Fête de la Saison de la Création entre 1er septembre et 4 octobre.

07/05/2020


L'Alliance, entre désert et jardin

Dans ce texte, le père Billon retrace l'alliance entre Dieu et les êtres humains qui traverse la Bible de l'arbre de la connaissance du bien et du mal à l'arbre de la croix du Christ. Toute l'histoire de l'alliance rompue et de l'alliance renouvelée se déroule au jardin et dans le désert. Il s'agit de la retranscription d'une intervention donnée dans le cadre de la session nationale Fleurir en liturgie sur le thème « L'Alliance, entre désert et jardin » le 22 novembre 2017.

La Bible est un ensemble de livres où s'entremêlent de multiples voix. On y entend un dialogue sans cesse repris entre un « je » et un « tu ». Dieu s'adresse à l'être humain : « Où es-tu ? » (Gn 3, 9) et celui-ci, en écho, s'émerveille et s'étonne : « Quand je vois tes cieux, œuvre de tes doigts, / la lune et les étoiles que tu fixas, / qu'est donc l'homme pour que tu penses à lui, / le fils d'un homme pour que tu en prennes souci ? » (Ps 8, 4-5). Ce dialogue mène à une relation entre Dieu et l'être humain qui a pris la forme d'un engagement résumé en un mot : Alliance.

Selon le début du livre de la Genèse, dans le récit « du jardin » (Genèse 2, 4b - 3, 24), la nature - arbres, fruits, animaux - est un cadeau de Dieu : « Le Seigneur Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Eden pour cultiver le sol et le garder. Le Seigneur Dieu prescrivit à l'homme « Tu pourras manger de tout arbre du jardin mais tu ne mangeras l'arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car du jour où tu en mangeras, tu devras mourir » » (Genèse 2, 15-17). En anticipant, je dirai que c'est un bienfait de l'Alliance, lié à un commandement responsable, une loi de liberté et de vie. Le bienfait est rappelé, avec les exigences, au peuple d'Israël dans le désert, avant l'entrée en Terre promise : « J'en prends à témoin aujourd'hui contre vous le ciel et la terre. C'est la vie et la mort que j'ai mises devant vous, c'est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en t'attachant à lui » (Deutéronome 30, 19-20).

Qu'au début de vos deux jours de réflexion, vous ayez demandé une réflexion théologique, cela situe bien l'acte de « fleurir en liturgie », non pas seulement comme une technique mais profondément comme une participation à l'œuvre de bénédiction, comme un certain engagement dans l'Alliance.

Qu'est-ce que l'Alliance ?

L'Alliance est un engagement entre Dieu et les êtres humains. On pourrait le résumer au dialogue initial : (Dieu « Homme, où es-tu ? » / (homme « Qui suis-je pour que tu me cherches ? » L'Alliance est un mouvement qui traverse la Bible. Il y a la première Alliance, donnée par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï et la nouvelle Alliance, annoncée par les prophètes Osée, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, accomplie en Jésus Christ. L'Alliance comme engagement de Dieu et des êtres humains est constituée de six éléments.

    • Dans le premier, Dieu se présente : « Je suis le Seigneur, créateur du ciel et de la terre et, en même temps, Je suis le Seigneur ton Dieu... »
    • Deuxième élément : l'histoire commune : « ... je t'ai libéré du pays d'Égypte et de la maison d'esclavage. Je désire te fais entrer dans mon histoire ; que mon histoire devienne la tienne... »
    • Troisième élément : le lien : « En conséquence, tu es mon peuple et je suis ton Dieu. À la vie, à la mort. »
    • Quatrième élément : « s'il en est bien ainsi, si nous sommes liés à la vie à la mort, alors il y a quelques obligations : tu n'auras pas d'autre dieu en face de moi ; tu respecteras le jour du shabbat ; tu honoreras ton père et ta mère sur la terre que je te donne ; tu ne tueras pas ; tu ne voleras pas ; tu ne commettras pas d'adultère et tu ne convoiteras ni le bien, ni l'épouse de ton prochain... »
    • Cinquième élément : « J'appelle en témoignage le ciel et la terre. Premiers éléments créés, ils sont institués témoins de notre engagement mutuel, le mien et le tien, sachant que tu es libre et que tu peux refuser. »
    • Sixième et dernier élément : « si tu acceptes de rentrer dans cette Alliance, alors la bénédiction se répandra sur toi et ton pays fleurira. Mais attention ! si un jour tu décides de rompre cette Alliance, le malheur pourrait s'abattre sur la terre que je te donne, sur toi et sur tes enfants. Néanmoins, sois rassuré car ma bénédiction est pour 1000 générations alors que le malheur ne l'est que pour trois ou quatre. »

Voilà les six éléments de la relation d'Alliance entre le Seigneur et le peuple d'Israël. Selon Exode 19-20, le peuple va l'accepter, en tout liberté. Personne ne l'oblige. Cet engagement est ici bilatéral, les deux contractants ayant des obligations. J'en détaille maintenant quelques points forts.

Un : Dieu, après avoir sauvé son partenaire de la mort, après lui avoir donné la liberté (et suscitant la liberté dans cette Alliance même), s'engage à le protéger. De son côté, la communauté d'Israël s'engage à le bénir, à lui obéir sur la terre qu'il lui est donnée à habiter. Cela découle de leur histoire commune. L'honneur de Dieu, d'une part, la fraternité de l'autre. En cas de faillite, de blessure à la loyauté ou à la fidélité, Israël accepte même d'être puni.

Deux : Tout vient d'une initiative de Dieu. C'est lui qui est allé chercher Israël dans le pays de l'oppression et de la mort où on vivait très bien, avec des chaudrons de viande, du poisson et cinq fruits et légumes par jour. C'est Dieu qui a choisi Israël et non le contraire.

Trois : L'Alliance, l'engagement mutuel, s'inscrit, 1) dans la création puisque le ciel et la terre en sont témoins, 2) dans l'histoire sur la terre d'Israël (en signe d'acceptation de l'alliance, on va dresser des stèles ; voir Josué 24 où, une fois la terre conquise, Josué rassemble le peuple, rappelle l'histoire commune avec Dieu et s'assure que le peuple bien d'accord sur les engagements de l'alliance. Avec le « oui », on dresse un monument - en dehors des stèles, on peut aussi rajouter les livres « gravés » sur pierre ou rouleau de papyrus). Cristallisant la création et l'histoire, il y a également le culte avec le rituel des sacrifices où les offrandes, animales et végétales (donc prises dans la nature) s'accompagnent de récits du passé.

Quatre : Après cette inscription dans la création, l'histoire et le culte, il y a une promesse. L'Alliance commence par une initiative libératrice de Dieu et a en perspective le bonheur sur une terre « où coulent le lait et le miel ». Le lait vient de l'élevage des troupeaux. Le miel vient de la nature, fabriqué par les abeilles au creux des rochers. La formule est plus théologique qu'historique, elle relie le travail de l'homme et celui des saisons. C'est la conjugaison d'une activité humaine et d'un don de la création. Le pays à habiter, le sol à cultiver sont partie intégrante de l'Alliance.

La première grande promesse de bonheur, celle qui est incluse dans la « vocation » d'Abraham (Genèse 12, 1-6), comprend trois promesses dont celle du pays. D'abord, à cet homme qui a 75 ans, marié à une femme stérile, Dieu promet une postérité plus nombreuse que le sable du rivage ou que les étoiles du ciel. Ensuite, il lui promet une terre à habiter, terre où, il le dira plus tard, « coulent le lait et le miel » (qui, en fait, n'est pas moins ni plus fertile que les autres). Enfin, il promet une bénédiction qui va se répandre sur l'univers : « par toi, Abraham, seront bénies toutes les nations de la terre. »

La terre des promesses

Reliée à la promesse de descendance et à la promesse de bienfaits universels, la terre « promise » symbolise l'Alliance en tant que bénédiction. Elle contraste avec la terre de l'oppression (parfois « confortable » avec de la bonne nourriture) et avec le désert au milieu duquel il y a le mont Sinaï (donc l'Alliance) et dans lequel le peuple a dû apprendre à vivre libre, croyant, filial et fraternel.

Le livre du Deutéronome est un immense flashback sur la libération d'Égypte et sur le séjour de quarante ans au désert. Moïse relit le passé avant l'entrée du peuple dans la terre « promise ». Comment est décrite cette terre ?

« Le Seigneur ton Dieu te conduit vers un pays fertile, pays de rivières abondantes, de sources profondes jaillissant dans les vallées et les montagnes, pays de blé et d'orge, de raisins, de grenades et de figues, pays d'olives, d'huile et de miel, pays où le pain ne te manquera pas et où tu ne seras privé de rien, pays dont les pierres contiennent du fer et dont les montagnes sont des mines de cuivre. Tu mangeras et tu seras rassasié. Tu béniras le Seigneur ton Dieu pour ce pays fertile qu'il t'a donné » (Deutéronome 8, 7-10).

Ce pays est d'autant plus beau qu'il vient après l'épreuve du désert et qu'il contraste avec l'Égypte. Il vient après l'épreuve du désert :

« Souviens-toi de la longue marche que tu as fait pendant quarante années dans le désert. Le Seigneur ton Dieu te l'a imposé pour te faire passer par la pauvreté. Il voulait t'éprouver. Il voulait savoir ce que tu as dans le cœur. Allais-tu garder ses commandements, oui ou non ? Il t'a fait passer par la pauvreté, il t'a fait sentir la faim, il t'a donné à manger la manne. Cette nourriture qui ni toi ni tes pères n'aviez connue pour que tu saches que l'homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. Ton vêtement ne s'est pas usé sur toi, ton pied ne s'est pas enflé au cours de ces quarante années. Tu le sauras en ton cœur, comme un homme éduque son fils. Ainsi le Seigneur ton Dieu fait ton éducation. Tu garderas les commandements du Seigneur ton Dieu pour marcher sur ses chemins et pour le craindre » (Deutéronome 8, 2-6).

Quel contraste ! Mais on rentre dans le pays avec une question (« Allons-nous ou non garder ses commandements ? ») et une conviction (« L'homme ne vit pas seulement de pain »). Le pays contraste avec l'Égypte, terre plantureuse mais terre de servitude :

« Vous garderez donc tous les commandements que je te prescris aujourd'hui afin d'être forts, de prendre possession du pays où vous allez entrer et de prolonger vos jours sur la terre que le Seigneur a juré à vos pères de leur donner, à eux et à leur descendance, un pays ruisselant de lait et de miel car le pays où tu entres pour en prendre possession n'est pas comme le pays d'Égypte d'où vous êtes sortis. Après avoir semé, il te fallait arroser avec ton pied comme on arrose un jardin potager. Le pays où vous allez passer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées qui boit la pluie du ciel. C'est un pays dont le Seigneur ton Dieu prend soin. Les yeux du Seigneur ton Dieu sont fixés sur lui constamment, du début à la fin de l'année. Assurément, si vous écoutez bien mes commandements, ce que je vous prescris aujourd'hui, si vous aimez le Seigneur votre Dieu et le servez de tout votre cœur et de toute votre âme, je donnerai à votre pays la pluie en son temps, pluie d'automne et pluie de printemps et tu récolteras ton froment, ton vin nouveau, ton huile fraîche et je mettrai dans ton champ de l'herbe pour ton bétail. Tu mangeras et tu seras rassasié » (Deutéronome 11, 8-17).

L'Égypte, pays de l'oppression, est un pays où l'on vivait bien. Le désert, qui est à la fois un espace et un temps, est vaste et il est long de quarante ans. L'on y a reçu le don de Dieu avec cette petite crainte : « et si jamais un jour le Seigneur avait voulu ne pas donner la manne, que serait-il arrivé ? » Le peuple apprend à ne dépendre que de Dieu, tant pour la nourriture que pour l'apprentissage de la cohésion sociale. Pour un vrai apprentissage de la liberté qui débouche sur une société fraternelle, Dieu va donner encore et encore, et le pain quotidien (la manne) et la Loi (les Dix commandements et les règles sociales qui en découlent) et lui-même.

