Journal de Soeur Faustine de 1801 à 1827 (Fin).
1801. Le lendemain, j'ai perçu des mots distincts : « Vois-tu, Dieu est Saint et tu es pécheresse N'approche pas de Lui et confesse-toi chaque jour. » Mais de fait, je n'ai pas manqué la Sainte Communion et j'ai résolu de me confesser au temps prescrit n'ayant aucun empêchement spécial. Quand le jour de la confession arriva, j'avais préparé toute une liste de péchés pour m'en accuser. Cependant, quand je me suis approchée de la grille, Dieu me permit de ne m'accuser que de deux imperfections, malgré mes efforts pour me confesser comme je m'y étais préparée. Lorsque je suis sortie du confessionnal, le Seigneur m'a dit : « Ma fille, tous ces péchés que tu voulais confesser ne sont pas péchés à Mes yeux. C'est pourquoi Je t'ai ôté la possibilité de les exprimer. » J'ai compris que Satan, voulant troubler mon calme, me donne des pensées exagérées. Mon Sauveur, comme Votre bonté est grande !
1802. Un autre jour où je me préparais à la Sainte Communion, voyant que je n'avais rien à Lui offrir, je suis tombée à Ses pieds, appelant toute Sa miséricorde pour ma pauvre âme. Que Votre grâce qui s'épanche de Votre Cœur charitable sur moi, me donne des forces pour le combat et la souffrance, afin que je Vous reste fidèle. Bien que je sois une telle misère, je n'ai pas peur de Vous. Rien ne m'intimidera devant Vous, mon Dieu, car je connais Votre Miséricorde. Et la connaissance que j'en ai est bien au-dessous de la réalité, je le vois clairement. Ici finit le sixième et dernier cahier des notes de Sœur Faustine Kowalska, religieuse professe perpétuelle de la Congrégation de la Divine Mère de la Miséricorde.
J.M.J. Cracovie 10.I.I938
MES PREPARATIONS A LA SAINTE COMMUNION
Sœur Marie Faustine Du Très Saint Sacrement Congrégation des Sœurs de la Divine Mère de Dieu de la Miséricorde Archives de la Servante de Dieu S (oeur) M(arie) Faustine Kowalska
1803. Le moment le plus solennel de ma vie est le moment où je reçois la Sainte communion. Je languis après chaque Sainte Communion et pour chacune d'elles, je rends grâce à la Sainte Trinité. Les anges, s'ils le pouvaient seulement, nous envieraient deux choses : La réception de la Sainte Communion et la souffrance.
1804. Aujourd'hui je me prépare à Votre arrivée, comme une fiancée attendant son fiancé. C'est un grand Seigneur que mon Fiancé. Les cieux ne peuvent Le contenir. Les Séraphins, qui se tiennent le plus près de Lui, voilent leur face et répètent sans cesse : Saint, Saint, Saint. Ce grand Seigneur, c'est mon Epoux. C'est pour Lui que chantent les Choeurs des anges. C'est devant Lui que s'agenouillent les Trônes et devant Sa clarté le soleil pâlit. Et cependant, ce Grand Seigneur est mon Epoux. O mon coeur, sors de cette profonde méditation sur la manière dont les autres L'adorent. Tu n'as plus assez de temps, car Il s'approche et déjà Il est à ta porte. Je sors à Sa rencontre et je l'invite dans la demeure de mon cœur, en m'abaissant profondément devant Sa Majesté. Mais le Seigneur me soulève de la poussière et m'invite comme Son épouse à m'asseoir auprès de Lui et à Lui dire tout ce que j'ai dans le cœur. Et moi, encouragé par Sa bonté, j'incline la tête sur Sa poitrine et je Lui parle de tout. D'abord, ce que je ne dirais jamais à aucune créature. Ensuite des besoins de l'Eglise, des âmes des pauvres pécheurs et combien ils ont besoin de Sa Miséricorde. Mais le temps passe vite. Jésus je dois m'en aller remplir les devoirs qui m'attendent.
1805. Jésus me dit qu'il y a encore le temps de prendre congé. Un profond regard réciproque et, pour un instant, nous voici séparés, en apparence, mais jamais en réalité. Nos cœurs sont perpétuellement unis. Même si extérieurement, je suis distraite par mes devoirs, la présence de Jésus me plonge continuellement dans un profond recueillement.
