Fête du Sacré-Coeur.

07/05/2020


La Fête du Sacré-Cœur est célébrée le 3e vendredi après la solennité de la Pentecôte. Ce cœur du Christ « doux et humble » est le symbole de l'amour inconditionnel de Dieu pour les hommes.

« Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos pour votre âme » (Matthieu 11, 29).


Les lectures de la fête du Sacré-Cœur

La fête du Sacré-Cœur est une solennité célébrée le 3e vendredi après la solennité de la Pentecôte. Tout comme celles du dimanche, les lectures de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus varient en fonction de l'année liturgique. Une approche attentive des textes choisis par le lectionnaire permet de comprendre comment l'Église fait contempler sous trois angles différents le mystère inépuisable de l'amour divin.

Avant d'ouvrir le lectionnaire il convient d'abord de se rappeler ce que signifie dans la Bible ce « cœur » que nous célébrons. Loin de se réduire à une métaphore sentimentale, il désigne le lieu le plus profond de l'humain, sanctuaire de son intériorité, de sa mémoire et de sa conscience. Fêter le Sacré-Cœur de Jésus, c'est donc quitter l'imagerie pieuse et romantique dans laquelle on l'a souvent confiné, pour entrer à « l'intérieur » du Christ et du mystère de son amour. Comment les lectures choisies par l'Église nous y aident-elles ?

Année A : Un cœur prévenant qui aime les humbles

(Dt 7, 6-11 ; Ps 102, 1...10 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30)

Les textes bibliques de l'année A insistent sur la prévenance et la gratuité de l'amour de Dieu qui se donne à tous ceux qui l'accueillent dans l'humilité de la foi. Moïse, dans l'extrait du Deutéronome choisi comme première lecture, rappelle que, si Dieu a choisi Israël et l'a destiné à devenir son peuple, c'est gratuitement, parce qu'il l'aime. Le Psaume 102 invite alors à bénir le Seigneur en citant en quelque sorte les qualités de son cœur, lui qui est « tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour ». Un beau passage de la première lettre de saint Jean revient sur cet amour de Dieu qui ne fait qu'un avec lui et se manifeste dans le don de son Fils. C'est en lui que nous sommes invités à demeurer et à lui donner consistance dans la charité fraternelle, lieu par excellence où Dieu se manifeste. L'Évangile donne alors la parole à Jésus qui loue le Père d'avoir révélé son mystère aux petits et nous invite à nous mettre à son école pour le suivre. Une piste de prédication, en cette année A, pourrait donc être de mettre en valeur cette cascade de l'amour divin, débordant du cœur de Dieu, réalisé dans la personne de Jésus, et proposé à vivre dans la charité quotidienne qui construit l'Église.

Année B : Un cœur maternel qui contient la vie

(Os 11, 1...9 ; Is 12, 2...6 ; Ep 3, 8...19; Jn 19, 31-37)

Les lectures de l'année B mettent en valeur le vocabulaire de la naissance et de la tendresse maternelle. Le prophète Osée nous tourne d'abord vers la tendresse d'un Dieu qui éduque patiemment son peuple comme une mère son petit enfant. C'est cet élan de miséricorde qui le porte à revenir sur son projet de punir Israël de ses fautes. Le cantique tiré du chapitre 12 d'Isaïe célèbre, quant à lui, la majesté de Dieu qui s'exprime dans l'histoire à travers son action en faveur de son peuple. L'antienne, tirée d'Is 12, 3, anticipe l'image de la source qu'on trouvera dans l'Évangile. Le magnifique passage de la lettre aux Éphésiens montre alors comment le Christ nous donne accès à la richesse du mystère de Dieu et nous invite à rester enracinés dans son amour. L'Évangile reprend tout ce qui précède et nous place au pied de la croix. Du côté de Jésus qui donne sa vie jaillissent le sang et l'eau, signe de l'enfantement de l'humanité nouvelle qui sort de son cœur ouvert. Pourquoi ne pas tirer parti de ces lectures, très riches, pour bâtir une prédication sur le baptême, sacrement où Dieu nous engendre à sa vie et nous fait participer à l'intimité de son être ?