Le cadre de l'Alliance part de L'Égypte à la fois confort et esclavage, traverse le désert espace-temps pour reconnaître que tout vient de Dieu et aboutit à la terre de Canaan. Fait symptomatique : lors de l'arrivée en terre de Canaan, au moment de la première récolte, la manne cesse de tomber (Josué 5, 10-12). Les enfants d'Israël, ayant fait l'apprentissage de la liberté, ayant tous les éléments pour vivre dans une société fraternelle, se voient obligés de récolter (et, bien avant, d'ensemencer, de labourer, de cultiver, d'arracher les mauvaises herbes, d'arroser, de craindre la sécheresse, bref, de collaborer avec Dieu pour leur propre bonheur).

Sur la terre de Canaan - concrétisation de la terre « promise » -, on fera mémoire tant de l'Égypte (oppression et libération) que du séjour au désert puis de l'installation dans le pays grâce à un certain rituel des offrandes. En Deutéronome 26, il est indiqué que les premiers fruits récoltés ne sont pas pour être partagés entre frères - du moins pas uniquement : ils sont récoltés pour être offerts à Dieu. Avant tout et en mémorial.

« Lorsque tu seras entré dans le pays que te donne en héritage le Seigneur ton Dieu, quand tu le posséderas et que tu y habiteras, tu prendras une part des prémices de tous les fruits de ton sol, les fruits que tu auras tirés de ce pays que te donne le Seigneur ton Dieu et tu les mettras dans une corbeille. Tu te rendras au lieu que le Seigneur ton Dieu aura choisi pour y faire demeurer son nom. Tu iras trouver le prêtre en fonction ces jours-là et tu lui diras « je le déclare aujourd'hui au Seigneur ton Dieu je suis entré dans le pays que le Seigneur a juré à nos pères de nous donner ». Le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l'autel du Seigneur ton Dieu et tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu :

« Mon père était un araméen nomade qui descendit en Égypte. Il y vécut en immigré avec son petit clan. C'est là qu'il est devenu une grande nation puissante et nombreuse. Les égyptiens nous ont maltraités et réduits à la pauvreté. Ils nous ont imposé un dur esclavage. Nous avons crié vers le Seigneur le Dieu de nos pères, il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l'oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte à mains fortes et à bras étendus par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. Il nous a conduits dans ce lieu, il nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant, voici que j'apporte les prémices des fruits du sol que tu m'as donné Seigneur. »

Ayant dit cela, tu les déposeras devant le Seigneur ton Dieu et tu te prosterneras devant lui. Alors, tu te réjouiras pour tous les biens que le Seigneur ton Dieu t'a donnés à toi et à ta maison et avec toi, se réjouiront le lévite qui n'a aucune possession et l'immigré qui réside chez toi sans habiter la terre. »

Dans ce rituel des offrandes, la geste du salut est relue, redite. La question de Dieu « où es-tu ? » trouve un prolongement : Dieu est allé chercher son peuple au plus profond de la terre de l'oppression. La nourriture n'est pas simplement de la nourriture. La nourriture c'est une histoire, le concentré des biens de la terre donnés par Dieu. Je rends grâce et j'« eucharistie ». J'aime la formule du théologien Paul Beauchamp : en christianisme, « l'eucharistie, c'est un pain dont on raconte l'histoire ».

Le calendrier des fêtes

Sur la terre des promesses, il y a un rythme des saisons et un rythme des fêtes dont notre liturgie chrétienne a hérité. Dans l'année liturgique, il y a trois grandes fêtes : la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tentes (ou Cabanes ou Tabernacles). Trois fêtes liées à la terre mais également à l'histoire. Initialement, elles ont dû être des fêtes agricoles, puis à un moment donné, le peuple d'Israël, sans doute sous l'influence des prêtres après l'Exil, a « historicisé » ces fêtes agricoles. Il les a remplies d'une symbolique renvoyant à la grande geste de salut de Dieu.

La Pâque, originellement, c'est la fête des pains azymes (sans levain). Fête au printemps et qui a été chargée du mémorial de la libération de la servitude d'Égypte, en particulier le passage de la Mer.

Sept semaines après la fête de la Pâque, il y a la fête des « semaines » ou Pentecôte. On y offre les prémices des récoltes et on célèbre le don de la Loi au Sinaï : « L'homme ne vit pas seulement de pain mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur » (Deutéronome 8, 3). La loi de liberté concentre les relations d'Alliance.

Enfin, au début de l'automne, il y a la fête des Tentes (ou des Cabanes) qui rappelle le long séjour du désert, ses habitations précaires et ses épreuves. Dans des huttes de feuillages, on rend grâce pour les moissons, les vendanges, la récolte des olives.

Dans le judaïsme naissant après l'Exil, ces fêtes se déroulaient à Jérusalem. Dans les évangiles, surtout celui de Jean, on voit Jésus aller à Jérusalem pour la fête de Pâque, deux ou trois fois, ainsi que pour la fête des Tentes. On ne le voit pas monter pour la fête de la Pentecôte (dans l'Église, la Pentecôte est devenue fête de la naissance de l'Église, le don de l'Esprit saint se substituant au don de la Loi).

Le quotidien agricole avec les semailles, les récoltes, les fruits, est résumé dans la Bible par une espèce de triade : blé, le vin nouveau, l'huile fraîche. Le blé donne la farine et celle-ci le pain. Le vin nouveau vient du fruit de la vigne (première plante que Noé a fait fleurir sur la terre nouvelle d'après le déluge, une plante qui donne de la joie... à condition d'en user avec modération - ce que Noé n'a pas fait !). L'huile fraîche est nécessaire non seulement pour la cuisine mais également pour les soins du corps et pour la beauté. C'est à la fois un médicament et un produit de luxe (elle entre dans la composition des parfums). Au temple de Jérusalem, il y a, dans les offrandes végétales, des produits cuisinés avec de la farine la plus fine et de l'huile ; il y a aussi des libations de vin pour certains sacrifices animaux. Par ailleurs, l'huile parfumée sert à la consécration des rois et des prêtres.

Alliance rompue, alliance renouvelée

Les grandes fêtes célèbrent le quotidien, le rythme des saisons et le temps originaire, le temps fondateur où Dieu a passé alliance avec Israël (sortie d'Égypte, don de la Loi au Sinaï, séjour au désert). Elles sont à la fois un mémorial du don divin mais également une mise en garde. La mise en garde prend l'allure d'un discours détaillé dans le Deutéronome : « Souviens-toi, n'oublie pas... sur la terre que le Seigneur te donne, il y a des dangers. Au temps des semailles et des récoltes, tu peux être tenté de ne pas reconnaître que c'est le Seigneur ton Dieu qui est à l'origine de ces bienfaits. Tu ne le vois pas. Tu seras tenté de te tourner vers les dieux de la nature, ces forces immaitrisables qu'on appelle « baals » ». Tentation d'honorer leurs images. Idolâtrie. Les dons du Seigneur sont si quotidiens, ils prennent une forme si habituelle que nous pouvons nous tromper sur celui qui nous donne la pluie, le soleil, les sources, les fruits de la terre.

Le prophète Osée a très bien résumé cela. Il vivait dans le royaume d'Israël quelque part en Samarie, entre la Judée et la Galilée, région assez fertile. Sa propre histoire de prophète trompé par son épouse va être reprise comme la métaphore des relations du Seigneur Dieu avec la communauté d'Israël :

« Accusez votre mère, accusez-la car elle n'est plus ma femme et je ne suis plus son mari. Qu'elle écarte de son visage ses prostitutions et d'entre ses seins ses adultères sinon je la déshabille toute nue, je l'expose comme au jour de sa naissance et je la rends pareille au désert, je la réduis en terre aride, je la fais mourir de soif.

Oh oui, votre mère s'est prostituée, celle qui vous a conçus s'est déshonorée quand elle disait : « je veux courir après mes amants car ce sont mes amants qui me donnent mon pain, mon eau, ma laine, mon lin, mon huile et ma boisson ». C'est pourquoi je vais obstruer son chemin avec des ronces, le barrer d'une barrière, elle ne trouvera plus ses sentiers. Elle poursuivra ses amants sans les atteindre, elle les cherchera sans les trouver. Alors, elle dira : « je vais revenir à mon premier mari car j'étais autrefois plus heureuse que maintenant ». Elle ne savait donc pas que c'est moi qui lui avais donné le froment, le vin nouveau et l'huile fraiche. Que c'est moi qui lui avais prodigué de l'argent et l'or qu'elle avait utilisé pour « baal ». C'est pourquoi, je reviendrai, je reprendrai mon froment en sa saison et mon vin nouveau en son temps. J'arracherai ma laine et mon lin dont elle couvrait sa nudité. Alors, je dévoilerai sa honte aux yeux de ses amants et nul ne la délivrera de main » (Osée 2, 4-12).

Sous le procès engagé par le prophète envers sa femme, on devine le procès du Seigneur Dieu envers la communauté d'Israël qui s'est méprise sur l'identité de son bienfaiteur. La menace d'un châtiment avait été acceptée puisque c'est l'un des éléments de la relation d'Alliance (bénédiction si j'écoute la parole, malheur si je ne l'écoute pas et si je me détourne de celui qui me donne la vie sur la terre). Osée-Dieu va priver la femme-communauté d'Israël de son luxe et la conduire dans un lieu originaire : le désert.

« C'est pourquoi mon épouse infidèle, je vais la séduire, je vais l'entrainer jusqu'au désert et je lui parlerai cœur à cœur. Là, je lui rendrai ses vignobles et la porte de l'espérance et là, elle me répondra comme au temps de sa jeunesse, au jour où elle est sortie du pays d'Égypte.

En ce jour-là, oracle du Seigneur, voici ce qui arrivera. « Tu m'appelleras « mon époux » et non plus « mon baal » ». J'éloignerai de ses lèvres les noms des baals, elle ne prononcera plus leurs noms.

En ce jour-là, je conclurai à leur profit une Alliance avec les bêtes sauvages, avec les oiseaux du ciel et les bestioles de la terre. L'arc, l'épée et la guerre, je les briserai pour en délivrer le pays et ses habitants, je les ferai reposer en sécurité. Je ferai de toi mon épouse pour toujours. Je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse. Je ferai de toi mon épouse dans la loyauté et tu connaitras le Seigneur.

En ces jours-là, oracle du Seigneur, je répondrai aux cieux. Eux, ils répondront à l'appel de la terre, La terre répondra au froment, au vin nouveau et à l'huile fraîche. Eux, ils répondront à la vallée de la fertilité. Je m'en ferai une terre ensemencée » (Osée 2, 16-25a).

Rompre l'Alliance c'est se tromper sur l'identité de celui qui est à l'origine des biens nécessaires : non pas pain et eau mais lait, miel, froment, vin nouveau, huile fraîche, bref le meilleur de la nature ! On se trompe sur celui qui a donné ce pays bon et bien irrigué. Déjà dans le désert, on s'était trompé en imaginant que le Seigneur Dieu pouvait avoir la forme d'un animal jeune, beau, grand et fort. On s'est trompé en faisant une image de Dieu sous forme de veau d'or (Exode 32).

