on me parle de la mort de telle personne, je demande l'heure, qui s'accorde toujours en ce qui concerne l'agonie. On me dit : « telle personne a lutté très fort », d'autres fois on me dit : « Aujourd'hui telle personne est morte. Mais elle s'est endormie vite et tranquillement. » Il arrive que la personne mourante soit dans la seconde ou la troisième baraque, mais pour l'esprit la distance n'existe pas. Il arrive que j'aie cette même connaissance à quelques centaines de kilomètres. C'est arrivé plusieurs fois, à l'égard de ma famille et de personnes apparentées, mais aussi à l'égard de mes Sœurs en religion et même pour des âmes que je n'ai pas connues durant ma vie. O Dieu, plein d'insondable miséricorde, qui me permettez par une prière indigne de porter apaisement et aide aux mourants, soyez béni autant de fois qu'il y a de milliers d'étoiles dans le ciel et de gouttes d'eau dans l'océan. Que Votre miséricorde s'étende à tout le globe terrestre. Que le culte de cette miséricorde monte jusqu'au pied de Votre trône, louant le plus grand de Vos attributs, c'est-à-dire Votre inconcevable miséricorde. O Dieu, cette miséricorde insondable introduit les âmes saintes et tous les esprits célestes dans un nouveau ravissement. Tous les purs esprits se plongent dans un profond étonnement, adorant cette inconcevable miséricorde Divine qui les introduit dans un nouveau ravissement. Leur adoration est parfaite. O Dieu Eternel, comme je désire ardemment adorer Votre plus grand attribut, c'est-à-dire Votre infinie miséricorde. Je vois toute ma petitesse. Et je ne peut pas m'égaler avec les habitants du Ciel qui dans une sainte admiration glorifient la miséricorde du Seigneur. Mais moi aussi, j'ai trouvé une manière d'adorer cette inconcevable et parfaite miséricorde Divine. 

 835. O très doux Jésus, Vous avez daigné m'admettre, moi misérable, à la conaissance de cette insondable miséricorde. O très doux Jésus, qui avez gracieusement exigé de moi que je parle de Votre inconcevable miséricorde au monde entier, voici qu'aujourd'hui, je prend en main ces deux rayons, qui ont jailli de Votre Cœur miséricordieux : le Sang et l'Eau, et je les répands sur tout le globe terrestre, pour que toute âme éprouve Votre miséricorde, et l'ayant éprouvée, Vous adore pendant l'éternité. O Très Saint Jésus, qui avez daigné dans Votre inconcevable bienveillance unir mon cœur misérable à Votre Cœur très miséricordieux, c'est par Votre propre Cœur, due j'adore Dieu, notre Père, d'une façon telle qu'aucune âme ne l'a encore adoré. 

 836. 21. XII. 1936. 

La radio joue toute l'après-midi, donc je ressens le manque de silence. Jusqu'à midi, de continuelles conversations et du bruit. Mon Dieu, je me réjouissais d'être en silence, de parler seulement avec le Seigneur et ici c'est tout le contraire. Mais maintenant rien ne me trouble, ni les conversations, ni la radio. En un mot, rien. La grâce de Dieu a fait que, quand je prie, je ne sais même pas où je suis. Je sais seulement que mon âme est unie au Seigneur et ainsi se passent mes journées à l'hôpital. 

 837. J'admire toutes les humiliations, et toutes les souffrances que ce prêtre accepte pour cette cause. Je le vois à certains moments, et je le soutien par mon indigne prière. C'est seulement Dieu, qui peut donner un tel courage, car autrement l'âme se lasserait. Mais je vois avec joie que toutes ces contrariétés, contribuent à augmenter la gloire Divine. Le Seigneur n'a pas beaucoup d'âmes de cette trempe à Son service. O éternité infinie, tu révéleras les efforts des âmes héroïques. Pour ces efforts la terre ne paye que par l'ingratitude et la haine. Car de telles âmes n'ont pas d'amis, elles sont solitaires. Et dans cette solitude, elles deviennent plus fortes. Elles puisent leur force seulement en Dieu. Et avec humilité, mais aussi avec courage, elles s'opposent à tous les orages qui les frappent. Comme des chênes élevés, elles ne se laissent pas troubler. Et à cela il n'y a qu'un secret : elles puisent en Dieu cette force et tout ce dont elles ont besoin, pour elles et pour les autres. Elles portent leur fardeau, mais elles savent et sont capables de prendre sur elles les fardeaux des autres. Ce sont des colonnes de lumière sur les chemins divins, qui vivent dans la lumière et illuminent les autres. Elles vivent elles-mêmes sur les hauteurs et savent les indiquer aux autres et les aider à les atteindre. 

 838. Mon Jésus, Vous voyez, que non seulement je ne sais pas écrire, mais en plus, je n'ai même pas une bonne plume. Et souvent j'écris si mal, et parfois c'est si difficile, que je dois écrire lettre après lettre pour former les phrases. Et encore ce n'est pas tout. Car j'ai cette difficulté que je note certaines choses en secret, devant les Sœurs. Et souvent à chaque instant je dois fermer le cahier et écouter patiemment le récit de l'une d'elles. Et ainsi passe le temps qui était destiné à écrire. Et le cahier à force d'être fermé en hâte, devient gribouillé. J'écris avec la permission de la Supérieure et sur ordre de mon confesseur. C'est une chose étrange que j'écrive parfois passablement et parfois, vraiment, j'ai de la peine à me relire moi-même. 

 839. 23.XII. 1936. 

 Je passe le temps avec la Divine Mère et me prépare pour le moment solennel de la venue du Seigneur Jésus. La Sainte Vierge m'apprend cette vie intérieure de l'âme avec Jésus, surtout dans la Saint Communion. Quel grand mystère la Saint Communion accomplit en nous ! Nous le saurons seulement dans l'éternité. O moments les plus précieux de la vie ! 

 840. O mon Créateur, je languis après Vous. Vous me comprenez, ô mon Seigneur ! Tout ce qui est sur terre me paraît un pâle reflet. Je Vous désire et Vous exige, quoique Vous fassiez incompréhensiblement beaucoup pour moi. Car Vous me visitez Vous-même, d'une façon particulière. Cependant ces visites n'apaisent pas les blessures de mon cœur, mais m'exitent à une plus grande langueur pour Vous Seigneur. Oh ! prenez-moi avec Vous, si telle est Votre volonté. Vous savez que je meurs et je meurs de langueur de langueur pour Vous et je ne puis mourir. Mort, où es-tu ? Vous m'attirez dans l'abîme de Votre Divinité et Vous Vous couvrez de ténèbres. Tout mon être est plongé en Vous et cependant je désire Vous voir face. Quand cela arrivera-t-il pour moi ? 