Année C : Un cœur de bon pasteur qui ramène à lui les hommes

(Ez 34, 11-16 ; Ps 22, 1...6 ; Rm 5, 5b-11 ; Lc 15, 3-7)

L'année C, enfin, est placée sous le signe du bon berger, analogie classique dans la Bible pour évoquer la sollicitude du Seigneur à l'égard d'Israël. C'est ainsi qu'à travers la voix d'Ézéchiel, Dieu, devant la faillite des bergers humains, annonce qu'il s'occupera lui-même de son peuple. Le psaume 22 répond à cette promesse en la déclinant sous un mode plus personnel et en célébrant le bon pasteur qui conduit chacun à la plénitude de la vie. Paul quitte apparemment ce vocabulaire pour montrer comment la mort du Christ réconcilie l'humanité avec Dieu. Mais l'Évangile récapitule l'ensemble de ces textes grâce à la parabole de la brebis perdue. L'auditeur comprend que c'est à travers le mystère de sa mort et de sa résurrection que le Christ Jésus lui-même part sauver la brebis perdue. Les derniers mots l'invitent alors à partager la joie que Dieu éprouve à réconcilier avec lui tous les pécheurs. Une piste pour la prédication pourrait être d'inviter chacun à se laisser chercher et conduire par celui dont la mission est de ramener vers le Père ses enfants dispersés.

Quelle que soit l'année liturgique, les choix du lectionnaire ouvrent de belles pistes pour une vraie catéchèse sur l'amour miséricordieux du Père en montrant comment il trouve sa pleine réalisation dans le don de son Fils Jésus, mort et ressuscité. Au seuil de la longue période du temps ordinaire qui suit le temps pascal, l'Église nous offre ainsi l'occasion de contempler toutes les facettes d'un amour qui ne fait qu'un avec Dieu lui-même et prend chair dans son Fils. Il reviendra aux différents acteurs de la liturgie de s'approprier la profondeur théologique de ces lectures pour aider le peuple chrétien à comprendre que fêter le Sacré-Cœur de Jésus n'est pas autre chose qu'aller tout simplement au cœur... de la foi.


La miséricorde : théologie du cœur ouvert

Nous savons que le mot miséricorde a un rapport avec les entrailles, celles d'une mère si attachée à son enfant. Le judaïsme situe toujours de manière concrète un sentiment ou une qualité divine. Cela nous permet de percevoir que ce n'est pas de la théorie ou un pur concept.

La miséricorde fait résonner les mots tendresse, bonté, on pourrait dire « avoir du cœur » et cela s'applique à Dieu. C'est l'idée d'un lien viscéral qui m'attache à l'autre. La miséricorde fait résonner également les mots pardon, compassion, on pourrait dire « être touché au cœur ». C'est en somme l'action même de la réalité « Miséricorde ». La miséricorde fait résonner les mots piété, fidélité ; on pourrait dire « ouvrir son cœur à quelqu'un ». C'est la réponse consciente et voulue à la relation.

La miséricorde implique une relation, elle ne peut être seulement une réalité venant d'en haut qui noierait toute chose dans un amour informe. Miséricorde et liberté humaine entrent en jeu pour mieux signifier la grandeur de l'alliance avec Dieu. En effet, le sens de la Révélation est d'être une alliance où Dieu se révèle miséricordieux pour l'homme dans sa misère et où l'homme, retourné en lui-même, est capable d'être partenaire de cette alliance en devenant « miséricordieux comme le père est miséricordieux » (Cf. Luc 6, 36). Qui dit relation dit dialogue et l'on est loin des faux débats entre justice et amour. Le dialogue c'est « un art de communication spirituelle1 », un art de la Parole et de la réponse. La miséricorde est ce dialogue, ce dialogue est Écriture de miséricorde.

Dieu veut parler au cœur de l'homme, mieux il veut parler par son cœur, « cœur à cœur » (Os 2, 16), parler à cœur ouvert. C'est un dialogue ouvert, une Parole d'ouverture pour que l'humanité se retourne vers son Époux. Cet aspect fondamental de la conversion, s'inscrit dans un mouvement où c'est Dieu qui fait le premier pas, qui crée les conditions de l'Alliance, qui fait jaillir de son sein des fleuves d'eau vive (Cf. Jean 7, 38). En effet, car son cœur se retourne ses entrailles frémissent (Cf. Os 11, 8).

En Jésus, Dieu réalise ce qu'il promet. « Il (le Christ) lui fallait donc se rendre en tout semblable à ses frères, pour devenir un grand prêtre miséricordieux et digne de foi pour les relations avec Dieu, afin d'enlever les péchés du peuple (He 2, 17) ». Comme le Seigneur ne se « paye jamais de mots », l'Écriture de son Alliance est scellée dans le don de sa vie. A regarder de près, nous pourrions dire que la Miséricorde est radicalement attachée au corps. Cette Épiphanie de la miséricorde se réalise au plus haut point lorsque Jésus étant mort sur la croix « un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l'eau (Jean 19, 34) ». La tradition de l'Église nous invite à contempler ce mystère :

« Et il jaillit du côté de l'eau et du sang'. Ne passe pas indifférent, bien-aimé, à côté du mystère. Car j'ai encore une autre interprétation mystique à te donner. J'ai dit que cette eau et ce sang étaient le symbole du baptême et des mystères. Or c'est de ces deux sacrements qu'est née l'Église, par ce 'bain de la renaissance et de la rénovation dans l'Esprit saint' par le baptême, et par les mystères. Or les signes du baptême et des mystères sont issus du côté. C'est de son côté par conséquent que le Christ a formé l'Église, comme il a formé Ève du côté d'Adam2 ».

En se laissant atteindre au cœur de son corps, Jésus ouvre la porte de la connaissance et de la vie. En lui, c'est Dieu qui se tourne vers nous pour que nous nous retournions vers lui. Dieu ne se détourne pas de nous pour que nous ne nous détournions plus de lui. En Jésus Christ, Dieu ne peut plus se détourner de notre humanité. Par son amour crucifié, sa miséricorde est à jamais clouée pour nous être donnée à jamais et pour que nous puissions y faire face. Il ne se détourne pas de nous malgré notre misère, il en est blessé et il en est le Sauveur.

Les liturgies des Années saintes, les célébrations d'un jubilé, se plaisent à ouvrir solennellement la porte sainte. Elles sont alors le signe de cet appel de l'humanité à entrer dans l'ouverture symbolique que cela crée. En soi, j'ai vocation à entrer dans l'ouverture faite par la lance du soldat, dans la blessure de son corps, dans la profondeur de son cœur ; à suivre l'invitation :

« L'homme me fit revenir à l'entrée du la Maison, et voici : sous le seuil de la Maison, de l'eau jaillissait vers l'orient... L'eau descendait du côté droit de la Maison, au sud de l'autel... En tout lieu où parviendra le torrent, tous les animaux pourront vivre et foisonner, car cette eau assainit tout ce qu'elle pénètre, et la vie apparaît en tout lieu où arrive le torrent (Ez. 47, 1...9) ».

La mystique ne s'est jamais trompée sur ce qui la fonde lorsque, chantant l'amour du cœur de notre Dieu, elle a pris force et sens dans la source miséricordieuse du côté transpercé du Christ. De cet itinéraire spirituel du côté transpercé au cœur, et parce que le Christ est entré dans mon existence par mes propres blessures pour mon salut, le langage mystique en est témoin depuis longtemps :

« Roi Jésus, Sauveur des fidèles, qui avez voulu que votre saint Côté fût ouvert par la pointe d'une lance impitoyable, je vous prie humblement, ardemment, ouvrez-moi les portes de votre miséricorde et laissez-moi pénétrer, à travers la large ouverture de votre adorable et très saint Côté, jusque dans l'intérieur de votre tout infiniment aimable Cœur, de sorte que mon cœur devienne uni à votre Cœur par un indissoluble lien d'amour.

Blessez mon cœur de votre amour ...3 »

Une théologie du cœur / côté transpercé, fait percevoir l'absolue gratuité de la miséricorde, reflet de l'éternel amour de Dieu et nous conduit à une théologie sponsale, c'est-à-dire du lien qui unit l'époux et l'épouse. Par-là, on plonge dans le cœur du Christ. D'un tel rapprochement symbolique coup de lance et cœur, de ce cœur percé par la lance, jaillissent l'eau et le sang dont la source ne sera plus jamais tarie.

C'est en somme la vision de l'Apocalypse :

« Puis l'ange me montra l'eau de la vie : un fleuve resplendissant comme du cristal, qui jaillit du trône de Dieu et de l'Agneau. Au milieu de la place de la ville, entre les deux bras du fleuve, il y a un arbre de vie qui donne des fruits douze fois : chaque mois il produit son fruit ; et les feuilles de cet arbre sont un remède pour les nations. Toute malédiction aura disparu. Le trône de Dieu et de l'Agneau sera dans la ville, et les serviteurs de Dieu lui rendront un culte ; ils verront sa face, et son nom sera sur leur front (Ap. 21, 1-4) ».

Fleuve de l'Esprit, ville Église, arbre de la croix / arbre de la vie, plus de condamnation - malédiction, fruits de l'ordinaire de l'existence, feuilles des sacrements, voir Dieu face à face, prononcer son nom / recevoir le sien, rendre un culte en esprit et en vérité ... Mais surtout amour infini et universel de Dieu révélé à toutes les nations. Mystère de Miséricorde, secret d'une Alliance du cœur.


Solennité du Sacré-Coeur de Jésus

La fête du Sacré-Cœur est une solennité célébrée le 3e vendredi après la solennité de la Pentecôte.

Dès le moyen âge et même dès l'Antiquité, les mystiques ont contemplé le côté ouvert de Jésus. Mais il faudra attendre la seconde moitié du XVIIème, le 20 octobre 1672 pour qu'un prêtre normand, Jean Eudes en célèbre la messe pour la première fois.

En 1675, Marguerite-Marie Alacoque, visitandine de Paray-le-Monial reçoit des révélations du Seigneur, ce qui contribuera à répandre ce culte. De 1672 à 1840, la fête du Sacré-Cœur se propage avec des formulaires multiples. De 1765 à 1970, Rome en approuve successivement quatre.

L'objet de la fête a été difficilement fixé. Deux courants caractérisent la dévotion moderne au Sacré-Cœur, l'action de grâce pour la richesse insondable du Christ (Ep 3,8) et la contemplation réparatrice du Cœur transpercé (Jn 19,37).

Dans les textes bibliques pour cette fête se trouvent en particulier la parabole de la Brebis perdue et retrouvée (Luc 15,4-7), l'invitation de Jésus : « Venez à moi, vous tous qui peinez » (Mt 11,28) et le récit du corps transpercé du côté du Christ mort sur la croix.

Les deux prières proposées portent la piété chrétienne vers le Cœur de Jésus. Il s'agit d'une action de grâce pour les merveilles de l'amour du Père envers les hommes et la réparation envers l'amour blessé.

La préface se réfère à la tradition qui dès le temps des pères voyait l'Eglise naître du côté ouvert de Jésus. Le jaillissement du sang et de l'eau étaient perçus comme le symbole du baptême et de l'eucharistie.

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer