Jeudi Saint. La messe du soir en mémoire de la Cène. Le lavement de pieds.

04/04/2023

Le Jeudi Saint

La messe du soir en mémoire de la Cène
Avec la messe qui se célèbre le soir du Jeudi de la Semaine Sainte, l'Eglise entre dans les trois jours saints de la liturgie de Pâques. L'unique messe du Jeudi Saint, célébrée « en mémoire de la Cène du Seigneur », est tout orientée vers les mystères de l'Eucharistie, de l'institution de l'Ordre sacerdotal et du commandement de la charité fraternelle.

« Avec la messe qui se célèbre le soir du Jeudi de la Semaine sainte, l'Eglise commence le Triduum pascal et s'applique à rappeler la dernière Cène, au cours de laquelle le Seigneur Jésus, la nuit même où il fut livré, aimant jusqu'au bout les siens qui étaient dans le monde, offrit à Dieu son Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin, les donna à ses apôtres en nourriture et leur ordonna, à eux et à leurs successeurs dans le sacerdoce, de les offrir. » (De festis paschalibus n° 44)

1. L'ouverture du Triduum pascal

    Le temps du Carême se termine le soir du Jeudi Saint ; la messe en mémoire de la Cène du Seigneur ouvre alors le Triduum pascal, sommet de l'année liturgique.

« Le Christ a accompli l'œuvre de la rédemption des hommes et de la parfaite glorification de Dieu principalement dans son mystère pascal, par lequel, en mourant, il a détruit notre mort et, en ressuscitant, il a restauré la vie. Aussi le Triduum pascal de la Passion et de la Résurrection du Seigneur brille-t-il comme le sommet de l'année liturgique. De même que le dimanche constitue le sommet de la semaine, la solennité de Pâques constitue le sommet de l'année liturgique. » NUAL (n° 19) « Le Triduum pascal de la Passion et de la Résurrection du Seigneur commence avec la messe vespérale In Cena Domini, la Vigile pascale constitue son centre, et il se termine avec les vêpres du dimanche de la Résurrection. » NUAL (n° 19)

2. Couleur liturgique

    La couleur utilisée pour les ornements liturgiques le Jeudi Saint est le blanc.

« La couleur blanche est employée (…) aux célébrations du Seigneur, qui ne sont pas celles de sa Passion (…)

Aux jours les plus solennels on peut employer des vêtements sacrés festifs ou particulièrement nobles, même s'ils ne sont pas de la couleur du jour. » PGMR (346)

3. Avant la messe du soir : préparatifs de la célébration

  • Le tabernacle doit être vide avant le début de la messe (car pour la liturgie, tout commence le Jeudi Saint) et ne porte donc pas de conopée ou voile :

« Le tabernacle doit être absolument vide avant la célébration. On doit consacrer dans la célébration du sacrifice eucharistique les hosties pour la communion des fidèles. On consacrera tout ce qu'il faudra de pain pour donner la communion aussi le lendemain. » (De festis paschalibus n° 48)

  • Préparation de la chapelle du reposoir :
  • A la fin de la célébration, le Saint-Sacrement sera retiré de l'église jusqu'à la veillée pascale. L'eucharistie sera transportée solennellement en un lieu que l'on nomme "reposoir" :

« La chapelle du reposoir est préparée pour garder le pain eucharistique en vue de la communion du Vendredi-Saint. » (De festis paschalibus n° 55)

    Dans une chapelle appropriée, on prépare le reposoir : un autel portant un tabernacle ou un coffret fermant à clé pour contenir le Saint Sacrement dans le grand ciboire, entouré par des cierges, des fleurs (qui ne doivent pas cacher la porte du tabernacle) et d'autres décorations opportunes, qui doivent rester sobres.

« Pour conserver le Saint-Sacrement, on prépare une chapelle, convenablement décorée pour inviter à la prière et à la méditation ; on recommande fortement une austérité en accord avec la liturgie de ces jours, en évitant ou en supprimant les abus sur ce point.
Quand le tabernacle est placé ordinairement dans une chapelle distincte de la nef de l'église, il est bon d'en faire le lieu de la reposition et de l'adoration. » (De festis paschalibus n° 49)

  • L'autel est orné de fleurs avec modération.


4. La messe du soir en mémoire de la Cène du Seigneur

« La messe en mémoire de la Cène du Seigneur est célébrée le soir, à l'heure qui convient le mieux pour la pleine participation de toute la communauté locale. » (De festis paschalibus n° 46)

  • Après le chant d'Entrée et le rite pénitentiel, on chante le Gloria in excelsis tandis que les cloches sonnent.