1806. Aujourd'hui, ma préparation à la venue de Jésus est courte, mais empreinte d'un amour ardent. Je suis toute pénétrée de la présence de Dieu qui enflamme mon amour pour Lui. Point de mots, seulement une intelligibilité intérieure. Je me plonge toute entière en Dieu, par amour. Le Seigneur s'approche de la demeure de mon cœur. Après avoir reçu la Sainte Communion, il me reste juste assez de présence d'esprit pour retourner à mon prie-Dieu. Au même moment, mon âme d'abîme complètement en Lui et je ne sais plus ce qui se passe autour de moi. Dieu me donne une connaissance intérieure de Son Etre divin. Ces moments sont courts, mais pénétrants. L'âme sort de la chapelle profondément recueillie et il n'est pas facile de la distraire. Dans ces moments là, c'est comme si je ne touchais terre que d'un pied. Aucun sacrifice, en ce jour n'est difficile ni dur. Tout n'est que l'occasion d'un nouvel acte d'amour.
1807. Aujourd'hui, j'invite Jésus dans mon cœur comme Amour. Vous êtes l'Amour- même. Le Ciel entier s'enflamme pour Vous et se remplit d'amour. Mon âme Vous convoite, comme une fleur désire le soleil. Jésus, hâtez-Vous de venir en mon cœur. Car Vous voyez que comme la fleur se tourne vers le soleil, ainsi mon cœur s'élance vers Vous. J'épanouis la corolle de mon cœur pour recevoir Votre amour.
1808. Quand Jésus entra dans mon cœur, mon âme toute entière frémit de vie et de chaleur. Jésus, prenez l'amour de mon cœur et versez-lui le Vôtre : un amour chaleureux et rayonnant, qui sait porter chaque offrande, qui sait s'oublier totalement. Toute ma journée d'aujourd'hui est empreinte de sacrifice?
1809. Je me prépare aujourd'hui, à l'arrivée, du Roi. Qui suis-je et qui êtes Vous, ô Seigneur, Roi de gloire - de gloire immortelle ? O mon cœur, te rends-tu compte de Celui qui vient aujourd'hui chez toi ? Oui, je le sais, mais cet étonnant, c'est inconcevable pour moi. Oh ! Si c'était seulement un roi ! Mais c'est le roi des rois et le Seigneur des Seigneurs ! Devant Lui, tremblent toute puissance et autorité. Il vient aujourd'hui dans mon cœur. Maintenant, j'entends qu'Il s'approche. Je vais à Sa rencontre et je L'invite. Quand Il entra dans la demeure de mon cœur, un si grand respect s'empara de mon âme que celle-ci s'évanouit d'effroi et tomba à Ses pieds. Jésus lui tendit la main et permit gracieusement qu'elle prenne place auprès de Lui. Il la rassura : « Vois donc, J'ai quitté Mon trône céleste pour M'unir à toi. Ce que tu vois c'est à peine un coin du voile soulevé et déjà ton âme défaille d'amour. Mais quel étonnement pour ton cœur quand tu me verras dans toute Ma gloire.
1810. Et je veux te dire que cette vie éternelle doit commencer ici, sur cette terre par la Sainte Communion. Chaque Communion te rendras plus capable de communier avec Dieu pour toute l'éternité avec Dieu.» Eh bien, mon Roi, je ne vous demande rien, bien que je sache que Vous pouvez tout me donner. Je réclame une seule chose : « Restez pour tous les siècles le Roi de mon cœur. Cela me suffit.» Je renouvelle aujourd'hui la soumission à mon Roi par la fidélité aux inspirations intérieures.
1812. Aujourd'hui je ne m'efforce pas à une préparation spéciale. Je suis incapable de penser tant mes sentiments sont multiples. Je languis après le moment où Dieu viendra dans mon cœur. Je me jette dans ses bras et Lui parle de mon insuffisance et de ma misère. Je déverse toute la douleur de mon cœur, douleur de ne pouvoir L'aimer autant que je désire. Je pénètre mon âme des actes de foi, d'espérance et de charité. Et c'est ainsi que je vis toute la journée.
