18 ièm heure de la Passion.
07/03/2020
DIX HUITIEME HEURE:
Jésus chargé de sa Croix et conduit au Calvaire
où on le dépouille de ses vêtements
où on le dépouille de ses vêtements
Prière préparatoire
(À faire avant chaque Heure que l'on va méditer.)
Ô mon Seigneur Jésus-Christ, prosterné devant toi, je supplie ton Coeur infiniment amoureux de bien vouloir m'admettre à la méditation des Heures douloureuses de ta Passion durant lesquelles, par Amour pour nous, tu voulus souffrir dans ton Corps adorable et dans ton Âme infiniment sainte, jusqu'à mourir sur la Croix. Daigne me donner ton Aide, ta Grâce, ton Amour, ainsi qu'une profonde compassion à ton endroit et une profonde compréhension de tes Souffrances, pendant que je méditerai sur la énième Heure (préciser).
Et pour les Heures sur lesquelles je ne pourrai pas méditer, c'est-à-dire celles pendant lesquelles je serai contraint soit de m'appliquer à mes devoirs journaliers, soit de m'adonner au sommeil, je veux t'offrir la volonté que j'ai de méditer aussi sur elles. Accepte alors, ô Seigneur miséricordieux, mon intention d'amour, et fais en sorte que ces Heures me profitent et profitent à beaucoup d'autres comme si je les faisais effectivement et saintement. Entre temps, je te rends grâce ô Jésus, toi qui m'appelles à m'unir à toi dans la prière, et je me plonge dans tes Pensées, tes Paroles, ta Volonté et ton Amour, en implorant l'aide de ta Très Sainte Mère et de mon ange gardien.
Réciter un Je te salue Marie à la Très Sainte Vierge, un Gloire au Père à son ange gardien, et un De profundis (Ps 130) pour les âmes du Purgatoire, auxquelles il ne faut pas manquer d'appliquer les indulgences qui seront gagnées par la méditation du mystère.
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DIX HUITIEME heure de la passion
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De 10h à 11h :
Jésus chargé de sa Croix et conduit au Calvaire
où on le dépouille de ses vêtements
Mon Jésus, Amour insatiable, je vois que tu ne te donnes pas un instant de répit. Je ressens tes Désirs ardents d'Amour. Ton Coeur bat fort et, à chaque Battement, je ressens tes éclatements et tes violences d'Amour. Ne pouvant contenir le feu qui te consume, tu te fatigues, tu gémis, tu soupires et, à chacun de tes gémissements, je t'entends dire: «Croix!» Chaque goutte de ton Sang proclame: «Croix!» Toutes tes Peines, dans lesquelles tu te noies comme dans une mer immense, répètent: «Croix!» Et tu t'exclames: «Ô Croix bien-aimée et si ardemment désirée, toi seule sauveras mes enfants. En toi je concentre tout mon Amour!»
Tes ennemis te font rentrer dans le prétoire et, voulant te faire endosser tes vêtements, t'enlèvent la pourpre dont tu es couvert. Mais quelle Souffrance! Il me serait plus facile de mourir que de te voir tant souffrir! Le vêtement s'accroche à ta couronne d'épines et ils ne peuvent l'enlever. Alors, avec une cruauté inhumaine, ils t'arrachent d'un seul coup et le vêtement et la couronne. Ce coup cruel brise plusieurs épines qui demeurent enfoncées dans ta Tête. Et ton Sang coule abondamment.
Tu gémis sous la douleur. Mais, ne se souciant pas de tes tortures, tes ennemis t'enfilent ton vêtement, et de nouveau te remettent la couronne. Et comme ils la pressent fortement sur ta Tête, les épines te parviennent jusqu'aux Yeux et aux Oreilles; si bien qu'il n'y a aucune partie de ta Tête infiniment sainte qui n'en ressente les douleurs. Ta Souffrance est si grande que tu vacilles, trembles de la tête aux pieds et que tu es sur le point de mourir. Et de tes Yeux languissants et pleins de Sang, c'est avec difficulté que tu me regardes pour me demander de l'aide dans cette détresse extrême.