« Pendant le chant du Gloria, les cloches sonnent, selon les coutumes locales ; elles se taisent ensuite jusqu'au Gloria de la Veillée pascale » (De festis paschalibus n° 50)

  • Lectures de la messe du Jeudi Saint :

Première lecture : (Ex 12,1-14) Le récit de la Pâque juive : L'agneau pascal immolé et mangé au cours du repas de la Pâque par les familles d'Israël préfigure le Christ Agneau de Dieu immolé sur la croix qui enlève les péchés du monde.
Psaume 115
Deuxième lecture : (1 Co 11,23-26) le mémorial de la Cène : c'est le plus ancien récit de l'institution de l'eucharistie. "J'ai reçu du Seigneur, dit St Paul aux Corinthiens, ce qu'à mon tour je vous ai transmis."
Evangile : (Jn 13,1-15) Le lavement des pieds

  • L'homélie met en lumière les mystères principaux dont cette messe rappelle le souvenir :

« Toute l'attention doit se tourner vers les mystères qui sont au plus haut degré rappelés dans cette messe : l'institution de l'Eucharistie, l'institution de l'Ordre sacerdotal et le commandement de la charité fraternelle. » (De festis paschalibus n° 45)

  • Après l'homélie, on procède en de nombreuses églises au geste du lavement des pieds.

« Le lavement des pieds, qui se fait ce jour-là, selon la tradition, à des hommes ou femmes qui ont été choisis, signifie le service et la charité du Christ « qui n'est pas venu pour être servi mais pour servir » (Mt 20,28). Il est bon que cette tradition soit conservée et expliquée dans sa signification propre. » (De festis paschalibus n° 51)

    Ceux qui ont été choisis parmi le peuple de Dieu sont conduits aux sièges qui leur ont été préparés à l'endroit le plus apte pour que le peuple puisse suivre le déroulement du rite. Alors le prêtre verse de l'eau sur les pieds de chacun, puis les essuie.
    Pendant ce temps, on chante des chants sur le thème de la charité.
  • Il n'y a pas de Credo. Immédiatement après le lavement des pieds, ou bien, si celui-ci n'a pas lieu, après l'homélie, on fait la prière universelle.
  • Procession des offrandes : Avant de procéder à l'offertoire, le prêtre, se tenant à l'entrée du sanctuaire, peut recevoir dans un panier les dons que les fidèles apportent en procession.

« On peut prévoir que des fidèles apportent en procession des dons destinés aux pauvres, surtout ceux qui ont été collectés pendant le Carême comme fruit de pénitence. » (De festis paschalibus n° 52)

    Pendant cette procession, on chante l'Ubi caritas ou un autre chant semblable.
  • Après la communion, la réserve eucharistique pour la communion du lendemain reste sur l'autel.


5. Transfert du Saint-Sacrement

  • La procession :
    La prière après la communion achevée, le prêtre accompagné des ministres porte la réserve eucharistique en procession vers le lieu où elle doit être déposée jusqu'au lendemain.
    En de nombreux lieux, toute l'assistance, ou une partie d'entre elle, accompagne le Saint Sacrement dans la procession au reposoir.

« Après la prière qui suit la communion, la procession s'organise, croix en tête, pour porter le Saint-Sacrement, accompagné de cierges allumés et de l'encensoir fumant, à travers l'église jusqu'au lieu où il doit être déposé.

On chante pendant ce temps l'hymne « Pange lingua » ou un autre chant eucharistique.

Le transfert et la reposition du Saint Sacrement ne peuvent se faire si dans la même église il n'y a pas la célébration de la Passion du Seigneur le Vendredi-saint. » (De festis paschalibus n° 54)

  • L'adoration au reposoir :

« Le Saint Sacrement est déposé dans un tabernacle ou un coffret que l'on tient fermé. Il n'est jamais permis d'en faire l'exposition dans un ostensoir. » (De festis paschalibus n° 55)

    Après un temps d'adoration et de silence devant le Saint-Sacrement, le prêtre et ceux qui l'ont accompagné regagnent la sacristie.
    Il est bon que les fidèles poursuivent l'adoration pendant une partie de la nuit. Toutefois, après minuit, cette adoration ne peut plus revêtir qu'une forme privée.

