Celui qui est la Splendeur du Père a pris la forme de l’homme »
Celui qui est la Splendeur du Père a pris la forme de l'homme »
« Celui qui est la Splendeur du Père et Sa forme incréée, a pris la forme de l'homme. Sa Puissance, et non la nature, a rendu féconde une Vierge. Que le vieil Adam se console enfin ; qu'il chante un cantique nouveau. Longtemps fugitif et captif, qu'il paraisse au grand jour. Ève enfanta le deuil ; une Vierge, dans l'allégresse, enfante le Fruit de Vie. Et ce Fruit n'a point lésé le sceau de Sa virginité. Si le cristal humide est offert aux feux du soleil, le rayon scintille au travers ; et le cristal n'est point rompu : ainsi n'est point brisé le sceau de la pudeur dans l'Enfantement de la Vierge. A cette Naissance, la nature est dans l'étonnement, la raison est confondue. C'est chose inénarrable, cette génération du Christ, si pleine d'amour et si humble. D'une branche aride sont sorties la feuille, la fleur et la noix ; et de la Vierge pudique, le Fils de Dieu. La toison a porté la rosée céleste, la créature le Créateur, Rédempteur de la créature. La feuille, la fleur, la noix, la rosée : emblèmes mystérieux de l'Amour du Sauveur. Le Christ est la feuille qui protège, la fleur qui embaume, la noix qui nourrit, la rosée de céleste grâce. Pourquoi l'Enfantement de la Vierge est-il un scandale au Juif, quand il a vu l'amandier fleurir sur une verge desséchée ? Contemplons encore la noix ; car la noix, mise en lumière, offre un mystère de lumière. En elle trois choses sont réunies ; elle nous présente trois bienfaits : onction, lumière, aliment. La noix est le Christ ; l'écorce amère de la noix est la croix dure à la chair ; l'enveloppe marque le corps. La divinité, revêtue de chair, la suavité du Christ, c'est le fruit caché dans la noix. Le Christ, c'est la Lumière des aveugles, l'Onction des infirmes, le Baume des cœurs pieux. Oh ! Qu'il est suave, ce Mystère qui change la chair, cette herbe fragile, en divin froment pour les fidèles ! Ceux que, dans cette vie, Tu nourris, ô Jésus, sous les voiles de ton Sacrement, rassasie-les un jour de l'éclat de ta Face. Coéternelle splendeur du Père, enlève-nous de ce séjour jusqu'aux joies des Clartés paternelles ».
Ainsi soit-il.
Adam de Saint-Victor († vers 1140) - Prière pour rendre nos hommages au divin Enfant dans l'Octave de Noël