Prières par Monseigneur Louis Gaston Adrien de Ségur.
Assurer son salut éternel par une vie sérieusement chrétienne
« Voulez-vous être sûr d'éviter l'enfer, mon très cher lecteur ? Ne vous contentez pas d'éviter le péché mortel, de combattre les vices et les défauts qui y conduisent ; menez une bonne et sainte vie, sérieusement chrétienne, et pleine de Jésus-Christ. Faites comme les personnes prudentes qui ont à passer par des chemins difficiles et à côtoyer des précipices : de peur d'y tomber, elles se gardent bien de marcher sur le bord, où un simple faux pas pourrait devenir fatal ; elles prennent sagement l'autre côté de la route, et s'éloignent tant qu'elles peuvent du précipice.
Faites de même ! Embrassez généreusement cette belle et noble vie qu'on appelle la Vie Chrétienne, la Vie de la piété. Guidé par les conseils de quelque Saint Prêtre, imposez-vous à vous même une sorte de règlement de vie, dans lequel vous ferez entrer, en proportion des besoins de votre âme et des circonstances extérieures où vous vous trouverez, quelques bons et solides exercices de piété, parmi lesquels je vous recommande les suivants, qui sont à la portée de tout le monde : Commencez et terminez toujours vos journées par une prière bien soignée, bien cordiale. Joignez-y, le matin et le soir, la lecture attentive d'une ou deux petites pages de l'Evangile, ou de l'Imitation, ou de quelque autre bon livre qui vous ira le mieux ; et après cette petite lecture quelques minutes de recueillement et de bonnes résolutions, le matin pour la journée, le soir pour la nuit, avec la pensée de la mort et de l'éternité. Prenez l'excellente habitude de faire le Signe de la Croix toutes les fois que vous sortez de votre chambre et que vous y entrez.
Cette pratique, très simple en elle-même, est très sanctifiante. Mais ayez bien soin de ne jamais faire ce Signe sacré à la légère, sans y penser, par routine, comme font tant de gens. Il faut Le faire religieusement et gravement. Tâchez, si les devoirs de votre état vous en laissent la liberté, d'aller à la Messe tous les matins, de bonne heure, afin de recevoir chaque jour la Bénédiction par excellence, et de rendre à Notre-Seigneur les hommages que chacun de nous Lui doit dans Son grand Sacrement. Si vous ne le pouvez pas, efforcez-vous du moins de faire tous les jours une Adoration du Saint-Sacrement ; soit en entrant dans l'église, soit de loin et du fond de vôtre cœur. Rendez également tous les jours, avec un cœur vraiment filial, à la Bienheureuse Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère des Chrétiens, quelque hommage de piété, d'amour, de vénération. L'amour de la Sainte-Vierge, joint à l'amour du Saint-Sacrement, est un gage quasi-infaillible de salut ; et l'expérience a démontré dans tous les siècles que Notre-Seigneur Jésus-Christ accorde des Grâces extraordinaires, et pendant leur vie et au moment de leur mort, à tous ceux qui invoquent et qui aiment sa Mère. Portez toujours sur vous ou un scapulaire, ou une médaille, ou un chapelet. Prenez et ne quittez jamais l'excellente habitude de vous confesser et de communier souvent.
La Confession et la Communion sont les deux grands Moyens offerts par la Miséricorde de Jésus-Christ, à tous ceux qui veulent sauver et sanctifier leurs âmes, éviter les fautes graves, croître dans l'amour du bien et dans la pratique des vertus chrétiennes. On ne peut, à cet égard, donner de règle générale ; mais ce que l'on peut affirmer, c'est que les hommes de bonne volonté, c'est-à-dire ceux qui veulent sincèrement éviter le mal, servir le Bon Dieu, et L'aimer de tout leur cœur, ceux-là sont d'autant meilleurs qu'ils communient plus fréquemment. Quand on est ainsi disposé, le plus, c'est le mieux ; et serait-ce plusieurs fois par semaine, voire même chaque jour, ce ne serait pas trop souvent. Presque tous les bons chrétiens feraient très bien, s'ils en avaient la faculté, de sanctifier par une bonne Communion tous les Dimanches et Fêtes, sans y manquer jamais par leur faute. Le célèbre Catéchisme du Concile de Trente semble dire que le moins que doive faire un chrétien quelque peu soucieux de son âme, c'est d'aller aux Sacrements tous les mois. Enfin, proposez-vous, dans votre petit règlement de vie, de combattre incessamment les deux ou trois défauts que vous remarquez ou que l'on vous a fait remarquer en vous ; c'est le côté faible de la place, et c'est évidemment par là que, dans un moment ou dans un autre, l'ennemi tentera des surprises et des coups de main. Evitez comme le feu les mauvaises fréquentations et les mauvaises lectures. Vous le comprenez, cher lecteur, ce que je vous recommande ici n'est pas d'obligation. Bien loin de là. Mais, je vous le répète, si vous entrez dans cette voie de générosité et de ferveur, et si vous y marchez résolument, vous assurerez d'une manière surabondante la grande et très grande affaire de votre éternité ; et vous serez certain d'éviter les peines éternelles de l'enfer, comme on est certain d'éviter les privations de la pauvreté lorsque, par une sage et intelligente administration, on augmente puissamment sa fortune. Dans tous les cas, ne manquez pas de prendre de ces directions ce que vous pourrez en porter ; faites pour le mieux ; mais, pour l'amour de votre âme, pour l'Amour du Sauveur qui a versé tout son Sang pour elle, ne reculez pas devant l'Evangile, et soyez Chrétien tout de bon. Pensez souvent, pensez sérieusement à l'enfer, à ses peines éternelles, à ses feux dévorants, et je vous promets que vous irez au Ciel.
Le grand missionnaire du Ciel, c'est l'enfer. »
Ainsi soit-il.
Mgr Louis-Gaston Adrien de Ségur (1820-1881)
Sur l'Enfer.
Voici quelques Conseils pour être sûr d'éviter l'enfer et « Assurer son salut éternel par une vie sérieusement chrétienne » de Mgr Louis-Gaston Adrien de Ségur (1820-1881), fils de la célèbre Comtesse de Ségur, ordonné Prêtre en 1847, nommé auditeur pour la France auprès de la Rote Romaine et Aumônier de la garnison française à Rome qui, aveugle à 36 ans, va écrire de nombreux ouvrages pour lutter contre la Franc-maçonnerie et le Protestantisme ainsi que des ouvrages de Piété.