Mon Jésus, Roi des Douleurs, laisse-moi te soutenir et te serrer sur mon coeur. Je voudrais prendre le feu qui te dévore pour réduire en cendres tes ennemis et te mettre à l'abri. Mais toi, tu ne veux pas, parce que tes Désirs de la Croix se font plus ardents, et que tu veux t'immoler sur elle immédiatement pour tous, même pour tes ennemis!
Mais tandis que je me serre sur ton Coeur et que toi tu te serres sur le mien, tu me dis: «Mon enfant, laisse-moi donner libre cours à mon Amour et, avec moi, répare pour ceux qui, tout en faisant le bien, me déshonorent. Ces Juifs me font reprendre mes vêtements pour me déconsidérer davantage devant le peuple, afin de le convaincre que je suis un malfaiteur. Apparemment, l'action de me vêtir est bonne mais, dans leur coeur, elle est mauvaise. Combien de gens font de bonnes oeuvres, administrent les sacrements ou les fréquentent, mais à des fins humaines, sinon carrément mauvaises.
«Le bien, quand il est mal fait, porte à la dureté. Je veux être couronné une deuxième fois, avec des Souffrances plus cruelles qu'à la première, pour briser cette dureté, et pour ainsi attirer les hommes à moi. Ah! mon enfant, ce deuxième couronnement m'est bien plus douloureux que le premier; je sens ma Tête comme si elle nageait dans les épines. Et à chaque mouvement que je fais ou à chaque choc qu'on me donne, ce sont autant de morts cruelles que je vis. Je répare ainsi pour ceux qui, au lieu de penser à leur propre sanctification, se dissipent et rejettent ma Grâce, tandis que moi, je gémis et désire ardemment leur salut. Ah! je fais tout pour aimer les créatures et celles-ci font tout pour m'offenser! Toi au moins, ne me laisse pas seul dans mes Peines et dans mes Réparations!»
Mon Bien torturé, avec toi je répare, avec toi je souffre. Là je vois que tes ennemis te font tomber dans un escalier. Et après, fiévreusement, ils te font arriver à la Croix, toute prête, qu'avec de si ardents Désirs tu cherches. C'est avec Amour que tu la regardes et que, d'un Pas assuré, tu t'approches pour t'en emparer. Mais d'abord, tu lui donnes un Baiser. Et tandis que ton Humanité infiniment sainte frissonne de joie, tu la regardes et en mesures la longueur et la largeur. Tu en établis une portion pour chaque créature. Tu en dotes suffisamment pour chacune, afin de la lier à la Divinité par le lien du mariage et pour la rendre héritière du Royaume des Cieux. Puis, ne pouvant contenir l'Amour avec lequel tu nous aimes, tu recommences à lui donner des Baisers et tu lui dis:
«Croix adorée, enfin je t'embrasse. Tu es le Désir ardent de mon Coeur, le martyre de mon Amour. Tu as tardé jusqu'à maintenant, tandis que c'était toujours vers toi que mes Pas se dirigeaient. Sainte Croix, c'est toi le but de mon existence ici-bas. En toi je concentre tout mon être, en toi je place tous mes enfants. Tu seras leur vie, leur lumière, leur défense, leur gardien et leur force; tu les secourras en toutes choses et tu me les amèneras glorieux au Ciel.
«Ô Croix, chaire de Sagesse, toi seule enseigneras la vraie sainteté, toi seule formeras les héros, les athlètes, les martyrs, les saints. Belle Croix, c'est toi mon Trône. Et tandis que je dois quitter cette terre, toi, tu seras toujours à moi. Je te donne en dot toutes les âmes; garde-les-moi, sauve-les-moi. Je te les confie!»
Et, anxieux, tu te la fais placer sur tes Épaules infiniment saintes. Ah! mon Jésus, ta Croix est trop légère pour ton Amour. Mais à son poids s'ajoute celui de nos fautes, aussi lourd que toute la terre. Ô mon Bien, tu te sens écrasé sous le poids de tant de fautes; ton Âme frémit d'horreur à leur vue et elle ressent la peine de chacune. Ta Sainteté est secouée devant tant de laideur et, par conséquent, en recevant la Croix sur tes Épaules, tu vacilles, le souffle te manque, et de ton Humanité infiniment sainte coule une sueur mortelle.