Rompre l'Alliance vient d'une déformation de la pensée. Je pense que celui qui veut mon bonheur, en fait, il veut d'abord mon malheur ! Alors le Seigneur Dieu intervient : temps d'épreuves, de rappels de l'Alliance, de menaces. Or, toujours, tous les prophètes répéteront « après la tempête, le beau temps, après le châtiment, le salut ». Après la rupture d'Alliance, une Alliance renouvelée. Le prophète Osée est l'un des premiers à mettre en scène cette nouvelle Alliance dont vous avez repéré qu'elle n'est pas seulement un lien entre deux partenaires mais qu'elle a des répercussions sur l'ensemble de la création, non seulement la nature avec ses fruits, mais également le ciel, la terre et l'ensemble des sociétés humaines puisque la guerre n'existera plus et que ce sera une ère de paix.

La nouvelle Alliance est un nouvel engagement de Dieu qui se répercute dans la nature. La nature, la création, bref ce qui constitue même l'espace que le Seigneur a donné à son partenaire Israël pour y vivre. Après le prophète Osée, j'aurais pu citer Jérémie. Je cite simplement Isaïe : « Oui, dans la joie vous partirez, vous serez conduits dans la paix. Montagnes et collines, à votre passage, éclateront en cris de joie et tous les arbres de la campagne applaudiront. Au lieu de broussailles, poussera le cyprès, au lieu de l'ortie, poussera le myrte. Le nom du Seigneur en sera grandi, ce signe éternel sera impérissable » (Isaïe 55, 12-13).

La première Alliance, celle du mont Sinaï, était une Alliance bilatérale entre deux partenaires avec des engagements réciproques. Dans la nouvelle Alliance, l'engagement devient unilatéral. Seul le Seigneur Dieu s'engage. Pour le bien de son peuple sans rien exiger de lui. Parce qu'Israël, comme tous les êtres humains, est porté à faire le mal ? Le récit ancien de Genèse 9, 11-16 le dit amèrement après le Déluge.

Le Déluge est l'expression de la douleur de Dieu : l'être humain, par la violence, a perverti même la terre. Le Seigneur détruit tout, gardant un seul homme, un juste, avec sa famille - de quoi recréer une humanité nouvelle. Après le Déluge, le Seigneur passe une alliance où il dit en substance à Noé, l'homme juste, « je sais que le cœur de l'homme est enclin à faire le mal. Aussi, je ne lui demande plus qu'un minimum. Et ce minimum c'est « tu ne tueras pas » » - cela se manifeste dans la nourriture quotidienne par l'obligation de ne pas manger le sang, car « le sang c'est la vie » (Genèse 9, 1-7). L'alliance est quasi unilatérale, il n'y a pas d'autres obligations imposées que cet interdit sur le sang. Mieux ! La remémoration de l'alliance par la vue de l'arc-en-ciel n'est pas institué pour l'homme mais pour Dieu (Genèse 9, 8-18) !

Ce qui a été donné au début de l'humanité avec Noé est redonné dans les oracles du prophète Isaïe. Après Isaïe 55, 12-13, relisons Isaïe 54, 9-10 :

« Je ferai comme au temps de Noé, quand j'ai juré que les eaux ne submergeraient plus la terre. De même, je jure de ne plus m'irriter contre toi et de ne plus te menacer même si les montagnes s'écartaient, si les collines s'ébranlaient, ma fidélité ne s'écarterait pas de toi, mon Alliance de paix ne serait pas ébranlée, dit le Seigneur qui te montre sa tendresse. »

Le Seigneur s'engage sans contrepartie. Il n'a pas d'exigence, seulement un souhait : « rougissez de votre conduite passée... » (Ezéchiel 36, 31-32) « ... cependant, à la limite, même si vous ne rougissez pas, je vous ramène sur votre sol, je vous purifierai, je changerai votre cœur et votre esprit ».

Voilà l'engagement du Seigneur Dieu. Il n'espère donc qu'une chose : que le peuple reconnaisse son péché. Nous avons ceci à la fin du psaume 50 que nous prions tous les vendredis :

« Crée en moi un cœur pur Ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint. Rends-moi la joie d'être sauvé ; que l'esprit généreux me soutienne. Aux pécheurs j'enseignerai tes chemins, vers toi reviendront les égarés / Libère-moi du sang versé, Dieu mon Dieu sauveur et ma langue acclamera ta justice. Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange ! » (Psaume 50, 12-17).

Conclusion : deux jardins bibliques ... et un troisième

Premier jardin : celui de l'Éden dans le livre de la Genèse. Ce jardin est en effet un concentré de l'Alliance. Dieu l'a planté, pas l'être humain. L'être humain a pour mission de le garder. Jardinier, l'homme cultive, récolte, consomme. Il doit aussi « veiller » sur tout. Pour veiller, il faut se repérer. Dans ce jardin où tout est bon, il y a un arbre qu'il ne faut pas toucher. Arbre « du bien et du mal » ou « du bonheur et du malheur » ? Les traductions hésitent. Peu importe. On peut toucher et jouir de tous les arbres, sauf de celui-là. L'interdit permet d'exercer sa liberté, car il n'y a pas de liberté s'il n'y a pas de choix. L'être humain n'est pas un simple consommateur, il est - par jeu de mots - un « consomm'acteur ». Et il est surtout un être de relation avec un/une partenaire humain, avec Dieu, avec les animaux, avec la nature. Le « tu ne toucheras pas » fait appel à la foi en Dieu. Le serpent saura pervertir l'interdit libérateur et la femme, puis l'homme, préfèreront croire que Dieu les trompe plutôt que de croire qu'il les aime alors même qu'ils ont tous les indices de cet amour...

Deuxième jardin, celui du Cantique des Cantiques. Deux jeunes amoureux se cherchent, se trouvent, se perdent, se cherchent de nouveau, le tout dans une nature en fête avec des cèdres, des genévriers, des narcisses, lys, pommiers, figuiers ; avec des parfums, naturels ou travaillés : parfum des lys, du henné, du nard. Le jardin du Cantique montre des fruits, des fleurs, et surtout l'impalpable de leurs effluves et fragrances. Ainsi se manifestent, par du presque rien, par le mouvement des corps et l'harmonie de la nature, l'immense amour des jeunes gens l'un pour l'autre :

« (Lui Que tes caresses sont belles, ma sœur, ô ma fiancée ! Que tes caresses sont meilleures que du vin et la senteur de tes parfums que tous les baumes ! Tes lèvres distillent du nectar, ô ma fiancée ; du miel et du lait sont sous ta langue ; et la senteur de tes vêtements est comme la senteur du Liban. Tu es un jardin verrouillé, ma sœur, ô fiancée ; une source verrouillée, une fontaine scellée ! Tes surgeons sont un paradis de grenades, avec des fruits de choix : le henné avec le nard, du nard et du safran, de la cannelle et du cinnamome, avec toutes sortes d'arbres à encens ; de la myrrhe et de l'aloès, avec tous les baumes de première qualité. (Elle Je suis une fontaine de jardins, un puits d'eaux courantes, ruisselant du Liban ! Éveille-toi, Aquilon ! Viens, vent d'Autan ! Fais respirer mon jardin, et que ses baumes ruissellent ! Que mon amour vienne à son jardin et en mange les fruits de choix ! » (Cantique 4, 10-16).

Le ou la partenaire est revêtu-e de joie, de caresses plus désirées qu'effectuées, de parfums. Il/elle est revêtu-e par le regard de l'autre. Le poème dit qu'il y a du lait et du miel sous la langue de la bien-aimée, mais qui le sait sinon le bien-aimé qui y a goûté ? Au cours des âges, cet érotisme a donné lieu à des lectures symboliques : le fiancé est identifié à Dieu ou au Christ et la fiancée à la communauté d'Israël, à l'Église ou à l'âme.

Troisième jardin : celui de Jean 20. Le quatrième évangile insiste (il est le seul) sur le fait que le tombeau de Jésus se trouve dans un jardin. L'évangile nous fait établir un lien avec les deux autres jardins. Dans la lumière de la résurrection, le nouvel Adam rencontre une femme qui représente tous les humains qui ont bénéficié, par la croix, du salut et du pardon. Autre lecture : une femme, Marie de Magdala, cherche son bien-aimé, le Christ. Or, il est là et elle ne le reconnaît pas. Il est là, il a pris le visage du jardinier : « Si c'est toi qui l'a enlevé, dis-moi où tu l'as mis et j'irai le chercher ». « Marie ! ». Le simple nom permet à Marie de reconnaître en celui qui lui parle son Seigneur, son sauveur, son « amoureux des grands chemins » (belle expression de Pierre-Marie Beaude dans son récit romancé Marie la passante, paru en 1999). En tant que jardinier, Jésus ressuscité replante l'homme et la femme dans le jardin des origines, harmonieux, avec les plantes et les animaux, le jardin de la liberté et du choix, de la relation, le jardin de la beauté, le jardin de la foi.


Messe Laudato Si' pour la Création : un dialogue entre les fleurs et les notes

La création de la messe Laudato Si' en septembre 2018 à la basilique Notre-Dame de Fourvière a été l'occasion d'une réflexion de la part de Caroline Royané, responsable de la commission « Fleurir en liturgie » du diocèse de Lyon, sur l'importance d'une collaboration entre les services liturgiques :

« Pour répondre à la demande du Pape François de célébrer du 1er septembre au 4 octobre 2018, « Le Temps pour la Création », le diocèse de Lyon a proposé en 2017 un concours de composition d'une messe sur ce thème, dans l'esprit de l'encyclique Laudato Si'.

Ce concours a été remporté par Jean-Baptiste Pinault, chef de chœur de la Maîtrise de la Cathédrale de Versailles, organiste titulaire de Saint Jean-Baptiste de Grenelle (Paris XVème) et professeur agrégé au Collège du Sacré-Cœur, ainsi qu'au Lycée Notre-Dame de Grandchamp à Versailles.

Cette création diffusée pour la première fois le 30 septembre 2018 à la Basilique de Fourvière au cours du Festival « Beauté Divine » sur le thème de la Création Divine, pourrait être en lien avec le fleurissement dans nos célébrations.

D'ailleurs, quoi de plus agréable et inspirant que de fleurir nos églises tout en écoutant nos organistes ou nos chanteurs en répétition. Tout comme la Musique liturgique, Fleurir en Liturgie n'est pas un décor. Elle ne vient pas habiller les célébrations, elle est célébration en elle-même.

La musique et les fleurs nous rapprochent du Seigneur.

La musique ouvre l'oreille du cœur, les fleurs ouvrent les cinq sens.

Le chant est un don que chacun apporte pour faire un seul corps et une seule voix, une manière de manifester notre communion.

Dans cette dynamique, nous pourrions envisager une collaboration entre les missions Fleurir en Liturgie et Musique liturgique. Toutes deux sont langage permettant d'accéder à la prière et d'entrer en contact avec notre Seigneur.

Les fleurs comme les notes s'unissent entre elles pour exprimer les émotions, traduire la puissance ou la fragilité...

Lors de la session nationale « Fleurir en Liturgie » en novembre 2017 à Paris, Elena Lasida, chargée de mission au pôle « Écologie et société » au sein de la Conférence des évêques de France qui a pour but d'accompagner les communautés chrétiennes dans la réception de l'encyclique du Pape François Laudato Si', appelait de ses vœux davantage d'échanges entre les différents services de la liturgie lors de la préparation des célébrations.

En effet, une meilleure collaboration entre nous, accroîtrait l'harmonie et l'unité dans les célébrations. Pour leur préparation, les services de Musique et de Fleurir en Liturgie ont en commun la nécessité d'avoir recours aux textes bibliques du jour. De même, l'écoute des chants et des musiques choisis pourrait inspirer et contribuer à donner du sens au fleurissement.

Dans le fleurissement, les fleurs s'harmonisent entre elles pour créer la composition florale, expression de notre foi.

La musique comme les fleurs accompagnent la Liturgie.

Toutes deux contribuent à la symphonie de la Parole de Dieu.

Tout est lié, les fleurs entre elles, les notes aussi.