1813. Aujourd'hui, ma préparation est courte. L'amour fort et vif déchire presque le voile de la foi. La présence de Dieu pénètre mon cœur comme un rayon de soleil pénètre le cristal. Au moment où je recevrai Dieu, tout mon être s'enfoncera en Lui. La stupéfaction et l'admiration s'emparent de moi quand je contemple la grande majesté divine, qui S'abaisse jusqu'à moi qui suis la misère même. J'éprouve une immense gratitude envers Lui pour toutes les grâces qu'Il m'accorde et surtout pour la grâce de la vocation à Son service exclusif.
1814. Aujourd'hui je désire dans la Sainte Communion m'unir très étroitement à Jésus. Je désire Dieu si vivement qu'il me semble que le moment où le prêtre me donnera la Sainte Communion ne viendra jamais. Mon âme défaille à cause de son désir de Dieu. Quand je l'ai reçu dans mon cœur le voile de la foi s'est déchiré.
1815. J'aperçus Jésus qui me dit : « Ma fille, ton amour Me récompense de la froideur de beaucoup d'âmes. » Après ces mots je restai seule. Mais toute la journée durant je vécus en esprit de réparation.
1816. Aujourd'hui, je sens dans mon âme l'abîme de ma misère. Je désire m'approcher de la Sainte Communion comme d'une source de miséricorde et de me noyer toute dans cet océan d'amour. Quand j'ai reçu Jésus, je me suis jetée toute en Lui, comme dans l'abîme de l'impénétrable miséricorde. Et plus je sentais que je suis la misère même, plus augmentait ma confiance en Lui. Dans cet abaissement je passais toute la journée.
1817. Aujourd'hui, mon âme a la disposition d'un enfant. Je m'unis à Dieu, comme l'enfant à son Père. Je me sens, en plénitude, enfant de Dieu.
1818. Quand je reçus la Sainte Communion, j'ai eu une plus profonde connaissance du Père Céleste et de Sa paternité par rapport aux âmes. Je vis aujourd'hui en glorification de la Sainte Trinité. Je remercie Dieu qu'Il daigne nous admettre, par la grâce, au nombre de Ses enfants.
1819. Aujourd'hui je désire me transformer toute entière en amour de Jésus et m'offrir avec Lui au Père Céleste Pendant la Sainte Messe, j'aperçus le petit Jésus dans le calice qui me dit : « Je demeure ainsi dans ton cœur comme tu Me vois dans ce calice.»
1820. Après la Sainte Communion, je sentis dans mon propre cœur les battements du Cœur de Jésus. Quoique depuis longtemps, j ai la conscience que la Sainte Communion subsiste en moi jusqu'à la Communion suivante : toute la journée aujourd'hui, j'adore Jésus dans mon cœur et je Le prie pour qu'Il protège, par Sa grâce, les petits enfants du mal qui les menace. La vive présence de Dieu se laisse ressentir même physiquement. Elle dure toute la journée et ne me trouble nullement dans mes occupations.
1821. Aujourd'hui, mon âme veut d'une manière toute spéciale, manifester mon amour à Jésus. Quand le Seigneur entra dans mon cœur, j'ai jeté mon cœur à Ses pieds comme un bouton de rose. Je désire que le parfum de mon amour s'élève sans cesse au pied de Votre Trône. Daignez voir Jésus, dans ce bouton de rose tout mon cœur pour Vous. Non seulement en ce moment où mon cœur est brûlant comme une braise, mais pendant toute la journée. Je Vous donnerai des preuves de mon amour par la fidélité à la grâce divine. Aujourd'hui je saisirai avec empressement toutes les difficultés et souffrances que je rencontrerai, comme des boutons de roses, pour les jeter aux pieds de Jésus. Qu'importe que la main ou plutôt le cœur saigne?
1822. Aujourd'hui mon âme se prépare à la venue du sauveur qui est la bonté et l'amour même. Les tentations et les distractions me tourmentent et ne me permettent pas de me préparer à la venue du Seigneur. C'est pourquoi je désire Vous accueillir plus chaleureusement. Mon Seigneur, car je sais que quand Vous viendrez, Vous m'affranchirez de ces tourments. Et si Votre volonté est que je souffre, et bien ! Fortifiez-moi pour la lutte. Jésus sauveur, qui avez daigné venir dans mon cœur, chassez ces distractions qui m'empêchent de parler avec Vous. Jésus me répondit : « Je veux que tu sois comme un chevalier exercé à la lutte, qui sache au milieu du fracas des balles, donner des ordres aux autres. Ainsi toi, Mon enfant, sache te maîtriser dans les plus grandes difficultés et que rien ne t'éloigne de Moi, pas même tes chutes. » Aujourd'hui, j'ai lutté durant toute la journée avec une certaine difficulté que Vous connaissez Jésus?
1823. Aujourd'hui mon cœur tremble de bonheur. Je désire beaucoup que Jésus vienne dans mon cœur qui languit et s'enflamme d'un amour grandissant. Quand Jésus arriva, je me suis jetée dans ses bras, comme un petit enfant. Je Lui ai raconté ma joie. Jésus prêtait l'oreille à mes épanchements d'amour. Je lui ai demandé pardon de ne pas m'être préparée à la Sainte Communion. Mais continuellement je pensais goûter cette joie le plus vite possible. Jésus me répondit qu'une telle préparation Lui est agréable, « ainsi que la joie avec laquelle tu M'as reçu dans ton cœur aujourd'hui. Aujourd'hui, d'une manière toute spéciale, je bénis ta joie. Rien, tout au long de ce jour, ne troublera ta joie? »
1824. Aujourd'hui, mon âme se prépare à l'arrivée du Seigneur qui peut tout, qui peut me rendre parfaite et sainte. Je me prépare soigneusement à Son accueil, alors surgit une difficulté. Comment me présenter a Lui ? Et voilà que j'ai tout de suite rejetée. Je me présenterai comme mon cœur va me le dicter.
1825. Quand je reçus Jésus dans le Sainte Communion, mon cœur s'écria de toute sa force : « Jésus, changez tout mon être en une autre hostie Je veux être une hostie vivante pour Vous. Vous êtes le Seigneur, grand et Tout-Puissant. Vous pouvez m'accorder cette grâce. » Et le Seigneur me répondit : « Tu es une vivante hostie agréable au Père Céleste. Mais prends en considération ce qu'est l'hostie : Le sacrifice, eh bien !... » O mon Jésus, je comprends la signification de l'hostie, je comprends la signification du sacrifice. Je veux être devant Votre Majesté une hostie vivante, cela veut dire un vivant sacrifice, qui tous les jours brûlera en Votre honneur. Quand mes forces commenceront à faiblir, c'est la Sainte Communion qui me soutiendra et me donnera la force. Vraiment, je crains le jour où je ne recevrai pas la Sainte Communion. Mon âme puise une force étonnante dans la Sainte Communion O vivante hostie, Lumière de mon âme.
1826. Aujourd'hui mon âme se prépare à la Sainte Communion comme à un banquet nuptial où tous les convives resplendissent d'une étrange beauté. Et moi aussi je suis invitée à ce banquet. Mais je ne vois pas en moi, cette beauté, mais un abîme de misère. Et quoique je ne me sente pas digne de me mettre à table, pourtant je vais me glisser sous la table aux pieds de Jésus et je vais ramasser au moins les miettes qui tombent sous la table. Comme je connais Votre miséricorde, je m'approche de Vous, Jésus, car ma misère manquera avant que ne s'épuise la pitié de Votre Cœur. Aujourd'hui je vais donc éveiller ma confiance dans la miséricorde divine.
1827. Aujourd'hui, Sa Majesté divine m'enveloppe. Je ne sais que faire pour me préparer mieux. Je suis généralement plongée en Dieu. Mon âme s'enflamme de Son amour. Je sais seulement que j'aime et que je suis aimée. Cela me suffit. Pendant la journée je tâche d'être fidèle à l'Esprit Saint et de répondre à Ses exigences. Je cherche le silence intérieur pour pouvoir entendre Sa voix.
Concordat cum originali
Cracovie, 18 septembris 1968 Curia Metropolitana Cracoviensis Vice Cancellarius Curiae
fin du Petit Journal de Sainte Faustine, apôtre de la Miséricorde Divine.