Mon Amour, mon âme ne supporte pas de te laisser seul. Je veux partager avec toi le poids de ta Croix et, pour soulever le poids de nos fautes, je me serre contre tes Pieds; je veux te donner au nom de toutes les créatures de l'amour pour quiconque ne t'aime pas, des louanges pour quiconque te méprise, des bénédictions, des remerciements, de l'obéissance pour tous. Mon Jésus, pour toutes les offenses que tu recevras, je veux t'offrir ma personne pour réparer. Je veux faire les actes opposés aux offenses que les créatures te font, et te consoler par mes baisers et mes actes d'amour continuels.
Mais je sais fort bien que je suis trop misérable et que j'ai besoin de toi pour pouvoir réparer vraiment. Par conséquent, je m'unis à ton Humanité infiniment sainte. J'unis mes pensées aux tiennes pour réparer mes pensées mauvaises et celles de tous, j'unis mes yeux aux tiens pour réparer les regards mauvais, ma bouche à la tienne pour réparer les blasphèmes et les conversations mauvaises, mon coeur au tien pour réparer les tendances, les affections et les désirs mauvais. En un mot, je veux réparer tout ce que répare ton Humanité infiniment sainte en m'unissant à ton Amour infini et au bien immense que tu fais à tous.
Mais je ne suis pas encore contente; je veux m'unir à ta Divinité. Je veux perdre mon néant dans ta Divinité et, ainsi, je pourrai tout te donner. Je te donne ton Amour pour éponger tes amertumes, ton Coeur en réparation de nos froideurs, de nos manques de réciprocité, de nos ingratitudes et de notre manque d'amour. Je te donne tes Harmonies pour te dédommager des outrages que tu reçois par les blasphèmes. Je te donne ta Beauté pour te dédommager de la laideur de notre âme quand elle est souillée par le péché. Je te donne ta Pureté pour te dédommager de nos manques de droiture d'intention et de la boue qui couvre tant d'âmes. Je te donne ton Ardeur pour brûler tous les péchés et réchauffer tous les coeurs, afin que tous t'aiment, et que personne ne t'offense plus. En somme, je te donne tout ce que tu es pour te donner une satisfaction totale, un Amour éternel et infini.
Mon Jésus infiniment patient, tu fais tes premiers Pas sous le poids immense de la Croix, et moi j'unis mes pas aux tiens. Et quand, faible, saigné à blanc et vacillant, tu seras sur le point de tomber, je serai à ton côté pour te soutenir; je te prêterai mes épaules pour partager avec toi le poids de la Croix. Ne me dédaigne pas, mais accepte-moi comme ta fidèle compagne.
Ô Jésus, je vois que tu répares pour tous ceux qui ne portent pas avec résignation leur croix, qui jurent, s'irritent, se suicident ou font des meurtres. Tu implores pour tous la résignation à leur propre croix. Mais tu te sens écrasé sous ta Croix. Tu en es à tes premiers Pas avec elle, et déjà tu tombes sous son poids. Et, en tombant, tu heurtes des pierres, les épines s'enfoncent davantage dans ta Tête, et toutes tes Plaies s'aggravent et laissent couler du Sang neuf. Et comme tu n'as pas la force de te relever, tes ennemis, irrités, cherchent à te remettre sur pied par des coups de pied et des bousculades.
Mon Amour tombé sous la Croix, laisse-moi t'aider à te remettre sur pied. Je t'embrasse, j'essuie ton Sang et je veux réparer pour ceux qui pèchent par ignorance ou fragilité. Je te prie d'aider ces âmes.
Jésus, ma Vie, à travers des Souffrances inouïes, tes ennemis sont arrivés à te remettre sur pied, et tandis que tu marches en chancelant, j'entends ton Souffle haletant; ton Coeur bat plus fort et de nouvelles Peines te transpercent; tu secoues la Tête pour te débarrasser les Yeux du Sang qui les remplit, et, anxieux, tu regardes. Ah! mon Jésus, j'ai tout compris: c'est ta Maman qui, comme une colombe plaintive, cherche à te rencontrer. Elle veut te dire une dernière parole et recevoir un dernier Regard de toi. Tu la vois qui, pénétrant dans la foule, veut à tout prix te voir, t'embrasser et te faire un dernier adieu. Et tu ressens son Coeur lacéré: tu es affligé de voir sa pâleur mortelle et toutes tes Peines qui, en vertu de son Amour pour toi, sont reproduites en elle. Si elle vit, c'est un pur miracle de ton Omnipotence. Tu fais des pas pour la rencontrer, mais c'est à grand peine que vous pouvez échanger un Regard! Quels transpercements dans vos deux Coeurs!
Les soldats s'en aperçoivent et, par des bousculades, ils empêchent que la Maman et le Fils communiquent ensemble. Elles sont telles vos Souffrances réciproques que, pétrifiée de Douleur, ta Maman est sur le point de succomber. Le fidèle Jean et les saintes femmes la soutiennent, tandis que toi, de nouveau, tu tombes sous le poids de la Croix. Alors, ce que ta Maman ne peut faire au moyen de son Corps parce qu'on l'en empêche, elle le fait au moyen de son Âme: elle entre en toi, fait sien le Vouloir de l'Éternel et, s'associant à toutes tes Peines, elle te fait office de Maman, elle te donne des Baisers, te refait, te soulage, et verse en toutes tes Plaies le baume de son Amour endolori!
Mon Jésus accablé de Douleurs, je m'unis à ta Maman affligée. Je veux faire miennes toutes tes Peines et, dans chaque goutte de ton Sang et dans chacune de tes Plaies, je veux te servir de maman. Avec elle, et avec toi-même, je veux réparer pour ceux qui font des rencontres dangereuses, qui s'exposent aux occasions de péché.
Mon Jésus, étant tombé de nouveau sous la Croix, tu gémis. Les soldats craignent que tu meures avant le temps sous le poids de tant de Souffrances et par la perte de tant de Sang. Néanmoins, c'est à coups de fouet et à coups de pied qu'avec beaucoup de mal ils parviennent à te ramener sur tes pieds. Et toi tu répares les chutes répétées dans le péché, les fautes graves commises par les diverses classes de personnes, et tu pries pour la conversion des pécheurs obstinés.
Mon Amour, tandis que je t'accompagne dans tes Réparations, je vois que tu suffoques sous le poids énorme de la Croix. Tu trembles de partout. Les épines, à cause des chocs incessants que tu reçois, pénètrent de plus en plus dans ta Tête. La lourde Croix s'enfonce de plus en plus dans ton Épaule; elle y fait une Plaie si profonde qu'elle en découvre les Os. À chacun de tes Pas, il semble que tu meures, ce qui te met dans la quasi-impossibilité d'aller de l'avant. Mais ton Amour, qui peut tout, t'en donne la force. Et alors que la Croix pénètre dans ton Épaule, tu répares pour les péchés cachés. Mon Jésus, laisse-moi mettre mon épaule sous la Croix pour te soulager, et laisse-moi réparer avec toi les péchés secrets.
De crainte que tu ne meures sous la Croix, tes ennemis obligent le Cyrénéen à t'aider à la porter. Il le fait de mauvais gré, en maugréant. Ce n'est pas par amour qu'il t'aide, mais parce qu'on l'y oblige. Dans ton Coeur se répercutent toutes les lamentations de ceux qui manquent de résignation dans la souffrance, et tu répares leurs révoltes, leurs colères, et leur mépris de la souffrance. Mais tu es affligé bien davantage quand tu vois que tes âmes consacrées te fuient, celles que tu appelles comme compagnes et aides dans ta Souffrance. Si tu les serres sur toi avec douleur, elles se dégagent pour aller à la recherche des plaisirs. Et ainsi elles te laissent seul à souffrir!
Mon Jésus, tandis que je répare avec toi, je te prie de me serrer dans tes Bras. Fais-le si fortement qu'il n'y ait aucune Peine que tu souffres et à laquelle je ne prenne part, afin que je sois transformée par ces peines et que je te dédommage pour l'abandon des créatures.