Tout est don de Dieu. Tout est fragile, Tout est promesse d'une vie nouvelle.

Comment unir nos services afin que notes de musique et fleurs apportent leur contribution à la réalisation de la promesse d'une vie nouvelle, proposée par le Pape François dans l'encyclique Laudato Si' ? »


Laudato Si', entre désert et jardin : des pistes pour le fleurissement dans la liturgie

Dans ce texte, Elena Lasida présente l'encyclique « Laudato Si' » en faisant des liens entre l'encyclique et la mission « Fleurir en liturgie » et suggère des pistes concrètes pour le fleurissement. Il s'agit de la retranscription d'une intervention donnée dans le cadre de la session nationale Fleurir en liturgie sur le thème « L'Alliance, entre désert et jardin » le 21 novembre 2017.

Je vais essayer de faire une présentation de Laudato Si' pensée en résonnance avec ce qu'est votre mission liée à la question de l'art floral. Je ne sais pas faire de bouquets mais j'admire les fleurs. J'apprécie énormément dans ma paroisse cette présence dans la célébration. Je vais parler de votre mission de l'extérieur, comme quelqu'un qui en bénéficie mais pas du tout comme un acteur. Je vais peut-être dire des choses qui ne vous semblent pas pertinentes mais j'ai trouvé intéressant cet exercice de croiser Laudato Si' (la question écologique) avec la question des fleurs dans la célébration. Je vais vous présenter Laudato Si' en vous posant des questions et-ou en faisant parfois des propositions sur le lien qu'on peut faire autour de l'art floral et de la présence des fleurs dans la célébration.

Quand je songe à nos communautés chrétiennes et aux célébrations, je pense que votre mission, à travers les fleurs, est aujourd'hui un lieu central pour la conversion écologique. C'est vous qui, dans les célébrations, de la manière la plus explicite, y faites rentrer la nature. La question écologique est avant tout la question du lien entre l'être humain et la nature. Et vous, vous nous rappelez en permanence que la nature est là, parmi nous. C'est pour cela que je dis que votre mission dans la liturgie, dans les célébrations, votre mission dans l'Église, est, aujourd'hui, presque prophétique au regard de Laudato si. Vous pouvez véhiculer et aider cette conversion écologique d'une manière toute particulière. C'est ce que je vais essayer de vous exposer et vous me direz si cela correspond à votre travail concret dans les communautés.

Laudato Si' : principes généraux

C'est un texte historique qui occupe une place particulière et singulière dans les textes de l'Église, et notamment dans la Pensée sociale de l'Église. C'est la première encyclique qui est consacrée entièrement à la question écologique et présentée comme une encyclique sociale. C'est très important de le noter pour comprendre le message de l'encyclique. Quand on dit « écologie », on pense à l'environnement, aux ressources naturelles, aux fleurs et aux animaux. On ne pense pas nécessairement à la question sociale. Le pape nous dit que la question écologique est une question sociale. C'est la raison pour laquelle l'encyclique a toute sa place dans la doctrine sociale de l'Église. C'est déjà une manière particulière que de regarder l'environnement, la nature partir du lien avec le social, avec l'humain.

C'est un texte particulier et nouveau au niveau de la forme. Trois caractéristiques dans ce texte :

1ère nouveauté formelle : le langage

C'est un langage accessible qui n'utilise pas le jargon habituel de l'Église. Il peut donc être lu aussi par les non chrétiens. Le texte est également fondé du point de vue scientifique Le grand défi pour l'Église aujourd'hui c'est d'être comprise par tout le monde, dans un langage de tous les jours. On se plaint qu'il y a de moins en moins de monde dans nos églises avec des personnes de plus en plus âgées mais il y a véritablement un problème de langage. Si nous ne parlons pas le langage du monde comment allons-nous prétendre que le monde vienne à nos événements, à nos célébrations ? L'énorme nouveauté au-delà du contenu est donc le langage.

2ème nouveauté : la structure du texte

L'encyclique comprend 6 chapitres. Ceux-ci sont construits sous forme de dialogue entre l'Église et le monde. Un chapitre qui parle plutôt du monde suivi d'un chapitre qui parle plutôt de l'Église :

Premier chapitre : ce qui se passe dans notre maison (dans notre monde au niveau de l'écologie) ;

Deuxième chapitre : l'Evangile de la création (l'Église réagit par rapport à ce qui se passe dans le monde) ;

Troisième chapitre : la racine humaine de la crise écologique (on revient au monde, quelle est la cause de cette crise écologique ?) ;

Quatrième chapitre : une écologie intégrale, c'est la notion clé de Laudato Si'. Cette notion est fondée sur tous les principes de la pensée sociale de l'Église (on revient sur l'Église) ;

Cinquième chapitre : quelques lignes d'orientation et d'action (on revient au monde : que fait-on maintenant. On a vu ce qui se passe, quelles sont les pistes d'action ?) ;

Sixième chapitre : éducation et spiritualité écologique (on revient à la question chrétienne et spirituelle pour finir).

Ce document est construit comme un dialogue. Ce n'est pas l'habituelle logique « voir, juger, agir » qui façonne nos textes. Il est écrit sous forme de dialogue. L'environnement et l'écologie sont abordés dans l'encyclique comme une question concernant la relation. L'environnement est défini par le Pape comme la relation que nous avons avec la nature. L'environnement n'apparaît pas comme le cadre naturel qui nous entoure mais comme la relation que nous avons avec tous les êtres vivants. Et l'encyclique propose d'établir un type particulier de relation : le dialogue. Laudato Si' est une invitation au dialogue entre l'humain et la nature. La structure du texte est dialogique. Elle peut dérouter car le texte n'est pas construit avec une introduction, un développement et une conclusion.

3ème nouveauté : le nombre important de références ...

... aux travaux d'autres églises locales d'Amérique latine, du sud, d'Asie et quelques pays du nord. Cette pensée venant du haut est nourrie par le bas, elle a été construite par les communautés locales et le pape révèle comment il a été inspiré par les travaux faits dans les communautés locales et leurs contextes particuliers.

Le contenu de Laudato Si' et quelques liens avec votre mission

De ma lecture de Laudato Si', je dégagerai trois principes de base :

  • Tout est lié ;
  • Tout est donné ;
  • Tout est fragile.

Pour chacun de ces trois principes, j'aborderai trois points :

  • Une définition ;
  • Lien entre le principe et les fleurs (signe de référence à la nature en général) ;
  • Lien avec la mission en reprenant les termes de la session : « Alliance », « Désert », « Jardin ».

Tout est lié

Pourquoi est-ce un principe clé dans l'encyclique ? La question écologique pour le Pape n'est pas qu'une question de gestion des ressources naturelles ; que le pétrole disparaît et qu'il faut le remplacer par des énergies renouvelables ; que le climat se réchauffe ou que la biodiversité disparaît. Ce ne sont pas que des choses très techniques. On considère la nature comme une ressource naturelle qui nous donne de la matière pour pouvoir vivre. Le Pape nous dit que la nature ce n'est pas que des ressources naturelles au service de l'humain. La nature a une valeur en soi. C'est révolutionnaire pour nous chrétiens. Chaque être vivant de la création, qu'il soit humain, animal ou végétal, a une valeur en soi. Leur valeur n'est pas due au fait qu'ils sont au service de la vie humaine. La nature en général, chaque être vivant a une valeur en soi. Dans la tradition chrétienne, nous avons, avec raison, mis l'humain au centre de la création mais à un tel point que tout le reste de la création est considéré au service de l'humain. Et donc seul l'humain compte. Certes, l'humain occupe une place centrale. Mais le Pape nous dit « attention », tous les autres êtres vivants ne sont pas uniquement au service de l'humain, ils ont également une valeur en soi. Cela veut dire aussi que la valeur de chaque être vivant dépend des autres êtres vivants. Et c'est là qu'apparaît la question du tout est lié. La vie humaine dépend de la vie des autres êtres vivants. Mais l'inverse est également vrai. La vie des animaux, des végétaux, de la création dépend de nous aussi, humains. Il y a une relation d'interdépendance structurelle entre tous les êtres vivants. Ce n'est pas simplement la nature au service de l'humain. Entre tous les êtres qui constituent la création, y compris les humains, il y a une relation d'interdépendance. C'est un changement radical au niveau anthropologique. C'est une invitation énorme à revisiter l'anthropologie chrétienne. Ce n'est pas uniquement l'homme au centre et tout le reste au service de l'humain et donc une relation instrumentale avec tous les autres êtres de la création. Pas de relation instrumentale entre l'homme et la nature, nous dit le Pape mais une relation d'alliance entre l'homme et la nature.

Premier terme de la session : « Alliance »

Mot que nous utilisons très volontiers pour parler des relations humaines. Mais le Pape nous dit qu'avec les autres êtres vivants, il faut aussi une relation d'alliance. Evidemment, elle ne va pas prendre la même forme qu'entre les humains. Il ne s'agit pas de personnifier les fleurs ou les animaux. Ce n'est pas le même type de relation, ce n'est pas le même type d'alliance. Mais avec tous les êtres de la création, on peut aussi établir des relations d'alliance. Voilà une première chose qui est énorme. Le Pape ouvre un chantier à creuser pour les théologiens et pour tous les chrétiens car il nous faut déplacer ces schémas que nous avons dans la tête qui sont parfois figés et dire que dans la relation avec la nature, il se joue quelque chose d'essentiel qui n'est pas uniquement d'ordre physique.

Tout est lié : la relation entre l'humain et la nature, entre toutes les dimensions de la vie, les dimensions émotive, économique, politique, sociale. Tout cela doit être lié, tout cela est en communication. Cela va à l'encontre de la manière dont nous vivons aujourd'hui que ce soit en église ou en société. Tout est bien séparé : il y a d'un côté la politique sociale, d'un autre la politique économique, d'un autre coté l'éducation, d'un autre la santé. Chacun a son ministère, ses guichets, ses affaires, ses experts. Chacun est roi dans son domaine. Le Pape dit le contraire : on ne peut pas faire de l'économie sans la santé ; on ne peut pas faire de la santé sans la politique, on ne peut pas faire de la politique sans l'éducation. Tout cela est lié.

Regardez nos églises. Chacun a sa mission, « ma mission à moi et que personne ne vienne se mêler de ma mission » ! «Moi c'est la catéchèse, moi la liturgie, moi les fleurs, moi la solidarité. Laissez-moi faire, je sais faire !» Le Pape nous dit que cela ne doit pas se passer comme cela. Tout est lié. Cela veut dire que la liturgie doit se croiser avec la solidarité, la solidarité avec la catéchèse, etc. Cela veut dire que l'écologie aujourd'hui - c'est là qu'intervient la notion d'écologie intégrale - n'est pas qu'un problème des ressources énergétiques. L'écologie dans une église ce n'est pas uniquement de savoir le type d'énergie que l'on utilise pour le chauffage ; ce n'est pas remplacer les gobelets en plastique par des gobelets recyclables ; ce n'est pas uniquement le tri des déchets. Cela, il faut le faire et c'est déjà des chantiers énormes. Mais l'écologie ce n'est pas uniquement cela. L'écologie c'est relier toutes les dimensions de la vie d'une communauté chrétienne et les faire communiquer, les faire entrer en dialogue. C'est là le défi majeur de l'écologie. C'est une révolution culturelle. C'est le terme que le pape utilise : l'écologie intégrale c'est une révolution culturelle. Cela veut dire que cela va à l'encontre de la manière dont nous sommes aujourd'hui habitués à vivre, à agir chacun dans son domaine, dans son expertise.

Quel lien avec les fleurs ?

Dans la vie d'une communauté, notamment dans la célébration, les fleurs apportent un langage nouveau qui ne passe pas par la parole (dans une célébration nous parlons beaucoup, nous chantons). Les fleurs sont un langage symbolique. Nous vivons dans un monde de misère symbolique. Nous avons besoin de symboles. Nous voulons tout traduire en termes de concepts, en termes de discours, de mots. Plus que jamais, nous avons besoin de symboles pour dire ce à quoi nous tenons, ce à quoi nous donnons de la valeur, ce qui nous fait tenir ensemble. Les symboles sont importants pour dire le sens de notre vie. Le langage symbolique est absolument essentiel pour dire la foi, qui est toujours difficile d'enfermer dans des mots. Les fleurs donnent un langage nouveau à nos célébrations, elles participent de la célébration avec un langage symbolique.

Les fleurs ce n'est pas uniquement de la décoration, ce n'est pas simplement pour faire beau. C'est participer à la célébration avec un langage différent, c'est dire ce que l'on est en train de célébrer ensemble avec autre chose que des mots et des chants. Cela permet de dire l'indicible. Au niveau de la foi, on sait combien il est difficile de mettre des mots à l'indicible, à la transcendance, à l'expérience spirituelle. Les fleurs sont de l'ordre de la présence, du langage et non du décor. Les fleurs devraient aider à créer des alliances dans une communauté chrétienne. Comment ? L'alliance, c'est relier, c'est articuler, c'est croiser. Donc les fleurs peuvent nous aider à lier ce que nous célébrons avec le reste de la vie ; mettre en alliance la vie de la nature avec l'expression spirituelle ; l'expérience de foi avec le reste de la vie.

Se demander aussi comment vous participez dans la préparation des célébrations. Est-ce que simplement vous vous occupez à faire un beau bouquet de fleurs pour la célébration ou est-ce que vous avez une part active dans la préparation ? Parce que si justement les fleurs c'est une manière de dire avec un autre langage ce qu'on va célébrer, vous êtes une partie essentielle dans la préparation de la célébration. Par exemple, chaque texte de l'évangile renvoie à des couleurs. Se dire alors : ce texte à quelle couleur me fait-il penser ? Et en fonction du partage, on décide de faire un bouquet où cette couleur sera dominante, de l'imaginer ensemble avec les personnes avec qui nous préparons la célébration. A travers les fleurs, on peut faire dire plein de choses différentes. On fait participer la nature à la célébration. Nous pouvons aider à ce dialogue entre l'humain et la nature. Mais, il faut créer l'espace pour que cela soit possible. Cela dépend de nous mais aussi de toute la paroisse. Cela dépend de l'équipe liturgique, du curé, de toutes les personnes qui animent la vie de la paroisse. Ce n'est pas gagné mais Il y a là un combat qui vaut la peine de porter et nous pouvons dire que c'est le Pape François qui nous le demande.

Tout est donné

Principe clé, fondamental de l'encyclique. Le pape a des mots très forts au niveau symbolique aussi, il dit que la clameur de la terre et la clameur des pauvres, c'est la même chose. La terre crie de douleur à cause de la crise écologique. C'est une terre qui est en souffrance, qui est épuisée, abîmée, dégradée. Cette clameur de la terre est la même que la clameur des pauvres. Or la première chose à faire avant de voir comment réparer tout ce mal fait à la terre, c'est de commencer par reconnaître que cette terre nous a été donnée.

La première chose à faire aujourd'hui par rapport à cette nature en souffrance c'est de nous reconnaître comme bénéficiaires d'un cadeau énorme que nous avons reçu et que nous n'avons pas mérité, que nous n'avons pas acheté. La terre ne nous appartient pas. Et pourtant, regardons comment nous nous conduisons. La terre est devenue une propriété privée. On s'en est approprié pour mieux la gérer. Mais ce faisant, elle est devenue une ressource à notre service. Le Pape nous invite à la « conversion » écologique : c'est une question spirituelle et non seulement une question matérielle. Il faut nous rappeler que cette terre ne nous appartient pas, elle nous a été donnée, nous ne pouvons donc pas faire n'importe quoi avec cette terre et c'est à partir de là que nous pourrons commencer à voir comment établir une relation nouvelle avec elle. Cela veut dire retrouver le sens de la gratuité dans ce monde où tout s'achète et tout se vend, où tout se mérite.

C'est cela aujourd'hui la logique de notre monde, même à l'intérieur de l'Église. Il faut mériter de faire certaines missions, il faut mériter à pouvoir parler. Le Pape dit que l'écologie intégrale nous permet de retrouver cette expérience première, majeure, humaine, qui est celle de la gratuité.

Donc tout est donné. On gagne en liberté quand on fait l'expérience de la gratuité. La gratuité nous rend libres Quand on est propriétaire de quelque chose, on le défend car on se sent le maître. Par rapport à ce qui nous est donné, on est beaucoup plus libres. Libre ne veut pas dire irresponsable, libre veut dire que je ne vais pas le garder pour moi. Si ça nous a été donné, ça nous appartient à tous. Cette idée rejoint un des grands principes de la Pensée sociale de l'Église qui est « la destination universelle des biens ». Ce principe considère que tous les biens de la terre ont été donnés à toute l'humanité. Et si l'Église reconnaît le droit de propriété privée sur ces biens c'est pour mieux les gérer.

Mais l'Église le dit très clairement (voir Vatican II) : le principe de destination universelle des biens est premier sur le principe du droit à la propriété c'est-à-dire qu'on ne peut pas, selon l'Église, empêcher quelqu'un d'accéder à un bien s'il risque de mourir de faim. Cette personne aurait le droit, selon le principe de la destination universelle des biens, de « voler », c'est-à-dire de prendre un bien qui appartient à une autre personne, si elle risque de mourir. Car les biens appartiennent à tous avant d'appartenir à celui qui les gère. C'est énorme ce que dit l'Église. Dans le « tout est donné », le Pape nous rappelle que tous les biens dont nous bénéficions aujourd'hui sur terre, tous ces biens nous ont été donnés et qu'ils ne nous appartiennent pas.

Quel lien avec les fleurs ?

Les fleurs sont quelque chose qui peuvent facilement exprimer cette gratuité et cette création donnée. A la différence des autres ressources naturelles, les fleurs ne sont pas utiles, ne servent à rien, leur finalité première ce n'est pas de nourrir, c'est la beauté. Les fleurs, plus que d'autres objets de la nature, permettent de nos rappeler cette création qui nous a été donnée, cette expérience de gratuité. Elles sont un rappel permanent que la terre ne nous appartient pas.

Les fleurs nous invitent à faire cette expérience de la gratuité. Je vois des compositions qui suscitent mon admiration, on voit un vrai savoir-faire. Mais ce que j'aime dans un bouquet de fleurs, ce n'est pas sa perfection technique, son caractère sophistiqué, la maîtrise et le « savoir-faire », mais au contraire, la manière dont le bouquet me rappelle la gratuité de la création. Cela peut être quelque chose de très simple, pas forcément très élaboré. La composition florale dans une célébration doit être évaluée par ce qu'elle transmet. Un bouquet qui n'est pas très abouti techniquement mais qui évoque, qui provoque un sentiment, qui nous rappelle justement que nous ne pouvons pas tout maîtriser, pour moi c'est un bouquet beaucoup plus réussi. Se poser la question : « Que provoque cette présence florale dans la célébration ? » avant de se demander si elle est parfaite et si elle correspond bien à la technique apprise.

Deuxième terme de la session : « Désert »

C'est une expérience spirituelle majeure que celle du désert. Le désert est la condition sine qua non pour pouvoir recevoir un don. Quand on est dans le tout plein, on n'apprécie pas un cadeau. Pour l'apprécier, il faut avoir un manque, sinon ce qu'on nous donne c'est du surplus. On apprécie le don quand on a fait en nous ce vide. Quand on fait l'expérience d'une perte, d'un manque, c'est à ce moment-là qu'on apprécie un don et qu'on peut l'accueillir. Quand on est dans la plénitude, on est déjà plein. Le désert c'est cela, l'expérience du manque, du vide et, pour moi, c'est la condition pour recevoir le don.

Le lien avec la nature, avec la terre, mettre les mains dans la terre, toucher les pétales d'une fleur, c'est une expérience qui touche les sens, l'émotion, le physique, le spirituel et qui n'est pas uniquement d'ordre matériel. Le travail avec la terre, avec la nature est quelque chose qui aide à se reconstruire. La terre parle à tout le monde. Toucher la nature permet de se reconstruire. Ce n'est pas une expérience intellectuelle. Admirer un grain qui germe c'est magnifique. Il y a beaucoup d'expériences, avec des immigrés, avec des personnes en situation d'exclusion, de handicap, etc. qui proposent le travail avec la terre pour les aider à se remettre debout. Cette mission autour des fleurs dans l'église, ne pourrait pas être associée aux actions de solidarité ? Les fleurs pourraient être un lieu d'accueil des personnes qui sont en situation de fragilité (immigrés, pauvres, malades, ...). Permettre à ces personnes de rentrer en lien avec la nature en participant à l'élaboration des bouquets, c'est une manière de les faire sentir une force de vie qui nous dépasse. Le bouquet devient non seulement une manière d'accompagner les célébrations mais aussi les personnes qui sont dans le désert. La mission florale devient alors une mission sociale. A ceux qui sont dans le manque, on ne comble pas leur manque, mais on leur donne la possibilité de « toucher la vie ».

Tout est fragile

Notre maison commune, la terre, est en souffrance. Elle est extrêmement fragile. Toute l'encyclique parle de la fragilité de cette terre. Elle est épuisée, dégradée, abimée au point qu'aujourd'hui, elle compromet les possibilités de vie des générations futures. Et le Pape dit, dès les premières pages de l'encyclique, que cette fragilité de la terre n'est pas une fragilité à réparer. Elle peut être source de nouveauté. C'est ainsi que dès les premiers articles, il cite l'épître aux Romains 8, 22 « la création gémit dans les douleurs de l'enfantement ». Il fait le lien entre ce qui se passe aujourd'hui au niveau écologique et les douleurs de l'enfantement. Les douleurs de l'enfantement sont des douleurs terribles mais elles permettent la naissance de quelque chose de nouveau. Ce sont des douleurs que, plus que d'autres, on accepte d'avoir parce qu'on sait qu'elles sont associées à la naissance de quelque chose de nouveau. Et le pape nous dit que les douleurs de la terre aujourd'hui sont des douleurs d'enfantement.

Aujourd'hui cette fragilité, cette crise écologique, que l'on voit partout est une promesse d'une création nouvelle, une promesse d'une nouvelle manière de vivre ensemble sur terre. C'est énorme de dire que cette fragilité n'est pas à réparer mais à féconder. Pour répondre à la crise écologique, il ne s'agit pas de remplacer uniquement le pétrole par des énergies renouvelables, cela il faut le faire. Mais le problème n'est pas que technique. Il est beaucoup plus fondamental, il interroge nos modes de vie et la finalité même de notre vie. Le Pape nous invite à chercher une nouvelle définition du « progrès » parce que dans nos sociétés, on ne pense le progrès qu'en termes de bien-être matériel.

Le progrès devrait se mesurer plutôt par la qualité des relations que nous avons les uns avec les autres. C'est la qualité relationnelle qui nous fait vraiment vivre plutôt que l'accès aux biens. Les biens nous permettent tout juste de « survivre ». Il faut définir autrement le progrès. On peut le faire aujourd'hui parce que le modèle actuel de progrès n'est plus viable. On ne change pas lorsque tout va bien. On peut se poser la question de faire autrement lorsque cela ne marche pas. La fragilité actuelle de la terre devrait être, selon le Pape, une opportunité pour inventer du nouveau. Profitons de cette fragilité extrême pour inventer une autre manière de vivre : de nous déplacer, de consommer, de produire, de construire nos maisons, de vivre en communauté, une autre manière aussi de faire Église.

Quel lien avec les fleurs ?

