Fête de Saint Pierre et Saint Paul le 29 juin.
Tous deux ont subi le martyre à Rome. On célèbre en leurs personnes, le mystère de l'Église en tant qu'elle est fondée sur les Apôtres, honorant deux figures de l'Église naissante, différentes l'une de l'autre mais profondément complémentaires.
« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la mort de l'emportera pas sur elle » (Matthieu 16, 18).
« Morts au péché, vivants en Jésus Christ » : la dynamique du baptême selon saint Paul
Lorsque saint Paul aborde la question de la vie nouvelle dans le Christ, il le fait évidemment en théologien, mais également - il ne faut jamais l'oublier - en témoignant de sa propre expérience. Sur la route de Damas, lui le persécuteur au nom de la Loi, a été rejoint par le Christ crucifié et ressuscité. Il en a été terrassé, avant de renaître par le baptême reçu des mains d'Ananie. C'est le sens de l'exposé qu'il fait aux chrétiens de Rome, en ce chapitre 6 de l'Épître aux Romains, au cœur d'une démonstration de grande ampleur et soigneusement structurée.
L'Apôtre n'a pas encore rencontré cette communauté chrétienne qu'il espère découvrir bientôt. Mais il en connaît les questions et les fragilités par les nombreux liens évoqués en Rm 16. Il sait que ces chrétiens rencontrent les mêmes difficultés que celles des Églises qu'il a fondées. En quoi consiste cette vie nouvelle, alors que ce monde dans lequel vivent les croyants n'est pas encore transfiguré et que le péché fait partie de l'expérience quotidienne ? Comment les aider à ne pas revenir à leur ancien genre de vie, mais à persévérer dans leur fidélité à l'Évangile du salut qu'ils ont reçu ? Ces questions se posent tout autant pour les chrétiens d'origine païenne que pour ceux qui viennent du judaïsme.
Morts au péché mais vivants en Jésus Christ
01 Que dire alors ? Allons-nous demeurer dans le péché pour que la grâce se multiplie ?
02 Pas du tout. Puisque nous sommes morts au péché, comment pourrions-nous vivre encore dans le péché ?
03 Ne le savez-vous pas ? Nous tous qui par le baptême avons été unis au Christ Jésus, c'est à sa mort que nous avons été unis par le baptême.
04 Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c'est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d'entre les morts.
05 Car, si nous avons été unis à lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection qui ressemblera à la sienne.
06 Nous le savons : l'homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que le corps du péché soit réduit à rien, et qu'ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché.
07 Car celui qui est mort est affranchi du péché.
08 Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui.
09 Nous le savons en effet : ressuscité d'entre les morts, le Christ ne meurt plus ; la mort n'a plus de pouvoir sur lui.
10 Car lui qui est mort, c'est au péché qu'il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c'est pour Dieu qu'il est vivant.
11 De même, vous aussi, pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ.
12 Il ne faut donc pas que le péché règne dans votre corps mortel et vous fasse obéir à ses désirs.
13 Ne présentez pas au péché les membres de votre corps comme des armes au service de l'injustice ; au contraire, présentez-vous à Dieu comme des vivants revenus d'entre les morts, présentez à Dieu vos membres comme des armes au service de la justice.
14 Car le péché n'aura plus de pouvoir sur vous : en effet, vous n'êtes plus sujets de la Loi, vous êtes sujets de la grâce de Dieu.
- AELF, Rm 6, 1-14
Du mystère pascal au baptême
Le point de départ de ce développement sur le sens du baptême chrétien est la question du péché. Sa domination fait partie de la condition humaine, depuis Adam jusqu'au Christ (cf. Rm 5). Elle concerne tout homme, juif comme païen. Ce péché a deux caractéristiques majeures : tout d'abord, il conduit à la mort. Le terme grec utilisé ici (thanatos) désigne moins la fin de la vie terrestre, que cette puissance du mal qui s'oppose à la vie et sépare l'homme de Dieu. C'est à partir de cette distinction importante que l'on pourra dire que l'homme pécheur est déjà, en cette vie, marqué par la mort, et inversement que le croyant, dès ce monde, est délivré de la mort. D'autre part, le péché exerce un pouvoir tyrannique sur les êtres humains ; il les soumet aux convoitises et les entraîne à des comportements injustes (cf. Rm 6, 12-13).