Mon Jésus, c'est à grand peine que, tout courbé, tu avances. Mais je vois que tu t'arrêtes et cherches du Regard. Mon Coeur, qu'est-ce c'est? Que veux-tu? Ah! c'est Véronique qui, ne craignant rien, s'amène avec courage et essuie ton Visage tout couvert de Sang. Et toi, en signe d'approbation, tu laisses imprimée sur son linge ta sainte Figure. Mon généreux Jésus, moi aussi je veux essuyer ta sainte Figure. Non pas avec un linge, mais je veux m'offrir tout moi-même pour te soulager, je veux entrer dans ton for intérieur et te donner, ô Jésus, battement de coeur pour Battement de Coeur, souffle pour Souffle, affection pour Affection, désir pour Désir. J'entends me plonger dans ton Intelligence infiniment sainte et, faisant défiler dans l'immensité de ta Volonté tous ces Battements de Coeur, Souffles, Affections et Désirs, je veux les multiplier à l'infini.
Je veux, ô mon Jésus, former des vagues de battements de coeur, afin qu'aucun battement mauvais ne se répercute dans ton Coeur et qu'ainsi soient adoucies tes amertumes intérieures. Je veux former des vagues de saintes affections et de saints désirs pour éloigner de toi toute affection mauvaise et tout désir mauvais qui pourraient attrister ton Coeur. Je veux, ô mon Jésus, former des vagues de saintes pensées, pour éloigner de toi toute pensée qui pourrait te déplaire. Je serai très attentive, ô Jésus, afin que rien ne t'afflige davantage et n'ajoute à tes Peines intérieures. Ô Jésus, que tout mon for intérieur nage dans l'immensité du tien. Ainsi je pourrai y trouver assez d'Amour et de Volonté pour faire en sorte que n'entre en toi rien qui te déplaise.
Ô mon Jésus, je te prie de sceller mes pensées dans les tiennes, ma volonté dans la tienne, mes désirs dans les tiens, mes affections dans les tiennes, mes sentiments dans les tiens, afin qu'une fois scellés, ils ne trouvent vie qu'en toi. Je te prie encore, ô mon Jésus, d'accepter mon pauvre corps que je veux réduire en pièces par amour pour toi, le réduire en parcelles extrêmement petites, pour les déposer sur chacune de tes Plaies.
Sur cette Plaie reliée aux nombreux blasphèmes des créatures, je mets, ô Jésus, une parcelle de mon corps pour qu'elle te dise toujours: «Je te bénis!» Sur cette Plaie reliée aux ingratitudes humaines, je mets une parcelle de mon corps pour te témoigner ma gratitude. Sur cette Plaie qui te fait tant souffrir à cause des froideurs et du manque d'amour de mes frères et soeurs humains, je mets beaucoup de parcelles de ma chair, pour qu'elles te disent toujours: «Je t'aime, je t'aime, je t'aime!» Sur cette Plaie reliée aux nombreuses irrévérences envers ta Personne infiniment sainte, je mets une parcelle de moi-même, pour qu'elle te dise toujours: «Je t'adore, je t'adore, je t'adore!»
Ô mon Jésus, c'est en toutes tes Plaies que je veux me diffuser. En tes Plaies envenimées par les nombreuses incrédulités, je veux que des parcelles de mon corps te disent toujours: «Je crois, je crois en toi, ô mon Jésus, ô mon Dieu, et en ta sainte Église, et je suis prête à donner ma vie pour témoigner de ma Foi!» Ô mon Jésus, je me plonge dans l'immensité de ta Volonté et, en la faisant mienne, je veux enfermer l'âme de chaque créature dans la puissance de ta Volonté infiniment sainte.
Ô Jésus, il me reste encore mon sang que je veux verser comme un baume guérissant sur tes Plaies, pour te soulager et te guérir complètement. Je veux encore, ô Jésus, faire défiler mes pensées dans le coeur des pécheurs, pour les gronder continuellement, afin qu'ils n'osent plus t'offenser. Et, par ton propre Sang, fais en sorte que tous cèdent devant mes humbles prières. Ainsi je pourrai les amener tous à ton Coeur!
Il y a une autre Grâce, ô mon Jésus, que je te demande: c'est qu'en tout ce que je vois, touche et sens, ce soit toujours toi que je vois, touche et sente; et que ton Image et ton Nom infiniment saints soient gravés dans chaque parcelle de mon être.