 841. Aujourd'hui Sœur Chryzostome est venue me voir et m'a apporté des citrons, des pommes et un tout petit arbre de Noël, ce qui m'a fait le plus grand plaisir. Par Sœur Chryzostome, la Mère Supérieure a demandé au médecin qu'il me permette de retourner à la maison pour les fêtes, ce qu'il a volontiers permis. Je m'en suis réjouie et me suis mise à pleurer comme un petit enfant. Sœur Chryzostome s'est étonnée que j'ai si mauvaise mine et que je sois tellement changée. Et elle a dit : « Savez-vous Faustinette, vous allez sûrement mourir. Vous devez, ma Sœur, être très souffrante. » J'ai répondu qu'aujourd'hui je souffre plus que les autres jours, mais ce n'est rien. Pour sauver les âmes, ce n'est pas trop. O Jésus Miséricordieux, donnez-moi les âmes des pécheurs. 

 842. 24. XII. 1936. 

Aujourd'hui pendant la Sainte Messe je me suis particulièrement unie à Dieu et à Sa Mère Immaculée. L'humilité et l'amour pour la Vierge Immaculée ont pénétré mon âme. Plus j'imite la Mère de Dieu, plus j'apprends à connaître Dieu profondément. Oh ! quelle incompréhensible langueur s'empare de mon âme . Jésus, comment pouvez-Vous encore me laisser dans cet exil ? Je meurs du désir de Vous. Chaque fois que Vous touchez mon âme, cela me blesse énormément. L'amour et la souffrance vont de pair. Cependant je n'échangerais cette souffrance causée par Vous, pour aucun trésor, car c'est la douleur d'indicibles délices et ces blessures me sont infligées par une Main aimante. 

 843. Sœur K. est arrivée cet après-midi, et m'a emmenée pour les fêtes à la maison, afin que je les passe avec la Communauté. En passant par la ville je m'imaginais que c'était Bethléem. Je regardais tous les gens qui se dépêchaient. Je pensais : qui médite aujourd'hui ce mystère inconcevable dans le calme et le silence ? O Vierge pure, Vous voyagez aujourd'hui et moi je suis en route. Je sens que ce voyage d'aujourd'hui a sa signification. O Vierge rayonnante, pure comme le cristal, toute plongée en Dieu, je vous confie ma vie intérieure. Arrangez tout pour que cela soit agréable à Votre doux fils. O ma Mère, je désire si ardemment que Vous me donniez le Petit Jésus pendant la Messe de Minuit. Et je sentis dans la profondeur de mon âme, une si vive présence de Dieu que par la force de ma volonté je contins ma joie, pour ne pas laisser voir extérieurement ce qui se passait dans mon âme. 

 844. Avant le souper, je suis entrée à la chapelle pour partager spirituellement le pain azyme avec les personnes qui sont chères à mon cœur. Je les présentai toutes par leur nom au Seigneur Jésus en sollicitant Ses grâces pour chacune. Mais ce n'est pas tout. Je confiai aussi au Seigneur les persécutés, les souffrants et ceux qui ne connaissent pas Son Nom, surtout les pauvres pécheurs. O Petit Jésus, je Vous en prie ardemment, accueillez-les tous dans l'immensité de Votre infinie miséricorde. O doux Petit Jésus, mon cœur est à Vous : qu'il Vous soit un petit logement agréable et utile. O Majesté sans bornes, comme vous vous êtes approché de nous avec douceur ! Ici ce n'est pas la terreur des foudres du grand Yahvé. Ici il y a le doux Petit Jésus. Ici aucune âme n'a peur, quoique Votre Majesté n'ait pas diminué, elle s'est seulement cachée. Après le souper je me sentis très fatiguée et souffrante. J'ai du me coucher, mais je veillais avec la Très Sainte Mère, attendant l'arrivée du petit enfant 

 845. 25. XII.1936. 

 La Messe de Minuit. Pendant la sainte Messe la présence de Dieu m'était perceptible. Un moment avant l'Elévation, je vis la Vierge, le Petit Jésus et le bon Joseph. La Très Sainte Mère me dit ces paroles : « Ma fille, Faustine, prends mon trésor le plus cher. » Et Elle me tendit son tout-petit Jésus. Quand je pris Jésus dans mes mains, mon âme éprouva une joie tellement indicible que je ne suis pas en état de la décrire. Mais, chose étrange, après un moment Jésus devint terrible, affreux à voir, grand et douloureux, et la vision disparut. Bientôt il fallut aller à la Sainte Communion. Quand je reçus le Seigneur Jésus dans la Sainte Communion, toute mon âme se mit à trembler sous l'influence de la présence de Dieu. Le lendemain j'ai vu le Divin Enfant un court moment durant l'Elévation. Le second jour de fête, le Père Andrasz est venu chez nous dire la Sainte Messe, pendant laquelle j'ai aussi vu le Petit Jésus. 

 846. L'après-midi je suis allée me confesser. A certaines questions concernant cette œuvre, le Père ne m'a pas donné de réponse, il a dit : « Quand vous serez bien portante, alors nous pourrons parler concrètement. Maintenant tâchez de tirer une bonne santé. Quant au reste, vous savez comment vous diriger et à quoi vous en tenir dans ces choses. » Comme pénitence il m'a dit de dire le chapelet que Jésus m'avait enseigné. 

 847. Soudain en disant ce chapelet, j'entendis une voix : « Oh ! Quelles grandes grâces j'accorderai aux âmes qui diront ce chapelet. Les profondeurs de Ma miséricorde sont émues, pour ceux qui disent ce chapelet. Inscris ces mots, Ma fille. Parle au monde de Ma miséricorde. Que l'humanité entière apprenne à connaître Mon insondable miséricorde. C'est un signe pour les derniers temps. Après viendra le jour de la Justice. Tant qu'il en est temps, que les hommes aient recours à la source de Ma miséricorde, qu'ils profitent du Sang et de l'Eau qui ont jailli pour eux. » O âmes humaines, où chercherez-vous refuge au jour de la colère de Dieu ? Fuyez maintenant vers les sources de la miséricorde Divine. Oh quel grand nombre d'âmes je vois. Elles ont adoré la Miséricorde Divine et elles vont chanter l'hymne de gloire dans l'éternité. 

 848. 27.XII. 

 Aujourd'hui, me voici revenue dans mon lieu de solitude. J'ai fait un voyage agréable en compagnie d'une certaine personne, qui portait un enfant au baptême. Nous l'avons accompagné jusqu'à la porte de l'église de Podgorze. Pour pouvoir sortir de la voiture, elle a mis l'enfant dans mes bras. Quand je pris l'enfant, je l'offris à Dieu pour qu'un jour il Lui procure une gloire spéciale. Je sentis dans mon âme que le Seigneur regarda tout spécialement cette petite âme. A notre arrivée à Pradnik, Sœur N. m'aida à porter mon paquet quand nous sommes entrées dans ma chambre particulière, nous vîmes un très joli ange, fait en papier avec l'inscription : Gloria in ? J'ai l'impression que c'est de la part de cette Sœur malade à qui j'avais envoyé l'arbre de Noël. Voila que les fêtes sont finies. 

 849. Rien ne peux calmer ma langueur. Je languis après Vous, mon Créateur et Dieu éternel. Ni les solennités, ni les beaux chants ne calment mon âme, mais ils l'excitent à un désir encore plus grand. A la seule mention de Votre Nom, mon esprit s'élance vers Vous, Seigneur. 

 850. 28. XII. 1936. 

 Aujourd'hui, j'ai commencé la neuvaine à la Miséricorde Divine. C'est-à-dire que je me transporte en esprit devant ce tableau, je récite le chapelet que le Seigneur m'a enseigné. Le second jour de la neuvaine, je vis ce tableau comme vivant, avec d'innombrables ex-voto accrochés autour de lui et je voyais de grandes multitudes de gens venir ici. Beaucoup de gens rayonnaient de bonheur. O Jésus, de quelle joie a battu mon cœur ! Je faisais la neuvaine à l'intention de deux personnes, notre archevêque et l'abbé Sopoko. Je prie ardemment Dieu d'inspirer notre archevêque, afin qu'il daigne approuver ce petit chapelet si agréable à Dieu, et ce tableau, et qu'il ne retarde pas cette œuvre. 

 851. Aujourd'hui, tout d'un coup le regard du Seigneur m'a transpercé comme un éclair. Alors j'ai vu les petits grains de poussière dans mon âme. Voyant ma nullité toute entière, je tombai à genoux et je demandai pardon au Seigneur. Et avec une grande confiance, je me plongeai dans Son infinie miséricorde. Une telle connaissance ne me déprime pas, ni ne m'éloigne du Seigneur, mis elle éveille plutôt dans mon âme, un plus grand amour et une confiance sans bornes. Le repentir de mon coeur est uni à l'amour. Ces singulières lumières divines forment mon âme. O doux rayons Divins éclairez-moi jusque dans les plus secrètes profondeurs, car je désire parvenir à une plus grande pureté de coeur et d'âme. 

 852. Le soir une grande langueur s'est emparée de mon âme. Je pris la brochure avec l'image de Jésus miséricordieux. Je la serrais sur mon cœur et de mon âme jaillirent ces paroles : « Jésus, Amour éternel, pour Vous je vis, pour Vous le meurs. C'est à Vous que je désire m'unir. » Soudain je vis l Seigneur d'une beauté indicible, qui me regarda gracieusement et dit : « Ma fille, Moi aussi par amour pour toi je suis descendu du Ciel. Pour toi j'ai vécu, pour toi Je suis mort et pour toi j'ai crée les cieux. » Il m'a serrée contre Son Cœur et m'a dit : « Bientôt déjà, sois tranquille, Ma fille. » Quand je suis restée seule, mon âme fut enflammée du désir de la souffrance jusqu'au moment où le Seigneur dira : « Assez ». Et même si je devais vivre des milliers d'années, je vois à l'aide de la lumière Divine que c'est seulement un moment. L'âme? (Pensée inachevée.) 

 853. 29. XI.1936. 

Aujourd'hui, après la Sainte Communion, j'entendis dans mon âme une voix : « Ma fille, veille, car Je viendrai sans qu'on Me remarque. » Jésus, vous ne voulez pas me dire l'heure que j'attends avec tant de langueur ? - « Ma fille tu l'apprendras pour ton bien, mais pas maintenant. Veille. » O Jésus, faites de moi ce qu'il Vous plaira. Je sais que Vous êtes le Sauveur miséricordieux et je sais que Vous ne changerai pas pour moi l'heure de ma mort. Si dès maintenant, Vous me témoignez un amour si particulier et Vous daignez si gracieusement et confidentiellement Vous unir à moi, je m'attends à beaucoup plus à l'heure de ma mort. Vous, le Seigneur, mon Dieu, Vous ne pouvez changer. Vous êtes toujours le même. Les cieux peuvent changer, ainsi que tout ce qui a été crée, mais Vous, Seigneur, Vous êtes toujours le Même. Vous êtes dans les siècles. Donc venez, comme Vous voulez et quand Vous voulez. Père infiniment miséricordieux, moi, Votre enfant, j'attends avec nostalgie Votre venue. O Jésus, Vous avez dit dans le Saint Evangile: Vous serez jugés sur vos paroles. Jésus, je parle toujours de Votre indicible miséricorde, donc j'ai confiance que Vous allez me juger selon Votre insondable miséricorde. 

 854. 30.XII. 1936. 

l'année finit. Je prends la journée d'aujourd'hui pour ma retraite mensuelle. Mon esprit a approfondi les bienfaits que Vous avez répandus sur moi durant toute l'année. Mon âme a tremblé à la vue de l'immensité des grâces du Seigneur. De mon âme a jailli vers Dieu un hymne d'action de grâces. Toute une heure durant je me suis plongée dans l'adoration et dans l'action de grâces, méditant un à un, les bienfaits de Dieu et aussi mes petits manquements. Tout ce que cette année renfermait s'est engouffré dans l'éternité. Rien ne se perd. Je me réjouis que rien ne se perde. 

 855. 30. XII. 1936. 

Retraite d'un jour. Pendant la méditation du matin, j'ai ressenti une aversion et une répugnance pour tout ce qui est crée. Tout me paraît si pâle, mon esprit est détaché de tout. Je ne désire que Dieu seul, et cependant je dois vivre. C'est un martyre que je ne peux décrire. Dieu se donne à l'âme avec amour et l'entraîne dans les inconcevables profondeurs de la Divinité. Mais en même temps Il la laisse sur cette terre dans le seul but de souffrir et d'agoniser en languissant après Lui. Et ce puissant amour est si pur que Dieu, Lui-même y trouve Son délice. L'amour-propre n'a pas de part à ses actions, car ici tout est parsemé d'amertume, donc tout est très pur. La vie est une perpétuelle mort, douloureuse et terrible. Mais en même temps elle est la base de la vraie vie, du bonheur inconcevable, de la force de l'âme. Et par là même, l'âme est capable de grandes actions pour Dieu.