Les fleurs sont très fragiles, éphémères. Elles sont signes de fragilité extrême et nous rappellent cette expérience première de fragilité. Cela va aussi en opposition avec la recherche de perfection dans le bouquet. Si le bouquet reste imparfait, il nous rappelle encore plus l'expérience de fragilité.

Troisième terme de la session : « Jardin »

Il est un lieu que l'on cultive, où l'on fait naître des fleurs et autres fruits. Le lien avec le jardin serait une invitation à chercher à faire le lien entre ces fleurs que l'on met au milieu de la célébration et leur origine : comment ont-elles été produites, cultivées ? D'où viennent-elles ? Est-ce qu'on a agressé la nature avec des produits chimiques pour les produire ? Est-ce qu'on a respecté la dignité des travailleurs dans les entreprises qui les produisent et les commercialisent ? Penser par exemple, à créer un jardin partagé dans la paroisse pour cultiver ensemble, avec la communauté, les fleurs qui seront destinées à la célébration. Cette manière de faire de « l'art floral » serait l'occasion de créer de nouveaux liens dans la communauté. Les jardins partagés sont des lieux qui créent du lien entre les personnes qui les travaillent. Et si ce n'est pas possible, on peut essayer d'acheter des fleurs qui proviennent des producteurs locaux (on favoriser le développement local) et des fleurs surtout de saison (on rappelle le temps cyclique de la nature). Mais on peut également organiser une promenade communautaire de la paroisse pour aller cueillir les fleurs pour la célébration du dimanche. Le lieu d'où viennent ces fleurs est aussi important que leur présence au milieu de la célébration.


Saison de la Création : quelques pistes pour célébrer une eucharistie

On trouvera ci-après quelques suggestions en vue de faciliter la préparation et l'organisation des célébrations qui jalonnent la Saison de la Création, du 1er septembre au 4 octobre.

Deux citations susceptibles d'être partiellement ou totalement utilisées dans un mot d'accueil :

« Dans l'Eucharistie, la création trouve sa plus grande élévation [...]. Dans l'Eucharistie, la plénitude est déjà réalisée ; c'est le centre vital de l'univers, le foyer débordant d'amour et de vie inépuisables. Uni au Fils incarné, présent dans l'Eucharistie, tout le cosmos rend grâce à Dieu. En effet, l'Eucharistie est en soi un acte d'amour cosmique : « Oui, cosmique ! Car, même lorsqu'elle est célébrée sur un petit autel d'une église de campagne, l'Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde ». L'Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création. Le monde est issu des mains de Dieu, retourné à lui dans une joyeuse et pleine adoration [...]. C'est pourquoi, l'Eucharistie est aussi source de lumière et de motivation pour nos préoccupations concernant l'environnement, et elle nous invite à être gardiens de toute la création ».

Laudato Si', n°236

« À côté des Écritures, la nature est un autre Livre, porteur lui aussi de « Révélation ». Le pape nous invite à l'ouvrir et à le lire. « Un splendide Livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté » (LS, n°12). « Son reflet se trouve dans tout ce qui existe » (LS, n°87). Alors que nous l'utilisons comme un simple objet dont nous usons et que nous jetons, « l'univers matériel est un langage de l'amour de Dieu » (LS, n°84), un appel à la relation, au déploiement de la vie quelles que soient les fragilités ... Pour François, « il y a une mystique dans une feuille, dans un chemin, dans la rosée, dans le visage des pauvres » (LS, n°233). [...] Regarder comment Dieu habite dans les créatures, dans les éléments, les plantes, les animaux, dans les hommes et donc en moi ... Comment il travaille en toutes choses créées sur la terre... Demander une connaissance intime du bien reçu (contemplatio ad amorem, « pour obtenir l'amour »). »

Glossaire de Laudato Si', l'Edition présentée et commentée sous la direction des jésuites du CERAS avec un guide de lecture en partenariat avec la Conférence des évêques de France, deuxième édition revue et corrigée, janvier 2016.

Préparation des messes dominicales de la Saison de la Création

Pour aider à la préparation des messes dominicales de la Saison de la création 2019, on trouvera ci-après quelques suggestions imaginées d'après le Label Eglise verte mis en place en 2017 et porté par la CEF (Conférence des Évêques de France), la Fédération Protestante de France (FPF), l'Assemblée des Évêques Orthodoxes de France (AEOF), le Conseil d'Églises Chrétiennes en France (CECEF) ainsi que par plusieurs mouvements d'Église (Secours Catholique, CCFD-Terre Solidaire, CERAS).

Découvrir et télécharger les fiches « Célébrations et catéchèse » :

  • Fiche n°2 - Célébration
  • Fiche n°10 - Célébrer la Saison de la Création

Célébrer la Saison de la Création

La référence à la Création dans les célébrations peut se faire de multiples manières à travers :

  • le fleurissement : en faisant des compositions florales en résonance avec le thème de la célébration et les végétaux de saison.
  • le geste des offrandes : en incluant des fruits de la terre et des objets faisant référence au rapport à la nature. Par exemple, chaque paroissien peut apporter une poignée de terre. Toutes ces poignées seront regroupées dans deux beaux vases dans lesquels le fleurissement prendra place.

La première étape consiste à choisir et méditer les textes que l'Église propose, en équipe liturgique quand cela s'avère possible. C'est une étape importante avant de procéder au fleurissement des dimanches de la Saison de la Création. La relation à la Création relève aussi du « ressenti ». Aussi, l'aménagement de l'espace, les gestes, les musiques et même les parfums comptent. A vous de choisir les idées les plus ajustées à votre communauté (selon votre emplacement, les compétences de l'équipe, etc.).

Quelques idées pour une célébration :

En amont de la célébration :

Pensez à la beauté du lieu et de son aménagement. La beauté est le signe de notre attention aux choses. Notre époque est aussi très « visuelle ». Quelle que soit l'attention portée aux paroles de votre célébration, ce sera l'image de l'autel ou de l'espace qui marquera le plus la sensibilité et le souvenir des participants. Vous pouvez faire une composition florale avec des fleurs qui proviennent des producteurs locaux ou bien lancer une sortie pour rapporter quelques belles branches qui feront entrer plus de nature dans votre lieu de culte. La saison s'y prête bien.

Vous pouvez aussi réaliser des compositions florales avec des enfants ou des adolescents lors de l'éveil à la foi, du catéchisme ou de l'aumônerie. Les animateurs ont souvent l'habitude et pourront s'en servir de support pour une séance riche de symboles.

Accueil :

Une belle prière ou chant d'accueil peut inviter à la louange. Une très belle prière est le Cantique de frère Soleil ou des créatures de saint François d'Assise dans la version proposée par franciscain.org :

Très haut, tout puissant et bon Seigneur,
à toi louange, gloire, honneur,
et toute bénédiction ;
à toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,
et nul homme n'est digne de te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement messire frère Soleil.
par qui tu nous donnes le jour, la lumière :
il est beau, rayonnant d'une grande splendeur,
et de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles :
dans le ciel tu les as formées,
claires, précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et pour l'air et pour les nuages,
pour l'azur calme et tous les temps :
grâce à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Eau.
qui est très utile et très humble,
précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la Terre,
qui nous porte et nous nourrit,
qui produit la diversité des fruits,
avec les fleurs diaprées et les herbes.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux
qui pardonnent par amour pour toi ;
qui supportent épreuves et maladies :
heureux s'ils conservent la paix
car par toi, le Très-Haut, ils seront couronnés.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
pour notre sœur la Mort corporelle
à qui nul homme vivant ne peut échapper.
Malheur à ceux qui meurent en péché mortel ;
heureux ceux qu'elle surprendra faisant ta volonté,
car la seconde mort ne pourra leur nuire.
Louez et bénissez mon Seigneur,
rendez-lui grâce et servez-le
en toute humilité !

Prière pénitentielle :

En début de célébration, nous vivons un temps de préparation pénitentielle. Le moment peut être propice pour évaluer notre propre relation à la création :

« S'il est vrai que « les déserts extérieurs se multiplient dans notre monde, parce que les déserts intérieurs sont devenus grands », la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure. [...] » Laudato Si' n° 217.

Première proposition

Dieu de miséricorde et de justice, nous confessons notre infidélité, nous ne t'avons pas aimé de tout notre cœur, de toute notre force et de toute notre pensée. Seigneur, prends pitié de nous !

Dieu de miséricorde et de justice, nous confessons que nous n'avons pas aimé notre prochain comme nous-même et nous n'avons pas pris soin de ta création, ce don que tu nous as confié. Seigneur, prends pitié de nous !

Dieu de miséricorde et de justice, nous confessons notre état d'esprit se concentrant trop souvent sur notre capacité à acheter au lieu de nous demander ce dont nous avons vraiment besoin et veiller aux besoins de la terre. Seigneur, prends pitié de nous !

Deuxième proposition :

Seigneur, ta joie éclate dans la création et nous ne la voyons pas, prends pitié de nous !

Seigneur, ton Fils vient parmi nous et nous ne le recevons pas, prends pitié de nous !

Seigneur, ton Esprit souffle sur nous et nous ne l'entendons pas, prends pitié de nous !

Seigneur, tu nous parles et nous ne répondons pas, prends pitié de nous !

Seigneur, tu nous aimes et nous n'en faisons pas une fête, prends pitié de nous !

Seigneur, tu nous sauves et nous n'en tenons pas compte, prends pitié de nous !

Nous voici maintenant devant toi, tels que nous sommes. Aide-nous à recevoir ton pardon, à accepter cette libération, et à vivre dans la joie avec et pour nos frères. Au nom de Jésus-Christ, notre Sauveur. Amen

Intercession / Prière universelle :

« Les créatures de ce monde ne peuvent pas être considérées comme un bien sans propriétaire : « Tout est à toi, Maître, ami de la vie » (Sg 11,26). D'où la conviction que, créés par le même Père, nous et tous les êtres de l'univers, sommes unis par des liens invisibles, et formons une sorte de famille universelle, une communion sublime qui nous pousse à un respect sacré, tendre et humble.» Laudato Si' n° 89

Voici quelques suggestions de prières universelles proposées par le conseil d'Eglises chrétiennes en France pour 2019 :

Dimanche 1er septembre

En ce premier jour de la Saison de la Création, que le Seigneur nous aide à être humbles devant la nature qu'il nous a confiée. Ensemble prions.

Dimanche 8 septembre

Envoie sur nous ton Esprit Seigneur, pour que nous connaissions ta volonté et fassions ce qui te plait. Apprends-nous à renoncer à nous conduire comme les propriétaires de la planète. Ensemble prions.

Dimanche 15 septembre

Dieu plein de miséricorde, que la culpabilité ne nous accable pas. Donne-nous la force et le courage de changer nos modes de vie en étant respectueux de la Création. Ensemble prions.

Dimanche 22 septembre

Seigneur, notre conduite est souvent source d'injustice. Fais de nous de bons intendants de ta Création. Apprends-nous à partager. Ensemble prions.

Dimanche 29 septembre

Comme au temps du prophète Amos, nous vivons dans l'inconscience. Qu'en ce dernier dimanche de la Saison de la Création nous nous engagions à vivre sobrement et soucieux des plus pauvres. Prions le Seigneur.