Or, par le baptême, les croyants sont sauvés de ce pouvoir mortifère du péché et de son asservissement, même si le mal est encore une réalité de ce monde. Saint Paul invite les chrétiens à faire mémoire de ce sacrement qu'ils ont reçu, en soulignant comment celui-ci a fait d'eux des êtres nouveaux dont la vie est dégagée de l'emprise du mal. En mettant en valeur le verbe « baptiser » qui, en grec, signifie « plonger », il ne cherche pas tant à décrire le rite de l'immersion qu'à en déployer la signification théologique. Il renvoie au mystère pascal où le Christ a remporté la victoire complète et définitive sur le mal. Les croyants reçoivent les fruits de cette victoire en étant « plongés » dans sa mort pour renaître dans sa résurrection. Paul le souligne en jouant sur deux oppositions. Tout d'abord, au pouvoir de mort du péché, il oppose la vie nouvelle obtenue par la participation à la résurrection du Christ. D'autre part, à la tyrannie du péché, il oppose l'union libérante au Christ mort et ressuscité. Il le fait notamment en accumulant les termes composés du préfixe « syn- » : « nous avons été ensevelis avec lui » ; « nous sommes devenus un même être avec le Christ » ; « nous avons été crucifiés avec lui » ; « nous vivons avec lui ».
Le baptême, un mystère de commencement
Il ne reste plus à l'Apôtre qu'à déployer les implications de cette réflexion sur le baptême. C'est ce qu'il annonce dès le verset 2 avant de le développer dans les versets 12 et 13. Les croyants sont invités à une profonde conversion du regard, de mentalité, sur la dynamique de leur existence. Nous n'avons plus à attendre d'être sauvés, car le salut a été obtenu par le Christ et nous est offert. Nous sommes déjà passés de la mort à la vie.
Cela ne signifie pas pour autant qu'il n'y a plus rien à faire. En effet la tyrannie du péché reste une réalité de ce monde où vivent les chrétiens et, si dans leur union au Christ ils en sont déjà vainqueurs, ils restent engagés dans ce combat contre le mal. D'ailleurs Paul prend soin de distinguer la vie nouvelle qui caractérise dès maintenant l'existence chrétienne (avec des verbes au présent), et la résurrection dont les croyants vivront en plénitude à la parousie (avec un verbe au futur en Rm 6, 5). Cela signifie plutôt qu'il faut passer d'une logique à une autre, ce que Paul résume ainsi : « vous n'êtes plus sous la Loi, mais sous la grâce » (Rm 6, 14). Ainsi ce qui était jusque-là de l'ordre d'une espérance à venir, constitue désormais la base de la vie chrétienne. L'accomplissement réalisé par le Christ devient un commencement dans la vie des croyants. En effet, ce qui est ainsi donné demande maintenant à être déployé. C'est le sens des exigences de la vie chrétienne que saint Paul exprime par le verbe « marcher » (cf. Rm 6, 4). Étant sauvés, il faut vivre en sauvés.
La logique mondaine des païens, mais aussi celle du judaïsme dans laquelle Paul excellait avant sa conversion, consistait pour l'homme à s'attacher à ce qui lui manquait et à s'employer à l'obtenir. Par le baptême nous pouvons désormais nous appuyer sur ce qui nous est donné, sur ce que nous avons reçu (cf. 1 Co 4, 7) pour le déployer, l'épanouir, entrant ainsi dans la véritable attitude chrétienne : celle de l'action de grâce.
Saints Pierre et Paul, fêtés le 29 juin
En fêtant depuis la seconde moitié du IV siècle les apôtres Pierre et Paul, l'Eglise nous invite à contempler la grâce qui les a animés. Chacun d'eux a vécu une expérience forte de rencontre avec le Christ qui a bouleversé leur vie. L'amour miséricordieux du Père a inondé et vivifié Pierre jusque dans sa faiblesse. Il deviendra le roc sur lequel reposera l'Eglise. Paul, sur le chemin de Damas a été converti et est source de l'universalité du christianisme. Aujourd'hui comme hier, ces deux saints nous appellent à vivre de notre foi et à proclamer la Bonne Nouvelle « jusqu'aux extrémités de la terre ».
La conversion de Paul et sa vocation
« Comme il était en route et approchait de Damas, une lumière venant du ciel l'enveloppa soudain de sa clarté. Il tomba par terre, et il entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter ? » Il répondit : « Qui es-tu, Seigneur ? Je suis Jésus, celui que tu persécutes. Relève-toi et entre dans la ville : on te dira ce que tu dois faire ». (...) Saul se releva et, bien qu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. (...) Pendant trois jours, il fut privé de la vue (...) Or, il y avait à Damas un disciple nommé Ananie. Dans une vision, le Seigneur l'appela : (...) Ananie répondit : « Seigneur, j'ai beaucoup entendu parler de cet homme, et de tout le mal qu'il a fait à tes fidèles de Jérusalem. S'il est ici, c'est que les chefs des prêtres lui ont donné le pouvoir d'arrêter tous ceux qui invoquent ton Nom. » Mais le Seigneur lui dit : « Va ! cet homme est l'instrument que j'ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes, auprès des rois et des fils d'lsraël. Et moi, je lui ferai découvrir tout ce qu'il lui faudra souffrir pour mon Nom. » Ananie partit donc et entra dans la maison. Il imposa les mains à Saul, en disant : « Saul, mon frère, celui qui m'a envoyé, c'est le Seigneur, c'est Jésus, celui qui s'est montré à toi sur le chemin que tu suivais pour venir ici. Ainsi, tu vas retrouver la vue, et tu seras rempli d'Esprit Saint. » Aussitôt tombèrent de ses yeux comme des écailles, et il retrouva la vue. Il se leva et il reçut le baptême(...). Act 9,3-19*
On trouve trois récits de conversion de Paul dans les actes des apôtres ( 9,3-19 ; 22,1-16 ; 26, 9-18). C'est Luc qui met en scène Paul trente ans plus tard. Paul en parle assez peu, si ce n'est pour justifier sa mission. En Ga 1,15-17, quand Paul parle de sa conversion ou vocation, il le fait de manière sobre et discrète. Il a simplement une révélation qui le chargera d'une mission « pour que je le révèle aux païens ». Cette conversion consiste en un changement de regard. En Ga 1,11, il précise que tout ce qu'il dit lui vient de Jésus Christ : « Sachez-le, en effet, mes frères, l'Evangile que j'ai annoncé n'est pas à mesure humaine : ce n'est pas non plus d'un homme que je l'ai reçu ou appris, mais par une révélation de Jésus Christ ».
On a souvent contesté à Paul son titre de disciple. Paul se dit apôtre pour deux raisons :
- La rencontre du ressuscité, en 1Co 9,1 « ... Ne suis-je pas apôtre ? N'ai-je donc pas vu Jésus, notre Seigneur ?... », Paul se présente comme l'avorton de Dieu, 1Co 15, 8 « Et, en tout dernier lieu, il m'est apparu à moi aussi, comme à l'avorton. »
- La réception de la grâce de Dieu. 1Co 15, 10 « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n'a pas été stérile. Loin de là, j'ai travaillé plus qu'eux tous : oh ! non pas moi, mais la grâce de Dieu qui est avec moi. »
« Comparaison » avec Pierre
Pierre est l'appelé de la première heure. Selon Mc 1, 16-20, Jésus appelle ses quatre premiers disciples, parmi lesquels se trouve Pierre. Celui-ci fait partie des tout proches de Jésus. Il est présent à la passion, même si c'est pour le renier. Pierre a suivi un rabbi, un maître. Son chemin va consister à découvrir que le Crucifié est ressuscité.
Paul est un appelé de la dernière heure. Il n'a pas connu Jésus dans la chair mais il a été saisi par le Ressuscité alors qu'il persécutait l'Eglise de Dieu. Sa rencontre avec le Ressuscité est fondatrice. A partir de là, il est remonté à Jésus selon la chair, c'est à dire au Crucifié, à Jésus de Nazareth. L'expérience du Christ ressuscité est directement à la base de la vocation et de l'apostolat de Paul.
Un temps d'ordination
Chaque année, à proximité de la fête de Saints Pierre et Paul, Apôtres (29 juin), des ordinations de prêtres diocésains ont lieu dans un certain nombre de diocèses.
Fleurir pour la fête de saint Pierre et saint Paul
Saint Pierre et saint Paul, deux piliers de l'Église que la tradition chrétienne célèbre le même jour, le 29 juin.
Une seule fête
Pierre, l'apôtre qui s'adressa aux fils d'Israël et Paul, l'apôtre qui fit entrer les païens dans l'Église en leur annonçant l'Évangile du salut, ont des missions distinctes mais complémentaires. Humainement très différents l'un de l'autre et malgré les conflits qui les ont opposés, ils ont vécu la communion fraternelle rendue possible par leur foi commune au Seigneur.
Par la diversité de ses éléments, notre composition symbolisera la diversité et la complémentarité des charismes au sein de l'Église. La nature est généreuse en juin. Profitons-en.
Méditation de la Parole
La parole de Dieu est source d'inspiration pour la forme du bouquet et le choix de son emplacement.
Pierre est le premier à confesser Jésus, le Messie, le Fils de Dieu. Paul annoncera l'Évangile inlassablement. Le bouquet sera donc droit et évoquera la force que les apôtres ont reçu de l'Esprit pour confesser le Christ et proclamer la Bonne Nouvelle à temps et à contretemps. Puisque nous mettons l'accent sur la Parole, nous fleurirons l'ambon.
Composition du bouquet
Deux vases identiques, hauts et droits. De ces contenants jaillissent les mufliers blancs et rouge bordeaux qui donnent l'élan et la hauteur de la composition.
Les œillets rouges renforcent le point focal et symbolisent le martyr des deux apôtres. Ils donnent du poids au bouquet et en assurent la stabilité. Les alstrœmères unissent les deux nuances de rouge. Le lisianthus blanc illumine la composition. Le camélia lui donne sa vigueur.
« Pour vous, qui suis-je ? » Aujourd'hui, le Christ nous pose cette question. Que ces compositions florales nous aident à lui répondre.