856. Le soir, j'ai prié pendant quelques heures, d'abord pour mes parents et ma famille, pour la Mère Générale et toute la Congrégation, pour nos élèves, pour trois prêtres à qui je dois beaucoup. J'ai parcouru le monde entier en long et en large et j'ai rendu grâce à l'insondable miséricorde de Dieu pour toutes les grâces données aux hommes. Et je Lui ai demandé pardon pour tout ce qui L'a offensé. 

 857. Pendant les vêpres, j'ai aperçu Jésus qui a regardé doucement et profondément mon âme. « Prends patience, ma fille, ce ne sera plus long. » Ce regard profond et ces paroles, ont donné à mon âme force, puissance et courage, ainsi qu'une étrange confiance que j'accomplirai tout ce qu'Il exige de moi, malgré tant d'énormes difficultés. Elles introduisirent aussi dans mon âme l'étrange conviction que le Seigneur est avec moi et qu'avec Lui je peux tout. Toutes les puissances du monde et de l'enfer entier ne me sont rien, tout doit s'écrouler de par la puissance de Son Nom. Je remets tout entre Vos mains, ô mon Seigneur et mon Dieu. Unique Chef de mon âme, dirigez-moi d'après Vos désirs éternels. 

 858. Cracovie, Pradnik I. I. 1937 

 Jésus, j'ai confiance en Vous ! Aujourd'hui, j'ai dit adieu à l'année 1936 et j'ai salué l'année 1937. C'est avec tremblement et appréhension qu'en cette première heure de l'année j'ai regardé bien en face ce laps de temps. Jésus miséricordieux, j'irai courageusement et bravement dans le combat et les batailles. En Votre Nom, j'accomplirai tout et je vaincrai tout. Mon Dieu, bonté infinie, je Vous en prie que Votre infinie miséricorde m'accompagne toujours e§t partout. En entrant dans cette nouvelle année, la peur me prend face à la vie. Mais Jésus éloigne de moi cette peur en me faisant connaître quelle grande gloire Lui procurera cette œuvre de la miséricorde. 

 859. Il y a des moments dans la vie où l'âme ne trouve d'apaisement que dans une profonde prière.. Que les âmes sachent persévérer dans l'oraison. En de tels moments, c'est une chose bien importante. 

 860. J. M. J. 

 Jésus, j'ai confiance en Vous ! Résolutions pour l'année 1937, 

1er jour du 1er mois. Résolutions détaillées, toujours les mêmes : 

 - m'unir au Christ miséricordieux. - comment aurait fait le Christ dans telle ou telle occasion ? - embrasser par l'esprit le monde entier, surtout la Russie et l'Espagne. Résolutions générales. 

 I. Stricte observance du silence. Calme intérieur. 

 II. Voir en chaque Sœur l'image de Dieu, de ce motif doit dériver tout l'amour du prochain. 

 III. A chaque moment de la vie, accomplir fidèlement la volonté de Dieu et en vivre. 

 IV. Rendre fidèlement compte de tout à mon directeur de conscience et ne rien entreprendre d'important sans m'être entendue avec lui. Je vais tâcher de lui dévoiler clairement les plus secrètes profondeurs de mon âme en me souvenant en me souvenant que c'est à Dieu seul que j'ai affaire, et que ce n'est qu'un homme qui Le remplace. Prier Dieu chaque jour qu'Il lui donne la lumière nécessaire. 

 V. A l'examen du soir, me poser cette question : « S'Il m'appelait aujourd'hui ? » 

 VI. Ne pas chercher Dieu au loin, mais demeurer avec Lui en tête-à-tête dans mon cœur. 

 VII. Dans épreuves et les contrariétés, recourir au tabernacle et me taire. 

 VIII. Unir toutes mes souffrances, prières, travaux et mortifications aux mérites de Jésus dans le but  d'obtenir miséricorde pour le monde. 

 IX. Profiter des moments libres, mêmes les plus petits pour prier à l'intention des agonisants. 

 X. Qu'il n'y ait pas un jour dans ma vie où je ne sollicite Votre grâce pour les œuvres de notre congrégation. 

 XI. N'avoir jamais aucun égard pour l'opinion humadine. N'être sur pied de familiarité avec personne. Envers nos élèves : avoir une douce fermeté, une patience sans bornes. Les punir sévèrement, mais avec des punitions de ce genre : prière et sacrifice de soi-même. La force contenue dans l'anéantissement de soi est pour elles un constant remords de conscience et cela fléchit leur cœur rebelle. 

 XII. La présence de Dieu est le fondement de toutes mes actions, mes paroles et mes pensées. 

 XIII. Profiter de chaque aide spirituelle. Remettre toujours l'amour-propre à sa place, c'est-à-dire la dernière. Faire mes exercices spirituels comme si je les faisais pour la dernière fois de ma vie, et accomplir tous mes devoirs de même. 

 861. 2. I. 1937. 

O Jésus, qu'il est grand Votre Nom Seigneur ! Il est la puissance de mon âme ! Lorsque les forces m'abandonnent et que les ténèbres envahissent mon âme, Votre Nom devient alors comme un soleil dont les rayons éclairent et réchauffent l'âme. Et sous leur ardeur l'âme embellit et rayonne de l'éclat de Votre Nom. Au doux Non de Jésus mon coeur bat plus fort. Il y a des moments où en entendant le Nom de Jésus je tombe en défaillance. Mon esprit s'élance vers Vous. 

 862. Ce jour est pour moi tout particulièrement un grand jour. Ce jour-là, je suis allée pour la première fois m'occuper de la peinture de cette image. Ce jour-là, la miséricorde divine a été pour la première fois particulièrement honorée au dehors, bien qu'elle soit connue depuis longtemps, mais cette fois-ci sous la forme que le Seigneur souhaitait. Ce jour de Fête du doux Nom de Jésus me rappelle bien des grâces particulières. 

 863. Aujourd'hui la Mère Supérieure de la Congrégation, qui assure le service de l'hôpital, est venue me voir avec une de ses Sœurs. Nous avons longuement parlé de choses spirituelles. J'ai reconnu en elle une grande ascète. C'est pour cela que notre conversation a été agréable à Dieu. Aujourd'hui une jeune fille est venue chez moi. J'ai reconnu qu'elle était souffrante, pas tant de corps que d'âme. Je la consolais autant que je pouvais, mais mes paroles de consolation ne suffisaient pas. C'était une pauvre orpheline, son âme était plongée dans l'amertume de la douleur. Elle me dévoila son âme et elle me raconta tout. J'ai compris que de simples mots de consolation ne suffiraient pas ici. J'ai imploré le Seigneur pour cette âme et j'ai offert à Dieu ma joie pour la lui donne à elle, et qu'il m'ôte tout sentiment de joie. Le Seigneur a exaucé ma prière. Pour moi resta la consolation qu'elle avait été consolée. 

 864. Adoration. 

Le premier dimanche du mois, pendant l'adoration, je me suis sentie si pressée d'agir que je me suis mise à pleurer. Et j'ai dit au Seigneur : « Jésus, ne me pressez pas, mais donnez l'inspiration à ceux qui, Vous le savez, retardent cette œuvre. » Et j'ai entendu ces mots : « Ma fille sois tranquille, ce ne sera plus long. »

 865. Pendant les vêpres, j'ai entendu ces paroles : « Ma fille, Je désire Me reposer en ton cœur, car beaucoup d'âmes M'ont aujourd'hui rejeté de leur cœur. » J'en ai éprouvé une tristesse mortelle. J'ai taché de consoler le Seigneur, en Lui faisant mille fois l'offrande de mon amour. J'ai ressenti en mon âme une grande aversion pour le péché. 

 866. Mon cœur est constamment abreuvé d'amertume, car je désire aller chez Vous, Seigneur, dans la plénitude de la vie. O Jésus, comme cette vie me semble un terrible désert. Il n'y a de nourriture ni pour mon cœur, ni pour mon âme sur cette terre. Je souffre et me languis de Vous, Seigneur.

Vous m'avez laissé, ô Seigneur, la Sainte Eucharistie. Mais elle attise davantage encore la nostalgie de mon âme envers Vous, Dieu éternel, mon Créateur. Jésus, je désire m'unir à Vous, daignez entendre les soupirs de Votre bien-aimée. Oh ! Comme je souffre de ne pouvoir encore m'unir à Vous. Mais qu'il en soit selon Vos désirs. 

 867. 5. I. 1937. 

Ce soir, j'ai vu un prêtre qui avait besoin de prières, pour une certaine affaire. J'ai prié ardemment, car cette affaire me tient aussi à cœur. Merci, Jésus pour cette bonté. 

 868. O Jésus miséricordieux, enveloppez le monde entier, et pressez-moi contre Votre Cœur?. Permettez, Seigneur que mon âme repose dans l'océan de Votre insondable miséricorde. 

 869. 6. I. 1937. 

 Aujourd'hui, pendant la Sainte Messe, je me suis inconsciemment plongée dans l'infinie Majesté de Dieu. Toute l'immensité de l'amour divin, inondait mon âme, en ce moment précis. J'ai compris combien Dieu s'est abaissé pour moi - ce Seigneur au dessus de tous les Seigneurs - et que suis-je moi, misérable pour que Vous ayez de telles relations avec moi ? La stupéfaction qui m' as saisie après cette grâce particulière se prolongea avec vivacité pendant toute la journée. Profitant de l'intimité à laquelle le Seigneur m'admet, je L'ai supplié pour le monde entier. Dans de tels moments, il me semble que le monde entier dépend de moi. 

 870. Mon Maître, disposez ainsi mon cœur : que je n'attende l'aide de personne, mais qu'au contraire je tâche toujours d'aider les autres, de les consoler et de les soulager en tout. J'ai le cœur toujours ouvert aux souffrances d'autrui. Je ne le ferme pas aux souffrances des autres des autres. C'est pour cela que l'on m'appelle, avec une allusion malicieuse, la pelle à poussière. C'est-à-dire, que chacune jette sa douleur dans mon cœur. J'ai répondu, que chacun a sa place en mon cœur. Et moi, en compensation, j'ai ma place dans le Cœur de Jésus. Ces allusions au droit d'amour ne rétrécissent pas mon cœur. Mon âme est toujours sensible sur ce point, et Jésus seul est le mobile de mon amour du prochain. 

 871. 7. I. 1937. 

Pendant l'Heure Sainte, le Seigneur me permit de goûter Sa Passion. J'ai partagé l'amertume dont était remplie Son âme durant la Passion. Jésus m'a fait comprendre combien l'âme doit être fidèle à l'oraison malgré les tourments, la sécheresse et les tentations. Car, pour la plupart, c'est d'une telle oraison que dépend la réalisation des desseins de Dieu qui sont parfois bien grands. Si nous ne persévérons pas dans cette oraison, nous déjouons que Dieu voulait accomplir par nous, ou en nous. Que chacun se rappelle ces paroles : « En proie à la détresse, Il priait de façon plus instante. » Je prolonge toujours semblable oraison autant qu'il es en mon pouvoir et en accord avec mes devoirs. 

 872. 8. 1. 1937. 

Vendredi matin, lorsqu j'allais à la chapelle pour la Sainte Messe, soudain j'ai aperçu sur le trottoir un grand buisson de genévrier dans lequel se trouvait un terrible chat qui me barrait le passage vers la chapelle, me regardant méchamment. Un soupir au Nom de Jésus dispersa tout. J'ai offert toute cette journée pour les pécheurs agonisants. Pendant la Sainte Messe j'ai ressenti d'une manière particulière la proximité du Seigneur. Après la Sainte Communion j'ai regardé le Seigneur avec confiance et je Lui dis : « Jésus, je désire tant Vous dire quelque chose. » Et le Seigneur me regarda avec amour et me dit : « Que désires-tu Me dire ? »- « Jésus, je Vous supplie par l'inconcevable puissance de Votre miséricorde, que toutes les âmes, qui agoniseront aujourd'hui échappent au feu de l'enfer, seraient-ce les âmes des plus grands pécheurs. C'est aujourd'hui vendredi, commémoration de <votre amère agonie sur la Croix et parce que Votre miséricorde est inconcevable, les Anges ne s'en étonneront pas. » Jésus me serra contre Son Cœur et dit : « Ma fille bien aimé, tu as bien reconnu l'immensité de Ma miséricorde. Je ferai comme tu m'en as prié. Mais unis-toi constamment à Mon Cœur agonisant et donne satisfaction à Ma justice. Sache que tu M'as priée pour une grande chose. Je vois que cela t'a été dicté par le pur amour que tu as pour Moi. C'est pourquoi Je vais satisfaite tes exigences. »

873. Marie, Vierge Immaculée, prenez-moi sous Votre protection particulière. Gardez la pureté de mon âme, de mon cœur et de mon corps. Vous êtes le modèle et l'étoile de ma vie. 

 874. J'ai éprouvé aujourd'hui une grande souffrance au moment de la visite de nos Sœurs. J'ai appris une chose, qui a profondément blessé mon cœur, cependant je me suis maîtrisée de telle façon que les Sœurs n'ont rien remarqué. Pendant un long moment la douleur déchira mon cœur. Mais tout cela c'est pour les pauvres pécheurs? O Jésus pour les pauvres pécheurs? Jésus, ma force, soyez près de moi, secourez-moi? 

 875. 10. I. 1937. 

J'ai prié aujourd'hui le Seigneur de m'accorder des forces pour que je puisse aller communier. « Mon Maître, je Vous prie de tout mon cœur languissant de me donner, si cela est conforme à Votre Sainte Volonté, toutes les souffrances et les faiblesses qu'Il Vous plaît. Je désire souffrir durant la journée et la nuit entière. Mais je Vous en supplie, fortifier-moi au moment où je dois communier. Vous voyez bien, Jésus, qu'on n'apporte pas la Sainte Communion aux malades. Alors si Vous ne me fortifiez pas pour ce moment-là afin que je puisse descendre à la chapelle, comment puis-je Vous recevoir dans le mystère de l'Amour ! Et Vous savez combien mon cœur languit de Vous. O mon doux époux, à quoi bon tant de plaintes ? Vous savez que je vous désire ardemment. Si Vous le voulez, Vous pouvez faire cela pour moi. » Le lendemain matin je me suis sentie tout-à-fait bien portante : défaillances et faiblesses avaient disparues. Cependant quand je suis revenue de la chapelle, toutes ces souffrances et ces faiblesses me sont immédiatement revenues comme si elles m'attendaient. Mais je n'avais plus du tout peur d'elles, car je m'était nourrie du Pain des Forts. Je regarde tout bravement droit dans les yeux, même la mort. 

 876. O Jésus caché dans l'hostie, mon doux Maître et fidèle Ami, mon âme est heureuse d'avoir un tel ami, qui me tient toujours compagnie. Je ne me sens pas seule, bien que je sois dans l'isolement. Jésus Eucharistie, nous nous connaissons, cela me suffit. 

 877, 12. I. 1937. 

 Aujourd'hui, lorsque le médecin est venu pour visiter les malades, je ne lui ai guère plu. J'étais naturellement plus souffrante et ma température était sensiblement plus élevée. Il va sans dire qu'il a décidé que je ne devais plus descendre pour la Sainte Communion jusqu'à ce que la température ait complètement baissé. J'ai répondu : « Bien, » quoique la douleur ait serré mon cœur. Mais j'ai dit que, si je n'avais pas de fièvre je descendrai. Il consent à cela. Quand le médecin fut sorti, j'ai dit au Seigneur : « Jésus, maintenant cela dépend de Vous que j'y aille ou non. » Et je n'y ai plus pensé quoique à chaque instant l'idée me venait : « Je ne vais pas pouvoir recevoir Jésus - non, c'est impossible - et non seulement une fois, mais plusieurs fois, jusqu'à ce que la température baisse. » Mais le soir j'ai dit au Seigneur : « Jésus, si mes Saintes Communions Vous sont agréables, je Vous prie humblement de n'avoir pas un seul degré de température demain matin. » Le matin je prends ma température et pense en moi-même : Si j'ai, ne serais-ce qu'un seul degré, alors je ne me lèverai pas, car ce serait contraire à l'obéissance. » Cependant je retire le thermomètre et il n'y avait pas un seul degré de température. J'ai sauté tout de suite au bas de mon lit et je suis allée communier. Lorsque le médecin est venu et que je lui ai dit que, n'ayant pas un seul degré de température, j'étais allée communier, il en fut étonné. Je l'ai prié de ne pas me faire de difficultés pour aller communier, car cela ne peut avoir une influence défavorable sur ma cure. Il a répondu : « Afin d'avoir la conscience tranquille, et en même temps afin de ne pas vous déranger, ma Sœur, arrangeons-nous de telle sorte qu s'il fait beau temps, s'il ne pleut pas, et que vous vous sentiez bien, alors vous pouvez aller communier. Mais en conscience soyez prudente. Je me suis réjouie que le médecin ait tant d'égards pour moi. Voyez-Vous, Jésus, ce que je devais faire, je l'ai déjà fait. Maintenant je compte sur Vous et je suis toute à fait tranquille.

878. J'ai vu aujourd'hui le Père Andrasz célébrer la Sainte Messe. Avant l'Elévation, j'ai aperçu le Petit Jésus qui, les petites mains tendues, était très joyeux. Puis, un moment après je ne vis plus rien. J'étais dans ma chambre séparée, continuant à faire mon action de grâces.. Cependant plus tard, j'ai pensé en moi-même : pourquoi l'Enfant Jésus était-Il si gai ? Car Il n'est pas toujours aussi gai, a ce que je vois. Soudain, j'entendis ces mots en mon âme : « Car Je me sens bien dans son cœur. » Et cela ne m'a pas du tout étonnée, car je sais que le Père aime beaucoup Jésus. 

 879. Mon union avec les agonisants continue d'être très étroite. Oh ! Que la miséricorde divine est inconcevable ! Dieu me permet par mon indigne prière, de venir en aide aux agonisants ! J'essaye, autant qu'il m'est possible, de me trouver auprès de chaque agonisant. Ayez confiance en Dieu car Il est bon et inconcevable. Sa miséricorde dépasse notre compréhension. 

 880. 14. I. 1937. 

Aujourd'hui Jésus est entré dans ma chambre particulière. Vêtu d'une robe claire, ceint d'une ceinture d'or, une grande majesté rayonnait de Sa personne et Il a dit : « Ma fille, pourquoi t'abandonnes-tu à des pensées alarmantes ? » J'ai répondu : « O Seigneur, Vous savez pourquoi. » Et Il m'a dit : « Pourquoi ? »- « Cette œuvre m'alarme. Vous savez que je suis incapable de l'accomplir. » Et Il a dit : Pourquoi ? » - « Vous voyez bien que je ne suis pas en bonne santé, que je n'ai pas d'instruction, que je n'ai pas d'argent, que je suis un abîme de misère et que les relations avec les gens me font peur. Jésus, je ne désire que Vous. Vous pouvez, Vous, me dispenser de cela. » Et le Seigneur m'a dit : « Ma fille, ce que tu as dit est vrai. Tu es très misérable. Mais il M'a plu de réaliser l'œuvre de la miséricorde, justement par toi, qui est la misère même. N'aie pas peur. Je ne te laisserai pas seule. Fait ce que tu peux dans cette affaire, Moi J'accomplirai tout ce dont tu es incapable. Tu sais ce qui est en ton pouvoir de faire, alors fais-le. » Le Seigneur a jeté ub regard plein e bienveillance au fond de mon être. J'ai cru que j'allais en mourir de joie. Le Seigneur disparut. En mon âme demeurèrent joie, puissance et force d'agir. Mais je suis étonnée de ce que le Seigneur ne veuille pas me dispenser et qu'Il ne change rien à ce qu'il a une fois décidé. Et malgré toutes ces joies, il y a toujours une ombre de douleur. Je vois que l'amour et la douleur vont de pair. 

 881. J'ai rarement de semblables visions, mai le plus souvent, mon commerce avec le Seigneur s'opère de manière très profonde. Les sens restent assoupis quoique ce soit imperceptible. Et tout ce qui touche à l'être divin, aux vérités révélées, ainsi qu'à la connaissance de ma propre misère, devient pour moi plus réel et plus clair que si je le voyais de mes yeux. En un instant l'esprit discerne plus que durant de longues années de réflexions approfondies et de méditations. 

 882. Rien ne me dérange dans cette union avec le Seigneur, ni la conversation avec le prochain, ni aucune tâche, quand bien même il s'agirait d'affaires très importantes, cela ne me dérange aucunement. Mon esprit est avec Dieu. Mon cœur est plein de Dieu, je ne le cherche donc pas en dehors de moi-même. Lui, le Seigneur transperce mon âme, comme le rayon de soleil transperce le verre. Lorsque j'étais enfermée dans le sein de ma mère, je ne lui étais pas aussi unie que je le suis à mon Dieu. Là, c'était l'inconscience. Ici c'est la réalité en plein, ainsi que la conscience de l'union. Mes visions sont purement intérieures. Mais mieux je les comprends. Moins je puis les exprimer en paroles. 

 883. Oh ! Comme le monde spirituel est beau ! Et il est si réel qu'en comparaison, la vie extérieure n'est que vain leurre, impuissance. 

 884. Jésus, donnez-moi force et sagesse pour que je puisse venir à bout de ce terrible désert, pour que mon cœur sache supporter patiemment la nostalgie de Vous, ô mon Seigneur ! Je demeure toujours dans un saint étonnement, quand je vois que Vous Vous approchez de moi, Vous, le Seigneur possesseur d'un terrible trône, que Vous descendez dans ce misérable exil et venez chez une pauvre mendiante qui n'a rien hors la misère. Je ne sais Vous régaler, mon Prince royal, mais Vous savez que je vous aime de chaque tressaillement de mon cœur. Je vois que Vous Vous abaissez, mais cependant Votre Majesté ne diminue pas à mes yeux. Je sais que Vous m'aimez d'un amour d'Epoux et cela me suffit, bien qu'un grand abîme nous sépare, car Vous êtes le Créateur et moi Votre créature. Pourtant, l'amour seul explique notre union, hors de lui tout est incompréhensible. Seul l'amour explique cette inconcevable intimité avec laquelle Vous me fréquentez. O Jésus, Votre grandeur m'effraie et je serais dans un étonnement constant et une peur continuelle, si Vous ne m'apaisiez pas Vous-même. Vous me rendez capable d'avoir commerce avec Vous. 

 885. 15. I. 1937. 

La tristesse ne s'installe pas dans un cœur qui aime la volonté divine. Mon cœur languissant après Dieu ressent toute la misère de l'exil. J'avance courageusement, quoique mes pieds se blessent, vers ma patrie. Et en route, je me nourris de la volonté divine. Elle m'est nourriture. Secourez-moi, vous, les heureux habitants de la patrie céleste afin que votre sœur ne faiblisse pas en route. Le désert est terrible, pourtant je marche le front levé et de mes yeux je fixe le soleil, c'est-à-dire Votre Cœur miséricordieux. 

 886. 19. I. 1937. 

Ma vie s'écoule maintenant dans une calme conscience de Dieu. Mon âme silencieuse vit de Lui et cette vie consciente de Dieu dans mon âme m'est source de bonheur et de force. Je ne cherche pas de bonheur en dehors de la profondeur de mon âme dans laquelle demeure Dieu. Je suis consciente de cela. Je sens comme un besoin de me communiquer aux autres. Je découvre en mon âme la source du bonheur, c'est Dieu. O mon Dieu, je vois que tout ce qui m'entoure est comblé de Dieu. Et c'est mon âme qui est la plus comblée, elle qui est ornée de la grâce de Dieu. Je commence maintenant ce dont je vivrai dans l'éternité. 

 887. Le silence est un langage si puissant, qu'il atteint le trône du Dieu vivant. Le silence est Sa parole qui, bien que mystérieuse, est puissante et vivante. 

 888. Jésus, vous me faites voir et comprendre en quoi consiste la grandeur de l'âme : ce n'est pas dans de grandes actions, mais dans un grand amour. L'amour a de la valeur, et c'est lui qui donne de la valeur à nos actions. Et, bien que nos actes soient petits et ordinaires en eux-mêmes, à cause de l'amour, ils deviennent grands et puissants devant Dieu. 

 889. L'amour est un mystère qui transfigure tout ce qu'il touche en des choses belles et agréables à Dieu. L'amour de Dieu rend l'âme libre. Elle est comme une reine, qui ne connaît pas la contrainte de l'esclavage. Elle entreprend tout avec grande aisance, car l'amour qui l'habite lui donne l'impulsion pour agir. Tout ce qui l'entoure lui fait comprendre que Dieu seul est digne de son amour. L'âme amoureuse de Dieu est plongée en Lui. Elle va à son devoir dans les mêmes dispositions qu'à la Sainte communion. Et elle accomplit la plus simple action avec un grand soin sous le regard amoureux de Dieu. Elle ne se trouble pas lorsque, après un certain temps, quelque chose se révèle peu réussi. Elle reste calme, car au moment d'agir elle a fait ce qui était en son pouvoir.. Lorsqu'il arrive que la présence vivante de Dieu la quitte, cette présence dont elle jouit presque sans cesse, elle tâche alors de vivre de foi pure. Cette âme comprend qu'il y a des moments de repos t des moments de lutte. Par la volonté elle est toujours avec Dieu. Cette âme est exercée au combat comme un chevalier, elle voit de loin où l'ennemi se cache et elle est prête à la lutte. Elle sait qu'elle n'est pas seule, Dieu est sa force. 

 890. 21. I. 1937. 

 Aujourd'hui, dès ce matin, je suis étrangement unie au Seigneur. Dans la soirée, le prêtre de l'hôpital est venu me voir. Après un moment de conversation, je sentis que mon esprit commençait à se plonger davantage en Dieu et j'ai commencé à perdre la notion de ce qui se passait autour de moi. J'ai prié ardemment Jésus : « Donnez-moi la possibilité de causer ». Et le Seigneur me l'a donnée. Je pouvais parler aisément. Mais il y eut un moment où je n'ai pas compris ce que le prêtre a dit. J'entendais sa voix, mais il ne m'était pas possible de le comprendre. Je lui ai demandé pardon de ne pas comprendre ses paroles bien que j'entendisse sa voix. C'était un instant de cette grâce d'union avec Dieu, mais imparfaite, car les sens agissant extérieurement, mais également d'une manière imparfaite, il n'y a pas de complète fusion en Dieu, c'est-à-dire de suspension des sens, comme cela arrive souvent : On entend ni ne voit rien de l'extérieur. L'âme entière est aisément toute plongée en Dieu. Lorsque j'éprouve cette grâce, je désire être seule. Je prie Jésus qu'Il me mette à l'abri des regards des créatures. J'avais vraiment bien honte devant ce prêtre. Mais je me suis tranquillisée, car il a eu un peu connaissance de mon âme par la confession. 

 891. Aujourd'hui le Seigneur me fit connaître en esprit le couvent de la miséricorde divine. J'ai vu dans ce couvent une haute spiritualité mais tout était pauvre et très simple. O mon Jésus, Vous me faites demeurer en esprit avec ces âmes, mais peut-être mon pied ne se posera-t-il jamais là-bas ! Mais que Votre Nom soit béni et qu'il en soit selon Votre Volonté. 

 892. 22. I. 1937. 

 C'est aujourd'hui vendredi. Mon âme est dans une mer de souffrances. Les pécheurs m'ont tout pris, mais c'est bien pour eux. J'ai tout donné afin qu'ils connaissent Votre bonté et Votre infinie miséricorde. Quant à moi, je vous resterai fidèle sous les arcs-en-ciel comme dans les orages. 

 893. Aujourd'hui, le médecin a décidé que je ne devais pas aller à la Sainte Messe, mais seulement à la Sainte communion. Je désirais beaucoup assister à la Sainte Messe, mais mon confesseur, d'accord avec le médecin, m'a dit d'être obéissante ; « La volonté de Dieu, ma Sœur, est que vous soyez bien portante. Il vous est défendu de vous mortifier en quoi que ce soit. Soyez obéissante et Dieu vous en récompensera. » J'ai senti que ces paroles du confesseur étaient les paroles de Jésus. Et quoique je regrette de manquer la Sainte Messe, durant laquelle Dieu me donnait la grâce de voir le petit Enfant Jésus, cependant je préfère l'obéissance à tout autre chose. Je m'était plongée dans l'oraison et je récitait la pénitence lorsque soudain j'ai aperçu le Seigneur qui m'a dit : « Ma fille, sache que tu me rends une plus grande gloire par un acte d'obéissance que par de longues prières et des mortifications. » Oh ! Qu'il est bon de vivre dans l'obéissance, en ayant conscience que tout ce que je fais est agréable à Dieu. 

 894. 23. I. 1937. 

Aujourd'hui je n'avais pas envie d'écrire. Soudain j'ai entendu dans mon âme une voix : « Ma fille, tu ne vis pas pour toi, mais pour les âmes. Ecris pour leur profit. Tu sais que Ma volonté quant à tes écrits, t'a été bien souvent confirmée par tes confesseurs. Tu sais ce qui M'est agréable et si tu as quelques doutes quant à Ma parole, tu sais aussi qui tu dois interroger. Je lui donne la lumière pour qu'il juge Mon affaire. Mon œil veille sur lui. Ma fille, tu dois être, comme un enfant envers lui, pleine de candeur et de franchise. Préfère son opinion à toutes Mes exigences. Il te conduira selon Ma volonté. S'il ne te permet pas d'accomplir Mes exigences, sois tranquille, Je ne te jugerai pas. Cette affaire restera entre Moi et lui. Toi, tu dois être obéissante. » 

 895. 25. I. 1937. 

 Mon âme est plongée aujourd'hui dans l'amertume. O Jésus, ô mon Jésus, à chacun il est permis de me donner de la souffrance. Et Vous, ô Jésus, Vous avez le devoir de me donner puissance et force en ces durs moments. Hostie Sainte, soutiens-moi et ferme mes lèvres au murmure et à la plainte. Lorsque je fais silence, je sais que je remporte la victoire. 

 896. 27. I. 1937. 

 Je sens une amélioration considérable de ma santé. Jésus me ramène des portes de la mort à la vie, puisque j'ai manqué mourir. Et voila que le Seigneur m'accorde pleinement la vie. Quoique je doive encore rester au sanatorium, je suis déjà presque bien portante. Je vois que la volonté ne s'est pas encore accomplie en moi, c'est pourquoi je dois vivre. Car je sais bien que, si j'accomplis tout ce que Dieu a décidé à mon égard sur la terre. Il ne me laissera pas plus longtemps en exil Car ma maison c'est le Ciel. Mais avant d'entrer dans la Patrie, nous devons accomplir la volonté divine sur la terre, c'est-à-dire que les épreuves et les luttes doivent œuvrer en nous. 

 897. O mon Jésus, Vous me redonnez la santé et la vie. Donnez-moi donc la force de combattre, car sans Vous, je ne suis capable de rien. Donnez-moi la force, car vous pouvez tout. Vous voyez que je ne suis qu'une frêle enfant, que puis-je ? Je connais toute la puissance de Votre miséricorde. Et j'ai pleine confiance que Vous me donnerez tout ce dont Votre faible enfant a besoin. 

 898. Comme j'ai beaucoup désiré la mort, je ne sais si j'aurai encore dans la vie une telle nostalgie de Dieu. Il y eut moments où je tombais en défaillance à cause de cela. Oh ! que la terre est vilaine quand on connaît le Ciel. Je dois me faire violence pour vivre. O volonté divine, tu es ma nourriture. 

 899. Oh ! Que la vie est grise et pleine de choses incompréhensibles. J'y exerce ma patience et puis, vient l'expérience. Je comprends beaucoup et j'apprends chaque jour. Je vois que je sais peu et je découvre constamment des fautes dans ma conduite. Mais cela ne me décourage pas. Je remercie seulement Dieu de daigner m'accorder Sa lumière pour me connaître moi-même. 

 900. Il y a une personne qui met ma patience à rude épreuve, je dois lui consacrer beaucoup de temps. Quand je cause avec elle, je sens qu'elle ment continuellement. Et parce qu'elle me parle de choses lointaines que je ne puis vérifier, ce mensonge lui échappe. Mais je suis intérieurement persuadée qu'il n'y a aucune vérité dans ce qu'elle dit. Lorsqu'une fois j'ai été prise de doutes me demandant si c'était moi qui me trompait et que peut-être elle disait la vérité, j'ai prié Jésus de me donner le signe suivant. Si réellement elle mentait qu'elle me l'avoue elle-même quel que fut le sujet sur lequel j'avais la certitude qu'elle mentait. Et si elle disait la vérité, que Jésus m'ôte la conviction qu'elle ment. Un moment après, elle vint me voir à nouveau et me dit : « Je vous demande bien pardon, ma sœur, mais j'ai menti en disant telle et telle chose. » J'ai compris que la lumière que j'avais intérieurement sur cette personne, ne me trompait pas.

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