« Après la messe de la Cène du Seigneur, les fidèles seront invités à poursuivre l'adoration dans l'église devant le Saint Sacrement, qui y est conservé ce jour-là solennellement. (…)

Après minuit, l'adoration se fait sans solennité ni apparat, puisque commence le jour de la Passion du Seigneur » (De festis paschalibus n° 56)

    En de nombreuses églises, on propose une veillée au reposoir, comportant la lecture des chapitres XIII à XVII de l'Évangile selon saint Jean. Chacun est invité à méditer en silence l'agonie de Jésus dans la solitude du jardin des oliviers à Gethsémani ; à répondre à son appel "Veillez et priez". Ce temps d'adoration permet de veiller avec le Christ Jésus dans la nuit du Jeudi saint.

6. Après la messe : le dépouillement de l'autel

« Après la messe, on dépouille l'autel. Il est bon que les croix dans l'église soient recouvertes d'un voile rouge ou violet, si elles ne sont pas déjà voilées depuis le samedi avant le 5 ème dimanche de Carême. On n'allumera pas de lampes devant les images des saints. » (De festis paschalibus n° 57)

7. Musique et chants

  • Répertoire des chants : Tous les chants liturgiques utilisés pendant la Semaine Sainte ont pour cote la lettre H. Au soir du Jeudi Saint, certains chants eucharistiques appropriés à la solennité ont pour cote liturgique la lettre D.
  • Le chant par excellence du Jeudi saint est : "La nuit qu'il fut livré" (C3).
  • Le geste du lavement des pieds, s'il a lieu, est accompagné de chants sur le thème de la charité. Le Missel Romain propose plusieurs antiennes adaptées à ce moment liturgique.
  • Pendant la procession des offrandes au début de la liturgie eucharistique, on chante traditionnellement « Ubi caritas » (« Où sont amour et charité ») :

« Pendant la procession, le peuple chante : ' Où sont amour et charité… '» (De festis paschalibus n° 52)

  • Pendant la procession accompagnant le transfert du Saint-Sacrement vers le reposoir :

« On chante pendant ce temps l'hymne ' Pange lingua ' ou un autre chant eucharistique. » (De festis paschalibus n° 54)

    Cette prière « Pange lingua », écrite par Saint Thomas d'Aquin, est le chant traditionnel du Jeudi saint, jour de l'Institution de la Cène. Centrée sur la contemplation du Corps et du Sang du Christ, sous les espèces du pain et du vin, l'hymne s'achève par le « Tantum ergo sacramentum », qui vient en action de grâce et insiste sur la nouveauté radicale de ce sacrement.


Pange lingua gloriosi
Corporis mysterium,
Sanguinisque pretiosi,
Quem in mundi pretium
Fructus ventris generosi,
Rex effudit gentium.
Nobis datus, nobis natus
Ex intacta Virgine
Et in mundo conversatus,
Sparso verbi semine,
Sui moras incolatus
Miro clausit ordine.
In supremae nocte cenae
Recum bens cum fratribus,
Observata lege plene
Cibis in legalibus,
Cibum turbae duodenae
Se dat suis manibus
Verbum caro, panem verum
Verbo carnem efficit:
Fitque sanguis Christi merum,
Et si sensus deficit,
Ad firmandum cor sincerum
Sola fides sufficit.
Tantum ergo Sacramentum
Veneremur cernui:
Et antiquum documentum
Novo cedat ritui:
Praestet fides supplementum
Sensuum defectui.
Genitori, Genitoque
Laus et iubilatio,
Salus, honor, virtus quoque
Sit et benedictio:
Procedenti ab utroque
Compar sit laudatio.
Amen.
Chante, ô ma langue, le mystère
De ce corps très glorieux
Et de ce sang si précieux
Que le Roi de nations
Issu d'une noble lignée
Versa pour le prix de ce monde
Fils d'une mère toujours vierge
Né pour nous, à nous donné,
Et dans ce monde ayant vécu,
Verbe en semence semé,
Il conclut son temps d'ici-bas
Par une action incomparable :
La nuit de la dernière Cène,
A table avec ses amis,
Ayant pleinement observé
La Pâque selon la loi,
De ses propres mains il s'offrit
En nourriture aux douze Apôtres.
Le Verbe fait chair, par son verbe,
Fait de sa chair le vrai pain;
Le sang du Christ devient boisson;
Nos sens étant limités,
C'est la foi seule qui suffit
pour affermir les cœurs sincères.
Il est si grand, ce sacrement !
Adorons-le, prosternés.
Que s'effacent les anciens rites
Devant le culte nouveau !
Que la foi vienne suppléer
Aux faiblesses de nos sens !
Au Père et au Fils qu'il engendre
Louange et joie débordante,
Salut, honneur, toute-puissance
Et toujours bénédiction !
A l'Esprit qui des deux procède
soit rendue même louange.
Amen.

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