Voyant d'un mauvais oeil le geste de Véronique, tes ennemis te fouettent, te poussent et te remettent en marche. Mais quelques Pas plus loin, tu t'arrêtes encore. Même sous le poids de tant de Peines, ton Amour ne cesse pas d'être actif: voyant les saintes femmes qui pleurent à cause de tes Peines, tu t'oublies toi-même et les consoles en leur disant: «Filles, ne pleurez pas sur mes Peines, mais sur vos péchés et sur vos enfants.» Quel Enseignement sublime tu nous donnes, ô Jésus! Comme elle est douce, ta Parole! Mon Jésus, avec toi je répare les manques de charité, et je te demande la Grâce de m'oublier moi-même, pour que je ne me rappelle que de toi.
Mais, t'entendant parler, tes ennemis entrent en fureur, ils te tirent avec les cordes, te poussent avec tant de rage qu'ils te font tomber. Et, en tombant, tu heurtes des pierres. Le poids de la Croix t'écrase et tu te sens mourir! Laisse-moi te soutenir et protéger de mes mains ton Visage infiniment saint. Je vois que tu touches le sol et suffoques dans ton Sang. Voulant te remettre sur pied, tes ennemis te tirent avec les cordes et par les Cheveux et te donnent des coups de pied, mais tout cela en vain. Tu meurs, mon Jésus! Quelle peine! Mon coeur se brise de douleur!
C'est presque en te traînant qu'ils te conduisent au Calvaire. Tandis qu'ils te traînent, je sens que tu répares toutes les offenses des âmes consacrées qui te sont d'un grand poids, de sorte que tous tes efforts pour te relever sont inutiles! Et c'est ainsi que, traîné et foulé aux pieds, tu parviens au Calvaire, laissant sur ton passage une trace rouge de ton Sang précieux.
Mais ici, de nouvelles Souffrances t'attendent. De nouveau, les soldats t'arrachent tes vêtements et ta couronne d'épines. Ah! tu gémis en te sentant arracher les épines de la Tête. Et tandis qu'ils t'arrachent tes vêtements, ils arrachent aussi les Chairs lacérées qui y sont collées. Tes Plaies se déchirent, et c'est à ruisseaux que ton Sang coule. Elle est si grande ta Souffrance que, presque mort, tu t'écroules.
Mais personne n'a pitié de toi, ô mon Bien! Au contraire, dans une fureur bestiale, ils te remettent la couronne d'épines en la frappant fortement. À cause de toutes tes lacérations et du coup sec qu'ils donnent à tes Cheveux amassés dans le Sang coagulé, ta torture est extrême. Seuls les anges pourraient dire ce que tu souffres, tandis que, horrifiés, ils détournent leurs regards et pleurent.
Mon Jésus dépouillé, permets-moi de te serrer sur mon coeur pour te réchauffer, car je vois que tu trembles et qu'une sueur glacée de mort envahit ton Humanité. Comme je voudrais te donner ma vie et tout mon sang pour remplacer le tien, que tu as répandu pour me donner la vie.
Comme s'il me regardait de ses Yeux moribonds, Jésus semble me dire: «Mon enfant, combien me coûtent les âmes! C'est ici le lieu où je les attends toutes pour les sauver, où je veux réparer les péchés de ceux qui vont jusqu'à se dégrader au-dessous des bêtes et qui s'obstinent tellement à m'offenser qu'ils en viennent à ne plus pouvoir vivre sans pécher. Leur raison est devenue aveugle et ils pèchent comme des fous. Voilà pourquoi une troisième fois, on me couronne d'épines.
«Et par mon dépouillement, je répare pour ceux qui revêtent des vêtements indécents, pour les péchés contre la modestie, et pour ceux qui sont tellement liés aux richesses, aux honneurs et aux plaisirs, qu'ils s'en font des dieux. Ah! oui! chacune de ces offenses est une mort que je ressens, et si je ne meurs pas, c'est parce que la Volonté de mon Père Éternel le veut ainsi!»
Mon Bien dénudé, tandis qu'avec toi je répare, je te prie qu'au moyen de tes Mains infiniment saintes tu me dépouilles de tout et que tu ne permettes à aucune affection mauvaise d'entrer dans mon coeur. Veille sur lui, entoure-le de tes Peines, remplis-le de ton Amour. Que ma vie ne soit rien d'autre que la répétition de la tienne. Confirme par ta bénédiction mon dépouillement et donne-moi la force d'assister à ta douloureuse Crucifixion. Que je sois crucifiée avec toi!
Réflexions et pratiques
Jésus porte sa Croix. Son Amour pour la Croix, son Désir anxieux de mourir sur elle pour sauver les âmes, sont immenses! Et nous, comme Jésus, aimons-nous la souffrance? Pouvons-nous dire que nos sentiments font écho à ses Sentiments divins, et que nous aussi, nous désirons notre croix? Quand nous souffrons, avons-nous l'intention de nous faire les compagnons de Jésus pour alléger sa Croix? Comment l'accompagnons-nous? Et dans les insultes qu'il reçoit, sommes-nous toujours prêts à lui donner nos petites souffrances en soulagement des siennes?
Quand nous agissons, quand nous prions et quand, sous le poids de peines intérieures, nous ressentons de la difficulté dans nos souffrances, savons-nous les présenter à Jésus, afin que, comme un voile essuyant ses Sueurs et son Sang, elle le fortifie?
Ô mon Jésus, appelle-moi toujours près de toi, et sois toujours près de moi, pour que je te réconforte toujours au moyen de mes souffrances.
Remerciements et offrande
(À faire à la fin de chaque Heure que l'on a méditée.)
Mon aimable Jésus, tu m'as appelé durant cette Heure de ta Passion à te tenir compagnie, et je suis venu. Il m'a semblé te voir prier, réparer et souffrir et, avec les Paroles les plus tendres, plaider pour le salut des âmes. J'ai cherché à te suivre en tout. Avant de te laisser, je veux te dire un «merci» et un «sois béni». Oui, ô Jésus, merci mille fois. Je te loue et te bénis pour tout ce que tu as fais et souffert pour nous tous. Je te dis merci et je te bénis pour chaque goutte de ton Sang et chacune de tes Larmes versées, pour chacune de tes Respirations, chaque Battement de ton Coeur, chacun de tes Pas, de tes Paroles et de tes Regards, et pour chaque offense que tu as supportée pour nous. De grâce, fais en sorte, ô mon Jésus, que tout mon être t'envoie un flot continu de remerciements et de bénédictions, de sorte que cela attire sur moi et sur toutes les créatures les flots de tes Grâces et de tes Bénédictions.
Ô Jésus, serre-moi sur ton Coeur avec tes Mains infiniment saintes: marque toutes les parcelles de mon être de ton «je te bénis», de sorte que rien ne sorte de moi sauf un hymne d'amour ininterrompu pour toi! Je m'abandonne à toi et je veux te suivre en tout. Je laisse mes pensées en toi pour qu'elles te défendent de tes ennemis; mes respirations pour qu'elles te servent de cortège et te tiennent compagnie; les battements de mon coeur pour te dire sans cesse «je t'aime» et pour te dédommager de l'amour que ne te donnent pas les autres créatures; les gouttes de mon sang en offrande de réparation et pour te restituer les honneurs et l'estime dont te privent tes ennemis; finalement tout mon être pour te garder.
Mon doux Amour, bien que je doive vaquer à mes affaires, je reste dans ton Coeur et je crains d'en sortir. Tu me garderas en toi, n'est-ce pas? Nos battements de coeur s'entendront l'un l'autre et se confondront, de sorte qu'ils me donneront vie, amour, et union étroite et inséparable avec toi. Mon Jésus, si tu vois que je suis sur le point de te fuir, que tes Battements de Coeur s'accélèrent dans mon coeur, que tes Mains me pressent plus fortement sur ton Coeur, que tes Yeux me regardent et me jettent des flèches de feu, afin que, te ressentant, je me laisse tout de suite gagner à rester avec toi.
Je t'en prie, ô mon Jésus, donne-moi le Baiser de l'Amour divin et bénis-moi. Et moi, je baise ton Coeur infiniment doux et je reste en toi.
Que la bénédiction de Dieu, le Tout-Puissant, Père et Fils et Esprit-Saint, descende sur moi et y demeure à jamais. Amen.