Offrande et communion :

« Le Nouveau Testament ne nous parle pas seulement de Jésus terrestre et de sa relation si concrète et aimable avec le monde. Il le montre aussi comme ressuscité et glorieux, présent dans toute la création par sa Seigneurie universelle : « Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute plénitude et par lui à réconcilier tous les êtres pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix » (Col 1, 19-20). Cela nous projette à la fin des temps, quand le Fils remettra toutes choses au Père et que « Dieu sera tout en tous » (1 Co 15, 28). De cette manière, les créatures de ce monde ne se présentent plus à nous comme une réalité purement naturelle, parce que le Ressuscité les enveloppe mystérieusement et les oriente vers un destin de plénitude. Même les fleurs des champs et les oiseaux, qu'émerveillé il a contemplés de ses yeux humains, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse.» Laudato Si' n° 100

« [...] Le Seigneur, au sommet du mystère de l'Incarnation, a voulu rejoindre notre intimité à travers un fragment de matière. Non d'en haut, mais de l'intérieur, pour que nous puissions le rencontrer dans notre propre monde. [...] dans le Pain eucharistique, « la création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers l'unification avec le Créateur lui-même ». [...] » Laudato Si' n° 236.

Procession d'offrande déployée, d'après un proposition du diocèse de Nancy

Dieu notre Père, nous te rendons grâce et nous te bénissons. Depuis la création, tu fais confiance en l'homme que tu as aimé dans le Christ, ton Fils, notre Rédempteur et Sauveur. A l'homme, tu as fait ce don immense de la vie dans cet univers porteur de ta Gloire.

L'humanité et les chrétiens connaissent les combats pour la justice : les droits de l'homme ; la charité envers le prochain ; les luttes contre la faim, pour le développement des peuples et la dignité des personnes... Tout cela te concerne, toi notre Dieu et ton Fils Jésus est venu nous le dire. C'est le combat pour la vie et l'intégrité de l'homme. Aujourd'hui, nous pouvons te rendre grâce pour ces engagements qui participent à la gloire de ton Nom même si ceux-ci révèlent les pécheurs que nous sommes ; car les larmes ne peuvent tuer le sourire ni l'amertume ternir la joie et le partage du cœur.

Refrain : Louez et bénissez mon Seigneur, rendez lui grâce et servez le en toute humilité.

Mais depuis quelques années, l'homme prend conscience qu'il y a aussi œuvre urgente de justice à gérer la création que Dieu lui a confiée. Placé en son centre, il découvre sa responsabilité dans la préservation des espèces et des ressources naturelles et du partage équitable entre tous. Il doit réaffirmer sa dépendance envers son Créateur et à travers l'Ecriture, se rappeler que l'Alliance concerne toute l'œuvre de Dieu en ce monde (Gn 9, 9-11). S'il a donné sa bénédiction en premier à l'homme et à la femme qu'il créa à son image (Gn 1, 28), Dieu l'a aussi donné à l'ensemble du créé en récapitulant ainsi toute son œuvre le septième jour.

Refrain : Louez et bénissez mon Seigneur, rendez lui grâce et servez le en toute humilité.

C'est cette prise de conscience que nous voulons t'offrir en ce jour, toi Notre Père. Elle est crucifiante mais surtout porteuse de signes de résurrection. En effet, nous savons que toute la création aspire à la révélation des fils de Dieu (Rm 8, 22) qui ont la merveilleuse mission de la conduire à son terme.

Loué sois-tu Monseigneur pour notre mère la Terre qui nous porte et nous nourrit. Elle donne du fruit en abondance et offre à tous tes enfants le moyen de vivre, de travailler et d'être acteur de cette abondance. Mais les hommes peuvent la surexploiter sans discernement. Par égoïsme, ils en font une poubelle produisant des pollutions graves pour la santé des hommes et la survie même de la planète.

(Procession : pot(s) de terre vierge accompagnée de beaux végétaux)

Refrain : Louez et bénissez mon Seigneur, rendez lui grâce et servez le en toute humilité.

Loué sois-tu Monseigneur pour sœur Eau, tu nous l'as donnée utile, humble, précieuse et chaste. Elle est vitale pour notre sœur la Terre et pour nos frères les hommes. Par elle, tu irrigues toute la vie et la santé du monde animal et végétal et l'essentiel des activités agricoles et industrielles des hommes. Cependant, l'homme est capable de la polluer en déversant détergents, rejets et immondices, la rendant impropre à la consommation alors que la pénurie s'annonce déjà et qu'il s'agit maintenant d'un défi pour les prochaines années.

(Procession : pichet(s) d'eau claire)

Refrain : Louez et bénissez mon Seigneur, rendez lui grâce et servez le en toute humilité.

Loué sois-tu Monseigneur pour frère Feu par qui tu nous éclaires, tu nous chauffes ; il est si beau et joyeux, indomptable et fort. Symbole de l'énergie nécessaire à notre devenir, nous sommes capables de l'utiliser dans le feu atomique qui détruit toute espérance humaine et toute vie sur terre. De même, pour des motifs de profits à court terme, il contribue à la destruction de vastes étendues de forêts, ravageant flore et faune et provoquant des dommages irréversibles.

(Procession : bougies)

Refrain : Louez et bénissez mon Seigneur, rendez lui grâce et servez le en toute humilité.

Il est urgent, Seigneur, que l'homme reprenne sa place et qu'il cesse de consommer à outrance de telle manière que seulement quelques-uns bénéficient des ressources tandis que d'autres sombrent dans la pauvreté des exclus. Toute atteinte à ton œuvre, Seigneur, est un affront à ta Sainteté.

Loué sois-tu Monseigneur parce que l'homme a la grâce de te demander pardon et de faire mémoire de ta bénédiction (Gn 1, 28). Serviteur de ton projet, il peut se mettre en route pour chercher des solutions appropriées au respect de ta création et au respect de son devenir. Signes de ton amour, images offertes à ta présence, par la fécondité que tu leur as donnée, cet homme, cette femme et ces enfants t'apportent le pain et le vin, fruits de notre mère la terre et de leur travail. Nous te les présentons afin qu'ils deviennent, dès ici-bas et dans ton royaume, le pain et le vin de ta justice et manifestation de ta Sainteté.

(Procession : un couple et leurs enfants apportent le pain et le vin sur l'autel)

Envoi :

En fin de célébration, l'une des prières suivantes peut être dite :

  • « Dieu Tout-Puissant »

Dieu Tout-Puissant
qui es présent dans tout l'univers
et dans la plus petite de tes créatures,

Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,
répands sur nous la force de ton amour pour que
nous protégions la vie et la beauté.

Inonde-nous de paix, pour que nous vivions
comme frères et sœurs
sans causer de dommages à personne.

Ô Dieu des pauvres,
aide-nous à secourir les abandonnés
et les oubliés de cette terre
qui valent tant à tes yeux.

Guéris nos vies,
pour que nous soyons des protecteurs du monde

et non des prédateurs,
pour que nous semions la beauté
et non la pollution ni la destruction.

Touche les cœurs
de ceux qui cherchent seulement des profits
aux dépens de la terre et des pauvres.

Apprends-nous à découvrir
la valeur de chaque chose,
à contempler, émerveillés,
à reconnaître que nous sommes profondément unis
à toutes les créatures
sur notre chemin vers ta lumière infinie.

Merci parce que tu es avec nous tous les jours.
Soutiens-nous, nous t'en prions,
dans notre lutte pour la justice, l'amour et la paix.

  • Prière pour notre terre :

Nous te louons, Père, avec toutes tes créatures,
qui sont sorties de ta main puissante.
Elles sont tiennes, et sont remplies de ta présence
comme de ta tendresse.
Loué sois-tu.

Fils de Dieu, Jésus,
toutes choses ont été créées par toi.
Tu t'es formé dans le sein maternel de Marie,
tu as fait partie de cette terre,
et tu as regardé ce monde avec des yeux humains.
Aujourd'hui tu es vivant en chaque créature
avec ta gloire de ressuscité.
Loué sois-tu.

Esprit-Saint, qui par ta lumière
orientes ce monde vers l'amour du Père
et accompagnes le gémissement de la création,
tu vis aussi dans nos cœurs
pour nous inciter au bien.
Loué sois-tu.

Pape François

  • Prière chrétienne avec la Création :

Ô Dieu, Un et Trine,
communauté sublime d'amour infini,
apprends-nous à te contempler
dans la beauté de l'univers,
où tout nous parle de toi.
Éveille notre louange et notre gratitude
pour chaque être que tu as créé.
Donne-nous la grâce
de nous sentir intimement unis à tout ce qui existe.
Dieu d'amour, montre-nous
notre place dans ce monde
comme instruments de ton affection

pour tous les êtres de cette terre,
parce qu'aucun n'est oublié de toi.
Illumine les détenteurs du pouvoir et de l'argent
pour qu'ils se gardent du péché de l'indifférence,
aiment le bien commun, promeuvent les faibles,
et prennent soin de ce monde que nous habitons.
Les pauvres et la terre implorent :
Seigneur, saisis-nous
par ta puissance et ta lumière
pour protéger toute vie,
pour préparer un avenir meilleur,
pour que vienne
ton Règne de justice, de paix, d'amour et de beauté.
Loué sois-tu.
Amen.

Pape François

Prières sur le thème de la Création

« Le Seigneur pouvait inviter les autres à être attentifs à la beauté qu'il y a dans le monde, parce qu'il était lui-même en contact permanent avec la nature et y prêtait une attention pleine d'affection et de stupéfaction. Quand il parcourait chaque coin de sa terre, il s'arrêtait pour contempler la beauté semée par son Père, et il invitait ses disciples à reconnaître dans les choses un message divin : « Levez les yeux et regardez les champs, ils sont blancs pour la moisson » (Jn 4, 35). Laudato Si' n° 97

Jésus nous enseigne à prier. Il se retirait souvent dans la nature pour prier (Luc 6, 12) et nous pouvons suivre son exemple. La tradition biblique encourage même de louer Dieu avec toutes les créatures (Ps 148).

Les prières au sujet de la Création sont variées. Vous en trouverez ci-dessous quelques exemples :

Prière pour la « Saison de la création » (2019)

« Créateur de la vie,

La terre est remplie de Tes créatures et par ta sagesse tu les as toutes faites. Sur ta parole, la Terre produisit des plantes produisant des semences de toutes sortes et des arbres de toutes sortes portant des fruits ; les eaux grouillaient d'essaims de créatures vivantes de toutes sortes et le monde était rempli de toutes sortes d'oiseaux ailés, d'animaux et de créatures qui rampent sur le sol.

Les montagnes, les plaines, les rochers et les rivières abritent diverses communautés et, au fil des saisons, ton Esprit renouvelle les cycles de la vie.

Au cours de cette saison de la Création, ouvre nos yeux pour voir la précieuse diversité qui nous entoure. Illumine nos esprits pour apprécier le délicat équilibre maintenu par chaque créature. Inspire-nous pour conserver les précieux habitats qui nourrissent cette toile de la vie.

Au nom de Celui qui est venu proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création, Jésus-Christ. Amen. »

Prière d'action de grâce pour la nature

« Nous te rendons grâce, Dieu de bonté,

Pour la beauté du ciel, de la terre, de la mer,

Pour la splendeur des montagnes, des plaines et des rivières,

Pour le chant des oiseaux et la beauté des fleurs.

Nous te louons pour ces dons généreux, et nous t'en prions,

Aide-nous à les conserver à nos descendants.

Accorde-nous de continuer à profiter avec reconnaissance

De ta création si riche et si diverse.

Et l'honneur et à la gloire de ton Nom, maintenant et toujours.

Amen. »

Traduction du Book of Common Prayer, Episcopal Church (1983)

Bénédiction des arbres

Il s'agit d'une prière juive dite au printemps à la vue d'un arbre en fleurs.

Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi de l'univers, qui n'a rien oublié dans Son monde et a créé en lui de bonnes créatures et de bons arbres pour que l'humanité se réjouisse.

« Libère l'étendue de l'atmosphère »

Cette prière a été écrite par un orthodoxe anonyme devant les changements climatiques.

« Dieu compatissant, qui aime l'humanité, regarde avec un œil de compassion les travaux de nos mains et libère l'étendue de l'atmosphère de la destruction et des émissions mortelles et de chaque pollution toxique, par lesquelles la mort et le danger menacent. Prends pitié de ce que tu as façonné et donne à tous la prudence pour ne pas agir de façon insensée (dont le résultat est la corruption) en accordant à tous le pardon et le salut et la pitié divine. Seigneur, prends pitié. »

« Montre-nous, Créateur »

« Sagesse et Verbe de Dieu, nous te supplions : montre-nous, Créateur, ce qui est agréable à tes yeux, ce qui est propre et utile à ta Création, ce qui est bon pour tous les hommes et leur est avantageux, comment dans le monde il nous faut tous changer de conduite et ne pas outrepasser ce qu'à l'arbre de la connaissance il est possible de goûter. Donne-nous le bon sens, ô notre Dieu, de ne pas esquiver les interdits, mais de garder sans faille tes préceptes divins. »

Bartholomée, Patriarche de Constantinople, prière pour le 1er septembre, fête de la protection de l'environnement

Pour la beauté du monde

Donne-nous, Seigneur, la grâce de découvrir la sainteté même de ta création, de la vénérer comme une œuvre divine, de la chanter comme le reflet de ta gloire. Que se lèvent d'autres François, Benoît, Hildegarde. Que Marie-Madeleine pousse un peu la pierre du tombeau, pour que la joie de la Résurrection illumine jusqu'aux entrailles de la Terre. Amen.

André Beauchamp, Hymnes à la beauté du monde

Pour l'écologie

Bon Dieu, je sais que Tu as créé la terre ; ce que Tu as fait était bon, très bon. Mais les humains sont en train de détruire la terre et tout ce qu'elle contient.

Il y a de la pollution partout, dans l'air, sur la terre et dans l'eau. Un jour viendra, peut-être, où il sera difficile de vivre sur la terre. Les grandes industries sont responsables, mais nous aussi. Nous gaspillons les richesses de la terre, nous jetons nos déchets un peu partout, nous ne préservons pas les beautés de la nature.

Aide-nous, Bon Dieu, à respecter la vie, la vie des plantes et des animaux, la vie humaine surtout. Apprends-nous à éviter toute pollution inutile. La terre deviendra alors un lieu de paix et de bonheur, comme Tu l'as voulu. Amen.

Adapté à partir d'une prière de l'abbé Gérard Desrochers dans la revue Sainte-Anne, juin 2013

Autres ressources :

L'encyclique Laudato Si' est disponible sur le site du Vatican

Pour célébrer la Saison de la Création avec le label Église verte, rendez-vous sur le site www.egliseverte.org

Pour la mise en œuvre de Laudato Si' dans votre communauté, en union avec les communautés chrétiennes à travers le monde, d'autres suggestions liturgiques, organisations d'événements de développement durable, de plantation d'arbres, etc. sont disponibles sur le site officiel de la Saison de la Création. 


La liturgie face au défi de la sauvegarde de la Création

Depuis 2015, chaque 1er septembre, les catholiques sont invités à célébrer une Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création. Certaines communautés prolongent par une « Saison de la création » jusqu'au 4 octobre, fête de saint François d'Assise, proclamé en 1979 « patron céleste de ceux qui se préoccupent d'écologie » par Jean-Paul II. Mais au‑delà de ces temps forts annuels, la liturgie elle-même encourage à relever le défi de l'écologie.

Pas d'écologie intégrale sans spiritualité

C'est en juin 2015 que le pape François a publié Laudato si (LS), son encyclique sur « la sauvegarde de la maison commune ». Le thème a parfois étonné, car aucun pape ne l'avait abordé avec cette ampleur. Mais prenant acte que l'avenir de la création préoccupe aujourd'hui de plus en plus les hommes, le pape François estime le moment venu de proposer plus largement la vision chrétienne pour enrichir la réflexion sur l'« écologie intégrale ».

Aux chrétiens, il souhaite même proposer « une spiritualité écologique », car « ce que nous enseigne l'Évangile a des conséquences sur notre façon de penser, de sentir et de vivre » et « il ne s'agit pas de parler tant d'idées, mais surtout de motivations qui naissent de la spiritualité pour alimenter la passion de la préservation du monde » (LS 216). En cela, il rejoint ses prédécesseurs, en soulignant que la crise est avant tout spirituelle : « Il ne sera pas possible, en effet, de s'engager dans de grandes choses seulement avec des doctrines, sans une mystique qui nous anime » (LS 216) et donne sens à l'action personnelle et communautaire. C'est la raison qui le conduit à souhaiter associer les catholiques à une initiative de frères et sœurs orthodoxes.

Une Journée mondiale de prière pour la Sauvegarde de la Création

Au début de son encyclique, après avoir évoqué ses prédécesseurs, le pape François avait mentionné le patriarche orthodoxe Bartholomée, son invitation à « reconnaître les péchés contre la création », car « un crime contre la nature est un crime contre nous-mêmes et un péché contre Dieu » (LS n°8) et aussi son insistance « sur les racines éthiques et spirituelles des problèmes environnementaux » et sa conviction que les solutions techniques ne suffiront pas, car il faut aussi un changement de la part de l'être humain (LS n°9).

La pensée du pape rejoint celle du patriarche et il va accueillir favorablement une suggestion émise à l'occasion de la présentation de l'encyclique Laudato si : s'associer à l'initiative du patriarcat de Constantinople qui, depuis 1989, célèbre chaque année une « Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création ». Elle a lieu le 1er septembre, le début de l'année liturgique pour les orthodoxes, un moment propice pour rappeler l'œuvre de Dieu dans la création du monde. D'autres églises chrétiennes européennes ont adopté la journée en 2001. À partir de 2007, elle est complétée par une « Saison de la création » à vivre jusqu'au 4 octobre.

Le 6 août 2015, le pape François annonce donc sa décision d'instituer dans l'Église catholique une « Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création », chaque 1er septembre : « En tant que chrétiens, nous souhaitons offrir notre contribution à la résolution de la crise écologique à laquelle l'humanité est actuellement confrontée. Pour cela, nous devons avant tout puiser dans notre riche patrimoine spirituel les motivations qui nourrissent la passion pour la sauvegarde de la création, en n'oubliant jamais que, pour les croyants en Jésus-Christ, Verbe de Dieu qui s'est fait homme pour nous, "la spiritualité n'est déconnectée ni de notre propre corps, ni de la nature, ni des réalités de ce monde ; [elle] se vit plutôt avec celles-ci et en elles, en communion avec tout ce qui nous entoure" (LS n°216) ».

Le pape souhaite que cette Journée devienne « un temps fort de prière, de réflexion, de conversion et d'adoption d'un style de vie cohérent ». Car la « conversion écologique » exige une « conversion spirituelle profonde », ce qui « implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure » (LS n°217). On découvre alors que protéger l'œuvre de Dieu ne peut être quelque chose d'optionnel ou de secondaire pour un disciple du Christ.

Depuis, chaque année, « un comité directeur œcuménique fournit des ressources pour célébrer la Saison de la Création », comme l'a rappelé Mgr Duffé, Secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral. Ce comité propose notamment un thème annuel : pour 2019, « "le réseau de la vie", un thème qui relie notre rôle en tant que gardiens de la création de Dieu au besoin urgent de protéger la biodiversité ».

Pour aller plus loin

Le message du Saint Père pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création 2019.

  


La « Saison de la Création » : un temps pour protéger l'héritage du Créateur

Du 1er septembre au 4 octobre 2019, les chrétiens du monde entier sont invités par une initiative œcuménique émanant des communautés orthodoxes, catholiques et protestantes à célébrer la « Saison de la Création », à travers des temps de prière et d'action en faveur de la maison commune. Le dicastère pour le service du développement humain intégral nous invite à rejoindre l'initiative, notamment par la mise à disposition de plusieurs ressources.

Le thème retenu pour cette année 2019 est Le réseau de la vie, « un thème qui attire notre attention à la fois sur notre rôle de régisseur de la création et sur l'urgente nécessité de protéger la riche tapisserie tissée par le Créateur qu'est la biodiversité » explique le dicastère.Ce thème aide à méditer sur deux faits essentiels à propos de la création : elle vient de Dieu et nous y contribuons.

Cette Saison de la Création est l'occasion de vivre un temps d'unité, de louange et de prière tourné vers l'œuvre de Dieu.

Les Écritures commencent par l'affirmation de Dieu selon laquelle la création est « très bonne ». Elle est précieuse car faite par Dieu. Toutes ses composantes reflètent un aspect de Dieu. Le témoignage biblique montre que le tissu de la vie - la biodiversité - est important parce que Dieu accorde de la valeur à chaque créature créée. Pour le pape François « Il ne suffit pas de penser aux différentes espèces seulement comme à d'éventuelles ressources exploitables, en oubliant qu'elles ont une valeur en elles-mêmes. [...] À cause de nous, des milliers d'espèces ne rendront plus gloire à Dieu par leur existence et ne pourront plus nous communiquer leur propre message. » - Encyclique Laudato Si' n° 33.

Pour répondre à cette initiative, « Fleurir en Liturgie » propose un dossier composé de quelques documents susceptibles d'être utilisés par les communautés paroissiales avec :

  • L'Alliance, entre désert et jardin, un article du père Gérard Billon, président de l'Alliance biblique française, reprenant une intervention effectuée le 22 novembre 2017 ;
  • Laudato Si', entre désert et jardin : des pistes pour le fleurissement dans la liturgie, un article d'Elena Lasida, chargée de mission « Écologie et société » au sein de la Conférence des évêques de France, reprenant une intervention effectuée le 21 novembre 2017 ;
  • Messe Laudato Si' pour la Création : un dialogue entre les fleurs et les notes, un texte de Caroline Royané, responsable « Fleurir en liturgie » du diocèse de Lyon, exprimant l'importance d'une collaboration entre les services liturgiques ;
  • Saison de la Création : quelques pistes pour célébrer une eucharistie, une série de suggestions en vue de l'organisation des célébrations pour la période allant du 1er septembre au 4 octobre 2019.

Dans un entretien accordé à L'Osservatore Romano du mardi 25 juin 2019, le Père Giraud, prêtre jésuite, chef économiste de l'Agence française de développement et directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique déclare :

« [...] Laudato S' est jusqu'à présent, et au niveau mondial, l'unique document spirituel et aussi politique qui offre un horizon eschatologique du chemin écologique, de l'alliance avec la création. Et en même temps, il propose une analyse scientifique précise, avec des recommandations empreintes de réalisme. [...] »

De son côté, dans un message au deuxième forum des communautés Laudato S' du 6 juillet 2019, le pape François met l'accent sur trois mots :

« Le premier mot est doxologie. Face au bien de la création et surtout face au bien de l'homme qui est le sommet de la création, mais aussi son gardien, il est nécessaire d'adopter une attitude de louange. Face à tant de beauté, avec un émerveillement renouvelé, avec des yeux d'enfants, nous devons être capables d'apprécier la beauté dont nous sommes entourés et dont l'homme est tissé. La louange est le fruit de la contemplation, la contemplation et la louange conduisent au respect, le respect devient quasiment vénération face aux biens de la création et de son Créateur.

Le deuxième mot est Eucharistie. L'attitude eucharistique face au monde et à ses habitants sait saisir la condition de don que tout être vivant porte en soi. Toute chose nous est remise gratuitement et pas pour être pillée ou phagocytée, mais pour devenir à son tour don à partager, don à donner pour que la joie soit pour tous et soit, pour cela, plus grande.

Le troisième mot est ascèse. Toute forme de respect naît d'une attitude ascétique, c'est-à-dire de la capacité de savoir renoncer à quelque chose pour un bien plus grand, pour le bien des autres. L'ascèse nous aide à convertir l'attitude prédatrice, toujours aux aguets, pour assumer la forme du partage, de la relation écologique, respectueuse et courtoise. »

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer